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Focus

Les montagnes

Le mont Ararat où trône l’arche de Noé. À gauche, le tombeau de saint Bathélemy
Le mont Ararat où trône l’arche de Noé. À gauche, le tombeau de saint Bathélemy

Bibliothèque nationale de France

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Chaînes de montagnes et sommets isolés constituent autant de repères que de murs infranchissables sur la mappemonde d’Ebstorf.

Les montagnes forment en quelque sorte l’ossature de la terre, son squelette. Elles sont représentées le plus souvent sous forme de chaînes, comme le Caucase au nord-est ou encore les Alpes et les Pyrénées.

Découpées en arcs, les Alpes constituent ici une sorte de mur ininterrompu depuis la Grèce jusqu’à la Méditerranée, à partir duquel d’autres chaînes se ramifient vers l’intérieur. Désigné par le seul terme de Mons, rien ne vient l’interrompre sinon l’évocation de sommets : le mont Olympe « qui surpasse les nuages » à l’extrémité orientale ; le mont Joux, qui désigne traditionnellement le Grand-Saint-Bernard. Y prennent naissance le Pô ou l’Oglio, tandis qu’à ses pieds, sur le versant italien, sont figurés deux lacs aux eaux mortifères : « qui en boit s’expose à la mort ».

Le mont Sinaï
Le mont Sinaï |

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Le mont Olympe
Le mont Olympe |

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D’autres fois, plus rarement, les montagnes sont figurées sous les traits de monts isolés : le mont Ararat où trône l’arche de Noé, le mont Sinaï ou le mont Atlas.

La montagne, lieu de tous les dangers

Abrupte et escarpée, la montagne est d’abord vécue comme une forteresse naturelle qu’il convient au besoin de renforcer. Inaccessible, inexpugnable, elle inquiète et fait peur, recelant autant de dangers bien réels expérimentés par les voyageurs que de craintes imaginaires et fantasmatiques. Si l’on en croit le Guide du pèlerin, sur la route de Compostelle et au passage des Pyrénées, rôdent Basques et Navarrais. Bien qu’ici les Pyrénées semblent davantage partager le monde chrétien du monde musulman en suivant la ligne de la Reconquête : de ce côté-ci, Saint-Jacques (de Compostelle), de l’autre, Cordoue, Malaga...

Jérusalem
Jérusalem |

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La montagne comme frontière

La montagne sert aussi de limites, de frontières. Depuis la faute, c’est elle qui marque le départ entre le Bien et le Mal, entre le Paradis désormais interdit aux mortels et la terre habitée. À l’est, elle sépare les peuples réputés barbares des extrémités du monde du reste de l’œkoumène.
Ce sont encore derrière deux montagnes – les seins de l’Aquilon, Ubera aquilonis, indiqués en rouge dans l’Océan, à l’extrémité septentrionale du monde – qu’Alexandre, avec l’aide du Tout-Puissant, a enfermé les peuples de Gog et Magog. Tandis qu’au midi, les peuples difformes des marges de la terre semblent isolés derrière un rempart montagneux.

Les peuples de Gog et Magog
Les peuples de Gog et Magog |

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Les peuples difformes des marges de la terre
Les peuples difformes des marges de la terre |

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Mais si les montagnes séparent et isolent, les fleuves rapprochent et permettent la communication.