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Madame de Sévigné, spirituelle et passionnée

Portrait de Madame de Sévigné
Portrait de Madame de Sévigné

Bibliothèque nationale de France

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Veuve à vingt-cinq ans, avide de connaissance, Madame de Sévigné fréquente les salons parisiens des précieuses et s'adonne à une correspondance régulière adressée à sa fille, Mme de Grignan, partie rejoindre le 4 février 1671 son mari à Grignan en Provence. Avec près de mille quatre cents lettres, la correspondance de la marquise de Sévigné constitue un ensemble impressionnant  : témoignage d'une passion maternelle exacerbée mais aussi chronique mondaine du règne de Louis XIV ou méditations sur le sens de la vie...

Une mère passionnée

Charles de Sévigné (1648-1713)
Charles de Sévigné (1648-1713) |

Bibliothèque nationale de France

Françoise Marguerite de Sévigné, Comtesse de Grignan (1646-1705)
Françoise Marguerite de Sévigné, Comtesse de Grignan (1646-1705) |

Bibliothèque nationale de France

Le 4 février 1651, Henri de Sévigné se bat en duel pour les beaux yeux d'une femme facile. Il meurt deux jours plus tard, laissant une veuve de vingt-cinq ans et deux enfants de trois et cinq ans. Vingt ans plus tard, la fille aînée de la marquise de Sévigné va rejoindre son mari en Provence, où le Roi vient de le nommer lieutenant général.

Quand les lettres de Provence arrivent, c'est une joie parmi tous ceux qui m'aiment, comme c'est une tristesse quand je suis longtemps sans en avoir.

Madame de Sévigné, Lettre du 18 mars 1671

La comtesse de Grignan part le 4 février 1671. Sa mère commence le 6 la première lettre d'une correspondance qui en compte environ neuf cents et qui témoigne de son attachement maternel indéfectible, une véritable passion.

Une familière des salons parisiens

Madame de Sévigné et le Marais
Madame de Sévigné et le Marais |

Bibliothèque nationale de France

Françoise Marguerite de Sévigné, Comtesse de Grignan (1646-1705)
Françoise Marguerite de Sévigné, Comtesse de Grignan (1646-1705) |

Bibliothèque nationale de France

Pendant les sept années de son mariage, la marquise a passé de longs séjours en Bretagne, dont son mari était originaire. Après sa mort, elle renoue avec les salons parisiens et s'y rend célèbre par son esprit et sa façon de parler. En 1657, dans un de ses romans, Mlle de Scudéry vante ses « expressions naïves et naturelles qui plaisent infiniment ». Mme de La Fayette, en 1659, rend hommage au « brillant de son esprit », qui éblouit ceux qui l'écoutent.

La disgrâce de Fouquet
La disgrâce de Fouquet |

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Grignan en Provence
Grignan en Provence |

Bibliothèque nationale de France

L'amitié de Fouquet, le séduisant surintendant des finances, la conduit un moment vers la faveur et le pouvoir. Elle en est définitivement écartée en 1661. Vedette de la ville, elle ne sera jamais de la Cour. Malgré ses tentatives d’y établir sa fille aînée, Françoise Marguerite de Sévigné, celle-ci part s’établir à Aix-en-Provence avec son mari, gouverneur de Provence. S’ensuivent vingt-cinq années de correspondances entre 1671 et 1696, entrecoupées de retrouvailles.

Une femme d'esprit

Portrait en pied de Louis XIV, âgé de 63 ans, en grand costume royal
Portrait en pied de Louis XIV, âgé de 63 ans, en grand costume royal |

Wikimedia commons / Domaine public

Si madame de Sévigné est d’abord connue comme une « journaliste » du règne de Louis XIV, ses lettres sont aussi appréciées pour des qualités remarquables au 18e siècle.

Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire....

Madame de Sévigné, Lettre du 15 décembre 1670.

On y découvre une chronique mondaine de la Cour à travers la plume habile d’une femme réputée pour son esprit. Son style brillant offre quantité de récits vivants, d’anecdotes et de réflexions personnelles. Ce genre d’œuvre, autobiographique, est alors inédit, frappant par sa liberté de ton et son naturel.

Un écrivain sans livre, par François Bon

Extrait de : François Bon, Après le livre, 2011. Avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Me hantent ces blocs noirs de littérature qui nous parviennent aujourd’hui sous forme de livre, mais...
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Provenance

Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2017)

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