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Extrait

Capter la structure interne des choses

François Cheng, L’Espace du rêve, 1981

L’art du trait et toute la peinture chinoise – s’est assurément vu influencé au départ par la calligraphie si particulière imposée par l’écriture idéographique. Sans entrer outre mesure dans les détails, disons seulement que la formation des idéogrammes a habitué très tôt les Chinois à cerner les objets et les concepts à l’aide de quelques traits essentiels. De même, au lieu de poursuivre la ressemblance extérieure, l’artiste chinois cherchera-t-il d’abord à capter les lignes internes des objets qu’il se propose d’évoquer. Cette notion de lignes, de structure interne (li) des choses revêtira, notamment à partir des Sung, une importance capitale aux yeux des peintres – ainsi que s’en explique entre autres Su Tung-po : « Montagne, rocher, bambou, arbre, rides sur l’eau, brumes et nuages, toutes ces choses de la nature n’ont pas de forme fixe ; en revanche elles ont chacune une ligne interne constante. » C’est cela seul qui doit guider l’esprit du peintre.

François Cheng, L’Espace du rêve, éditions Phébus, 1981.
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