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Extrait

Les cheveux d'or étaient à l'aure épars

Pétrarque, Canzoniere, XC

Les cheveux d'or étaient à l'aure épars,
Qui en mille doux nœuds les emmêlait,
Et le mobile éclat brûlait outre mesure
De ces beaux yeux qui en sont si avares,

Et le vis de pitié prendre couleurs,
Vrai ou faux, je ne sais, m'apparaissait.
Moi qui l'amorce de l'amour avais au cœur
Quelle merveille qu'aussitôt j'en aie brûlé ?

Sa démarche n'était chose mortelle,
Mais d'angélique forme. Et ses paroles
Sonnaient bien autrement que simple voix humaine.

C'est un esprit céleste, un vif soleil
Que je vis. Et si ore elle n'était plus telle,
La plaie si l'arc est détendu point ne guérit.

Pétrarque, Chansonnier. Rerum vulgarium fragmenta. éd. Giuseppe Savona, tr. Gérard Genot, Paris : Les Belles Lettres, 2009, p. 140.
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