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Le développement de l’édition

Édition impériale de l’Éloge de la ville de Moukden
Édition impériale de l’Éloge de la ville de Moukden

Bibliothèque nationale de France

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Avec la xylographie, la Chine a connu le développement de l’imprimé bien plus tôt que l’Occident. Entre pratiques privées et presses impériales, de véritables pratiques éditoriales se mettent en place et évoluent au fil du temps.

Apparue graduellement au cours de la dynastie des Tang, l’imprimerie xylographique brille sous la dynastie des Song par la qualité de sa production qui atteint un niveau de perfection insurpassable. Une politique favorable à l’imprimé est menée dès l’avènement des Ming, l’empereur Taizu décrétant, en 1368, l’exemption des taxes sur les livres afin de promouvoir la diffusion des connaissances. Cette période de stabilité où le pouvoir d’achat augmente et l’illettrisme régresse marque un tournant dans l’histoire du livre.

Le développement de l’édition privée

De nombreux lettrés créent des maisons d’éditions privées afin de profiter d’un secteur économique fructueux ; les livres deviennent des objets de consommation ordinaire, répondant à tous les besoins et à la portée de toutes les bourses. Des esprits inventifs introduisent des innovations telle que l’impression en couleurs, ou multiplient les illustrations restées jusque-là assez discrètes. Le procédé relativement simple de la xylographie permet de fabriquer des ouvrages à coût modéré et selon la demande. Les planches peuvent être stockées ou revendues à d’autres éditeurs. Cette technique, la plus répandue en Chine, autorise une grande liberté de mise en page, les fac-similés d’écriture manuscrite et la juxtaposition aisée des images et du texte.

Cent pièces d’opéra d’auteurs de la dynastie des Yuan
Cent pièces d’opéra d’auteurs de la dynastie des Yuan |

© Bibliothèque nationale de France

Gravure réunie de l'Histoire du Pavillon de l'Ouest et de l'Histoire du luth
Gravure réunie de l'Histoire du Pavillon de l'Ouest et de l'Histoire du luth |

© Bibliothèque nationale de France

Le raffinement de la Chine du Sud

À partir de la seconde moitié du 16e siècle, Huizhou (ou Xin’an) devient un centre de production éditoriale à la réputation d’excellence. Cette région de la province méridionale de l’Anhui, depuis longtemps spécialisée dans la production de papier, de pinceaux, d’encre et de pierres à encre, compte également des graveurs sur bois de premier ordre. La clientèle est constituée d’une classe marchande locale disposant de confortables ressources financières, exigeante quant à la qualité, qui a besoin de maintenir un niveau d’éducation élevé pour se développer mais recherche aussi dans le livre un objet de divertissement. Ces facteurs permettent d’entretenir un marché prospère et expliquent la réalisation de splendides ouvrages.

Pour évoquer la sophistication et le raffinement de la Chine du Sud, son art de vivre et ses avancées dans le domaine éditorial, quelques ouvrages peuvent être cités : un atlas régional montre comment la cartographie traditionnelle, loin d’être la sèche consignation d’éléments géographiques, empiète sur le domaine pictural. Des albums de lettrés décrivent des panoramas remarquables qui manifestent la prédilection chinoise pour les paysages, ceux-ci suscitant ou accompagnant naturellement la poésie et la calligraphie. Un recueil imprimé, unique en son genre, se veut le guide d’un site spécifique, une montagne située dans la périphérie de la cité de Hangzhou. Cette ville en bordure du lac de l’Ouest est encore célébrée par un remarquable album tissé. L’évocation du Sud, notamment du raffinement de ses techniques d’imprimerie, est manifeste dans les planches des estampes de la série dite « de Kaempfer » produites à Suzhou dont la grâce et la qualité d’impression sont remarquables.

Une branche de fruits avec mante religieuse
Une branche de fruits avec mante religieuse |

© Bibliothèque nationale de France

Deux oiseaux sur une branche, dont l'un tient un insecte dans le bec
Deux oiseaux sur une branche, dont l'un tient un insecte dans le bec |

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Le développement des presses impériales

Au cours de la dynastie des Qing, la prééminence des éditeurs privés qui avaient fleuri sous les Ming s’efface au profit de la production d’État qui, forte de moyens illimités, entreprend de titanesques projets éditoriaux. La publication d’ouvrages illustrés de luxe devient l’apanage des Presses impériales qui impriment, sous les ères Kangxi, Yongzheng, et Qianlong, aux 17e et 18e siècles, des œuvres très prestigieuses.

Tandis que la qualité des livres illustrés des ateliers privés décline, celle des œuvres impériales ne cesse de croître comme l’atteste l’abondante production de cette brillante période. Alors qu’une volonté gouvernementale se manifeste sous les Ming pour libérer l’édition, le phénomène s’inverse au cours de la dynastie suivante. Le contrôle sur la chose écrite s’exprime de manière positive par la constitution d’immenses corpus littéraires, anthologies et encyclopédies sans équivalent dans d’autres cultures. L’aspect négatif de cette mainmise de l’État est la censure qu’elle entraîne, particulièrement sous les Qing.

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