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Extrait

La symbolique du décor

André Vauchez, "La Cathédrale", dans Les Lieux de Mémoire (sous la direction de Pierre Nora), t. III, Les Frances, Paris, Gallimard, 1992, p. 98.

La cathédrale tout entière illustre, à sa façon, la conception chrétienne du temps, qui n'est pas simple écoulement mais préparation de l'avènement, en chaque homme et dans le monde, du règne de Dieu. Aussi sa façade représente presque toujours la création d'Adam et d'Ève et son pendant, le Jugement dernier, c'est-à-dire l'origine et la fin, ainsi que les signes du zodiaque et les travaux des mois qui rythment le temps court de l'existence humaine. Elle indique aussi à ceux qui la regardent les principales étapes de l'itinéraire à parcourir pour parvenir au salut, à la suite du Christ, de la Vierge et des saints. Cet aspect initiatique était encore plus sensible dans le passé, lorsqu'on pénétrait à l'intérieur de l'édifice : la plupart des grandes cathédrales françaises comportaient en effet un labyrinthe, c'est-à-dire un parcours sinueux et complexe inscrit dans le pavement de la nef, qui matérialisait par une alternance de dalles noires et blanches le pèlerinage de Jérusalem. Les fidèles effectuaient ce trajet à genoux et en récitant des prières. Une fois parvenus au terme du dédale, qui mesurait souvent plus de deux cents mètres de long, ils avaient le sentiment d'avoir mérité, au prix d'un effort physique considérable, l'accès à une éternité bienheureuse.

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