Les quatre fous de Cromwell
Texte intégral : Paris, Albin Michel, 1880-1926
CROMWELL, après un moment de silence. Oui, je veille, – et pour tous !
Cromwell, qu’à cette place un soin prudent transporte,
Veut à ses assassins lui-même ouvrir sa porte.
On entend un bruit de pas et de voix dans l’éloignement.
Déjà ? – Mais non, minuit n’a point encor sonné.
C’est un passant.
On distingue comme un chant inarticulé.
Des chants ! le drôle a mal jeûné !
La voix s’approche, et l’on entend chanter sur un air monotone les paroles suivantes :
Au soleil couchant,
Toi qui va cherchant
Fortune,
Prends garde de choir ;
La terre, le soir,
Est brune.
L’océan trompeur
Couvre de vapeur
La dune.
Vois ; à l’horizon
Aucune maison,
Aucune !
Maint voleur te suit ;
La chose est, la nuit,
Commune.
Les dames des bois
Nous gardent parfois
Rancune.
Elles vont errer.
Crains d’en rencontrer
Quelqu’une.
Les lutins de l’air
Vont danser au clair
De lune.
La voix s’approche de plus en plus et se tait.
CROMWELL. Bon ! c’est un de mes fous qui chante ; – Élespuru,
Je crois.
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