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Extrait

Le combat des femmes révolutionnaires

Joséphine Fontanier, Discours aux sans-culottes de sa section, décembre 1793
Toute jeune élève des écoles révolutionnaires, Joséphine Fontanier, 12 ans, prononce plusieurs discours en 1793-1794 devant des sections de sans-culottes. Dans celui-ci, elle s'élève contre le culte de la beauté qui asservit les femmes.

Il est passé ce temps où la femme avilie, dégradée par ce culte faux et frivole qu'on lui rendait, et avec lequel on prétendait l'honorer n'était tout au plus regardée que comme un être du second ordre, uniquement destinée à donner quelques couronnes de fleurs à son mari, à faire l'ornement de la société comme les roses font celui de nos jardins. Ah ! citoyens, oseriez-vous prétendre au nom de républicains, si vous pensiez encore que la beauté est la première qualité d'une femme, qu'elle est parfaite si elle joint à cet avantage celui de charmer vos oreilles par la mélodie de sa voix, ou de vous ravir d'admiration, lorsqu'elle exécute avec grâce, au son d'une musique efféminée, quelques pas élégants qu'elle a étudiés ?

Non, non, citoyens, laissons aux cours des despotes et aux villes corrompues [...] cette fausse manière d'apprécier la moitié du genre humain. [...] Voyons avec mépris, ou plutôt avec compassion, ces femmes frivoles, ces êtres éphémères qui ne savent et ne veulent que briller. [...] Plus d'idées frivoles pour nous ; indifférentes désormais sur la couleur d'un ruban, sur la finesse d'une gaze, sur la forme ou le prix de nos boucles d'oreilles, nos vertus seront toute notre parure et nos enfants nos bijoux.

Discours cité dans Dominique godineau, Les Femmes dans la France moderne, XVIe-XVIIIe siècle, Paris : Armand Colin, 2015. Lire en ligne : https://shs.cairn.info/les-femmes-dans-la-france-moderne--9782200601584-page-227
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