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Gavroche, Les Misérables

Recrues. Tome IV, livre XI, chapitre VI
Gavroche, Les Misérables
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Le 5 juin 1832, lors des funérailles du général Lamarque, un opposant à la monarchie de Juillet, débute une insurrection républicaine. Combats de rue et barricades envahissent l’Est parisien sur fond d’épidémie de choléra. La répression est sanglante. Victor Hugo, qui en a été le témoin, rapporte l’événement dans Les Misérables, le rendant mémorable. Victor Hugo représente l’insurrection comme une force qui va.
On voit ici Gavroche menant les recrues lors de l’insurrection républicaine des 5 et 6 juin 1832 pendant laquelle il trouvera la mort.

« La bande grossissait à chaque instant. Vers la rue des Billettes, un homme de haute taille, grisonnant, dont Courfeyrac, Enjolras et Combelerre remarquèrent la mine rude et hardie, mais qu’aucun d’eux ne connaissait, se joignit à eux. Gavroche, occupé de chanter, de siffler, de bourdonner, d’aller en avant, et de cogner aux volets de boutiques avec la crosse de son pistolet sans chien, ne fit pas attention à cet homme.
Il se trouva que, rue de la Verrerie, ils passèrent devant la porte de Courfeyrac. […]
En même temps, une espèce de jeune ouvrier, maigre, blême, petit, marqué de taches de rousseur, vêtu d’une blouse trouée et d’un pantalon de velours à côtes rapiécé, et qui avait plutôt l’air d’une fille accoutrée en garçon que d’un homme, sortit de la loge et dit à Courfeyrac d’une voix qui, par exemple, n’était pas le moins du monde une voix de femme :
— Monsieur Marius, s’il vous plaît ?
— Il n’y est pas.
— Rentrera-t-il ce soir ?
— Je n’en sais rien.
Et Courfeyrac ajouta :
— Quant à moi, je ne rentrerai pas.
Le jeune homme le regarda fixement et lui demanda :
— Pourquoi cela ?
— Parce que.
— Où allez-vous donc ?
— Qu’est-ce que cela te fait ?
— Voulez-vous que je vous porte votre coffre ?
— Je vais aux barricades.
— Voulez-vous que j’aille avec vous ?
— Si tu veux ! répondit Courfeyrac. La rue est libre, les pavés sont à tout le monde.
Et il s’échappa en courant pour rejoindre ses amis. Quand il les eut rejoints, il donna le coffre à porter à l’un d’eux. Ce ne fut qu’un quart d’heure après qu’il s’aperçut que le jeune homme les avait en effet suivis.
Un attroupement ne va pas précisément où il veut. Nous avons expliqué que c’est un coup de vent qui l’emporte. Ils dépassèrent Saint- Merry et se trouvèrent, sans trop savoir comment, rue Saint-Denis. »

Victor Hugo, Les Misérables, IV, XI, 6.
> Texte intégral dans Gallica.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1890-1891
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Victor Hugo (1802-1885), auteur : Pierre-Georges Jeanniot (1848-1934), illustrateur ; Claude Faivre, graveur
  • Provenance

    BnF, Réserve des livres rares, RES M-Z-8 (8, ROMAN)

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm132202161f