Découvrir, comprendre, créer, partager

Anthologie

L'Émigré dans le texte

Une sélection d'extraits pour découvrir L'Émigré (1795) de Gabriel Sénac de Meilhan, un roman épistolaire qui comprend à la fois une histoire d'amour impossible et un témoignage sur la révolution française. Inspiré de la propre expérience de l'auteur ayant connu l'exil dans toute l'Europe, ce roman permet de livrer plusieurs points de vue sur les évenements historiques de cette époque troublée.

Avertissement

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré, tome 1, 1797.
Dans son « Avertissement » à son roman L'Émigré (1797), Sénac de Meilhan rappelle que les lettres qui le composent ont été écrites en 1793, sous le régime de la Terreur.

On ne doit pas perdre de vue que les lettres qui composent ce recueil ont été écrites en 1793. La plupart des tableaux et des sentiments qu’elles renferment sont relatifs à cette époque affreuse et unique dans l’histoire. La sombre horreur qui régnait dans les esprits, semblait ne permettre alors aucune conjecture favorable. Un système de modération a succédé au plus barbare régime, et pour la seconde fois, Rome a vu un général, maître de l’Italie, se contenter d’un tribut, lorsqu’il pouvait livrer sa capitale au pillage. Le sang eût coulé dans Rome en 1793, le sanctuaire eût été profané et les monumens les plus précieux détruits. Royaliste ou Républicain, tout ami de l’humanité doit applaudir à un changement de système qui épargne la vie des hommes, et les victimes errantes de la Révolution doivent peut-être en attendre l’adoucissement de leur sort.

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré : Brunsvick, P.F. Fauche et compagnie, tome 1, 1797.

Mots-clés

  • 18e siècle
  • Littérature
  • Roman épistolaire
  • Gabriel Sénac de Meilhan
  • L'Émigré
  • Révolution française
  • Lien permanent
    ark:/12148/mm7zx2zxvpr66

Préface

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré, tome 1, 1797.
Dans la Préface à son roman L'Émigré, Gabriel Sénac de Meilhan s'adresse au lecteur pour appuyer la véracité des faits qui lui sont racontés. Fidèle en cela au principe du roman épistolaire, l'auteur renforce l'effet de réel même s'il concède que ses personnages peuvent être fictifs.

L’ouvrage qu’on présente au public est-il un roman, est-il une histoire ? Cette question est facile à résoudre. On ne peut appeler roman, un ouvrage qui renferme des récits exacts de faits avérés. Mais, dira-t-on, le nom du marquis de St. Alban est inconnu, il n’est sur aucune des tables fatales de proscription ; je n’en sais rien ; mais les événemens qu’il raconte sont vrais, et l’on a sans doute eu des raisons pour ne pas mettre à la tête de ce recueil de lettres, les véritables noms des personnages. [...] Il en est de même de l’Émigré, tous les malheurs qu’il raconte sont arrivés. A-t-il été reçu avec le plus touchant intérêt par une famille illustre d’Allemagne ? Un grand nombre d’Émigrés a été favorablement accueilli dans plusieurs pays, par des gens humains et généreux. A-t-il été amoureux ? Il me semble que rien ne choque moins la vraisemblance, et j’aimerais autant qu’on mît en question si un homme a eu la fièvre. Un poëte tragique à qui l’on demandait au commencement des scènes sanglantes de la Révolution, s’il s’occupait de quelque ouvrage, répondit : la tragédie à présent court les rues. Tout est vraisemblable, et tout est romanesque dans la révolution de la France ; les hommes précipités du faîte de la grandeur et de la richesse, dispersés sur le globe entier, présentent l’image de gens naufragés qui se sauvent à la nage dans des îles désertes, là, chacun oubliant son ancien état est forcé de revenir à l’état de nature ; il cherche en soi-même des ressources, et développe une industrie et une activité qui lui étaient souvent inconnues à lui-même. Les rencontres les plus extraordinaires, les plus étonnantes circonstances, les plus déplorables situations deviennent des événemens communs, et surpassent ce que les auteurs de roman peuvent imaginer. Un joueur, homme d’un grand sang froid, se contentait de dire à l’aspect des coups les plus piquans ; cela est dans les dés : on peut dire de même au récit des plus singulières ou tragiques avantures, cela est dans une révolution. Je n’en dirai pas d’avantage sur cet ouvrage ; s’il intéresse, je n’aurai pas eu tort de le publier, s’il produit un effet contraire, j’emploierais en vain tous les raisonnemens pour m’en justifier.

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré : Brunsvick, P.F. Fauche et compagnie, tome 1, 1797.

Mots-clés

  • 18e siècle
  • Littérature
  • Roman épistolaire
  • Gabriel Sénac de Meilhan
  • L'Émigré
  • Révolution française
  • Lien permanent
    ark:/12148/mmvzs38366p20

Malheurs des émigrés (Lettre IX)

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré, Lettre IX, tome 1, 1797.
Dans cette lettre adressée au Président de Longueil, le Marquis de Saint Alban, se dit rassuré d'apprendre que celui-ci a pu sauvé une partie de sa fortune. En effet, lors de son périple en Europe, il a pu constater que la plupart des émigrés connaissent un sort malheureux et la perte de leurs biens.

LETTRE IX.

Le Marquis de St. Alban au Président de Longueil

Le Mis de St. Alban
au
Pdt de Longueil.


J’ai reçu au camp Prussien, devant Mayence, votre lettre datée de ***, et elle a mis fin aux inquiétudes extrêmes que j’éprouvais. Vous existez, vous avez sauvé quelques débris de votre fortune, c’est le comble du bonheur dans ces temps de calamités. La plupart de ceux qui ont été assez heureux pour dérober leur vie à la fureur des monstres qui gouvernent la France ne trouvent que la misère dans les pays étrangers. J’ai parcouru plusieurs pays et rencontré des Émigrés dans plusieurs endroits. Là, je les ai vu accueillir d’abord avec mépris et défiance, ensuite j’ai vu la plus barbare cupidité mettre à profit leur ignorance de la langue et l’urgence de leurs besoins ; souvent on les forçait en entrant dans une ville de faire connaître leurs ressources, et quelques uns après avoir ainsi exposé leur misère à tous les yeux, étaient reconduits aux portes de la ville, comme de malheureux mendiants, pour n’y plus rentrer. Il me semble depuis quelques mois être sur un champ de bataille, où l’on ne porte que des regards inquiets dans la crainte de trouver parmi les morts quelques uns de ses amis. La lecture de chaque gazette offre une affreuse liste que je n’ose parcourir qu’en tremblant. La vie la plus retirée, la conduite la plus circonspecte ne peuvent faire échapper à la barbarie de la jurisprudence révolutionnaire. Hélas ! ces biens qui faisaient naguères l’orgueil et les délices des riches sont aujourd’hui, en quelque sorte, autant d’accusateurs qui s’élèvent contre eux ; il en est de même du mérite, des dignités et de l’esprit ; jugez d’après cela, Monsieur, si j’ai dû trembler pour vous ! Quelle affreuse époque pour l’humanité que celle où les avantages qui distinguent les hommes, sont devenus des principes de ruine, et marquent du sceau de la réprobation ceux qui les possèdent. Je me plaisais autrefois à croire des vertus et de la sensibilité au général des hommes, et à regarder le crime et la cruauté comme d’affreuses exceptions ; mais une révolution est une fatale lumière qui découvre l’hideuse nudité de la majeure partie des hommes.

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré : Brunsvick, P.F. Fauche et compagnie, tome 1, 1797.

Mots-clés

  • 18e siècle
  • Littérature
  • Roman épistolaire
  • Gabriel Sénac de Meilhan
  • L'Émigré
  • Révolution française
  • Lien permanent
    ark:/12148/mmjnmxwzp66q2

A propos de Clarisse de Richardson (Lettre LIV)

Sénac de Meilhan, L’Émigré, tome 2, Lettre LIV, 1797
Dans cette lettre adressée à la comtesse de Loewenstein, la duchesse de Montjustin évoque sa lecture du roman épistolaire Clarisse de Samuel Richardson, une œuvre qui a effectivement ému toute l'Europe des Lumières et qui a influencé l'écriture de L'Émigré.

LETTRE LIV

Lettre de la duchesse de Montjustin à la comtesse de Loewenstein.

Mon intérêt pour l’admirable Clarisse croissait de page en page, et j’étais enchantée de la variété des caractères de tant de personnages, dont chacun a une manière particulière d’être affecté, et des expressions qui lui sont propres ; enfin l’assemblage des qualités des deux acteurs principaux de ce drame sublime, me paraissait ne rien laisser de plus à imaginer à l’esprit humain : en effet, quel plus ravissant spectacle, que celui d’un combat engagé entre une femme d’un esprit supérieur, et dont l’inébranlable vertu n’est mêlée que d’une légère teinte de faiblesse, nécessaire pour la distinguer d’une substance angélique, et un artificieux libertin, comblé des plus heureux dons de la nature, et dont les vices sont mélangés des plus estimables qualités ; et revêtus des plus brillantes couleurs ! tels sont les adversaires que l’auteur s’est plu à mettre en opposition, et jamais on n’a mieux proportionné l’attaque et la défense ; mais ce n’était que par moments que je réfléchissais aux talents de l’auteur ; il disparaissait presque toujours, et j’étais au milieu des acteurs ; j’étais au château d’Harlove, et dans le village où régnait Lovelace pour environner de pièges l’innocence et la vertu ; je voyais, j’entendais tous ses misérables agents s’occuper du succès des affreux complots, dont ils rapportaient avec admiration a gloire à leur dangereux chef. Je suis arrivée enfin, Madame, le cœur oppressé, et fondant en larmes, comme pour un malheur réel, à la plus affreuse catastrophe. Ensuite j’ai véritablement assisté à l’enterrement de l’infortunée Clarisse. Le bruit du char funèbre s’est fait entendre en moi, comme à ses parents, et le son des cloches a pénétré au fond de mon cœur. Voilà, Madame, ce que j’ai éprouvé à ma première lecture.

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré : Brunsvick, P.F. Fauche et compagnie, tome 2, 1797.

Mots-clés

  • 18e siècle
  • Paris
  • Littérature
  • Roman épistolaire
  • Gabriel Sénac de Meilhan
  • L'Émigré
  • Révolution française
  • Lien permanent
    ark:/12148/mmf2nztjxjz8

Le Paris révolutionnaire (Lettre LV)

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré, tome 2, Lettre LV, 1797.
Dans cette lettre adressée au Président de Longueil, le marquis de Saint Alban a reçu de son ami le comte de Vervillle des nouvelles du Paris révolutionnaire : suite  à la création du Comité de salut public crée au sein de la Convention en avril 1793, des exécutions publiques ont lieu quotidiennement.

LETTRE LV

Lettre du marquis de St Alban au Président de Longueil

Un de mes parents, mon cher Président, le compte de Verville, est arrivé hier chez moi dans le plus triste état ; il s’est sauvé de Paris, après avoir été quatre mois caché dans une soupente, chez une blanchisseuse, et de ce misérable refuge, il entendait presque tous les jours hurler un peuple furieux à l’aspect des chars funèbres qui conduisaient au supplice des victimes de la Révolution. Il a erré depuis, déguisé en maçon, en charretier, parvenu en Alsace chez son beau-frère, il leur a semblé un revenant. […] Le hasard l’a conduit à Francfort où je l’ai rencontré ; il part pour Dusseldorf, pour y joindre la mer, et il s’est chargé de vous porter cette lettre, la description qu’il m’a faite de Paris inspire de l’horreur pour les habitants de cette infâme capitale. Le sang coule à grands flots, et les spectacles sont remplis. L’insensible Parisien, qui se rend à la comédie, voit son char brillant heurter la charrette qui conduit des malheureux à la guillotine, et cette rencontre ne lui fait pas plus d’effet que lorsque nous étions arrêtés pour faire place à un convoi. Le fanatisme du peuple est à son plus haut période, et cependant il voit tomber les têtes d’une multitude de gens de sa classe ; chaque jour, la liste des malheureux immolés se distribue, est affichée et est remplie de noms de marchands, d’artisans, de cultivateurs, de domestiques, de cochers de fiacre, et sur la même feuille se trouvent aussi des nobles, des princes, des ducs, des magistrats. La Convention nationale, monstre altéré de sang, dévore indistinctement, et rien ne peut lui échapper par son obscurité, ni l’éblouir par son éclat.

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré : Brunsvick, P.F. Fauche et compagnie, tome 2, 1797.

Mots-clés

  • 18e siècle
  • Littérature
  • Roman épistolaire
  • Gabriel Sénac de Meilhan
  • L'Émigré
  • Révolution française
  • Lien permanent
    ark:/12148/mmfpnqr1w5b5t

Reproches faits aux émigrés (Lettre LXXXV)

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré, tome second, 1797.
Dans cette lettre adressée au Marquis de St. Alban, le Président de Longueil répond aux reproches qui sont faits aux aristocrates ayant fui le pays : ils auraient, selon leurs détracteurs, « quitté le royaume et abandonné le Roi ». Mais pouvait-il en être autrement alors que la sécurité même du Louis XVI n'était plus garantie et que celui-ci était retenu prisonnier aux Tuileries ?

LETTRE LXXXV

Le Président de Longueil au Marquis de St. Alban.


L’officier de votre régiment que vous avez chargé d’une lettre pour moi, me l’a remise exactement, mon cher et jeune ami, et nous avons causé ensemble du sujet dont elle traite. Vous n’êtes pas le seul devant qui l’on ait blâmé les Émigrés d’avoir quitté le royaume et abandonné le Roi ; mais ceux qui leur font ce reproche, ne songent pas à la position de ce monarque, à son caractère et à sa constante opposition à tout emploi de ses forces. Si l’on excepte le petit nombre des serviteurs attaches à sa personne, aucun de ceux qui avaient possédé des places n’avait d’accès auprès de lui, et n’était en droit de lui parler d’affaires ; ses ministres étaient subordonnés à Necker que son ambition et ses craintes rendaient dépendant de l’Assemblée. Le Roi paraissait faire volontairement le sacrifice de son autorité, et favoriser le nouvel ordre de choses qui s’établissait. Que faire en pareille circonstance, rester dans le royaume ? mais alors il fallait prêter des sermens qui répugnaient, et afficher des sentimens contraires à sa conscience ; il fallait même pour être en sureté prendre un rôle actif dans la Révolution ; le danger croissait de jour en jour et la fuite seule pouvait y dérober ; on aurait en vain cherché à signaler son attachement pour le Roi, toute démonstration de zèle, intérieurement approuvée de lui, en aurait été blâmée publiquement, et pouvait préjudicier à ses intérêts, animer ses ennemis, redoubler leur surveillance. Qu’on se rappelle ce qui s’est passé le 28 Février 1792, et l’on verra s’il était possible de veiller même à sa défense. Un grand nombre de gentilshommes, d’officiers généraux, de gens de la plus haute naissance allaient chaque jour aux  Thuilleries pour veiller à sa sureté. Le bruit s’étant répandu un jour que l’on avait formé pour le lendemain des projets contre sa personne, tous ceux qu’on lui savait dévoués furent avertis de se rendre auprès de lui à une heure indiquée pour s’opposer aux attentats qu’on avait lieu de craindre ; quatre cents gentilshommes pourvus d’armes cachées, se trouvent aux Thuilleries le lendemain. Le chef de la milice accourt du faubourg St. Antoine et exige du malheureux monarque, qu’il donne lui-même l’ordre à ses serviteurs de remettre leurs armes : ils obéissent en frémissant, et on les fait passer devant les satellites de la nation, qui les fouillent avec autant d’insolence que de brutalité, et plusieurs joignent des coups aux injures. Un maréchal de France, de quatre-vingts ans, un premier gentilhomme de la chambre sont renversés et meurtris de coups de crosses de fusil. Que pouvait-on espérer après cette fatale et honteuse journée, et quels moyens restait-il pour servir un Roi captif, dont les factieux dirigeaient tous les mouvemens et dictaient les réponses, un monarque qui était devenu entre leurs mains l’instrument de leurs attentats, et de sa perte ?

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré : Brunsvick, P.F. Fauche et compagnie, tome second, 1797.

Mots-clés

  • 18e siècle
  • Littérature
  • Roman épistolaire
  • Gabriel Sénac de Meilhan
  • L'Émigré
  • Révolution française
  • Lien permanent
    ark:/12148/mmmg8s2c4dh0c

Dévouement à la monarchie (Lettre CXXIV)

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré, tome 4, 1797.
Dans cette lettre adressée à son fils, le Comte de Saint Alban rappelle à son fils qu'en raison de son rang, sa naissance et son éducation, il ne pouvait qu'être partisan de l'Ancien Régime.

Le Comte de St. Alban au Marquis de St. Alban.


Je profite d’un moment de calme, mon cher fils, pour vous écrire, non mes dernières volontés, car je n’ai rien à faire exécuter, mais pour vous instruire de ma situation, et vous faire passer des secours que vous a ménagés mon amitié. Je joins un petit recueil de maximes, croyant vous devoir mes pensées comme ma fortune, afin de vous laisser tout ce que je possède. Si vous n’usez pas de mes maximes, elles seront pour vous ce qu’est le portrait d’une personne qui nous fut chère, ou qui du moins vous a aimé, elles me rappelleront à votre souvenir : leur ensemble forme en quelque sorte le tableau de mon âme.

Je n’entreprendrai pas de vous donner d’autres conseils, car je sais trop combien ils sont inutiles en général, et à quel point l’imprimerie a détruit l’influence paternelle. Que pourrais-je vous dire, que des écrivains, qui ont beaucoup plus de lumières, ne vous ayent bien mieux enseigné ? Mes conseils au reste seraient conformes aux principes que vous suivez, et qui, changés pour la plupart des hommes en préjugés, n’en étaient que plus utiles à la société. La noblesse française et le peuple étaient plus qu’aucune autre nation attachés à leur Roi, et leur cri de vive le roi, dont l’accent partait de l’ame, avait sa racine dans une longue suite de faits. Aucune race de souverains ne régnait sur un grand peuple depuis un aussi grand nombre d’années, et l’origine de la nation se confondait en quelque sorte, avec celle de la dynastie régnante : de là ce respect profond des Français pour leurs monarques. La majeure partie de la nation leur devait la liberté dont elle jouissait depuis six cents ans : de là cet amour, pour ainsi dire inné, et qui pour n’être pas raisonné, n’en était peut-être pas moins fondé sur la raison. Vous vous êtes ainsi dévoué, mon fils, à la monarchie, sans vous en rendre compte ; une perspective éclatante et l’accueil favorable qu’on vous a fait à la cour, vous ont inspiré de bonne heure un attachement particulier pour le monarque. Ainsi votre éducation, votre naissance, votre ambition et la reconnaissance vous ont rendu nécessairement partisan de l’ancien régime.

Gabriel Sénac de Meilhan, L'Émigré : Brunsvick, P.F. Fauche et compagnie, tome 4, 1797.

Mots-clés

  • 18e siècle
  • Littérature
  • Roman épistolaire
  • Gabriel Sénac de Meilhan
  • L'Émigré
  • Révolution française
  • Lien permanent
    ark:/12148/mmdh751sfrsms