Alfred de Musset

Je ne fais pas grand cas, pour moi, de la critique.
Toute mouche qu’elle est, c’est rare qu’elle pique.
À la fois mondain et misanthrope, Musset imprègne son œuvre du motif du double : déchirés entre la pureté et le libertinage, animés d’une soif d’absolu, ses héros sont en quête d’un idéal impossible qui conduit inévitablement à la souffrance. Son style brillant et spirituel, parfois ironique, tout en suggestion et ellipse, recouvre une vision lucide, pessimiste et tragique, d’inspiration fortement romantique : l’artiste maudit, la trahison, le mensonge, l’amour impossible, la fuite du temps, etc.
Poète au lyrisme intense qui ne dédaigne pas d’aller chercher son inspiration dans l’exotisme et le pittoresque, romancier autobiographique, Musset est avant tout homme de théâtre. Il mêle les tons et les registres dramatiques : la légèreté est toujours lestée de gravité, et ses comédies débouchent parfois sur la mort. Mais il s’éloigne de toute « couleur d’époque » pour disséquer les passions dans un cadre presque intemporel. Il donne avec Lorenzaccio le pur joyau du drame romantique.