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Friedrich von Schiller (1759-1805)

Friedrich von Schiller (1759-1805)
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Écrivain et poète allemand, Friedrich von Schiller (1759-1805) a fait des études de médecine et commence sa carrière comme médecin militaire. Sa première œuvre, Les Brigands, le rend célèbre en 1782, mais, s’étant absenté pour assister à une répétition de la pièce, il se voit interdire toute activité littéraire et quitte clandestinement la ville. Schiller semble prendre sa revanche dans Intrigue et amour (1784), satire d’un despotisme qu’il situe dans l’Allemagne de son temps. Le fugitif trouve un asile et des appuis. Apaisé, il écrit l’Hymne à la joie repris par Beethoven dans la Symphonie n° 9. Si ses premières pièces s’inscrivent pleinement dans le mouvement Sturm und Drang (tempête et passion), les suivantes – Don Carlos (1787), Wallenstein (1799) ou Guillaume Tell (1804) – sont marquées par davantage de sérénité. Une profonde amitié lie Schiller à Goethe. Lecteur de Kant, Schiller laisse des Lettres philosophiques. De ses essais d’esthétique, on retient surtout Poésie naïve et poésie sentimentale (1795). Se définissant lui-même par rapport à Goethe, Schiller entend par esprit « sentimental » celui que dominent l’angoisse et le doute, et emploie le mot « naïf » là où nous dirions aujourd’hui « spontané ».

Madame de Staël admire Schiller auquel elle consacre un chapitre dans De l’Allemagne : « Schiller était un homme d’un génie rare et d’une bonne foi parfaite ; ces deux qualités devraient être inséparables, au moins dans un homme de lettres. Sa conscience était sa muse : celle-là n’a pas besoin d’être invoquée, car on l’entend toujours quand on l’écoute une fois. Il aimait la poésie, l’art dramatique, l’histoire, la littérature pour elle-même. Il aurait été résolu à ne pas publier ses ouvrages, qu’il y aurait donné le même soin ; et jamais aucune considération tirée ni du succès, ni de la mode, ni des préjugés ni de tout ce qui vient des autres, enfin, n’aurait pu lui faire altérer ses écrits, car ses écrits étaient lui : ils exprimaient son âme, et il ne concevait pas la possibilité de changer une expression, si le sentiment intérieur qui l’inspirait n’était pas changé. Sans doute Schiller ne pouvait pas être exempt d’amour-propre. S’il en faut pour aimer la gloire, il en faut même pour être capable d’une activité quelconque ; mais rien ne diffère autant dans ses conséquences que la vanité et l’amour de la gloire : l’une tâche d’escamoter le succès, l’autre veut le conquérir ; l’une est inquiète d’elle-même et ruse avec l’opinion, l’autre ne compte que sur la nature et s’y fie pour tout soumettre. Enfin, au-dessus même de l’amour de la gloire, il y a encore un sentiment plus pur, l’amour de la vérité, qui fait des hommes de lettres comme les prêtres guerriers d’une noble cause. […]
La première fois que j’ai vu Schiller c’était dans le salon du duc et de la duchesse de Weimar, en présence d’une société aussi éclairée qu’imposante ; il lisait très bien le français, mais il ne l’avait jamais parlé. Je soutins avec chaleur la supériorité de notre système dramatique sur tous les autres ; il ne se refusa point à me combattre, et, sans s’inquiéter des difficultés et des lenteurs qu’il éprouvait en s’exprimant en français, sans redouter non plus l’opinion des auditeurs, qui était contraire à la sienne, sa conviction intime le fit parler. Je me servis d’abord, pour le réfuter, des armes françaises, la vivacité et la plaisanterie ; mais bientôt je démêlai, dans ce que disait Schiller, tant d’idées à travers l’obstacle des mots, je fus si frappée de cette simplicité de caractère qui portait un homme de génie à s’engager ainsi dans une lutte où les paroles manquaient à ses pensées, je le trouvai si modeste et si insouciant dans ce qui ne concernait que ses propres succès, si fier et si animé dans la défense de ce qu’il croyait la vérité, que je lui vouai, dès cet instant, une amitié pleine d’admiration. »
(De l’Allemagne, seconde partie, chap. VIII)

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1862
  • Auteur(es)
    Émile Desmaisons (1812-1880), photographe
  • Description technique
    1 impr. photoméc., 8,5 x 5,5 cm
  • Provenance

    BnF, département de la Musique, Est. SchillerF.001

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm132201871p