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Marguerite Gautier, « La Dame aux camélias »

La Dame aux camélias
Marguerite Gautier, « La Dame aux camélias »
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Alexandre Dumas fils adapte son propre roman, qui avait connu un grand succès en 1848, en créant un drame en cinq actes, La Dame aux camélias le 2 février 1852 au Théâtre du Vaudeville. La pièce connaît à son tour une brillante carrière en France et à l'étranger, et inspire Verdi pour son opéra La Traviata, créé l'année suivante au Théâtre de la Fenice à Venise.

Dumas fils s'inspire de l'histoire de la courtisane Marie Duplessis, avec laquelle il avait eu une liaison. Marguerite Gautier, habituée aux fastes du monde, est entretenue par un riche comte. Elle rencontre Armand Duval, jeune homme de bonne famille qui tombe éperdument amoureux d'elle mais qui n'a pas les moyens de l'entretenir. Marguerite et Armand connaîtront un bonheur fugace mais les contraintes financières et morales auront raison de leur amour.

Voici la même scène, qui explicite le surnom de la Dame aux camélias, traitée dans le roman et dans la pièce de théâtre. Les deux œuvres sont d’Alexandre Dumas fils.

Chapitre 2
« Marguerite assistait à toutes les premières représentations et passait toutes ses soirées au spectacle ou au bal. Chaque fois que l’on jouait une pièce nouvelle, on était sûr de l’y voir, avec trois choses qui ne la quittaient jamais, et qui occupaient toujours le devant de sa loge de rez-de-chaussée : sa lorgnette, un sac de bonbons et un bouquet de camélias.
Pendant vingt-cinq jours du mois, les camélias étaient blancs, et pendant cinq ils étaient rouges ; on n’a jamais su la raison de cette variété de couleurs, que je signale sans pouvoir l’expliquer, et que les habitués des théâtres où elle allait le plus fréquemment et ses amis avaient remarquée comme moi.
On n’avait jamais vu à Marguerite d’autres fleurs que des camélias. Aussi chez madame Barjon, sa fleuriste, avait-on fini par la surnommer la Dame aux Camélias, et ce surnom lui était resté. » (Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias, 1848)

Acte I, scène V
« MARGUERITE. Tu as commandé le souper ?
NANINE. Oui, madame.
MARGUERITE. Qu’est-ce que vous jouez là, Varville ?
VARVILLE. Une rêverie de Rosellen.
MARGUERITE. C’est très joli !
VARVILLE. Écoutez, Marguerite, j’ai quatre-vingt mille francs de rentes.
MARGUERITE. Et moi, j’en ai cent.
[…]
NANINE. Le docteur est venu.
MARGUERITE. Qu’a-t-il dit ?
NANINE. II a recommandé que madame se reposât.
MARGUERITE. Ce bon docteur ! Est-ce tout ?
NANINE. Non, madame ; on a apporté un bouquet.
VARVILLE. De ma part.
MARGUERITE, le prenant. Roses et lilas blanc. Mets ce bouquet dans ta chambre, Nanine.
VARVILLE, cessant de jouer du piano. Vous n’en voulez pas ?
MARGUERITE. Comment m’appelle-t-on ?
VARVILLE. Marguerite Gautier.
MARGUERITE. Et quel surnom m’a-t-on donné encore ?
VARVILLE. Celui de la Dame aux camélias.
MARGUERITE. Pourquoi ?
VARVILLE. Parce que vous ne portez jamais que ces fleurs.
MARGUERITE. Ce qui veut dire que je n’aime que celles-là, et qu’il est inutile de m’en envoyer d’autres. Si vous croyez que je ferai une exception pour vous, vous avez tort. Les parfums me rendent malade. Emporte ce bouquet.
VARVILLE. Je n’ai pas de bonheur. Adieu, Marguerite.
MARGUERITE. Adieu ! » (Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias, 1852)

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1852
  • Auteur(es)
    Alexandre Dumas fils (1824-1895), auteur ; Albert Lynch, illustrateur (1851-1912)
  • Description technique
    Estampe
  • Provenance

    BnF, département des Arts du spectacle, 4-ICO THE-4079

  • Lien permanent
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