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BnF Essentiels
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La Chartreuse de Parme

La Chartreuse de Parme (1839) a traversé les siècles grâce à la spontanéité et la vivacité de son style. Le récit entrelace intrigues politiques et amoureuses dans l’Italie du 19e siècle que Stendhal affectionnait tant. Le héros, Fabrice del Dongo, jeune noble milanais, se rêve général de Napoléon. Il sera prélat dans l’État de Parme et libertin avant de tomber éperdument amoureux de Clélia Conti, fille de son geôlier.

Lac de Côme - Villa Melzi et Ballagio
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Vue de la place d’Armes dans le Forum Bonaparte de Milan
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Piazza del Duomo, Milan
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Un roman débridé

« La Chartreuse, qui fut écrite en six semaines, offre sans doute en sa perfection cette improvisation qui s’accroît d’elle-même, et qui craint de finir. » Le philosophe Alain rend en peu de mots l’âme du roman et son charme, qui tient également à un style nerveux, presque sec, où le lyrisme affleure sans s’épancher, et à un art aigu de l’ironie. Stendhal confessait lui-même à Balzac : « faire un plan me glace ». Il dictait son roman au jour le jour.

La Chartreuse de Parme
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La cuisine de la littérature m’aurait dégoûté du plaisir d’écrire.

Stendhal, Lettre à Balzac, 1840

« Notre héros »

Par cette appellation, Stendhal entoure Fabrice del Dongo, personnage exalté et naïf, d’une ironie tendre. Appliquée par touche, elle souligne l’hubris (excès) de ce héros romantique, attaché aux valeurs de l’honneur, de la liberté et de l’amour, tout en le rendant profondément attachant. L’identification est favorisée par l'adoption du point de vue du héros, ce qui conduit Fabrice à ne pas savoir s’il a participé ou non à la bataille de Waterloo !

Fabrice del Dongo
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La prison d’amour

Emprisonné à la tour Farnèse, Fabrice entretient avec Clélia, la fille de son geôlier, une relation faite de regards, de gestes et d’alphabets dessinés. Le thème de la prison d’amour, où l’enfermement est synonyme de bonheur, est filé tout au long du roman. La distance, physique ou symbolisée par l’obscurité, car Clélia a fait vœu de ne plus regarder Fabrice, attise leur désir. Incarnations de l’amour-passion théorisé par Stendhal dans sa jeunesse (De l’amour, 1822), Fabrice et Clélia se consument d’amour, ce qui va jusqu'à provoquer leur mort, teintant la fin du roman d’une tonalité tragique.

La tour Farnèse
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Un traité politique ?

L’Italie, jusqu’en 1870, est une mosaïque de royaumes. Stendhal en joue pour faire rebondir les intrigues : plusieurs fois paria, Fabrice fuit d’état en état, profitant des lacs, considérés comme des zones neutres. Il subit la politique ; ceux qui en tirent les ficelles sont la Sanseverina, la tante de Fabrice, et son amant, le comte Mosca, premier ministre de Parme. Ils usent de leur intelligence et de leur charme non à des fins idéologiques mais personnelles. Balzac ira jusqu’à qualifier l’ouvrage de « Prince moderne, le roman que Machiavel écrirait s’il vivait banni de l’Italie au 19e siècle ».

Carte géographique d’Italie avec ses dernières divisions politiques et la trace des dernières campagnes militaires
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Alors commença cette époque de réaction et de retour aux idées anciennes, que les Milanais appellent i tredici mesi (les treize mois), parce qu’en effet leur bonheur voulut que ce retour à la sottise ne durât que treize mois, jusqu’à Marengo.

Stendhal, La Chartreuse de Parme, chapitre I, 1839

Postérité et trahison

Balzac est le premier écrivain français à s’enthousiasmer pour La Chartreuse, il sera suivi par Barbey d’Aurevilly, Gide, Paul Valéry, Julien Gracq, mais aussi par Italo Calvino ou encore Henry James. Peu sont ceux qui ont osé une adaptation : on peut citer l’opéra d’Henri Sauguet et d’Armand Lunel (1939), et le film de Christian-Jaque avec Gérard Philipe dans le rôle de Fabrice, vilipendé par les stendhaliens mais qui contribua à populariser le roman (1948). La Chartreuse a su trouver son public bien au-delà des « happy few » à qui Stendhal a dédicacé son roman.

Honoré de Balzac
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