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Armand Duval et Marguerite Gautier

La Dame aux camélias
Armand Duval et Marguerite Gautier
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Alexandre Dumas fils adapte son propre roman, qui avait connu un grand succès en 1848, en créant un drame en cinq actes, La Dame aux camélias le 2 février 1852 au Théâtre du Vaudeville. La pièce connaît à son tour une brillante carrière en France et à l'étranger, et inspire Verdi pour son opéra La Traviata, créé l'année suivante au Théâtre de la Fenice à Venise.

Dumas fils s'inspire de l'histoire de la courtisane Marie Duplessis, avec laquelle il avait eu une liaison. Marguerite Gautier, habituée aux fastes du monde, est entretenue par un riche comte. Elle rencontre Armand Duval, jeune homme de bonne famille qui tombe éperdument amoureux d'elle mais qui n'a pas les moyens de l'entretenir. Marguerite et Armand connaissent un bonheur fugace mais les contraintes financières et morales auront raison de leur amour.

Armand Duval avoue son amour à Marguerite, une jeune courtisane. Quoique troublée, elle n’ose accepter cet amour sincère.

MARGUERITE. Pourquoi ? tu veux le savoir ? Parce qu’il y a des moments où ce rêve commencé, je le fais jusqu’au bout ; parce qu’il y a des jours où je suis lassée de la vie que je mène, et que j’en entrevois une autre ; parce qu’au milieu de notre existence bruyante, notre tête, notre vanité, nos sens vivent... mais que notre cœur se gonfle, ne trouvant pas à s’épancher, et nous étouffe. Nous paraissons heureuses, et l’on nous envie... En effet, nous avons des amants qui se ruinent, non pas pour nous, comme ils le disent, mais pour leur vanité... Nous sommes les premières dans leur amour-propre, les dernières dans leur estime. Nous avons des amis, des amis comme Prudence, dont l’amitié va jusqu’à la servitude, jamais jusqu’au désintéressement. Peu leur importe ce que nous faisons, pourvu qu’on les voie dans nos loges, ou qu’elles se carrent dans nos voitures. Ainsi tout autour de nous, vanité, honte et mensonge. Je rêvais donc, par moment, sans oser le dire à personne, de trouver un homme assez supérieur pour ne me demander compte de rien, et pour vouloir bien être l’amant de mes impressions... Cet homme, je l’avais trouvé dans le duc ; mais la vieillesse ne protège ni ne console, et mon cœur a d’autres exigences... Alors, je t’ai rencontré, toi, jeune, ardent, heureux ; les larmes que je t’ai vu répandre pour moi, l’intérêt que tu as pris à ma santé, tes visites mystérieuses pendant ma maladie, ta franchise, ton enthousiasme, tout me faisait voir en toi celui que j’appelais du fond de ma bruyante solitude. En un instant, comme une folle, j’ai bâti tout mon avenir sur ton amour, j’ai rêvé campagne et pureté, je me suis souvenue de mon enfance, car on a toujours eu une enfance, quoi que l’on soit devenue. C’était souhaiter l’impossible ; un mot de toi me l’a prouvé... Tu as voulu tout savoir, tu sais tout ! » (Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias, acte II, scène XIII, 1852)
 

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1852
  • Auteur(es)
    Alexandre Dumas fils (1824-1895), auteur ; Albert Lynch, illustrateur (1851-1912)
  • Description technique
    Estampe
  • Provenance

    BnF, département des Arts du spectacle, 4-ICO THE-4079

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm132202524f