Découvrir, comprendre, créer, partager

Livre à feuilleter

Registre du lieutenant de roi Du Junca
 

Registre du lieutenant de roi Du Junca
Le format de l'image est incompatible
Registre du lieutenant de roi Du Junca page de début

Registre du lieutenant de roi Du Junca page de début

Registre du lieutenant de roi Du Junca page de début
Feuillet de titre
 

Feuillet de titre
 

Plus de détails sur la page

Ce registre, tenu au jour le jour par le lieutenant de roi Du Junca, donne le reflet exact de la vie de la Bastille comme prison de 1690 à 1705. Avec une syntaxe et une orthographe particulièrement désordonnées, il note, toujours introduite par la même formule très officielle, la sortie de chaque prisonnier, par libération, par transfert ou par mort, mais ajoute souvent, s’il y a lieu, quelques commentaires personnels où percent ses opinions, soit sur le gouverneur et l’état-major, soit sur les prisonniers eux-mêmes. On peut relever sa curiosité, alors que le goût du secret règne à la Bastille, ses annotations si célèbres sur « l’homme au masque de fer » en étant le meilleur exemple. Ce sont ces notations personnelles qui ajoutent à l’intérêt historique de ce document et donnent de précieux renseignements sur le quotidien de la prison. Besemaux est alors gouverneur de la Bastille. Louis Phélypeaux de Pontchartrain, ministre de la Maison du roi, remplacé en 1699 par son fils Jérôme Phélypeaux de Pontchartrain, ont en charge la Bastille et sont à l’origine de la majorité des lettres de cachet, ou ordres du roi qui envoient les prisonniers à la Bastille ou les délivrent. La Reynie (1667-1697), puis le marquis d’Argenson (1697-1718) sont durant cette période lieutenants généraux de police.

 

Etienne Du Junca, lieutenant de roi de La Bastille
 « L’estat de prisouniés qui sortet de la Bastille, à commenser du honsiesme du mois d’octobre, que je suis entré en passesion, [de ma charge de lieutenant de roi] en l’année 1690 », 24 octobre 1690-15 juillet 1705.   Manuscrit autographe, 36,5 × 23,5 cm, 99 feuillets. Provient des archives de la Bastille. BnF, Bibliothèque de l'Arsenal, Ms. 5134

Feuillet de titre
 
Registre du lieutenant de roi Du Junca page de début

Registre du lieutenant de roi Du Junca page de début

Registre du lieutenant de roi Du Junca page de début
Feuillet de titre
 

Feuillet de titre
 

Plus de détails sur la page

Ce registre, tenu au jour le jour par le lieutenant de roi Du Junca, donne le reflet exact de la vie de la Bastille comme prison de 1690 à 1705. Avec une syntaxe et une orthographe particulièrement désordonnées, il note, toujours introduite par la même formule très officielle, la sortie de chaque prisonnier, par libération, par transfert ou par mort, mais ajoute souvent, s’il y a lieu, quelques commentaires personnels où percent ses opinions, soit sur le gouverneur et l’état-major, soit sur les prisonniers eux-mêmes. On peut relever sa curiosité, alors que le goût du secret règne à la Bastille, ses annotations si célèbres sur « l’homme au masque de fer » en étant le meilleur exemple. Ce sont ces notations personnelles qui ajoutent à l’intérêt historique de ce document et donnent de précieux renseignements sur le quotidien de la prison. Besemaux est alors gouverneur de la Bastille. Louis Phélypeaux de Pontchartrain, ministre de la Maison du roi, remplacé en 1699 par son fils Jérôme Phélypeaux de Pontchartrain, ont en charge la Bastille et sont à l’origine de la majorité des lettres de cachet, ou ordres du roi qui envoient les prisonniers à la Bastille ou les délivrent. La Reynie (1667-1697), puis le marquis d’Argenson (1697-1718) sont durant cette période lieutenants généraux de police.

 

Etienne Du Junca, lieutenant de roi de La Bastille
 « L’estat de prisouniés qui sortet de la Bastille, à commenser du honsiesme du mois d’octobre, que je suis entré en passesion, [de ma charge de lieutenant de roi] en l’année 1690 », 24 octobre 1690-15 juillet 1705.   Manuscrit autographe, 36,5 × 23,5 cm, 99 feuillets. Provient des archives de la Bastille. BnF, Bibliothèque de l'Arsenal, Ms. 5134

Feuillet de titre
 
Fol. 8v : Un protestant récalcitrant

Fol. 8v : Un protestant récalcitrant

Plus de détails sur la page

Après la révocation de l’édit de Nantes, en 1685, nombreux furent les protestants emprisonnés, en général accusés d’avoir voulu fuir à l’étranger, ce qu’interdisait l’édit de Fontainebleau, et d’être donc de mauvais français. À la Bastille le père Bordes, un jésuite, était chargé de leur conversion.
Boisrogue, gentilhomme poitevin, « ci-devant capitaine », entré le 2 avril 1690, fut libéré le 30 décembre 1691 comme « nouveau catholique » sur le bon témoignage de l’évêque de Luçon et du père Bordes. Mais Du Junca qui voit de près les prisonniers protestants est très sceptique sur cette conversion. Près de 300 protestants furent incarcérés à la Bastille, qu’on s’efforça de ramener au catholicisme, sans grand succès.

Fol. 8v : Un protestant récalcitrant
Fol. 9

Fol. 9

Plus de détails sur la page

Du dimanche 30-me décembre a dix hures du matin monsieur de besemaux a receu ordre de monsieur de pontchartrain pour mestre en plenne et entière liberté monsieur de boisrogue lequel aient esté instruit par le perre bordes doit insesament changer de religion suivent qu’il l’a promis se qu’il ne fera pas. Suitte de prisonnies qui sortet a commanser du mois de janvier de l’année 1692.

 

Du dimanche 30e décembre [1691], à dix heures du matin. Monsieur de Besemaux a reçu ordre de Monsieur de Pontchartrain pour mettre en pleine et entière liberté Monsieur de Boisrogue, lequel ayant été instruit par le Père Bordes doit incessamment changer de religion, suivant qu’il l’a promis – ce qu’il ne fera pas. Suite de prisonniers qui sortent, à commencer du mois de janvier de l’année 1692.

Fol. 9
Fol. 8v : Un protestant récalcitrant

Fol. 8v : Un protestant récalcitrant

Plus de détails sur la page

Après la révocation de l’édit de Nantes, en 1685, nombreux furent les protestants emprisonnés, en général accusés d’avoir voulu fuir à l’étranger, ce qu’interdisait l’édit de Fontainebleau, et d’être donc de mauvais français. À la Bastille le père Bordes, un jésuite, était chargé de leur conversion.
Boisrogue, gentilhomme poitevin, « ci-devant capitaine », entré le 2 avril 1690, fut libéré le 30 décembre 1691 comme « nouveau catholique » sur le bon témoignage de l’évêque de Luçon et du père Bordes. Mais Du Junca qui voit de près les prisonniers protestants est très sceptique sur cette conversion. Près de 300 protestants furent incarcérés à la Bastille, qu’on s’efforça de ramener au catholicisme, sans grand succès.

Fol. 8v : Un protestant récalcitrant
Fol. 9

Fol. 9

Plus de détails sur la page

Du dimanche 30-me décembre a dix hures du matin monsieur de besemaux a receu ordre de monsieur de pontchartrain pour mestre en plenne et entière liberté monsieur de boisrogue lequel aient esté instruit par le perre bordes doit insesament changer de religion suivent qu’il l’a promis se qu’il ne fera pas. Suitte de prisonnies qui sortet a commanser du mois de janvier de l’année 1692.

 

Du dimanche 30e décembre [1691], à dix heures du matin. Monsieur de Besemaux a reçu ordre de Monsieur de Pontchartrain pour mettre en pleine et entière liberté Monsieur de Boisrogue, lequel ayant été instruit par le Père Bordes doit incessamment changer de religion, suivant qu’il l’a promis – ce qu’il ne fera pas. Suite de prisonniers qui sortent, à commencer du mois de janvier de l’année 1692.

Fol. 9
Fol. 11v : Un protestant converti et un grand seigneur débauché
 

Fol. 11v : Un protestant converti et un grand seigneur débauché
 

Plus de détails sur la page

Lardeau, « ci-devant procureur au parlement », entré à la Bastille le 6 mai 1692, avait hébergé chez lui deux ministres de la Religion Prétendue Réformée. On fit pression sur sa femme et son fils afin qu’ils se convertissent et lui-même dut accepter les visites du vicaire de Saint-Eustache pour obtenir sa libération. Le marquis de Saissac (1630-1705), libertin et débauché, à la carrière très agitée, fut accusé au moment de l’affaire des Poisons d’avoir empoisonné son frère, le comte de Clermont. Revenu en France après une fuite de 10 ans, il fut embastillé le 4 novembre 1691 et, après un procès, finalement acquitté le 4 décembre 1692. Néanmoins sa qualité lui valut, comme on voit, un traitement de faveur à la Bastille.

Fol. 11v : Un protestant converti et un grand seigneur débauché
 
Fol. 12r
 

Fol. 12r
 

Plus de détails sur la page

Du lundy 28-me de juillet a honsures du matin monsieur de pech fermier général et monsieur st pierre son fils sont veneus portant l’ordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour mestre monsieur de lardeau dans une entiere liberté lequel s’etant fait instruire pour changer de religion du mesme jour lundy 28me de juillet a huit hures du soir monsieur le marquis de secac aient porté son ordre du roy pour sortir cant il luy pleret de la Bastille il est sorty pour aler coucher ches luy et il est reveneu le landemain mardy 29-me a set hures du matin pour y rester jusque a une entière fin de son afaire à la chambre roialle de l’Arsenac.

 

Du lundi 28e de juillet [1692], à onze heures du matin. Monsieur Delpech, fermier général, et Monsieur Saint-Pierre, son fils, sont venus portant l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour mettre Monsieur de Lardeau dans une entière liberté, lequel s’étant fait instruire pour changer de religion. Du même jour, lundi 28e de juillet, à huit heures du soir. Monsieur le marquis de Saissac ayant porté son ordre du roi pour sortir quand il lui plairait de la Bastille, il est sorti pour aller coucher chez lui ; et il est revenu le lendemain, mardi 29e, à sept heures du matin, pour y rester jusqu'à une entière fin de son affaire à la Chambre royale de l’Arsenal.

Fol. 12r
 
Fol. 11v : Un protestant converti et un grand seigneur débauché
 

Fol. 11v : Un protestant converti et un grand seigneur débauché
 

Plus de détails sur la page

Lardeau, « ci-devant procureur au parlement », entré à la Bastille le 6 mai 1692, avait hébergé chez lui deux ministres de la Religion Prétendue Réformée. On fit pression sur sa femme et son fils afin qu’ils se convertissent et lui-même dut accepter les visites du vicaire de Saint-Eustache pour obtenir sa libération. Le marquis de Saissac (1630-1705), libertin et débauché, à la carrière très agitée, fut accusé au moment de l’affaire des Poisons d’avoir empoisonné son frère, le comte de Clermont. Revenu en France après une fuite de 10 ans, il fut embastillé le 4 novembre 1691 et, après un procès, finalement acquitté le 4 décembre 1692. Néanmoins sa qualité lui valut, comme on voit, un traitement de faveur à la Bastille.

Fol. 11v : Un protestant converti et un grand seigneur débauché
 
Fol. 12r
 

Fol. 12r
 

Plus de détails sur la page

Du lundy 28-me de juillet a honsures du matin monsieur de pech fermier général et monsieur st pierre son fils sont veneus portant l’ordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour mestre monsieur de lardeau dans une entiere liberté lequel s’etant fait instruire pour changer de religion du mesme jour lundy 28me de juillet a huit hures du soir monsieur le marquis de secac aient porté son ordre du roy pour sortir cant il luy pleret de la Bastille il est sorty pour aler coucher ches luy et il est reveneu le landemain mardy 29-me a set hures du matin pour y rester jusque a une entière fin de son afaire à la chambre roialle de l’Arsenac.

 

Du lundi 28e de juillet [1692], à onze heures du matin. Monsieur Delpech, fermier général, et Monsieur Saint-Pierre, son fils, sont venus portant l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour mettre Monsieur de Lardeau dans une entière liberté, lequel s’étant fait instruire pour changer de religion. Du même jour, lundi 28e de juillet, à huit heures du soir. Monsieur le marquis de Saissac ayant porté son ordre du roi pour sortir quand il lui plairait de la Bastille, il est sorti pour aller coucher chez lui ; et il est revenu le lendemain, mardi 29e, à sept heures du matin, pour y rester jusqu'à une entière fin de son affaire à la Chambre royale de l’Arsenal.

Fol. 12r
 
Fol. 12v
 

Fol. 12v
 

Plus de détails sur la page

Dans les années 1690-1700 le passage de protestants à la Bastille est constant. En général, ce sont des petits nobles provinciaux ou des bourgeois plus ou moins riches. On leur reproche de vouloir quitter le pays ou d’avoir des contacts avec l’étranger. Ils sont libérés s’ils se prétendent convertis, et sinon envoyés dans d’autres prisons d’état, comme ces trois religionnaires poitevins particulièrement opiniâtres « que le P. Bordes a entretenus plusieurs fois pour leur conversion, mais fort inutilement », expédiés à Loches après deux ans à la Bastille et qui iront ensuite à Saumur puis à Nantes en 1701. Pierre Meusnier, lui, a été soupçonné de mauvais desseins contre le roi, ce qui est un motif d’embastillement récurrent. Entré le 24 octobre 1692, on s’aperçoit vite qu'il s'agit d'une erreur et il sort le 29 octobre.

Fol. 12v
 
Fol. 13 : Des protestants récalcitrants

Fol. 13 : Des protestants récalcitrants

Plus de détails sur la page

Du samedy 20-me septembre à cinq hures du matin monsieur de la poumere exampt de la prevaute de l’autel a porté l’ordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour luy remestre trois prisonniers pour le transférer à loche estent monsieur de minieres et le sieur de hudel et de lagaliarderiee tous le trois de la religion et de bons protestans que le perre bordes a entreteneu plusieurs fois pour lur conversion mes fort inustillement du mercredy 29-me octobre à honsures du matin monsieur Desgrais m’a aporté l’ordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour mestre dans une entière liberté le sieur Musnier quisinier d’Estampe aient esté pris pour un autre lequel est sorty et conduit par monsieur desgrais qui a ordre de monsieur de la reignyee de le conduire dans le dehors de paris a une ou deux lieus loin pour s’en retorner ches luy.


Du samedi 20e septembre [1692], à cinq heures du matin. Monsieur de La Pommeraye, exempt de la prévôté de l’hôtel, a porté l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour lui remettre trois prisonniers pour les transférer à Loches, étant Monsieur de Minières, et les sieurs de Hudel et de la Galiarderie, tous les trois de la Religion et de bons protestants que le père Bordes a entretenus plusieurs fois pour leur conversion, mais fort inutilement. Du mercredi 29e octobre, à onze heures du matin. Monsieur Desgrais m’a apporté l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour mettre dans une entière liberté le sieur Musnier, cuisinier d’Etampes, ayant été pris pour un autre. Lequel est sorti et conduit par Monsieur Desgrais qui a ordre de Monsieur de la Reynie de le conduire dans le dehors de Paris, à une ou deux lieues loin, pour s’en retourner chez lui.

Fol. 13 : Des protestants récalcitrants
Fol. 12v
 

Fol. 12v
 

Plus de détails sur la page

Dans les années 1690-1700 le passage de protestants à la Bastille est constant. En général, ce sont des petits nobles provinciaux ou des bourgeois plus ou moins riches. On leur reproche de vouloir quitter le pays ou d’avoir des contacts avec l’étranger. Ils sont libérés s’ils se prétendent convertis, et sinon envoyés dans d’autres prisons d’état, comme ces trois religionnaires poitevins particulièrement opiniâtres « que le P. Bordes a entretenus plusieurs fois pour leur conversion, mais fort inutilement », expédiés à Loches après deux ans à la Bastille et qui iront ensuite à Saumur puis à Nantes en 1701. Pierre Meusnier, lui, a été soupçonné de mauvais desseins contre le roi, ce qui est un motif d’embastillement récurrent. Entré le 24 octobre 1692, on s’aperçoit vite qu'il s'agit d'une erreur et il sort le 29 octobre.

Fol. 12v
 
Fol. 13 : Des protestants récalcitrants

Fol. 13 : Des protestants récalcitrants

Plus de détails sur la page

Du samedy 20-me septembre à cinq hures du matin monsieur de la poumere exampt de la prevaute de l’autel a porté l’ordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour luy remestre trois prisonniers pour le transférer à loche estent monsieur de minieres et le sieur de hudel et de lagaliarderiee tous le trois de la religion et de bons protestans que le perre bordes a entreteneu plusieurs fois pour lur conversion mes fort inustillement du mercredy 29-me octobre à honsures du matin monsieur Desgrais m’a aporté l’ordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour mestre dans une entière liberté le sieur Musnier quisinier d’Estampe aient esté pris pour un autre lequel est sorty et conduit par monsieur desgrais qui a ordre de monsieur de la reignyee de le conduire dans le dehors de paris a une ou deux lieus loin pour s’en retorner ches luy.


Du samedi 20e septembre [1692], à cinq heures du matin. Monsieur de La Pommeraye, exempt de la prévôté de l’hôtel, a porté l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour lui remettre trois prisonniers pour les transférer à Loches, étant Monsieur de Minières, et les sieurs de Hudel et de la Galiarderie, tous les trois de la Religion et de bons protestants que le père Bordes a entretenus plusieurs fois pour leur conversion, mais fort inutilement. Du mercredi 29e octobre, à onze heures du matin. Monsieur Desgrais m’a apporté l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour mettre dans une entière liberté le sieur Musnier, cuisinier d’Etampes, ayant été pris pour un autre. Lequel est sorti et conduit par Monsieur Desgrais qui a ordre de Monsieur de la Reynie de le conduire dans le dehors de Paris, à une ou deux lieues loin, pour s’en retourner chez lui.

Fol. 13 : Des protestants récalcitrants
Fol. 13v : Espions et échange d’espions
 

Fol. 13v : Espions et échange d’espions
 

Plus de détails sur la page

Pendant les nombreuses guerres du règne de Louis XIV la Bastille accueillit maints espions étrangers. La guerre de la ligue d’Augsbourg (1688-1697), suivie de la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) en fournirent bon nombre, surtout anglais. Frédéric Lange, arrêté à Versailles le 29 octobre 1692 comme espion allemand, ne fait que passer à la Bastille. Il est envoyé le 31 à Vincennes après avoir été enfermé dans une pièce que les officiers de police avaient dans leur maison, qui servait pour les prisonniers en transit, et qu'on appelait un four. John Vanbrugh (1664-1726), qui deviendra ensuite célèbre comme auteur dramatique et comme l’architecte du château de Blenheim et de Castle Howard, était alors un jeune officier anglais aventureux. Actif soutien de Guillaume d’Orange et anti-jacobite, il fut arrêté à Calais en 1688 comme espion, et resta emprisonné en France pendant quatre ans et demi à Vincennes puis à la Bastille où il « importuna » le roi de ses multiples plaintes, avant d'être libéré en échange d'un prisonnier français emprisonné à Newgate. Vanbrugh aurait écrit une partie de sa comédie L'Épouse outragée à la Bastille. Après sa libération il dut passer encore trois mois à Paris, ce qui lui donna l’occasion d’étudier l’architecture. Rentré en Angleterre en 1693, il prit encore part à la bataille de Camaret contre les Français en 1694, avant de se consacrer au théâtre. Voltaire le connut en Angleterre où il lui assura avoir été mis à la Bastille sans savoir pourquoi.

 

Du vendredy 31-me octobre a dix hures du matin monsieur desgrais a porté l’ordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour luy remestre le sieur frederyc lange aleman pour le transferer dans les prison de sa meson dans son four. Du mercredy 22-me novembre a honsures et demy du matin monsieur l’abbé de lagny a porté l’ordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour mestre dans une entière liberté monsieur de vangbroue englois lequel pour avoir sa liberté dans paris il a donne une bonne causion et une asurance de mille pistolles en quas d’une esvasion dont monsieur de lagny fermier géneral en a pris touttes les surestés qu’il a deu prendre pour sela et monsieur de vanbourge en sortant est alé dans le moment avec le carosse de monsieur de besmaux voir et remersier monsieur de lagny.

 

Du vendredy 31e octobre [1692], à dix heures du matin. Monsieur Desgrais a porté l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour lui remettre le sieur Frédéric Lange, Allemand, pour le transférer dans les prisons de sa maison, dans son four. Du mercredi 22e novembre, à onze heures et demie du matin. Monsieur l’abbé de Lagny a porté l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour mettre dans une entière liberté Monsieur de Vangbroue, Anglais. Lequel, pour avoir sa liberté dans Paris, il a donné une bonne caution et une assurance de mille pistoles en cas d’une évasion, dont Monsieur de Lagny, fermier géneral, en a pris toutes les sûretés qu’il a dû prendre pour cela. Et Monsieur de Vanbourge en sortant est allé dans le moment avec le carrosse de Monsieur deBesmaux voir et remercier Monsieur de Lagny.

Fol. 13v : Espions et échange d’espions
 
Fol. 14
 

Fol. 14
 

Fol. 14
 
Fol. 13v : Espions et échange d’espions
 

Fol. 13v : Espions et échange d’espions
 

Plus de détails sur la page

Pendant les nombreuses guerres du règne de Louis XIV la Bastille accueillit maints espions étrangers. La guerre de la ligue d’Augsbourg (1688-1697), suivie de la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) en fournirent bon nombre, surtout anglais. Frédéric Lange, arrêté à Versailles le 29 octobre 1692 comme espion allemand, ne fait que passer à la Bastille. Il est envoyé le 31 à Vincennes après avoir été enfermé dans une pièce que les officiers de police avaient dans leur maison, qui servait pour les prisonniers en transit, et qu'on appelait un four. John Vanbrugh (1664-1726), qui deviendra ensuite célèbre comme auteur dramatique et comme l’architecte du château de Blenheim et de Castle Howard, était alors un jeune officier anglais aventureux. Actif soutien de Guillaume d’Orange et anti-jacobite, il fut arrêté à Calais en 1688 comme espion, et resta emprisonné en France pendant quatre ans et demi à Vincennes puis à la Bastille où il « importuna » le roi de ses multiples plaintes, avant d'être libéré en échange d'un prisonnier français emprisonné à Newgate. Vanbrugh aurait écrit une partie de sa comédie L'Épouse outragée à la Bastille. Après sa libération il dut passer encore trois mois à Paris, ce qui lui donna l’occasion d’étudier l’architecture. Rentré en Angleterre en 1693, il prit encore part à la bataille de Camaret contre les Français en 1694, avant de se consacrer au théâtre. Voltaire le connut en Angleterre où il lui assura avoir été mis à la Bastille sans savoir pourquoi.

 

Du vendredy 31-me octobre a dix hures du matin monsieur desgrais a porté l’ordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour luy remestre le sieur frederyc lange aleman pour le transferer dans les prison de sa meson dans son four. Du mercredy 22-me novembre a honsures et demy du matin monsieur l’abbé de lagny a porté l’ordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour mestre dans une entière liberté monsieur de vangbroue englois lequel pour avoir sa liberté dans paris il a donne une bonne causion et une asurance de mille pistolles en quas d’une esvasion dont monsieur de lagny fermier géneral en a pris touttes les surestés qu’il a deu prendre pour sela et monsieur de vanbourge en sortant est alé dans le moment avec le carosse de monsieur de besmaux voir et remersier monsieur de lagny.

 

Du vendredy 31e octobre [1692], à dix heures du matin. Monsieur Desgrais a porté l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour lui remettre le sieur Frédéric Lange, Allemand, pour le transférer dans les prisons de sa maison, dans son four. Du mercredi 22e novembre, à onze heures et demie du matin. Monsieur l’abbé de Lagny a porté l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour mettre dans une entière liberté Monsieur de Vangbroue, Anglais. Lequel, pour avoir sa liberté dans Paris, il a donné une bonne caution et une assurance de mille pistoles en cas d’une évasion, dont Monsieur de Lagny, fermier géneral, en a pris toutes les sûretés qu’il a dû prendre pour cela. Et Monsieur de Vanbourge en sortant est allé dans le moment avec le carrosse de Monsieur deBesmaux voir et remercier Monsieur de Lagny.

Fol. 13v : Espions et échange d’espions
 
Fol. 14
 

Fol. 14
 

Fol. 14
 
Fol. 20v : Une critique du gouverneur
 

Fol. 20v : Une critique du gouverneur
 

Plus de détails sur la page

Du judy 6-me de may a deux hures après midy la famme de glaude richar de Launé est venuee porter lordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour mestre dans une entiere liberté le sieur glaude richar de launé son mary platrier des environs de Paris. monsieur de besmaux aiant receu lordre que monsieur de la regnyee avet donné a sette femme ces offisiers dans se moment estant à table a ce divertir naiant pas voulu les detorner de leur regal a mieus esmé commender à la coste le sergent de garde daler quérir le prisonnier pour li mesner dans la salle doù il la mis en liberté et remis à sa famme sans que mesieurs ces offisiers laiet veu ni foulie comme set lordinere et lusage à cause des greandes communiquations quil y a dans toutes le tours entre les prisonniers et seluy qui sort et san va fait touiours du plesir a ceus qui restet.


Du jeudi 6e de mai [1694], à deux heures après midy. La femme de Claude Richard de Launay est venue porter l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour mettre dans une entière liberté le sieur Claude Richard de Launay, son mari, plâtrier des environs de Paris. Monsieur de Besmaux ayant reçu l’ordre que monsieur de la Reynie avait donné à cette femme, ses officiers dans ce moment étant à table à se divertir, n’ayant pas voulu les détourner de leur régal, a mieux aimé commander à La Coste, le sergent de garde, d’aller quérir le prisonnier pour le mener dans la salle, d’où il l’a mis en liberté et remis à sa femme, sans que messieurs ses officiers l’aient vu ni fouillé, comme c'est l’ordinaire et l’usage à cause des grandes communications qu’il y a dans toutes les tours entre les prisonniers, et celuy qui sort et s’en va fait toujours du plaisir à ceux qui restent.

Fol. 20v : Une critique du gouverneur
 
Fol. 21r
 

Fol. 21r
 

Plus de détails sur la page

Les frères Launay, un maçon et un plâtrier dénoncés à tort par leur tante, avaient été mis à la Bastille en avril 1694 comme auteurs de lettres insolentes envers le roi. À plusieurs reprises, Du Junca se montre dans son registre assez critique envers le gouverneur de Besemaux et son état-major. À mots couverts et même avec un certain humour, il ne manque pas ici de commenter la légèreté de leur conduite.

Fol. 21r
 
Fol. 20v : Une critique du gouverneur
 

Fol. 20v : Une critique du gouverneur
 

Plus de détails sur la page

Du judy 6-me de may a deux hures après midy la famme de glaude richar de Launé est venuee porter lordre du roy envoie par monsieur de pontchartrain pour mestre dans une entiere liberté le sieur glaude richar de launé son mary platrier des environs de Paris. monsieur de besmaux aiant receu lordre que monsieur de la regnyee avet donné a sette femme ces offisiers dans se moment estant à table a ce divertir naiant pas voulu les detorner de leur regal a mieus esmé commender à la coste le sergent de garde daler quérir le prisonnier pour li mesner dans la salle doù il la mis en liberté et remis à sa famme sans que mesieurs ces offisiers laiet veu ni foulie comme set lordinere et lusage à cause des greandes communiquations quil y a dans toutes le tours entre les prisonniers et seluy qui sort et san va fait touiours du plesir a ceus qui restet.


Du jeudi 6e de mai [1694], à deux heures après midy. La femme de Claude Richard de Launay est venue porter l’ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour mettre dans une entière liberté le sieur Claude Richard de Launay, son mari, plâtrier des environs de Paris. Monsieur de Besmaux ayant reçu l’ordre que monsieur de la Reynie avait donné à cette femme, ses officiers dans ce moment étant à table à se divertir, n’ayant pas voulu les détourner de leur régal, a mieux aimé commander à La Coste, le sergent de garde, d’aller quérir le prisonnier pour le mener dans la salle, d’où il l’a mis en liberté et remis à sa femme, sans que messieurs ses officiers l’aient vu ni fouillé, comme c'est l’ordinaire et l’usage à cause des grandes communications qu’il y a dans toutes les tours entre les prisonniers, et celuy qui sort et s’en va fait toujours du plaisir à ceux qui restent.

Fol. 20v : Une critique du gouverneur
 
Fol. 21r
 

Fol. 21r
 

Plus de détails sur la page

Les frères Launay, un maçon et un plâtrier dénoncés à tort par leur tante, avaient été mis à la Bastille en avril 1694 comme auteurs de lettres insolentes envers le roi. À plusieurs reprises, Du Junca se montre dans son registre assez critique envers le gouverneur de Besemaux et son état-major. À mots couverts et même avec un certain humour, il ne manque pas ici de commenter la légèreté de leur conduite.

Fol. 21r
 
Fol. 21v : Un exemple de décès à la Bastille
 

Fol. 21v : Un exemple de décès à la Bastille
 

Plus de détails sur la page

Du judy 29-me de juillet a six hures un quart du matin monsieur de martinon, prisonnier dans la liberté de la cour est mort en bon crestien en huit jours de maladie aient esté confessé trois fois deux par nostre aumonier et une la derniere par un prestre que je envoie querir a deux hures apres minuit on a ensuitte aporté nostre seigneur pour li faire prendre mais on n’a peu aient perdeu la conesance on luy a douné en meme tamps l’extremontion lequel on ala le landemain entere a neuf hures du matin vendredy 30 me dans l’eglisse et paroisse de saint pol aient asisté au servisce et convoyé de l’anterement et mesieurs du garenet et de la berre madame et mademoiselle martinon famme et fille hont esté touiours préseans et temoins pendent la maladiee de monsieur martinon.
 

Du jeudy 29e de juillet, à six heures un quart du matin. Monsieur de Martinon, prisonnier dans la liberté de la cour, est mort en bon chrétien en huit jours de maladie, ayant été confessé trois fois, deux par notre aumônier et une, la dernière, par un prêtre quej'ai envoyé quérir à deux heures après minuit. On a ensuite apporté Notre Seigneur pour lui faire prendre, mais on n’a pu, ayant perdu la connaissance. On lui a donné en même temps l’extrême-onction. Lequel on alla le lendemain enterrer à neuf heures du matin, vendredi 30e, dans l’église et paroisse de Saint-Paul, ayant assisté au service et convoi de l’enterrement et Messieurs du Garenet et de la Berre. Madame et Mademoiselle Martinon, femme et fille, ont été toujours présentes et témoins pendant la maladie de Monsieur Martinon.

Fol. 21v : Un exemple de décès à la Bastille
 
Fol. 22r

Fol. 22r

Plus de détails sur la page

Jean Martinon, receveur de la taxe du huitième denier et directeur général des fermes unies de Provence et Languedoc, poursuivi pour malversation par les fermiers généraux, s’était réfugié à Avignon, alors état du pape. Après de longues et âpres négociations avec le vice-légat du pape, il fut livré à la justice royale en 1681, probablement mis dans une prison ordinaire, puis, devant son obstination, mis à la Bastille de 1688 à 1694.  Les exemples de mort à la Bastille sont intéressants car souvent toute la famille est présente, et on a un grand souci de l’âme du mourant. Le cimetière Saint-Paul est celui de la Bastille, mais la famille peut parfois récupérer le corps et le faire enterrer ailleurs. Les protestants, eux, n’ont droit qu’à une sépulture dans les casemates du bastion, où l’on découvrit leurs squelettes le 14 juillet 1789.

Fol. 22r
Fol. 21v : Un exemple de décès à la Bastille
 

Fol. 21v : Un exemple de décès à la Bastille
 

Plus de détails sur la page

Du judy 29-me de juillet a six hures un quart du matin monsieur de martinon, prisonnier dans la liberté de la cour est mort en bon crestien en huit jours de maladie aient esté confessé trois fois deux par nostre aumonier et une la derniere par un prestre que je envoie querir a deux hures apres minuit on a ensuitte aporté nostre seigneur pour li faire prendre mais on n’a peu aient perdeu la conesance on luy a douné en meme tamps l’extremontion lequel on ala le landemain entere a neuf hures du matin vendredy 30 me dans l’eglisse et paroisse de saint pol aient asisté au servisce et convoyé de l’anterement et mesieurs du garenet et de la berre madame et mademoiselle martinon famme et fille hont esté touiours préseans et temoins pendent la maladiee de monsieur martinon.
 

Du jeudy 29e de juillet, à six heures un quart du matin. Monsieur de Martinon, prisonnier dans la liberté de la cour, est mort en bon chrétien en huit jours de maladie, ayant été confessé trois fois, deux par notre aumônier et une, la dernière, par un prêtre quej'ai envoyé quérir à deux heures après minuit. On a ensuite apporté Notre Seigneur pour lui faire prendre, mais on n’a pu, ayant perdu la connaissance. On lui a donné en même temps l’extrême-onction. Lequel on alla le lendemain enterrer à neuf heures du matin, vendredi 30e, dans l’église et paroisse de Saint-Paul, ayant assisté au service et convoi de l’enterrement et Messieurs du Garenet et de la Berre. Madame et Mademoiselle Martinon, femme et fille, ont été toujours présentes et témoins pendant la maladie de Monsieur Martinon.

Fol. 21v : Un exemple de décès à la Bastille
 
Fol. 22r

Fol. 22r

Plus de détails sur la page

Jean Martinon, receveur de la taxe du huitième denier et directeur général des fermes unies de Provence et Languedoc, poursuivi pour malversation par les fermiers généraux, s’était réfugié à Avignon, alors état du pape. Après de longues et âpres négociations avec le vice-légat du pape, il fut livré à la justice royale en 1681, probablement mis dans une prison ordinaire, puis, devant son obstination, mis à la Bastille de 1688 à 1694.  Les exemples de mort à la Bastille sont intéressants car souvent toute la famille est présente, et on a un grand souci de l’âme du mourant. Le cimetière Saint-Paul est celui de la Bastille, mais la famille peut parfois récupérer le corps et le faire enterrer ailleurs. Les protestants, eux, n’ont droit qu’à une sépulture dans les casemates du bastion, où l’on découvrit leurs squelettes le 14 juillet 1789.

Fol. 22r
Fol. 22v
 

Fol. 22v
 

Plus de détails sur la page

Du judy 30-me de septembre à neuf hures du matin monsieur de besmaux a receu par l’ordinere du courier et du distributur de paques de la cour un paquet de monsieur de ponchartrain dans lequel estet l’ordre du roy pour faire sortir et mestre dans une entière liberté monsieur et madame de la fontaine que monsieur de besmaux est alé luy mesme pour lur anoncer sette bonne nouvelle mais ils n’ont voulu sortir qu’après avoir diné et sont alés chés us dans la rue du mares faubourg St Germain. Du samedy 9-me du mois d’octobre sur le sept hures du soir monsieur lausillon fils m’a aporté l’ordre du roy expédié par monsieur de pontchartrain pour luy remestre dans le moment la nomée dame de la hogue pour la transférer dans le moment dans le prisons de rouan d’où elle venet et demurant a dieppe laquelle famme est née en anglestere et parlant très bon anglais et son nom de ne bastemme est marte et bonne catolique. 

 

Du jeudy 30e de septembre [1694], à neuf heures du matin. Monsieur de Besmaux a reçu par l’ordinaire du courrier et du distributeur des paquets de la cour un paquet de Monsieur de Ponchartrain dans lequel était l’ordre du roi pour faire sortir et mettre dans une entière liberté Monsieur et Madame de la Fontaine, que Monsieur de Besmaux est allé lui-même pour leur annoncer cette bonne nouvelle. Mais ils n’ont voulu sortir qu’après avoir dîné et sont allés chez eux dans la rue du Marais, faubourg Saint-Germain. Du samedi 9e du mois d’octobre, sur les sept heures du soir. Monsieur Lausillon fils m’a apporté l’ordre du roi expédié par Monsieur de Pontchartrain pour lui remettre dans le moment la nommée dame de la Hogue, pour la transférer dans le moment dans le prisons de Rouen, d’où elle venait et demeurant à Dieppe. Laquelle femme est née en Angleterre, et parlant très bon anglais, et son nom de ne baptême est Marthe, et bonne catholique.

Fol. 22v
 
Fol. 23 : Chantage
 

Fol. 23 : Chantage
 

Plus de détails sur la page

Les époux La Fontaine, religionnaires, avaient été emprisonnés le 7 septembre 1693, moyen de chantage pour inciter leur fils à revenir en France. Entrés le 7 septembre 1693, ils ne sortiront que le 30 septembre 1694, mais manifestement sans grand empressement.
Madame de la Hogue, quoique bonne catholique, faisait fuir les « nouveaux convertis » à l’étranger. Elle avait été transférée de Rouen le 17 septembre 1694, et y retourna le 9 octobre 1694, le fait d’être née en Angleterre et de parler anglais étant un motif de suspicion tant on craint l’étranger.

Fol. 23 : Chantage
 
Fol. 22v
 

Fol. 22v
 

Plus de détails sur la page

Du judy 30-me de septembre à neuf hures du matin monsieur de besmaux a receu par l’ordinere du courier et du distributur de paques de la cour un paquet de monsieur de ponchartrain dans lequel estet l’ordre du roy pour faire sortir et mestre dans une entière liberté monsieur et madame de la fontaine que monsieur de besmaux est alé luy mesme pour lur anoncer sette bonne nouvelle mais ils n’ont voulu sortir qu’après avoir diné et sont alés chés us dans la rue du mares faubourg St Germain. Du samedy 9-me du mois d’octobre sur le sept hures du soir monsieur lausillon fils m’a aporté l’ordre du roy expédié par monsieur de pontchartrain pour luy remestre dans le moment la nomée dame de la hogue pour la transférer dans le moment dans le prisons de rouan d’où elle venet et demurant a dieppe laquelle famme est née en anglestere et parlant très bon anglais et son nom de ne bastemme est marte et bonne catolique. 

 

Du jeudy 30e de septembre [1694], à neuf heures du matin. Monsieur de Besmaux a reçu par l’ordinaire du courrier et du distributeur des paquets de la cour un paquet de Monsieur de Ponchartrain dans lequel était l’ordre du roi pour faire sortir et mettre dans une entière liberté Monsieur et Madame de la Fontaine, que Monsieur de Besmaux est allé lui-même pour leur annoncer cette bonne nouvelle. Mais ils n’ont voulu sortir qu’après avoir dîné et sont allés chez eux dans la rue du Marais, faubourg Saint-Germain. Du samedi 9e du mois d’octobre, sur les sept heures du soir. Monsieur Lausillon fils m’a apporté l’ordre du roi expédié par Monsieur de Pontchartrain pour lui remettre dans le moment la nommée dame de la Hogue, pour la transférer dans le moment dans le prisons de Rouen, d’où elle venait et demeurant à Dieppe. Laquelle femme est née en Angleterre, et parlant très bon anglais, et son nom de ne baptême est Marthe, et bonne catholique.

Fol. 22v
 
Fol. 23 : Chantage
 

Fol. 23 : Chantage
 

Plus de détails sur la page

Les époux La Fontaine, religionnaires, avaient été emprisonnés le 7 septembre 1693, moyen de chantage pour inciter leur fils à revenir en France. Entrés le 7 septembre 1693, ils ne sortiront que le 30 septembre 1694, mais manifestement sans grand empressement.
Madame de la Hogue, quoique bonne catholique, faisait fuir les « nouveaux convertis » à l’étranger. Elle avait été transférée de Rouen le 17 septembre 1694, et y retourna le 9 octobre 1694, le fait d’être née en Angleterre et de parler anglais étant un motif de suspicion tant on craint l’étranger.

Fol. 23 : Chantage
 
Fol. 23v
 

Fol. 23v
 

Plus de détails sur la page

A commenser du samedy premier jour de janvier de l’année 1695 suitte des prisonniers qui sortet. Du vendredy 7-me de janvier a dix hures du matin monsieur de la coste exampt de la prévauté de l’hautel est grend prevost des armées du roy en flandres est veneu portant l’ordre du roy expédié par monsieur de barbesieux pour luy remestre le sieur de la roche prisonnier renfermé et condamné aux galères pour avoir fait de fauces routtes estent escrivain au bureau de monsieur charpantier qu’il doit transferer dans le moment a cheval a piere ansise a Lion le roy aient changé la penne des galères en une prison perpétuelle et il doit rester à piere ansise.


A commencer du samedi, premier jour de janvier de l’année 1695. Suite des prisonniers qui sortent. Du vendredi 7e de janvier, à dix heures du matin. Monsieur de La Coste, exempt de la prévôté de l’hôtel et grand prévôt des armées du roi en Flandres, est venu portant l’ordre du roi expédié par Monsieur de Barbezieux pour lui remettre le sieur de La Roche, prisonnier renfermé et condamné aux galères pour avoir fait de fausses [lettres de] routes, étant écrivain au bureau de Monsieur Charpentier — qu’il doit transférer dans le moment, à cheval, à Pierre-Encise, à Lyon, le roi ayant changé la peine des galères en une prison perpétuelle. Et il doit rester à Pierre-Encise.

Fol. 23v
 
Fol. 24 : Un faussaire

Fol. 24 : Un faussaire

Plus de détails sur la page

La Roche, employé dans les bureaux du ministère de la Guerre, était entré le 1er juillet 1694. Il aurait fait de fausses lettres de route, probablement pour détourner des fournitures ou de l’approvisionnement de l’armée. Faire des faux est un crime de lèse-majesté très grave, entraînant le plus souvent une condamnation aux galères. Pierre Encise est une prison d’état près de Lyon.

Fol. 24 : Un faussaire
Fol. 23v
 

Fol. 23v
 

Plus de détails sur la page

A commenser du samedy premier jour de janvier de l’année 1695 suitte des prisonniers qui sortet. Du vendredy 7-me de janvier a dix hures du matin monsieur de la coste exampt de la prévauté de l’hautel est grend prevost des armées du roy en flandres est veneu portant l’ordre du roy expédié par monsieur de barbesieux pour luy remestre le sieur de la roche prisonnier renfermé et condamné aux galères pour avoir fait de fauces routtes estent escrivain au bureau de monsieur charpantier qu’il doit transferer dans le moment a cheval a piere ansise a Lion le roy aient changé la penne des galères en une prison perpétuelle et il doit rester à piere ansise.


A commencer du samedi, premier jour de janvier de l’année 1695. Suite des prisonniers qui sortent. Du vendredi 7e de janvier, à dix heures du matin. Monsieur de La Coste, exempt de la prévôté de l’hôtel et grand prévôt des armées du roi en Flandres, est venu portant l’ordre du roi expédié par Monsieur de Barbezieux pour lui remettre le sieur de La Roche, prisonnier renfermé et condamné aux galères pour avoir fait de fausses [lettres de] routes, étant écrivain au bureau de Monsieur Charpentier — qu’il doit transférer dans le moment, à cheval, à Pierre-Encise, à Lyon, le roi ayant changé la peine des galères en une prison perpétuelle. Et il doit rester à Pierre-Encise.

Fol. 23v
 
Fol. 24 : Un faussaire

Fol. 24 : Un faussaire

Plus de détails sur la page

La Roche, employé dans les bureaux du ministère de la Guerre, était entré le 1er juillet 1694. Il aurait fait de fausses lettres de route, probablement pour détourner des fournitures ou de l’approvisionnement de l’armée. Faire des faux est un crime de lèse-majesté très grave, entraînant le plus souvent une condamnation aux galères. Pierre Encise est une prison d’état près de Lyon.

Fol. 24 : Un faussaire
Fol. 24v : Libraires protestants

Fol. 24v : Libraires protestants

Plus de détails sur la page

Les Cailloué étaient des libraires protestants de Rouen. La veuve Cailloué, accusée d’impression et de diffusion de libelles et livres défendus fut arrêtée en octobre 1694 et mourut à la Bastille le 21 novembre suivant. Comme c’était l’usage pour les protestants, elle fut enterrée dans les casemates du bastion. Comme elle était « vieille et infirme », sa fille Marianne avait été autorisée à l’accompagner à la Bastille pour la soutenir, en offrant de payer sa pension. Elle cacha la maladie de sa mère afin qu’elle puisse « mourir tranquillement dans sa religion ».
Aussi la garda-t-on à la Bastille sans aucune justification avant de finir par l’envoyer dans un couvent de nouvelles catholiques. En avril 1695 elle est renvoyée à Rouen.

Fol. 24v : Libraires protestants

Fol. 25
 


Fol. 25
 

Plus de détails sur la page

Du lundy 20-me de janvier à dix hures du matin monsieur desgrais est veneu aient aporté un ordre du roy envoyé par monsieur de pontchartrain pour luy remestre la damoiselle calloue, fille de la religion et de la ville de rouan dont sa mère la veve calloue est morte y si prisonniere et de la religion et sette damoiselle qui n’estet venuee que pour suivere et servir sa mere et n’aient resté aupres d’elle en arivent y si que par la probasion de monsieur de la regnye après la mort de sa mère il a ausi trouvé à propos con la retin sans voir personne jusque a nouvel ordre ny aient point eu du tout d’ordre du roy ny du ministre pour elle pour la rester et l’intansion de monsieur de la regnye n’a esté que pour la faire transférer par m desgrais pour la mestre dans le couvent de nouvelles converties en sette ville.


Du lundi 20e de janvier [1695], à dix heures du matin. Monsieur Desgrais est venu, ayant apporté un ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour lui remettre la demoiselle Cailloué, fille de la Religion et de la ville de Rouen, dont sa mère, la veuve Cailloué, est morte ici, prisonnière et de la Religion. Et cette demoiselle, qui n’était venue que pour suivre et servir sa mère, et n’ayant resté auprès d’elle en arrivant ici que par l'approbation de Monsieur de La Reynie, après la mort de sa mère, il a ausi trouvé à propos qu'on la retînt sans voir personne jusqu'à nouvel ordre. N'y ayant point eu du tout d’ordre du roi ni du ministre pour elle pour la rester, et l’intension de Monsieur de La Reynie n’a été que pour la faire transférer par M. Desgrais pour la mettre dans le couvent de Nouvelles converties, en cette ville.


Fol. 25
 
Fol. 24v : Libraires protestants

Fol. 24v : Libraires protestants

Plus de détails sur la page

Les Cailloué étaient des libraires protestants de Rouen. La veuve Cailloué, accusée d’impression et de diffusion de libelles et livres défendus fut arrêtée en octobre 1694 et mourut à la Bastille le 21 novembre suivant. Comme c’était l’usage pour les protestants, elle fut enterrée dans les casemates du bastion. Comme elle était « vieille et infirme », sa fille Marianne avait été autorisée à l’accompagner à la Bastille pour la soutenir, en offrant de payer sa pension. Elle cacha la maladie de sa mère afin qu’elle puisse « mourir tranquillement dans sa religion ».
Aussi la garda-t-on à la Bastille sans aucune justification avant de finir par l’envoyer dans un couvent de nouvelles catholiques. En avril 1695 elle est renvoyée à Rouen.

Fol. 24v : Libraires protestants

Fol. 25
 


Fol. 25
 

Plus de détails sur la page

Du lundy 20-me de janvier à dix hures du matin monsieur desgrais est veneu aient aporté un ordre du roy envoyé par monsieur de pontchartrain pour luy remestre la damoiselle calloue, fille de la religion et de la ville de rouan dont sa mère la veve calloue est morte y si prisonniere et de la religion et sette damoiselle qui n’estet venuee que pour suivere et servir sa mere et n’aient resté aupres d’elle en arivent y si que par la probasion de monsieur de la regnye après la mort de sa mère il a ausi trouvé à propos con la retin sans voir personne jusque a nouvel ordre ny aient point eu du tout d’ordre du roy ny du ministre pour elle pour la rester et l’intansion de monsieur de la regnye n’a esté que pour la faire transférer par m desgrais pour la mestre dans le couvent de nouvelles converties en sette ville.


Du lundi 20e de janvier [1695], à dix heures du matin. Monsieur Desgrais est venu, ayant apporté un ordre du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain pour lui remettre la demoiselle Cailloué, fille de la Religion et de la ville de Rouen, dont sa mère, la veuve Cailloué, est morte ici, prisonnière et de la Religion. Et cette demoiselle, qui n’était venue que pour suivre et servir sa mère, et n’ayant resté auprès d’elle en arrivant ici que par l'approbation de Monsieur de La Reynie, après la mort de sa mère, il a ausi trouvé à propos qu'on la retînt sans voir personne jusqu'à nouvel ordre. N'y ayant point eu du tout d’ordre du roi ni du ministre pour elle pour la rester, et l’intension de Monsieur de La Reynie n’a été que pour la faire transférer par M. Desgrais pour la mettre dans le couvent de Nouvelles converties, en cette ville.


Fol. 25
 
 Fol. 28v : Echange de prisonniers
 

 Fol. 28v : Echange de prisonniers
 

Plus de détails sur la page

La guerre de la ligue d’Augsbourg, menée principalement contre l’Angleterre de 1688 à 1697, pour soutenir la cause de Jacques II contre Guillaume d’Orange, se déroula également dans les colonies d’Amérique du nord. Les possessions canadiennes étaient source de conflits perpétuels entre Anglais et Français, qui culminèrent alors. Nelson, prisonnier anglais de « quelque distinction » capturé par des corsaires, fut d’abord gardé à Québec en 1692 puis envoyé au château d’Angoulême en 1693. On souhaitait l’échanger contre 53 soldats français, la garnison de Port-Royal d’Acadie, retenus à Boston contrairement aux engagements pris lors de la capitulation et fort maltraités. Arrivé en août 1695 il fut libéré dès septembre.

 Fol. 28v : Echange de prisonniers
 
Fol. 29
 

Fol. 29
 

Plus de détails sur la page

Du samedy 20-me de sembre, à six hures et demy du matin monsieur de besmaux a donné ordre a mr du garenet son offisier d’aler mener dans le moment monsieur de nelson englois, avec son carosse à la messagerie des quoches qui partet se jourduy pour mons et de la pour aller à bruselles suivent l’ordre et le passeport du roy envoyé par monsieur de pontchartrain, que monsieur de besmaux avet reseu il y a trois jours par monsieur de lagny et monsieur de chevry qui ont fait le treté de l’échange de la personne de mr de nelson englois prisonnier de guere establi à Bastonne dans la merique pour plusieurs de nos prisonniers qui sont deteneus dans se peis là que mr nelson doit renvoier et en répondre jusques a lur arivée en france et icy.


Du samedi 20e de septembre [1695], à six heures et demie du matin. Monsieur de Besmaux a donné ordre à M. Du Garenet, son officier, d’aller mener dans le moment Monsieur de Nelson, Anglais, avec son carrosse à la messagerie des coches qui partent ce jourd'hui pour Mons, et de là pour aller à Bruxelles, suivant l’ordre et le passeport du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain, que Monsieur de Besmaux avait reçu il y a trois jours par Monsieur de Lagny et Monsieur de Chevry, qui ont fait le traité de l’échange de la personne de M. de Nelson, Anglais, prisonnier de guerre établi à Boston, dans l'Amérique, pour plusieurs de nos prisonniers qui sont détenus dans ce pays-là, que M. Nelson doit renvoyer et en répondre jusques à leur arrivée en France et ici.
 

Fol. 29
 
 Fol. 28v : Echange de prisonniers
 

 Fol. 28v : Echange de prisonniers
 

Plus de détails sur la page

La guerre de la ligue d’Augsbourg, menée principalement contre l’Angleterre de 1688 à 1697, pour soutenir la cause de Jacques II contre Guillaume d’Orange, se déroula également dans les colonies d’Amérique du nord. Les possessions canadiennes étaient source de conflits perpétuels entre Anglais et Français, qui culminèrent alors. Nelson, prisonnier anglais de « quelque distinction » capturé par des corsaires, fut d’abord gardé à Québec en 1692 puis envoyé au château d’Angoulême en 1693. On souhaitait l’échanger contre 53 soldats français, la garnison de Port-Royal d’Acadie, retenus à Boston contrairement aux engagements pris lors de la capitulation et fort maltraités. Arrivé en août 1695 il fut libéré dès septembre.

 Fol. 28v : Echange de prisonniers
 
Fol. 29
 

Fol. 29
 

Plus de détails sur la page

Du samedy 20-me de sembre, à six hures et demy du matin monsieur de besmaux a donné ordre a mr du garenet son offisier d’aler mener dans le moment monsieur de nelson englois, avec son carosse à la messagerie des quoches qui partet se jourduy pour mons et de la pour aller à bruselles suivent l’ordre et le passeport du roy envoyé par monsieur de pontchartrain, que monsieur de besmaux avet reseu il y a trois jours par monsieur de lagny et monsieur de chevry qui ont fait le treté de l’échange de la personne de mr de nelson englois prisonnier de guere establi à Bastonne dans la merique pour plusieurs de nos prisonniers qui sont deteneus dans se peis là que mr nelson doit renvoier et en répondre jusques a lur arivée en france et icy.


Du samedi 20e de septembre [1695], à six heures et demie du matin. Monsieur de Besmaux a donné ordre à M. Du Garenet, son officier, d’aller mener dans le moment Monsieur de Nelson, Anglais, avec son carrosse à la messagerie des coches qui partent ce jourd'hui pour Mons, et de là pour aller à Bruxelles, suivant l’ordre et le passeport du roi envoyé par Monsieur de Pontchartrain, que Monsieur de Besmaux avait reçu il y a trois jours par Monsieur de Lagny et Monsieur de Chevry, qui ont fait le traité de l’échange de la personne de M. de Nelson, Anglais, prisonnier de guerre établi à Boston, dans l'Amérique, pour plusieurs de nos prisonniers qui sont détenus dans ce pays-là, que M. Nelson doit renvoyer et en répondre jusques à leur arrivée en France et ici.
 

Fol. 29
 
Fol. 29v : Crime économique
 

Fol. 29v : Crime économique
 

Plus de détails sur la page

Crime économique
Jean Moreau, entré le 26 mai 1691, ne sortit que le 4 janvier 1696. Depuis les édits de Colbert protégeant les manufactures royales et les droits de la ferme générale, les délits économiques et les contrefaçons portant atteinte à ceux-ci étaient très sévèrement réprimés.

Fol. 29v : Crime économique
 
Fol. 30r

Fol. 30r

Plus de détails sur la page

A commenser du dimanche premier jour du mois de jeanvier de l’année 1696. Du samedy 14-me de jeanvier, sur le quattre hures apres midy, un arché inconeu a porté l’ordre du roy expédié par monsieur de pontchartrain pour li remestre et donner a ces soins le sieur de moreau, marchand fraudeur de dantelle que monsieur de la regny avet fait arester par l’intret de mesieurs le fermies generos, pour le mener sur la frontiere de flandre et on dit que s’et pour le sortir du roiaume coy qu’il soit frances et catolique, pour l’example de frauder les drois du roy sa famme reste à Paris.  

 

A commencer du dimanche, premier jour du mois de janvier de l’année 1696. Du samedi 14e de janvier, sur les quatre heures après midi. Un archer inconnu a porté l’ordre du roi expédié par Monsieur de Pontchartrain pour lui remettre et donner à ses soins le sieur de Moreau, marchand fraudeur de dentelle, que Monsieur de La Reynie avait fait arrêter par l’intérêt de Messieurs les fermiers généraux, pour le mener sur la frontière de Flandre. Et on dit que c'est pour le sortir du royaume, quoiqu’il soit français et catholique, pour l’exemple de frauder les droits du roi. Sa femme reste à Paris.

Fol. 30r
Fol. 29v : Crime économique
 

Fol. 29v : Crime économique
 

Plus de détails sur la page

Crime économique
Jean Moreau, entré le 26 mai 1691, ne sortit que le 4 janvier 1696. Depuis les édits de Colbert protégeant les manufactures royales et les droits de la ferme générale, les délits économiques et les contrefaçons portant atteinte à ceux-ci étaient très sévèrement réprimés.

Fol. 29v : Crime économique
 
Fol. 30r

Fol. 30r

Plus de détails sur la page

A commenser du dimanche premier jour du mois de jeanvier de l’année 1696. Du samedy 14-me de jeanvier, sur le quattre hures apres midy, un arché inconeu a porté l’ordre du roy expédié par monsieur de pontchartrain pour li remestre et donner a ces soins le sieur de moreau, marchand fraudeur de dantelle que monsieur de la regny avet fait arester par l’intret de mesieurs le fermies generos, pour le mener sur la frontiere de flandre et on dit que s’et pour le sortir du roiaume coy qu’il soit frances et catolique, pour l’example de frauder les drois du roy sa famme reste à Paris.  

 

A commencer du dimanche, premier jour du mois de janvier de l’année 1696. Du samedi 14e de janvier, sur les quatre heures après midi. Un archer inconnu a porté l’ordre du roi expédié par Monsieur de Pontchartrain pour lui remettre et donner à ses soins le sieur de Moreau, marchand fraudeur de dentelle, que Monsieur de La Reynie avait fait arrêter par l’intérêt de Messieurs les fermiers généraux, pour le mener sur la frontière de Flandre. Et on dit que c'est pour le sortir du royaume, quoiqu’il soit français et catholique, pour l’exemple de frauder les droits du roi. Sa femme reste à Paris.

Fol. 30r
Fol. 33v

Fol. 33v

Plus de détails sur la page

Une affaire de famille

 La Bastille reçut beaucoup de prisonniers pour affaires de famille. Le roi, en bon père de ses sujets, en protège les mœurs à la demande des familles en faisant envoyer quelque temps à la Bastille ou dans une autre prison d’état, sur lettre de cachet, les membres coupables de délits ou dérèglements divers. Cela concerne toutes les classes sociales et pas seulement les fils de grandes familles.
Philippe Jules Francois Mazarini Mancini, marquis de Donzy (1676-1768), entré 25 octobre 1696 à la demande de son père le duc de Nevers, sortit le 21 février 1697, exilé à Moulins, également sur lettre de cachet.

Fol. 33v
Fol. 34 : Une affaire de famille
 

Fol. 34 : Une affaire de famille
 

Plus de détails sur la page

A commenser du mardy premier jour du mois de janvier de l’année 1697. Du judy 21-me de feverier 1697 sur les dix hures du matin l’intandant de monsieur le duc de nevers est arivé aient porté l’hordre du roy à monsieur de besmaux expédié par monsieur de pontchartrain pour mestre monsieur d’onsy en liberté et qui a reseu en mesme tamps unne lestre de quachet du roy pour se rendre à moulins en bourbounes jusque à nouvel hordre monsieur de besmaux a envoie son valet de chambre terede pour advertir monsieur d’onsy de sa liberté et li a aporté sa lestre de quachet de tout sela n’estant que pour des aferes de famille et un peu de jeunesse que monsieur le duc son père veut coriger par de punisions monsieur le duc d’albret fils de monsieur le duc de boillon est veneu à midy pour prendre monsieur d’onsy que je fait sortir dans le moment monsieur de Besmaux n’estant pas au château. 

 

A commencer du mardi, premier jour du mois de janvier de l’année 1697. Du jeudy 21e de février 1697, sur les dix heures du matin. L’intendant de Monsieur le duc de Nevers est arrivé, ayant porté l’ordre du roi à Monsieur de Besmaux, expédié par Monsieur de Pontchartrain pour mettre monsieur de Donzy en liberté, et qui a reçu en même temps une lettre de cachet du roi pour se rendre à Moulins en Bourbonnais jusqu'à nouvel ordre. Monsieur de Besmaux a envoyé son valet de chambre Térède pour avertir Monsieur de Donzy de sa liberté, et lui a apporté sa lettre de cachet — de tout cela n’étant que pour des affaires de famille et un peu de jeunesse que monsieur le duc, son père, veut corriger par des punitions. Monsieur le duc d’Albret, fils de monsieur le duc de Bouillon, est venu à midi pour prendre Monsieur de Donzy, que j'ai fait sortir dans le moment, Monsieur de Besmaux n’étant pas au château.

Fol. 34 : Une affaire de famille
 
Fol. 33v

Fol. 33v

Plus de détails sur la page

Une affaire de famille

 La Bastille reçut beaucoup de prisonniers pour affaires de famille. Le roi, en bon père de ses sujets, en protège les mœurs à la demande des familles en faisant envoyer quelque temps à la Bastille ou dans une autre prison d’état, sur lettre de cachet, les membres coupables de délits ou dérèglements divers. Cela concerne toutes les classes sociales et pas seulement les fils de grandes familles.
Philippe Jules Francois Mazarini Mancini, marquis de Donzy (1676-1768), entré 25 octobre 1696 à la demande de son père le duc de Nevers, sortit le 21 février 1697, exilé à Moulins, également sur lettre de cachet.

Fol. 33v
Fol. 34 : Une affaire de famille
 

Fol. 34 : Une affaire de famille
 

Plus de détails sur la page

A commenser du mardy premier jour du mois de janvier de l’année 1697. Du judy 21-me de feverier 1697 sur les dix hures du matin l’intandant de monsieur le duc de nevers est arivé aient porté l’hordre du roy à monsieur de besmaux expédié par monsieur de pontchartrain pour mestre monsieur d’onsy en liberté et qui a reseu en mesme tamps unne lestre de quachet du roy pour se rendre à moulins en bourbounes jusque à nouvel hordre monsieur de besmaux a envoie son valet de chambre terede pour advertir monsieur d’onsy de sa liberté et li a aporté sa lestre de quachet de tout sela n’estant que pour des aferes de famille et un peu de jeunesse que monsieur le duc son père veut coriger par de punisions monsieur le duc d’albret fils de monsieur le duc de boillon est veneu à midy pour prendre monsieur d’onsy que je fait sortir dans le moment monsieur de Besmaux n’estant pas au château. 

 

A commencer du mardi, premier jour du mois de janvier de l’année 1697. Du jeudy 21e de février 1697, sur les dix heures du matin. L’intendant de Monsieur le duc de Nevers est arrivé, ayant porté l’ordre du roi à Monsieur de Besmaux, expédié par Monsieur de Pontchartrain pour mettre monsieur de Donzy en liberté, et qui a reçu en même temps une lettre de cachet du roi pour se rendre à Moulins en Bourbonnais jusqu'à nouvel ordre. Monsieur de Besmaux a envoyé son valet de chambre Térède pour avertir Monsieur de Donzy de sa liberté, et lui a apporté sa lettre de cachet — de tout cela n’étant que pour des affaires de famille et un peu de jeunesse que monsieur le duc, son père, veut corriger par des punitions. Monsieur le duc d’Albret, fils de monsieur le duc de Bouillon, est venu à midi pour prendre Monsieur de Donzy, que j'ai fait sortir dans le moment, Monsieur de Besmaux n’étant pas au château.

Fol. 34 : Une affaire de famille
 
Fol. 49v
 

Fol. 49v
 

Plus de détails sur la page

Affaires de religion
On continue encore dans les années 1700 à emprisonner des protestants et à tenter de les convertir. Le nouveau lieutenant général de police d’Argenson s’y emploie avec ardeur mais doit souvent se contenter d’hypothétiques promesses, comme ici. Dargent, qui fréquentait les religionnaires quoique nouveau converti, était entré le 12 juillet 1700. Les affaires liées au Quiétisme amènent de nouvelles incarcérations. Mme Guyon va rester plusieurs années à la Bastille. François Davant, entré le 5 septembre 1696 est un « illuminé lié de sentiment avec Mme Guyon ». C’est un polygraphe, auteur de pièces de théâtre mystiques, comme Rome la Sainte, sorte de mystère médiéval, témoignant de la diffusion du Quiétisme et exposant une critique virulente de l’ordre politique et social, ce qui explique son emprisonnement, avec là aussi, une tentative de retour à l’orthodoxie menée par un père jésuite.

Fol. 49v
 
Fol. 50 : Affaires de religion
 

Fol. 50 : Affaires de religion
 

Plus de détails sur la page

Du samedy 4-me septembre sur le neuf hures du matin monsieur le gouverneur a reseu l’hordre du roy expédié par monsieur le conte de pontchartrain pour metre mr dargent, marchand de vin dans unne entiere liberté sans auqunne soumision et d’aler ou il voudera coy que protestant aient comensé y si a se faire instruire par mr paret chanoine de St Jacques. Du judy 23-me septembre sur le dix hures du matin monsieur le gouverneur aient aporté hier soir l’hordre du roy expédié par monsieur le conte de pontchartrain pour metre le sieur davant prisonnier renfermé agé de quatre vingts quatre années dans unne entière liberté de sortir et de rester ou il voudera mr comian medesin est veneu le prendre pour l’amener chés luy logent ensemble dans la mesme meson dans rue de grenelle près du bureau des fermes du roy chés un peruquier lequel sieur davant esté acusé d’estre quietiste le père martins jesuite l’aient veu entreteneu souvent.


Du samedi 4e septembre [1700], sur les neuf heures du matin. Monsieur le gouverneur a reçu l’ordre du roi expédié par Monsieur le comte de Pontchartrain pour mettre M. Dargent, marchand de vin, dans une entière liberté, sans aucune soumission, et d’aller ou il voudra, quoique protestant, ayant commencé ici à se faire instruire par M. Paret, chanoine de Saint-Jacques . Du jeudi 23e septembre, sur les dix heures du matin. Monsieur le gouverneur ayant apporté hier soir l’ordre du roi expédié par Monsieur le comte de Pontchartrain pour mettre le sieur Davant, prisonnier renfermé, âgé de quatre-vingts quatre années, dans une entière liberté de sortir et de rester où il voudra. M. Comian, mèdecin, est venu le prendre pour l’amener chez lui, logeant ensemble dans la même maison, dans rue de Grenelle, près du bureau des fermes du roi, chez un perruquier. Lequel sieur Davant était accusé d’être quiétiste, le père Martins, jésuite, l’ayant vu [et] entretenu souvent.

Fol. 50 : Affaires de religion
 
Fol. 49v
 

Fol. 49v
 

Plus de détails sur la page

Affaires de religion
On continue encore dans les années 1700 à emprisonner des protestants et à tenter de les convertir. Le nouveau lieutenant général de police d’Argenson s’y emploie avec ardeur mais doit souvent se contenter d’hypothétiques promesses, comme ici. Dargent, qui fréquentait les religionnaires quoique nouveau converti, était entré le 12 juillet 1700. Les affaires liées au Quiétisme amènent de nouvelles incarcérations. Mme Guyon va rester plusieurs années à la Bastille. François Davant, entré le 5 septembre 1696 est un « illuminé lié de sentiment avec Mme Guyon ». C’est un polygraphe, auteur de pièces de théâtre mystiques, comme Rome la Sainte, sorte de mystère médiéval, témoignant de la diffusion du Quiétisme et exposant une critique virulente de l’ordre politique et social, ce qui explique son emprisonnement, avec là aussi, une tentative de retour à l’orthodoxie menée par un père jésuite.

Fol. 49v
 
Fol. 50 : Affaires de religion
 

Fol. 50 : Affaires de religion
 

Plus de détails sur la page

Du samedy 4-me septembre sur le neuf hures du matin monsieur le gouverneur a reseu l’hordre du roy expédié par monsieur le conte de pontchartrain pour metre mr dargent, marchand de vin dans unne entiere liberté sans auqunne soumision et d’aler ou il voudera coy que protestant aient comensé y si a se faire instruire par mr paret chanoine de St Jacques. Du judy 23-me septembre sur le dix hures du matin monsieur le gouverneur aient aporté hier soir l’hordre du roy expédié par monsieur le conte de pontchartrain pour metre le sieur davant prisonnier renfermé agé de quatre vingts quatre années dans unne entière liberté de sortir et de rester ou il voudera mr comian medesin est veneu le prendre pour l’amener chés luy logent ensemble dans la mesme meson dans rue de grenelle près du bureau des fermes du roy chés un peruquier lequel sieur davant esté acusé d’estre quietiste le père martins jesuite l’aient veu entreteneu souvent.


Du samedi 4e septembre [1700], sur les neuf heures du matin. Monsieur le gouverneur a reçu l’ordre du roi expédié par Monsieur le comte de Pontchartrain pour mettre M. Dargent, marchand de vin, dans une entière liberté, sans aucune soumission, et d’aller ou il voudra, quoique protestant, ayant commencé ici à se faire instruire par M. Paret, chanoine de Saint-Jacques . Du jeudi 23e septembre, sur les dix heures du matin. Monsieur le gouverneur ayant apporté hier soir l’ordre du roi expédié par Monsieur le comte de Pontchartrain pour mettre le sieur Davant, prisonnier renfermé, âgé de quatre-vingts quatre années, dans une entière liberté de sortir et de rester où il voudra. M. Comian, mèdecin, est venu le prendre pour l’amener chez lui, logeant ensemble dans la même maison, dans rue de Grenelle, près du bureau des fermes du roi, chez un perruquier. Lequel sieur Davant était accusé d’être quiétiste, le père Martins, jésuite, l’ayant vu [et] entretenu souvent.

Fol. 50 : Affaires de religion
 
Fol. 50v
 

Fol. 50v
 

Plus de détails sur la page

Du lundy 4-me octobre a quatre hures après midy mr savery exampt du grent prévost de lisle ataché auprès de monsieur d’argenson est veneu suivent ces hordres pour aporter à monsieur le gouverneur l’hordre du roy expédié par monsieur colbert marquis de torsy pour metre dans unne entiere liberté mrr duparc hamel de canson qui estet deteneu y si li quel est sorty dans le moment avec mr savery. Du dimanche 24 me octobre à trois hures du matin monsieur jaques chasebras de carmail est mort après deux mois et plus de maladie et tombé en paralisiee et plusieurs autres maus lequel estet acusé d’avoir eu comerse et conesance avec mesieurs de bar odiguier et autres acusés d’avoir fait plusieurs faus titres de noblesse lequel prisonnier aient fait son testament et pris la qualité d’avoquat disposse de ces biens il a désiré d’etre entere dans le semetiere st paul et con portat son cœur au carmes de la plasse maubert lieu de sa sepulture le testament a este fait par mesieurs griot et dusart, notaires.


Du lundi 4e octobre [1700], à quatre heures après midi. M. Savery, exempt du grand prévôt de Lisle, attaché auprès de Monsieur d’Argenson, est venu, suivant ses ordres, pour apporter à Monsieur le gouverneur l’ordre du roy expédié par Monsieur Colbert, marquis de Torcy, pour mettre dans une entière liberté M. Du Parc Hamel de Canson, qui était détenu ici. Lequel est sorti dans le moment avec M. Savery Du dimanche 24e octobre, à trois heures du matin. Monsieur Jaques Chasebras de Carmail est mort après deux mois et plus de maladie et tombé en paralysie et plusieurs autres maux. Lequel était accusé d’avoir eu commerce et connaissance avec Messieurs de Bar, Haudiguier et autres, accusés d’avoir fait plusieurs faux titres de noblesse. Lequel prisonnier, ayant fait son testament et pris la qualité d’avocat, dispose de ses biens. Il a désiré d’être enterré dans le cimetière Saint-Paul, et qu'on portât son cœur aux Carmes de la place Maubert, lieu de sa sépulture. Le testament a été fait par Messieurs Griot et Dusart, notaires.

Fol. 50v
 

Fol. 51 : Affaire du cardinal de Bouillon
 


Fol. 51 : Affaire du cardinal de Bouillon
 

Plus de détails sur la page

Jacques du Hamel sieur du Parc, capitaine au régiment de Flandre, entré le 8 août, avait été accusé de faciliter la sortie du royaume de protestants, ce qui explique l’intervention inhabituelle de Jean-Baptiste Colbert de Torcy ministre des Affaires étrangères depuis 1699.


Affaire du cardinal de Bouillon
Jacques Chassebras de Carmail, entré le 15 août 1700, et qui mourut à la Bastille le 24 octobre 1700, était inculpé dans une affaire de faux qui fit grand bruit et fait date dans l’histoire des fausses généalogies. En 1695, le cardinal de Bouillon avait demandé à Baluze de certifier l'authenticité de documents du XIIIe siècle, qui permettaient aux La Tour de faire remonter les origines de leur famille au IXe siècle. Un proche du cardinal, un certain Jean de Bar, auteur de ces faux documents, réussit à duper les érudits les plus fameux, dont Baluze.
En 1700, Jean de Bar et ses complices furent arrêtés et mis à la Bastille, déclarés coupables en 1704. Baluze s’obstina et rédigea une Histoire généalogique de la maison d'Auvergne en 1708, avec les actes déclarés faux par la justice royale. Il fut disgrâcié et exilé en 1710 ainsi que le cardinal de Bouillon.
De Bar mourut à la Bastille à 84 ans en 1714. Un autre complice, Haudiguier de Blancourt, entré à la Bastille le 15 août 1700 fut envoyé aux galères en 1701. Le faux est toujours très sévèrement réprimé. C’était en outre un crime de lèse-majesté de vouloir mettre la maison d’Auvergne sur le même pied que celle de France dans l’ancienneté.


Fol. 51 : Affaire du cardinal de Bouillon
 
Fol. 50v
 

Fol. 50v
 

Plus de détails sur la page

Du lundy 4-me octobre a quatre hures après midy mr savery exampt du grent prévost de lisle ataché auprès de monsieur d’argenson est veneu suivent ces hordres pour aporter à monsieur le gouverneur l’hordre du roy expédié par monsieur colbert marquis de torsy pour metre dans unne entiere liberté mrr duparc hamel de canson qui estet deteneu y si li quel est sorty dans le moment avec mr savery. Du dimanche 24 me octobre à trois hures du matin monsieur jaques chasebras de carmail est mort après deux mois et plus de maladie et tombé en paralisiee et plusieurs autres maus lequel estet acusé d’avoir eu comerse et conesance avec mesieurs de bar odiguier et autres acusés d’avoir fait plusieurs faus titres de noblesse lequel prisonnier aient fait son testament et pris la qualité d’avoquat disposse de ces biens il a désiré d’etre entere dans le semetiere st paul et con portat son cœur au carmes de la plasse maubert lieu de sa sepulture le testament a este fait par mesieurs griot et dusart, notaires.


Du lundi 4e octobre [1700], à quatre heures après midi. M. Savery, exempt du grand prévôt de Lisle, attaché auprès de Monsieur d’Argenson, est venu, suivant ses ordres, pour apporter à Monsieur le gouverneur l’ordre du roy expédié par Monsieur Colbert, marquis de Torcy, pour mettre dans une entière liberté M. Du Parc Hamel de Canson, qui était détenu ici. Lequel est sorti dans le moment avec M. Savery Du dimanche 24e octobre, à trois heures du matin. Monsieur Jaques Chasebras de Carmail est mort après deux mois et plus de maladie et tombé en paralysie et plusieurs autres maux. Lequel était accusé d’avoir eu commerce et connaissance avec Messieurs de Bar, Haudiguier et autres, accusés d’avoir fait plusieurs faux titres de noblesse. Lequel prisonnier, ayant fait son testament et pris la qualité d’avocat, dispose de ses biens. Il a désiré d’être enterré dans le cimetière Saint-Paul, et qu'on portât son cœur aux Carmes de la place Maubert, lieu de sa sépulture. Le testament a été fait par Messieurs Griot et Dusart, notaires.

Fol. 50v
 

Fol. 51 : Affaire du cardinal de Bouillon
 


Fol. 51 : Affaire du cardinal de Bouillon
 

Plus de détails sur la page

Jacques du Hamel sieur du Parc, capitaine au régiment de Flandre, entré le 8 août, avait été accusé de faciliter la sortie du royaume de protestants, ce qui explique l’intervention inhabituelle de Jean-Baptiste Colbert de Torcy ministre des Affaires étrangères depuis 1699.


Affaire du cardinal de Bouillon
Jacques Chassebras de Carmail, entré le 15 août 1700, et qui mourut à la Bastille le 24 octobre 1700, était inculpé dans une affaire de faux qui fit grand bruit et fait date dans l’histoire des fausses généalogies. En 1695, le cardinal de Bouillon avait demandé à Baluze de certifier l'authenticité de documents du XIIIe siècle, qui permettaient aux La Tour de faire remonter les origines de leur famille au IXe siècle. Un proche du cardinal, un certain Jean de Bar, auteur de ces faux documents, réussit à duper les érudits les plus fameux, dont Baluze.
En 1700, Jean de Bar et ses complices furent arrêtés et mis à la Bastille, déclarés coupables en 1704. Baluze s’obstina et rédigea une Histoire généalogique de la maison d'Auvergne en 1708, avec les actes déclarés faux par la justice royale. Il fut disgrâcié et exilé en 1710 ainsi que le cardinal de Bouillon.
De Bar mourut à la Bastille à 84 ans en 1714. Un autre complice, Haudiguier de Blancourt, entré à la Bastille le 15 août 1700 fut envoyé aux galères en 1701. Le faux est toujours très sévèrement réprimé. C’était en outre un crime de lèse-majesté de vouloir mettre la maison d’Auvergne sur le même pied que celle de France dans l’ancienneté.


Fol. 51 : Affaire du cardinal de Bouillon
 
Fol. 55v

Fol. 55v

Fol. 55v
Fol. 56
 

Fol. 56
 

Plus de détails sur la page

La nuit du mardy 30-me et du mercredy 31-me du mois d’aoust 1701 monsieur le conte de boselly gallias italien de bergame set sauve et sorty du chateau de la bastille estent dans la liberte de la cour voient ces parans medames sa mère sa famme ces enfans et tous ces amis en plenne liberte se promenant par tout le chateau sette grende liberte li aient este favorable a ces desains estent loge a la quatriesme chambre de la tour de la liberte au desus de la chapelle aient aupres de luy la montee pour aller sur la terasse ou il y a trois portes bien fermees a passer lequel avet fait faire des fauces clef qui houvret quattre portes conpris selle de sa chambre qui estet la plus nesaire pour luy pour en sortir comme on pratique y si de renfermer tous les soirs à dix hures les prisonniers dans lurs chambres qui sont dans la liberte de la cour le conte de boselly avent l'hure acoutumee.
 

La nuit du mardi 30e et du mercredi 31e du mois d’août 1701, Monsieur le comte de Boselli Galeazzo, Italien de Bergame, s’est sauvé et sorti du château de la Bastille, étant dans la liberté de la cour, voyant ses parents, mesdames sa mère, sa femme, ses enfants et tous ses amis en pleine liberté, se promenant par tout le château, cette grande liberté lui ayant été favorable à ses desseins, étant logé à la quatrième chambre de la tour de la Liberté, au-dessus de la chapelle, ayant auprès de lui la montée pour aller sur la terrasse, où il y a trois portes bien fermées à passer. Lequel avait fait faire des fausses clefs qui ouvrent quatre portes, compris celle de sa chambre, qui était la plus né[ces]saire pour lui pour en sortir, comme on pratique ici de renfermer tous les soirs à dix heures les prisonniers dans leurs chambres, qui sont dans la liberté de la cour. Le comte de Boselli, avant l'heure accoutumée

Fol. 56
 
Fol. 55v

Fol. 55v

Fol. 55v
Fol. 56
 

Fol. 56
 

Plus de détails sur la page

La nuit du mardy 30-me et du mercredy 31-me du mois d’aoust 1701 monsieur le conte de boselly gallias italien de bergame set sauve et sorty du chateau de la bastille estent dans la liberte de la cour voient ces parans medames sa mère sa famme ces enfans et tous ces amis en plenne liberte se promenant par tout le chateau sette grende liberte li aient este favorable a ces desains estent loge a la quatriesme chambre de la tour de la liberte au desus de la chapelle aient aupres de luy la montee pour aller sur la terasse ou il y a trois portes bien fermees a passer lequel avet fait faire des fauces clef qui houvret quattre portes conpris selle de sa chambre qui estet la plus nesaire pour luy pour en sortir comme on pratique y si de renfermer tous les soirs à dix hures les prisonniers dans lurs chambres qui sont dans la liberte de la cour le conte de boselly avent l'hure acoutumee.
 

La nuit du mardi 30e et du mercredi 31e du mois d’août 1701, Monsieur le comte de Boselli Galeazzo, Italien de Bergame, s’est sauvé et sorti du château de la Bastille, étant dans la liberté de la cour, voyant ses parents, mesdames sa mère, sa femme, ses enfants et tous ses amis en pleine liberté, se promenant par tout le château, cette grande liberté lui ayant été favorable à ses desseins, étant logé à la quatrième chambre de la tour de la Liberté, au-dessus de la chapelle, ayant auprès de lui la montée pour aller sur la terrasse, où il y a trois portes bien fermées à passer. Lequel avait fait faire des fausses clefs qui ouvrent quatre portes, compris celle de sa chambre, qui était la plus né[ces]saire pour lui pour en sortir, comme on pratique ici de renfermer tous les soirs à dix heures les prisonniers dans leurs chambres, qui sont dans la liberté de la cour. Le comte de Boselli, avant l'heure accoutumée

Fol. 56
 
Fol. 56v
 

Fol. 56v
 

Plus de détails sur la page

Que les porte-clef fermet lur portes le sieur conte fit sortir son valet de chambre nome baltasar de sa chambre pour saler quacher dans les lieus qui sont au-desus dans la mesme montee et le dit baltasar aient la fause clef de la porte de son metre rentra bientôt apres dans sa chambre après que le porte-clef nome lasare sen fut alle le metre et le valet travalieret à lur preparatives comensant par houvrir les trois portes qui montet à la terasse ou il comensa par condamner trois autres portes de trois diferantes tours qui repondet et sortet sur la terrasse pour estre en plus grende surete de travalier setent mis sur la tour de la conte comme la melieure a ces desains setant precausionne davoir un peloton de fiselle aces grosse qu'il a geste au dehors de nos meurs qui renfermet le fosse du chateau setant garde un bout de.

 

Que les porte-clefs ferment leur portes, le sieur comte fit sortir son valet de chambre, nommé Baltasar, de sa chambre, pour s’aller cacher dans les lieux qui sont au-dessus dans la même montée. Et ledit Baltasar, ayant la fausse clef de la porte de son maître, rentra bientôt après dans sa chambre, après que le porte-clef nommé Lazare s'en fut allé. Le maître et le valet travaillèrent à leurs préparatives, commençant par ouvrir les trois portes qui montent à la terrasse, où il commença par condamner trois autres portes de trois différentes tours, qui répondent et sortent sur la terrasse, pour être en plus grande sûreté de travailler. S'étant mis sur la tour de la Comté comme la meilleure à ses desseins, s'étant précautionné d'avoir un peloton de ficelle assez grosse, qu'il a jeté au dehors de nos murs qui renferment le fossé du château, s'étant gardé un bout de.

Fol. 56v
 
Fol. 57 : Une évasion spectaculaire
 

Fol. 57 : Une évasion spectaculaire
 

Plus de détails sur la page

Les évasions sont rares à la Bastille et le luxe de détails que donne Du Junca sur cette évasion spectaculaire montre à quel point ce genre d’événement était mal ressenti par l’état-major de la prison. La configuration de la forteresse, avec une seule porte d’entrée rendait les évasions très difficiles. Personnage très haut en couleurs le comte Galeazo Boselli, bergamasque, exilé par le doge de Venise, servit alternativement l’Empereur et le roi de France et finit par être mis à la Bastille comme espion le 31 janvier 1699, avec son fils Scipion et son valet italien. Il s’évada dans la nuit du 30 août 1701, aidé par sa famille et ses amis. Ceux-ci seront ensuite brièvement embastillés à leur tour. Rentré en Italie, il poursuivit sa carrière aventureuse et même criminelle et fut décapité à Milan le 24 décembre 1705.

 

La fiselle du peloton qui aient tombe dans lavend fosse en dehors ou il y avet du monde fils et amis du conte boselly qui resuret lautre bout du peloton de la fiselle et qui atacheret unne grosse corde et des machines de sangles et anos de fair qu'il monta en haut sur la terasse de la tour de la conte ou il atacha le bout de la grosse corde sur laquelle il devet se sauver à unne barre de fer atachee a unne petitte-fenêtre dans le haut de l'escalier de la conte qui sort sur la terasse dou il est desendeu suivent la corde dans le grend fosse au dehors ou du monde et des cheveaux latendet le nome baltasar son valet de chambre a suivy son metre par le mesme chemin de la corde dans le grand fosse a unne hure et demye après minuit aient este decouvers par nos sentinelles on a fait lever les soldat et les hoffisiers aient averty Monsieur le gouverneur de sette esvasion a donne l'ordre de faire sortir du monde pour aler sur la contrescarpe du grend fosse par ou ils se sauvet setent rendeu audit lieu nos gens ont trouve encore le fils du conte de bozelly l'abbay et baltasar valet de chambre du conte et ausy le valet de chambre de mr l'abbay de bozelly avec un cheval les aient menes tous le trois prisonniers au château et unne hure après aient trouve la dame mère et la famme du conte de bozelly qui revenet de travailler à l'evasion du conte de bozelly les deux dammes hont este menees prisonniers à la bastille.

 

La ficelle du peloton qui, ayant tombé dans l'avant-fossé, en dehors, où il y avait du monde, fils et amis du comte Boselli, qui reçurent l'autre bout du peloton de la ficelle, et qui attachèrent une grosse corde et des machines de sangles et anneaux de fer, qu'il monta en haut sur la terrasse de la tour de la Comté, où il attacha le bout de la grosse corde sur laquelle il devait se sauver à une barre de fer attachée à une petite-fenêtre dans le haut de l'escalier de la Comté qui sort sur la terrasse ; d'où il est descendu, suivant la corde, dans le grand fossé au dehors, où du monde et des chevaux l'attendaient. Le nommé Baltasar, son valet de chambre, a suivi son maître par le même chemin de la corde dans le grand fossé. A une heure et demie après minuit, ayant été découverts par nos sentinelles, on a fait lever les soldats et les officiers, ayant averti monsieur le gouverneur de cette évasion, a donné l'ordre de faire sortir du monde pour aller sur la contrescarpe du grand fossé, par où ils se sauvaient. S'étant rendu audit lieu, nos gens ont trouvé encore le fils du comte de Boselli, l'abbé et Baltasar, valet de chambre du comte, et aussi le valet de chambre de M. l'abbé de Boselli, avec un cheval les ayant menés tous les trois prisonniers au château, et une heure après, ayant trouvé la dame mère et la femme du comte de Boselli qui revenaient de travailler à l'évasion du comte de Boselli, les deux dames ont été menées prisonnières à la Bastille.

Fol. 57 : Une évasion spectaculaire
 
Fol. 56v
 

Fol. 56v
 

Plus de détails sur la page

Que les porte-clef fermet lur portes le sieur conte fit sortir son valet de chambre nome baltasar de sa chambre pour saler quacher dans les lieus qui sont au-desus dans la mesme montee et le dit baltasar aient la fause clef de la porte de son metre rentra bientôt apres dans sa chambre après que le porte-clef nome lasare sen fut alle le metre et le valet travalieret à lur preparatives comensant par houvrir les trois portes qui montet à la terasse ou il comensa par condamner trois autres portes de trois diferantes tours qui repondet et sortet sur la terrasse pour estre en plus grende surete de travalier setent mis sur la tour de la conte comme la melieure a ces desains setant precausionne davoir un peloton de fiselle aces grosse qu'il a geste au dehors de nos meurs qui renfermet le fosse du chateau setant garde un bout de.

 

Que les porte-clefs ferment leur portes, le sieur comte fit sortir son valet de chambre, nommé Baltasar, de sa chambre, pour s’aller cacher dans les lieux qui sont au-dessus dans la même montée. Et ledit Baltasar, ayant la fausse clef de la porte de son maître, rentra bientôt après dans sa chambre, après que le porte-clef nommé Lazare s'en fut allé. Le maître et le valet travaillèrent à leurs préparatives, commençant par ouvrir les trois portes qui montent à la terrasse, où il commença par condamner trois autres portes de trois différentes tours, qui répondent et sortent sur la terrasse, pour être en plus grande sûreté de travailler. S'étant mis sur la tour de la Comté comme la meilleure à ses desseins, s'étant précautionné d'avoir un peloton de ficelle assez grosse, qu'il a jeté au dehors de nos murs qui renferment le fossé du château, s'étant gardé un bout de.

Fol. 56v
 
Fol. 57 : Une évasion spectaculaire
 

Fol. 57 : Une évasion spectaculaire
 

Plus de détails sur la page

Les évasions sont rares à la Bastille et le luxe de détails que donne Du Junca sur cette évasion spectaculaire montre à quel point ce genre d’événement était mal ressenti par l’état-major de la prison. La configuration de la forteresse, avec une seule porte d’entrée rendait les évasions très difficiles. Personnage très haut en couleurs le comte Galeazo Boselli, bergamasque, exilé par le doge de Venise, servit alternativement l’Empereur et le roi de France et finit par être mis à la Bastille comme espion le 31 janvier 1699, avec son fils Scipion et son valet italien. Il s’évada dans la nuit du 30 août 1701, aidé par sa famille et ses amis. Ceux-ci seront ensuite brièvement embastillés à leur tour. Rentré en Italie, il poursuivit sa carrière aventureuse et même criminelle et fut décapité à Milan le 24 décembre 1705.

 

La fiselle du peloton qui aient tombe dans lavend fosse en dehors ou il y avet du monde fils et amis du conte boselly qui resuret lautre bout du peloton de la fiselle et qui atacheret unne grosse corde et des machines de sangles et anos de fair qu'il monta en haut sur la terasse de la tour de la conte ou il atacha le bout de la grosse corde sur laquelle il devet se sauver à unne barre de fer atachee a unne petitte-fenêtre dans le haut de l'escalier de la conte qui sort sur la terasse dou il est desendeu suivent la corde dans le grend fosse au dehors ou du monde et des cheveaux latendet le nome baltasar son valet de chambre a suivy son metre par le mesme chemin de la corde dans le grand fosse a unne hure et demye après minuit aient este decouvers par nos sentinelles on a fait lever les soldat et les hoffisiers aient averty Monsieur le gouverneur de sette esvasion a donne l'ordre de faire sortir du monde pour aler sur la contrescarpe du grend fosse par ou ils se sauvet setent rendeu audit lieu nos gens ont trouve encore le fils du conte de bozelly l'abbay et baltasar valet de chambre du conte et ausy le valet de chambre de mr l'abbay de bozelly avec un cheval les aient menes tous le trois prisonniers au château et unne hure après aient trouve la dame mère et la famme du conte de bozelly qui revenet de travailler à l'evasion du conte de bozelly les deux dammes hont este menees prisonniers à la bastille.

 

La ficelle du peloton qui, ayant tombé dans l'avant-fossé, en dehors, où il y avait du monde, fils et amis du comte Boselli, qui reçurent l'autre bout du peloton de la ficelle, et qui attachèrent une grosse corde et des machines de sangles et anneaux de fer, qu'il monta en haut sur la terrasse de la tour de la Comté, où il attacha le bout de la grosse corde sur laquelle il devait se sauver à une barre de fer attachée à une petite-fenêtre dans le haut de l'escalier de la Comté qui sort sur la terrasse ; d'où il est descendu, suivant la corde, dans le grand fossé au dehors, où du monde et des chevaux l'attendaient. Le nommé Baltasar, son valet de chambre, a suivi son maître par le même chemin de la corde dans le grand fossé. A une heure et demie après minuit, ayant été découverts par nos sentinelles, on a fait lever les soldats et les officiers, ayant averti monsieur le gouverneur de cette évasion, a donné l'ordre de faire sortir du monde pour aller sur la contrescarpe du grand fossé, par où ils se sauvaient. S'étant rendu audit lieu, nos gens ont trouvé encore le fils du comte de Boselli, l'abbé et Baltasar, valet de chambre du comte, et aussi le valet de chambre de M. l'abbé de Boselli, avec un cheval les ayant menés tous les trois prisonniers au château, et une heure après, ayant trouvé la dame mère et la femme du comte de Boselli qui revenaient de travailler à l'évasion du comte de Boselli, les deux dames ont été menées prisonnières à la Bastille.

Fol. 57 : Une évasion spectaculaire
 
Fol. 62v
 

Fol. 62v
 

Plus de détails sur la page

Un suicide
Le suicide d’un prisonnier est extrêmement mal ressenti à la Bastille. C’est un péché très grave et une façon inadmissible d’échapper à la justice du roi. On s’inquiète aussi beaucoup de l’opinion publique à laquelle on tente de cacher ce genre de décès en raison de la mauvaise image que cela donne. On remarque, dans la correspondance de l’état-major de la prison avec le lieutenant général de police, le grand souci que l’on a de l’humeur et de l’état d’esprit des prisonniers dont on craint toujours le suicide. Pourtant les cas ne sont pas rares et à chaque fois, comme Du Junca, on s’efforce de les expliquer en détail. Du Pressoir Louvart avait été mis à la Bastille le 12 mai 1702 pour sodomie, crime passible alors du bûcher : « fils d’un perruquier habillé en marquis il était entretenu magnifiquement par deux abbés ».

Fol. 62v
 
Fol. 63 : Un suicide
 

Fol. 63 : Un suicide
 

Plus de détails sur la page

Du dimanche 16-me de juin a honsures du matin ou environ le nome du pressoir louvart prisonnier renferme seul a la premiere chambre de la tour de la chapelle sans nulle aparance de maladiee ny de foliee que dun mal venerien quun desespoir la porte à se couper toutte ces parties nobles entierement enlevees et iete luy-mesme dans le coin de sa cheminee et voient quil ne pouvet en mourir a ces tot et que lhure con luy devet aporter à diner approchet il reprit son mesme couteau et se coupa toutte la gorge jusque à los un moment apres mr lecuier capitainne des portes alant dans sa chambre pour li faire aporter à diner a trouve le dit dupressoir sur son lit agonisant couvert de san estent veneu ausitôt en avertir monsieur le gouverneur et demender mr giraud laumonier qui y a acoureu dans le moment mais laient trouve hors detat de pouvoir parler il a doune des marques par des signes quil entendet bien tout se que Mr lhaumonier lui diset et mesme il hut a ces de force pour se lever.


Du dimanche 16e de juin à onze heures du matin ou environ. Le nomé Du Pressoir Louvart, prisonnier renfermé seul à la première chambre de la tour de la Chapelle, sans nulle apparence de maladie ni de folie, que d'un mal vénérien, qu'un désespoir l'a porté à se couper toutes ses parties nobles, entièrement enlevées et jetées lui-même dans le coin de sa cheminée. Et voyant qu'il ne pouvait en mourir assez tôt, et que l'heure qu'on lui devait apporter à dîner approchait, il reprit son même couteau et se coupa toute la gorge jusqu'à l'os. Un moment après, M. Lecuyer, capitaine des portes, allant dans sa chambre pour lui faire apporter à dîner, a trouvé ledit Dupressoir sur son lit, agonisant, couvert de sang. Étant venu aussitôt en avertir monsieur le gouverneur, et demander M. Giraud, l'aumônier, qui y a accouru dans le moment;  mais l'ayant trouvé hors d'état de pouvoir parler, il a donné des marques par des signes, qu'il entendait bien tout ce que M. l'aumônier lui disait, et même il eut assez de force pour se lever.

 

Fol. 63 : Un suicide
 
Fol. 62v
 

Fol. 62v
 

Plus de détails sur la page

Un suicide
Le suicide d’un prisonnier est extrêmement mal ressenti à la Bastille. C’est un péché très grave et une façon inadmissible d’échapper à la justice du roi. On s’inquiète aussi beaucoup de l’opinion publique à laquelle on tente de cacher ce genre de décès en raison de la mauvaise image que cela donne. On remarque, dans la correspondance de l’état-major de la prison avec le lieutenant général de police, le grand souci que l’on a de l’humeur et de l’état d’esprit des prisonniers dont on craint toujours le suicide. Pourtant les cas ne sont pas rares et à chaque fois, comme Du Junca, on s’efforce de les expliquer en détail. Du Pressoir Louvart avait été mis à la Bastille le 12 mai 1702 pour sodomie, crime passible alors du bûcher : « fils d’un perruquier habillé en marquis il était entretenu magnifiquement par deux abbés ».

Fol. 62v
 
Fol. 63 : Un suicide
 

Fol. 63 : Un suicide
 

Plus de détails sur la page

Du dimanche 16-me de juin a honsures du matin ou environ le nome du pressoir louvart prisonnier renferme seul a la premiere chambre de la tour de la chapelle sans nulle aparance de maladiee ny de foliee que dun mal venerien quun desespoir la porte à se couper toutte ces parties nobles entierement enlevees et iete luy-mesme dans le coin de sa cheminee et voient quil ne pouvet en mourir a ces tot et que lhure con luy devet aporter à diner approchet il reprit son mesme couteau et se coupa toutte la gorge jusque à los un moment apres mr lecuier capitainne des portes alant dans sa chambre pour li faire aporter à diner a trouve le dit dupressoir sur son lit agonisant couvert de san estent veneu ausitôt en avertir monsieur le gouverneur et demender mr giraud laumonier qui y a acoureu dans le moment mais laient trouve hors detat de pouvoir parler il a doune des marques par des signes quil entendet bien tout se que Mr lhaumonier lui diset et mesme il hut a ces de force pour se lever.


Du dimanche 16e de juin à onze heures du matin ou environ. Le nomé Du Pressoir Louvart, prisonnier renfermé seul à la première chambre de la tour de la Chapelle, sans nulle apparence de maladie ni de folie, que d'un mal vénérien, qu'un désespoir l'a porté à se couper toutes ses parties nobles, entièrement enlevées et jetées lui-même dans le coin de sa cheminée. Et voyant qu'il ne pouvait en mourir assez tôt, et que l'heure qu'on lui devait apporter à dîner approchait, il reprit son même couteau et se coupa toute la gorge jusqu'à l'os. Un moment après, M. Lecuyer, capitaine des portes, allant dans sa chambre pour lui faire apporter à dîner, a trouvé ledit Dupressoir sur son lit, agonisant, couvert de sang. Étant venu aussitôt en avertir monsieur le gouverneur, et demander M. Giraud, l'aumônier, qui y a accouru dans le moment;  mais l'ayant trouvé hors d'état de pouvoir parler, il a donné des marques par des signes, qu'il entendait bien tout ce que M. l'aumônier lui disait, et même il eut assez de force pour se lever.

 

Fol. 63 : Un suicide
 
Fol. 58v

Fol. 58v

Plus de détails sur la page

« Mauvais propos »
Jardinier à Coutances, François Esliard fait partie de la catégorie des embastillés pour ce qu’on appelle des « mauvais propos ». Toute contestation du pouvoir royal est sévèrement réprimée et les exemples sont très nombreux.
Entré le 1er décembre 1693, il est accusé d’avoir affiché des placards diffamatoires, voulant faire perdre sa couronne au roi.  Il est passible de la peine de mort mais le roi a bien voulu épargner sa vie et le faire enfermer à la Bastille. Il y mourra et, comme criminel d'état,, n'a même plus droit à son identité. Il est passible de la peine de mort mais le roi a bien voulu épargner sa vie et le faire enfermer à la Bastille. Il y mourra et, comme criminel d'état,, n'a même plus droit à son identité.

Fol. 58v
Fol. 59 : « Mauvais propos »
 

Fol. 59 : « Mauvais propos »
 

Plus de détails sur la page

Du lundy 24-me octobre 1701 sur les honsures du matin le sieur Esliard geardinier a se qu’on asure de cans en Normandie est mort de maladie aient du mal aus gembes ou la cangrenne set misse qui a remonte et cause sa mort en bon cretient confesse et na reseu que lextremonsion. lequel a este porte à la paroisse Saint-Paul le mardi 25-me octobre pour y estre entere dans le semestiere sous le nom de Piere Maret nestent pas à propos de dire son nom estent un criminel destat placardie pendent les guerres surtout de l'annee 1693 quil a ete arete et mene y si et que monsieur de la Regnie conseiller d'estat a este nome par le Roy pour estre son comisaire et l'interoger pour luy faire son proces en sette afaire Monsieur Godion a este le greffier aient este convainqu de son crime lequel le Roy n'a pas vouleu con le fit mourir je oublie de marquer qu'il a este confese par mr. giraut notre aumonier de confiance que sil n'a pas reseu nostre Seigneur que set par manque de conesance son nom de batesme a se qu'il a dit est françois esliard bon normant et d'âge le sertificat de son enterement attache à la fuille si deseus.


Du lundi 24e octobre 1701, sur les onze heures du matin. Le sieur Esliard, jardinier (à ce qu’on assure) de Caen en Normandie, est mort de maladie, ayant du mal aux jambes, où la gangrène s’est mise, qui a remonté et causé sa mort en bon chrétien, confessé et n'a reçu que l’extrême-onction. Lequel a été porté à la paroisse Saint-Paul, le mardi 25e octobre, pour y être enterré dans le cimetière sous le nom de Pierre Maret, n'étant pas à propos de dire son nom, étant un criminel d'État, placardier pendant les guerres, surtout de l'année 1693 qu'il a été arrêté et mené ici, et que Monsieur de la Reynie, conseiller d'État, a été nommé par le roi pour être son commissaire et l'interroger pour lui faire son procès. En cette affaire, Monsieur Godion a été le greffier; ayant été convaincu de son crime, lequel le roi n'a pas voulu qu'on le fît mourir. J'ai oublié de marquer qu'il a été confessé par M. Giraut, notre aumônier de confiance, que s'il n'a pas reçu Notre Seigneur, que c'est par manque de connaissance. Son nom de baptême, à ce qu'il a dit, est François Esliard, bon Normand et d'âge. Le certificat de son enterrement attaché à la feuille ci-dessus.

Fol. 59 : « Mauvais propos »
 
Fol. 58v

Fol. 58v

Plus de détails sur la page

« Mauvais propos »
Jardinier à Coutances, François Esliard fait partie de la catégorie des embastillés pour ce qu’on appelle des « mauvais propos ». Toute contestation du pouvoir royal est sévèrement réprimée et les exemples sont très nombreux.
Entré le 1er décembre 1693, il est accusé d’avoir affiché des placards diffamatoires, voulant faire perdre sa couronne au roi.  Il est passible de la peine de mort mais le roi a bien voulu épargner sa vie et le faire enfermer à la Bastille. Il y mourra et, comme criminel d'état,, n'a même plus droit à son identité. Il est passible de la peine de mort mais le roi a bien voulu épargner sa vie et le faire enfermer à la Bastille. Il y mourra et, comme criminel d'état,, n'a même plus droit à son identité.

Fol. 58v
Fol. 59 : « Mauvais propos »
 

Fol. 59 : « Mauvais propos »
 

Plus de détails sur la page

Du lundy 24-me octobre 1701 sur les honsures du matin le sieur Esliard geardinier a se qu’on asure de cans en Normandie est mort de maladie aient du mal aus gembes ou la cangrenne set misse qui a remonte et cause sa mort en bon cretient confesse et na reseu que lextremonsion. lequel a este porte à la paroisse Saint-Paul le mardi 25-me octobre pour y estre entere dans le semestiere sous le nom de Piere Maret nestent pas à propos de dire son nom estent un criminel destat placardie pendent les guerres surtout de l'annee 1693 quil a ete arete et mene y si et que monsieur de la Regnie conseiller d'estat a este nome par le Roy pour estre son comisaire et l'interoger pour luy faire son proces en sette afaire Monsieur Godion a este le greffier aient este convainqu de son crime lequel le Roy n'a pas vouleu con le fit mourir je oublie de marquer qu'il a este confese par mr. giraut notre aumonier de confiance que sil n'a pas reseu nostre Seigneur que set par manque de conesance son nom de batesme a se qu'il a dit est françois esliard bon normant et d'âge le sertificat de son enterement attache à la fuille si deseus.


Du lundi 24e octobre 1701, sur les onze heures du matin. Le sieur Esliard, jardinier (à ce qu’on assure) de Caen en Normandie, est mort de maladie, ayant du mal aux jambes, où la gangrène s’est mise, qui a remonté et causé sa mort en bon chrétien, confessé et n'a reçu que l’extrême-onction. Lequel a été porté à la paroisse Saint-Paul, le mardi 25e octobre, pour y être enterré dans le cimetière sous le nom de Pierre Maret, n'étant pas à propos de dire son nom, étant un criminel d'État, placardier pendant les guerres, surtout de l'année 1693 qu'il a été arrêté et mené ici, et que Monsieur de la Reynie, conseiller d'État, a été nommé par le roi pour être son commissaire et l'interroger pour lui faire son procès. En cette affaire, Monsieur Godion a été le greffier; ayant été convaincu de son crime, lequel le roi n'a pas voulu qu'on le fît mourir. J'ai oublié de marquer qu'il a été confessé par M. Giraut, notre aumônier de confiance, que s'il n'a pas reçu Notre Seigneur, que c'est par manque de connaissance. Son nom de baptême, à ce qu'il a dit, est François Esliard, bon Normand et d'âge. Le certificat de son enterrement attaché à la feuille ci-dessus.

Fol. 59 : « Mauvais propos »
 
Fol. 63v
 

Fol. 63v
 

Plus de détails sur la page

Sur son sean et fit signe quil desiret descrire on luy aporta dans le moment se quil falet pour sela lequel escrivit sur un morceau de papie je demende pardon à dieu de tout mon cœur set le desespoir il continua à douner de bonnes marques de cretient repentant jusque à sa mort qui fut sur le trois hures apres-midy mr le gouverneur en aient doune avis à monsieur dargenson il vint le soir du mesme jour seul pour s'informer du detail de se malhur arive et se qu'il y avet à faire l'aient trouve mort; il fut conveneu qu'il enveret le lendemain lundy à sept hures du matin le commisaire biston seul pour faire la visitt du corps et un proces-verbal de lestat ou il l'a trouve se quil a fait en presance de mesieurs corbe lieutenant de la compagnie de rosarges offisier de reil sieurgien et de reu. porte-clef sette prosedure faitte dans la matinee le pretres de saint-paul sont veneus enlever le corps du dit dupresoir-louvart con a fait enterer sur le nom de Pierre massuque en presance et aux soins de la coste sergent de la compagniee et de quelques soldat.
 

Sur son séant, et fit signe qu'il désirait d'écrire. On lui apporta dans le moment ce qu'il fallait pour cela. Lequel écrivit sur un morceau de papier : "Je demande pardon à Dieu de tout mon coeur; c'est le désespoir". Il continua à donner de bonnes marques de chrétien repentant jusqu'à sa mort, qui fut sur les trois heures après-midi. M. le gouverneur en ayant donné avis à Monsieur d'Argenson, il vint le soir du même jour, seul, pour s'informer du détail de ce malheur arrivé, et ce qu'il y avait à faire, l'ayant trouvé mort; il fut convenu qu'il enverrait le lendemain lundi, à sept heures du matin, le commissaire Biston, seul, pour faire la visite du corps, et un procès-verbal de l'état où il l'a trouvé. Ce qu'il a fait en présence de Messieurs Corbé, lieutenant de la compagnie, de Rosarges, officier, de Reil, chirurgien, et de Reu., porte-clef. Cette procédure faite dans la matinée, le prêtres de Saint-Paul sont venus enlever le corps dudit Dupressoir-Louvart, qu'on a fait enterrer sur le nom de Pierre Massuque, en présence et aux soins de La Coste, sergent de la compagnie, et de quelques soldats.

Fol. 63v
 
Fol. 64

Fol. 64

Fol. 64
Fol. 63v
 

Fol. 63v
 

Plus de détails sur la page

Sur son sean et fit signe quil desiret descrire on luy aporta dans le moment se quil falet pour sela lequel escrivit sur un morceau de papie je demende pardon à dieu de tout mon cœur set le desespoir il continua à douner de bonnes marques de cretient repentant jusque à sa mort qui fut sur le trois hures apres-midy mr le gouverneur en aient doune avis à monsieur dargenson il vint le soir du mesme jour seul pour s'informer du detail de se malhur arive et se qu'il y avet à faire l'aient trouve mort; il fut conveneu qu'il enveret le lendemain lundy à sept hures du matin le commisaire biston seul pour faire la visitt du corps et un proces-verbal de lestat ou il l'a trouve se quil a fait en presance de mesieurs corbe lieutenant de la compagnie de rosarges offisier de reil sieurgien et de reu. porte-clef sette prosedure faitte dans la matinee le pretres de saint-paul sont veneus enlever le corps du dit dupresoir-louvart con a fait enterer sur le nom de Pierre massuque en presance et aux soins de la coste sergent de la compagniee et de quelques soldat.
 

Sur son séant, et fit signe qu'il désirait d'écrire. On lui apporta dans le moment ce qu'il fallait pour cela. Lequel écrivit sur un morceau de papier : "Je demande pardon à Dieu de tout mon coeur; c'est le désespoir". Il continua à donner de bonnes marques de chrétien repentant jusqu'à sa mort, qui fut sur les trois heures après-midi. M. le gouverneur en ayant donné avis à Monsieur d'Argenson, il vint le soir du même jour, seul, pour s'informer du détail de ce malheur arrivé, et ce qu'il y avait à faire, l'ayant trouvé mort; il fut convenu qu'il enverrait le lendemain lundi, à sept heures du matin, le commissaire Biston, seul, pour faire la visite du corps, et un procès-verbal de l'état où il l'a trouvé. Ce qu'il a fait en présence de Messieurs Corbé, lieutenant de la compagnie, de Rosarges, officier, de Reil, chirurgien, et de Reu., porte-clef. Cette procédure faite dans la matinée, le prêtres de Saint-Paul sont venus enlever le corps dudit Dupressoir-Louvart, qu'on a fait enterrer sur le nom de Pierre Massuque, en présence et aux soins de La Coste, sergent de la compagnie, et de quelques soldats.

Fol. 63v
 
Fol. 64

Fol. 64

Fol. 64
Fol. 76v
 

Fol. 76v
 

Plus de détails sur la page

Du samedi 15 me de septembre sur les neuf hures du matin le porte clef la boutonniere est alle a son ordinere pour porter le pain et le vin et deservir aus prisonniers de la tour de la bretaudiere aient monte jusque a la calotte 5 me chambre ou estet renfermes deux prisonniers les nomes chevalier de picardie de lafaire des 14 et perot de nuchâtel en suisce de lage de trante deux ans les aint trouves tous les deux couches chaqun dans son lit reposant tranquilement le porte-clef set retire sans lur rien dire sur les dix hures les prisonniers au-desous de la calotte de la mesme tour aient houy un grend bruit au-desus de lur chambre comme de personnes qui se battet ces prisonniers hont hurte a lur porte a force le porte-clef la boutonniere y aiant acoureu a sette callotte a trouve et veu en antran dans sette chambre le sieur chevalier estandeu sur le plancher se pleniant beaucoup...


 Du samedi 15e de septembre, sur les neuf heures du matin. Le porte-clef La Boutonnière est allé à son ordinaire pour porter le pain et le vin, et desservir aux prisonniers de la tour de la Bertaudière. Ayant monté jusqu'à la calotte, 5e chambre, où était renfermés deux prisonniers, les nommés Chevalier de Picardie, de l'affaire des 14, et Perrot de Neuchâtel en Suisse, de l'âge de trente-deux ans, les ayant trouvés tous les deux couchés chacun dans son lit, reposant tranquillement, le porte-clef s'est retiré sans leur rien dire. Sur les dix heures, les prisonniers au-dessous de la calotte de la même tour, ayant ouï un grand bruit au-dessus de leur chambre, comme des personnes qui se battent, ces prisonniers ont heurté à leur porte. A force, le porte-clef La Boutonnière, y ayant accouru a cette calotte, a trouvé et vu, en entrant dans cette chambre, le sieur Chevalier étendu sur le plancher, se plaignant beaucoup...

Fol. 76v
 
Fol. 77 : Une rixe mortelle entre prisonniers
 

Fol. 77 : Une rixe mortelle entre prisonniers
 

Plus de détails sur la page

La Bastille ne dispose que d’une quarantaine de cellules. Aussi est-il fréquent que deux ou trois prisonniers partagent une chambre. On pense aussi que cela peut être meilleur pour leur moral. Mais à l’inverse cela peut aussi aboutir, comme dans le cas de cet assassinat, à une situation dramatique. Daniel Perrot, de Neufchâtel, cadet au régiment des gardes suisses, était entré à la Bastille le 22 novembre 1701, pour commerce avec des protestants réfugiés à l’étranger et « mauvais propos » sur les droits du roi d’Angleterre sur la principauté de Neufchâtel. Devenu fou, il assassina son compagnon de chambre, Chevalier, et fut pendu le 13 octobre 1703. Ce Chevalier, soit-disant gentilhomme de normandie, était entré le 24 janvier 1703 pour sacrilège et magie. Comme toujours dans le cas d’un événement extraordinaire, Du Junca donne beaucoup de détails sur cette rixe mortelle.

 

La teste et le visage couverte de san et le sieur perot quil a trouve tout neu et setant vouleu gester sur luy pour le maltreter le porte-clef set sauve et a ferme la porte aient aperseu mr. lecuier capitainne des portes il la aple et dit de monter se quil a fait dans le moment et sont alles tous le deux dans sette chambre calotte ou ils hont trouve perot couche sur son lit lequel dabort a saute a la cravatte de mr. lecuier et ensuitte a son espee laient tiree il luy en a doune un coup dans la quisse bien blesse qils hont este obliges de se retirer et fermer la porte on cret que de la premiere ou segonde fois quon estet entre dans sette chambre quil falet que perot voient que chevallier nestet pas encore mort il prit un de petis morseos de bois dunne chesse de paille quil a passe entre le cou et la cravatte que chevallier avet au col et a fait deux ou trois tours pour letrangler; en aient fait la visitte on la trouve en set...


 La tête et le visage couverts de sang, et le sieur Perrot, qu'il a trouvé tout nu, et s'étant voulu jeter sur lui pour le maltraiter, le porte-clef s'est sauvé et a fermé la porte. Ayant aperçu M. Lécuyer, capitaine des portes, il l'a appelé et dit de monter, ce qu'il a fait dans le moment, et sont allés tous les deux dans cette chambre-calotte, où ils ont trouvé Perrot couché sur son lit. Lequel d'abord a sauté à la cravate de M. Lécuyer, et ensuite à son épée. L'ayant tirée, il lui en a donné un coup dans la cuisse, bien blessé, qu'ils ont été obligés de se retirer et fermer la porte. On croit que de la première ou seconde fois qu'on était entré dans cette chambre, qu'il fallait que Perrot, voyant que Chevallier n'était pas encore mort, il prit un de petits morceaux de bois d'une chaise de paille qu'il a passé entre le cou et la cravate que Chevallier avait au col et a fait deux ou trois tours pour l'étrangler. En ayant fait la visite, on l'a trouvé en cet...

Fol. 77 : Une rixe mortelle entre prisonniers
 
Fol. 76v
 

Fol. 76v
 

Plus de détails sur la page

Du samedi 15 me de septembre sur les neuf hures du matin le porte clef la boutonniere est alle a son ordinere pour porter le pain et le vin et deservir aus prisonniers de la tour de la bretaudiere aient monte jusque a la calotte 5 me chambre ou estet renfermes deux prisonniers les nomes chevalier de picardie de lafaire des 14 et perot de nuchâtel en suisce de lage de trante deux ans les aint trouves tous les deux couches chaqun dans son lit reposant tranquilement le porte-clef set retire sans lur rien dire sur les dix hures les prisonniers au-desous de la calotte de la mesme tour aient houy un grend bruit au-desus de lur chambre comme de personnes qui se battet ces prisonniers hont hurte a lur porte a force le porte-clef la boutonniere y aiant acoureu a sette callotte a trouve et veu en antran dans sette chambre le sieur chevalier estandeu sur le plancher se pleniant beaucoup...


 Du samedi 15e de septembre, sur les neuf heures du matin. Le porte-clef La Boutonnière est allé à son ordinaire pour porter le pain et le vin, et desservir aux prisonniers de la tour de la Bertaudière. Ayant monté jusqu'à la calotte, 5e chambre, où était renfermés deux prisonniers, les nommés Chevalier de Picardie, de l'affaire des 14, et Perrot de Neuchâtel en Suisse, de l'âge de trente-deux ans, les ayant trouvés tous les deux couchés chacun dans son lit, reposant tranquillement, le porte-clef s'est retiré sans leur rien dire. Sur les dix heures, les prisonniers au-dessous de la calotte de la même tour, ayant ouï un grand bruit au-dessus de leur chambre, comme des personnes qui se battent, ces prisonniers ont heurté à leur porte. A force, le porte-clef La Boutonnière, y ayant accouru a cette calotte, a trouvé et vu, en entrant dans cette chambre, le sieur Chevalier étendu sur le plancher, se plaignant beaucoup...

Fol. 76v
 
Fol. 77 : Une rixe mortelle entre prisonniers
 

Fol. 77 : Une rixe mortelle entre prisonniers
 

Plus de détails sur la page

La Bastille ne dispose que d’une quarantaine de cellules. Aussi est-il fréquent que deux ou trois prisonniers partagent une chambre. On pense aussi que cela peut être meilleur pour leur moral. Mais à l’inverse cela peut aussi aboutir, comme dans le cas de cet assassinat, à une situation dramatique. Daniel Perrot, de Neufchâtel, cadet au régiment des gardes suisses, était entré à la Bastille le 22 novembre 1701, pour commerce avec des protestants réfugiés à l’étranger et « mauvais propos » sur les droits du roi d’Angleterre sur la principauté de Neufchâtel. Devenu fou, il assassina son compagnon de chambre, Chevalier, et fut pendu le 13 octobre 1703. Ce Chevalier, soit-disant gentilhomme de normandie, était entré le 24 janvier 1703 pour sacrilège et magie. Comme toujours dans le cas d’un événement extraordinaire, Du Junca donne beaucoup de détails sur cette rixe mortelle.

 

La teste et le visage couverte de san et le sieur perot quil a trouve tout neu et setant vouleu gester sur luy pour le maltreter le porte-clef set sauve et a ferme la porte aient aperseu mr. lecuier capitainne des portes il la aple et dit de monter se quil a fait dans le moment et sont alles tous le deux dans sette chambre calotte ou ils hont trouve perot couche sur son lit lequel dabort a saute a la cravatte de mr. lecuier et ensuitte a son espee laient tiree il luy en a doune un coup dans la quisse bien blesse qils hont este obliges de se retirer et fermer la porte on cret que de la premiere ou segonde fois quon estet entre dans sette chambre quil falet que perot voient que chevallier nestet pas encore mort il prit un de petis morseos de bois dunne chesse de paille quil a passe entre le cou et la cravatte que chevallier avet au col et a fait deux ou trois tours pour letrangler; en aient fait la visitte on la trouve en set...


 La tête et le visage couverts de sang, et le sieur Perrot, qu'il a trouvé tout nu, et s'étant voulu jeter sur lui pour le maltraiter, le porte-clef s'est sauvé et a fermé la porte. Ayant aperçu M. Lécuyer, capitaine des portes, il l'a appelé et dit de monter, ce qu'il a fait dans le moment, et sont allés tous les deux dans cette chambre-calotte, où ils ont trouvé Perrot couché sur son lit. Lequel d'abord a sauté à la cravate de M. Lécuyer, et ensuite à son épée. L'ayant tirée, il lui en a donné un coup dans la cuisse, bien blessé, qu'ils ont été obligés de se retirer et fermer la porte. On croit que de la première ou seconde fois qu'on était entré dans cette chambre, qu'il fallait que Perrot, voyant que Chevallier n'était pas encore mort, il prit un de petits morceaux de bois d'une chaise de paille qu'il a passé entre le cou et la cravate que Chevallier avait au col et a fait deux ou trois tours pour l'étrangler. En ayant fait la visite, on l'a trouvé en cet...

Fol. 77 : Une rixe mortelle entre prisonniers
 
Fol. 77v : Une rixe mortelle entre prisonniers

Fol. 77v : Une rixe mortelle entre prisonniers

Plus de détails sur la page

La Bastille ne dispose que d’une quarantaine de cellules. Aussi est-il fréquent que deux ou trois prisonniers partagent une chambre. On pense aussi que cela peut être meilleur pour leur moral. Mais à l’inverse cela peut aussi aboutir, comme dans le cas de cet assassinat, à une situation dramatique. Daniel Perrot, de Neufchâtel, cadet au régiment des gardes suisses, était entré à la Bastille le 22 novembre 1701, pour commerce avec des protestants réfugiés à l’étranger et « mauvais propos » sur les droits du roi d’Angleterre sur la principauté de Neufchâtel. Devenu fou, il assassina son compagnon de chambre, Chevalier, et fut pendu le 13 octobre 1703. Ce Chevalier, soit-disant gentilhomme de normandie, était entré le 24 janvier 1703 pour sacrilège et magie. Comme toujours dans le cas d’un événement extraordinaire, Du Junca donne beaucoup de détails sur cette rixe mortelle.

Fol. 77v : Une rixe mortelle entre prisonniers
Fol. 78
 

Fol. 78
 

Plus de détails sur la page

An set estat malhures et dalieurs la teste quassee du coste droit de plusieurs coups mortels par le raport du sieur reil sieurgien quil a fait et trouve mort et le sieur perot set trouve sans auqun mal lequel on a mis dans le quachot aus fers lapres-midy en aient fait avertir monsieur dargenson commissaire du roi pour les afaires de la bastille et lieutenant-general de pollisce a envoie ausitôt mr le commisaire camuset seul lequel a este mene par les offisiers de monsieur le gouverneur dans la chambre ou estet le dit chevalier mort pour en faire la visitte avec le sieurgien reil et son raport; a cinq hures du soir monsieur dargenson est veneu avec son secretaire; mr camuset qui latandet li a randu comte de se quil avet veu et en a fait dresser son prosses-verbal aient interoge le porte-clef la boutonniere ensuitte il est alle dans la chambre de mr lequier pour linteroger de la a monte dans la chambre calotte ou estet le cadavre quil a fait visiter apres coy il a desandeu au quachot ou on avet mis le sieur perot le murtrier lequel il la interoge par tois diverses fois en presance de moy mr. Corbe le sieurgien la boutonniere et lareu et la france aient avue tout se quil a fait et naient james voulu signer se quil a deposse et le landemain dimanche 26me septembre lapres-midy on a fait enterer le sieur chevalier a la paroisse de st-paul.


 (En cet) état malheureux, et d'ailleurs la tête cassée du côté droit de plusieurs coups mortels, par le rapport du sieur Reil, chirurgien, qui l'a fait et trouvé mort. Et le sieur Perrot s'est trouvé sans aucun mal ; lequel on a mis dans le cachot, aux fers. L'après-midi, en ayant fait avertir Monsieur d'Argenson, commissaire du roi pour les affaires de la Bastille, et lieutenant-général de police, a envoyé aussitôt M. le commissaire Camuset seul, lequel a été mené par les officiers de monsieur le gouverneur, dans la chambre où était ledit Chevalier, mort, pour en faire la visite avec le chirurgien Reil, et son rapport. A cinq heures du soir, Monsieur d'Argenson est venu avec son secrétaire. M. Camuset qui l'attendait, lui a rendu compte de ce qu'il avait vu, et en a fait dresser son procès-verbal, ayant interrogé le porte-clefs La Boutonnière. Ensuite il est allé dans la chambre de M. Lécuyer pour l'interroger ; de là, a monté dans la chambre-calotte où était le cadavre, qu'il a fait visiter. Après quoi il a descendu au cachot où on avait mis le sieur Perrot, le meurtrier, lequel il l’a interrogé par trois diverses fois, en présence de moi, M. Corbé, le chirurgien, La Boutonnière, et Larue, et La France, ayant avoué tout (tout) ce qu'il a fait, et n'ayant jamais voulu signer ce qu'il a déposé. Et le lendemain, dimanche 26e septembre, l'après-midi, on a fait enterrer le sieur Chevalier à la paroisse de Saint-Paul.

Fol. 78
 
Fol. 77v : Une rixe mortelle entre prisonniers

Fol. 77v : Une rixe mortelle entre prisonniers

Plus de détails sur la page

La Bastille ne dispose que d’une quarantaine de cellules. Aussi est-il fréquent que deux ou trois prisonniers partagent une chambre. On pense aussi que cela peut être meilleur pour leur moral. Mais à l’inverse cela peut aussi aboutir, comme dans le cas de cet assassinat, à une situation dramatique. Daniel Perrot, de Neufchâtel, cadet au régiment des gardes suisses, était entré à la Bastille le 22 novembre 1701, pour commerce avec des protestants réfugiés à l’étranger et « mauvais propos » sur les droits du roi d’Angleterre sur la principauté de Neufchâtel. Devenu fou, il assassina son compagnon de chambre, Chevalier, et fut pendu le 13 octobre 1703. Ce Chevalier, soit-disant gentilhomme de normandie, était entré le 24 janvier 1703 pour sacrilège et magie. Comme toujours dans le cas d’un événement extraordinaire, Du Junca donne beaucoup de détails sur cette rixe mortelle.

Fol. 77v : Une rixe mortelle entre prisonniers
Fol. 78
 

Fol. 78
 

Plus de détails sur la page

An set estat malhures et dalieurs la teste quassee du coste droit de plusieurs coups mortels par le raport du sieur reil sieurgien quil a fait et trouve mort et le sieur perot set trouve sans auqun mal lequel on a mis dans le quachot aus fers lapres-midy en aient fait avertir monsieur dargenson commissaire du roi pour les afaires de la bastille et lieutenant-general de pollisce a envoie ausitôt mr le commisaire camuset seul lequel a este mene par les offisiers de monsieur le gouverneur dans la chambre ou estet le dit chevalier mort pour en faire la visitte avec le sieurgien reil et son raport; a cinq hures du soir monsieur dargenson est veneu avec son secretaire; mr camuset qui latandet li a randu comte de se quil avet veu et en a fait dresser son prosses-verbal aient interoge le porte-clef la boutonniere ensuitte il est alle dans la chambre de mr lequier pour linteroger de la a monte dans la chambre calotte ou estet le cadavre quil a fait visiter apres coy il a desandeu au quachot ou on avet mis le sieur perot le murtrier lequel il la interoge par tois diverses fois en presance de moy mr. Corbe le sieurgien la boutonniere et lareu et la france aient avue tout se quil a fait et naient james voulu signer se quil a deposse et le landemain dimanche 26me septembre lapres-midy on a fait enterer le sieur chevalier a la paroisse de st-paul.


 (En cet) état malheureux, et d'ailleurs la tête cassée du côté droit de plusieurs coups mortels, par le rapport du sieur Reil, chirurgien, qui l'a fait et trouvé mort. Et le sieur Perrot s'est trouvé sans aucun mal ; lequel on a mis dans le cachot, aux fers. L'après-midi, en ayant fait avertir Monsieur d'Argenson, commissaire du roi pour les affaires de la Bastille, et lieutenant-général de police, a envoyé aussitôt M. le commissaire Camuset seul, lequel a été mené par les officiers de monsieur le gouverneur, dans la chambre où était ledit Chevalier, mort, pour en faire la visite avec le chirurgien Reil, et son rapport. A cinq heures du soir, Monsieur d'Argenson est venu avec son secrétaire. M. Camuset qui l'attendait, lui a rendu compte de ce qu'il avait vu, et en a fait dresser son procès-verbal, ayant interrogé le porte-clefs La Boutonnière. Ensuite il est allé dans la chambre de M. Lécuyer pour l'interroger ; de là, a monté dans la chambre-calotte où était le cadavre, qu'il a fait visiter. Après quoi il a descendu au cachot où on avait mis le sieur Perrot, le meurtrier, lequel il l’a interrogé par trois diverses fois, en présence de moi, M. Corbé, le chirurgien, La Boutonnière, et Larue, et La France, ayant avoué tout (tout) ce qu'il a fait, et n'ayant jamais voulu signer ce qu'il a déposé. Et le lendemain, dimanche 26e septembre, l'après-midi, on a fait enterrer le sieur Chevalier à la paroisse de Saint-Paul.

Fol. 78
 
Fol. 78v
 

Fol. 78v
 

Plus de détails sur la page

Exécution de Perrot, assassin de son compagnon de cellule, et discipline militaire
Faire respecter la discipline militaire par un court emprisonnement sur lettre de cachet est un des rôles dévolus à la Bastille. Colonel d’infanterie, le comte de Quérouart passe quelques jours à la Bastille pour avoir quitté l’armée sans congé. L’ordre est logiquement signé de Michel Chamillart, secrétaire d’état à la Guerre.

Fol. 78v
 
Fol. 79 : Discipline militaire
 

Fol. 79 : Discipline militaire
 

Plus de détails sur la page

Sert sette mesme tour et a soin des prisonniers lequel y aiant acoureu le premier et entré dans sette chambre le dit perot tout neu le voulut estrangler et fut obligé de de se sauuer, mr Lequier estant veneu a son secours le proces dudit perot luy aiant esté fait et parfait il a esté se iour duy condamné a estre pandeu et estranglé en plasse de greve et a esté exécuté sur le soir. Du mardy 23 me octobre lapres midy monsieur le gouverneur suivent les premiers hordres du roy envoies par monsieur de chamillart pour mettre dans une entière liberté mr le comte de querouart breton colonel d’un régimant d’infanterie apres avoir resté huit jours deteneu dans le château après le quel tamps il poura sortir lequel terme estant finy se jour duy monsieur de querouart est sorty le quel doit retourner a son régimant pour trois mois.

 

Sert cette même tour et a soin des prisonniers lequel y ayant accouru le premier et entré dans cette chambre ledit Perrot tout nu le voulut étrangler et fut obligé de (de) se sauver, M. Lécuyer étant venu à son secours. Le procès dudit Perrot lui ayant été fait et parfait, il a été ce jour d'hui condamné à être pendu et étranglé en place de Grève, et a été exécuté sur le soir. Du mardi 23e octobre [1703], l’après-midi. Monsieur le gouverneur suivant les premiers ordres du roi envoyés par Monsieur de Chamillart pour mettre dans une entière liberté Monsieur le comte de Querouart, Breton, colonel d’un régiment d’infanterie, après avoir resté huit jours détenu dans le château ; après lequel temps il pourra sortir. Lequel terme étant fini ce jour d'hui, Monsieur de Querouart est sorti, lequel doit retourner à son régiment pour trois mois.

Fol. 79 : Discipline militaire
 
Fol. 78v
 

Fol. 78v
 

Plus de détails sur la page

Exécution de Perrot, assassin de son compagnon de cellule, et discipline militaire
Faire respecter la discipline militaire par un court emprisonnement sur lettre de cachet est un des rôles dévolus à la Bastille. Colonel d’infanterie, le comte de Quérouart passe quelques jours à la Bastille pour avoir quitté l’armée sans congé. L’ordre est logiquement signé de Michel Chamillart, secrétaire d’état à la Guerre.

Fol. 78v
 
Fol. 79 : Discipline militaire
 

Fol. 79 : Discipline militaire
 

Plus de détails sur la page

Sert sette mesme tour et a soin des prisonniers lequel y aiant acoureu le premier et entré dans sette chambre le dit perot tout neu le voulut estrangler et fut obligé de de se sauuer, mr Lequier estant veneu a son secours le proces dudit perot luy aiant esté fait et parfait il a esté se iour duy condamné a estre pandeu et estranglé en plasse de greve et a esté exécuté sur le soir. Du mardy 23 me octobre lapres midy monsieur le gouverneur suivent les premiers hordres du roy envoies par monsieur de chamillart pour mettre dans une entière liberté mr le comte de querouart breton colonel d’un régimant d’infanterie apres avoir resté huit jours deteneu dans le château après le quel tamps il poura sortir lequel terme estant finy se jour duy monsieur de querouart est sorty le quel doit retourner a son régimant pour trois mois.

 

Sert cette même tour et a soin des prisonniers lequel y ayant accouru le premier et entré dans cette chambre ledit Perrot tout nu le voulut étrangler et fut obligé de (de) se sauver, M. Lécuyer étant venu à son secours. Le procès dudit Perrot lui ayant été fait et parfait, il a été ce jour d'hui condamné à être pendu et étranglé en place de Grève, et a été exécuté sur le soir. Du mardi 23e octobre [1703], l’après-midi. Monsieur le gouverneur suivant les premiers ordres du roi envoyés par Monsieur de Chamillart pour mettre dans une entière liberté Monsieur le comte de Querouart, Breton, colonel d’un régiment d’infanterie, après avoir resté huit jours détenu dans le château ; après lequel temps il pourra sortir. Lequel terme étant fini ce jour d'hui, Monsieur de Querouart est sorti, lequel doit retourner à son régiment pour trois mois.

Fol. 79 : Discipline militaire
 
Fol. 80v : Décès de l’homme au masque de fer
 

Fol. 80v : Décès de l’homme au masque de fer
 

Plus de détails sur la page

Les pages les plus célèbres des deux registres de Du Junca sont celle où il relate l’arrivée d’un prisonnier masqué à la Bastille le 18 septembre 1698 (Ms 5133, fol 37v) et celle-ci, où il décrit son décès. C’est pratiquement à partir de ces deux seuls documents authentiques que se sont échafaudées toutes les théories relatives à l’identité de « l’homme au masque de fer », qui n’est que de velours noir comme l’écrit Du Junca. Celui-ci, qui ne connaît pas le nom du prisonnier, mais le cas n’est pas unique dans l’histoire de la Bastille, de même que le port d’un masque, a néanmoins sa curiosité piquée et note qu’il a appris depuis qu’on l’avait enterré sous le nom de Marchiel. En raison de la transcription habituellement hasardeuse des noms propres par Du Junca on a voulu y voir le nom de Matthioli, ministre du duc de Mantoue, une des hypothèses « sérieuse » parmi les nombreuses avancées.

Du mesme jour lundy 19 me de novembre 1703 le prisonnier inconeu touiours masque d’un masque de velous noir que monsieur de st mars gouverneur a mene avecque luy en venant des illes st margueritte qu’il gardet depuis lontamps lequel s’étant trouvé hier un peu mal en sortant de la messe il est mort le jour duy sur les dix hures du soir sans avoir eu unne grende maladie, il ne se put pas moins mr giraut nostre homonier le comfessa hier surpris de sa mort il n’a point reseu les sacremens et nostre homonier l’a exorté un momant avend que de mourir et se prisonnier inconeu garde depuis si lontamps a esté enteré le mardy à quattre hures de l’après midy 20 me de novembre dans le semetiere st paul nostre paroisse sur le registre mortuel on a doune un nom ausy inconeu que monsieur de rosarges maior et mr reil sieurgien qui hont signé sur le registre, en marge : je apris du depuis c’on l’avet nomé sur le registre mr de marchiel que on a paié 40 livres d’anteremant.

Du même jour, lundi 19e de novembre 1703. Le prisonnier inconnu toujours masqué d’un masque de velours noir que Monsieur de Saint-Mars, gouverneur, a mené avec lui en venant des îles Sainte-Marguerite, qu’il gardait depuis longtemps, lequel s’étant trouvé hier un peu mal en sortant de la messe, il est mort le jour d'hui sur les dix heures du soir sans avoir eu une grande maladie. Il ne se peut pas moins, M. Giraut, notre aumônier, le confessa hier. Surpris de sa mort, il n’a point reçu les sacrements, et notre aumônier l’a exhorté un moment avant que de mourir. Et ce prisonnier inconnu, gardé depuis si longtemps, a été enterré le mardi, à quatre heures de l’après-midi, 20e de novembre, dans le cimetière Saint-Paul, notre paroisse. Sur le registre mortuel, on a donné un nom aussi inconnu [renvoi à la marge], que Monsieur de Rosarges, major, et M. Reil, chirurgien, qui ont signé sur le registre, en marge : j'ai appris du depuis qu’on l’avait nommé sur le registre M. de Marchiel, qu'on a payé 40 livres d’enterrement.

Fol. 80v : Décès de l’homme au masque de fer
 
Fol. 81 : Une affaire de sorcellerie
 

Fol. 81 : Une affaire de sorcellerie
 

Plus de détails sur la page

Après l’affaire des Poisons et la découverte d’un monde grouillant de faux et vrais sorciers, magiciens, jeteurs de sorts et auteurs de divers sacrilèges, toute suspicion ou dénonciation de pratiques magiques valut embastillement immédiat et préoccupa énormément les lieutenants généraux de police La Reynie puis d’Argenson. La Bastille ne fut souvent pour eux qu’un lieu de transit. Les hommes sont ensuite menés à Bicêtre et les femmes à la Salpêtrière, lieux de détention beaucoup plus redoutables. À ces accusations de sorcellerie s’ajoutent souvent des affaires de mœurs comme ici pour ces « personnes abominables ».La femme Mariette, par exemple, était accusée de commerce infâme avec un capucin apostat.

Du judy 22 me novembre a neuf hures du matin mr aumont le iune est veneu, aient aporté l’hordre du roy expédié par monsieur le comte de pontchartrain pour li remettre dans le moment deux hommes et cinq fames qu’il doit transférer, qui sont mathurin picault de gourné en picardie et Rouillon pretre viquere, pour le mener au château de Bisettre. Et les cinq fammes, les nomees Marie Anne de La Ville, Jeanne Lefebvre famme de Claude Mariette, Marguerite Angélique Mabille de St Amant, Marie Guerreau d’Amour et Elizabeth du Castel, Ces cinq fames menées, par hordre du roy , à l'hôpital général dela Salpêtrière, pour y estre détenues, renfermés jusques à nouvel ordre du Roi, et de mesme pour le deux hommes qu'on a menés à Bisettre, estant tous de personnes abominables par toutte leur conduitte passée, indignes de vivere suivent lurs interrogasions. 

Du jeudi 22e novembre [1703], à neuf heures du matin. M. Aumont le Jeune est venu, ayant apporté l’ordre du roi expédié par Monsieur le comte de Pontchartrain pour lui remettre dans le moment deux hommes et cinq femmes qu’il doit transférer, qui sont : Mathurin Picault, de Gournay en Picardie, et Rouillon prêtre vicaire, pour les mener au château de Bicêtre. Et les cinq femmes, les nommées Marie Anne de La Ville, Jeanne Lefebvre, famme de Claude Mariette, Marguerite Angélique Mabille de Saint-Amant, Marie Guerreau d’Amour et Elizabeth du Castel. Ces cinq femmes menées, par ordre du roi, à l'hôpital général de la Salpêtrière, pour y être détenues, renfermées jusques à nouvel ordre du roi. Et de même pour les deux hommes qu'on a menés à Bicêtre, étant tous de personnes abominables par toute leur conduite passée, indignes de vivre suivant leurs interrogations.

Fol. 81 : Une affaire de sorcellerie
 
Fol. 80v : Décès de l’homme au masque de fer
 

Fol. 80v : Décès de l’homme au masque de fer
 

Plus de détails sur la page

Les pages les plus célèbres des deux registres de Du Junca sont celle où il relate l’arrivée d’un prisonnier masqué à la Bastille le 18 septembre 1698 (Ms 5133, fol 37v) et celle-ci, où il décrit son décès. C’est pratiquement à partir de ces deux seuls documents authentiques que se sont échafaudées toutes les théories relatives à l’identité de « l’homme au masque de fer », qui n’est que de velours noir comme l’écrit Du Junca. Celui-ci, qui ne connaît pas le nom du prisonnier, mais le cas n’est pas unique dans l’histoire de la Bastille, de même que le port d’un masque, a néanmoins sa curiosité piquée et note qu’il a appris depuis qu’on l’avait enterré sous le nom de Marchiel. En raison de la transcription habituellement hasardeuse des noms propres par Du Junca on a voulu y voir le nom de Matthioli, ministre du duc de Mantoue, une des hypothèses « sérieuse » parmi les nombreuses avancées.

Du mesme jour lundy 19 me de novembre 1703 le prisonnier inconeu touiours masque d’un masque de velous noir que monsieur de st mars gouverneur a mene avecque luy en venant des illes st margueritte qu’il gardet depuis lontamps lequel s’étant trouvé hier un peu mal en sortant de la messe il est mort le jour duy sur les dix hures du soir sans avoir eu unne grende maladie, il ne se put pas moins mr giraut nostre homonier le comfessa hier surpris de sa mort il n’a point reseu les sacremens et nostre homonier l’a exorté un momant avend que de mourir et se prisonnier inconeu garde depuis si lontamps a esté enteré le mardy à quattre hures de l’après midy 20 me de novembre dans le semetiere st paul nostre paroisse sur le registre mortuel on a doune un nom ausy inconeu que monsieur de rosarges maior et mr reil sieurgien qui hont signé sur le registre, en marge : je apris du depuis c’on l’avet nomé sur le registre mr de marchiel que on a paié 40 livres d’anteremant.

Du même jour, lundi 19e de novembre 1703. Le prisonnier inconnu toujours masqué d’un masque de velours noir que Monsieur de Saint-Mars, gouverneur, a mené avec lui en venant des îles Sainte-Marguerite, qu’il gardait depuis longtemps, lequel s’étant trouvé hier un peu mal en sortant de la messe, il est mort le jour d'hui sur les dix heures du soir sans avoir eu une grande maladie. Il ne se peut pas moins, M. Giraut, notre aumônier, le confessa hier. Surpris de sa mort, il n’a point reçu les sacrements, et notre aumônier l’a exhorté un moment avant que de mourir. Et ce prisonnier inconnu, gardé depuis si longtemps, a été enterré le mardi, à quatre heures de l’après-midi, 20e de novembre, dans le cimetière Saint-Paul, notre paroisse. Sur le registre mortuel, on a donné un nom aussi inconnu [renvoi à la marge], que Monsieur de Rosarges, major, et M. Reil, chirurgien, qui ont signé sur le registre, en marge : j'ai appris du depuis qu’on l’avait nommé sur le registre M. de Marchiel, qu'on a payé 40 livres d’enterrement.

Fol. 80v : Décès de l’homme au masque de fer
 
Fol. 81 : Une affaire de sorcellerie
 

Fol. 81 : Une affaire de sorcellerie
 

Plus de détails sur la page

Après l’affaire des Poisons et la découverte d’un monde grouillant de faux et vrais sorciers, magiciens, jeteurs de sorts et auteurs de divers sacrilèges, toute suspicion ou dénonciation de pratiques magiques valut embastillement immédiat et préoccupa énormément les lieutenants généraux de police La Reynie puis d’Argenson. La Bastille ne fut souvent pour eux qu’un lieu de transit. Les hommes sont ensuite menés à Bicêtre et les femmes à la Salpêtrière, lieux de détention beaucoup plus redoutables. À ces accusations de sorcellerie s’ajoutent souvent des affaires de mœurs comme ici pour ces « personnes abominables ».La femme Mariette, par exemple, était accusée de commerce infâme avec un capucin apostat.

Du judy 22 me novembre a neuf hures du matin mr aumont le iune est veneu, aient aporté l’hordre du roy expédié par monsieur le comte de pontchartrain pour li remettre dans le moment deux hommes et cinq fames qu’il doit transférer, qui sont mathurin picault de gourné en picardie et Rouillon pretre viquere, pour le mener au château de Bisettre. Et les cinq fammes, les nomees Marie Anne de La Ville, Jeanne Lefebvre famme de Claude Mariette, Marguerite Angélique Mabille de St Amant, Marie Guerreau d’Amour et Elizabeth du Castel, Ces cinq fames menées, par hordre du roy , à l'hôpital général dela Salpêtrière, pour y estre détenues, renfermés jusques à nouvel ordre du Roi, et de mesme pour le deux hommes qu'on a menés à Bisettre, estant tous de personnes abominables par toutte leur conduitte passée, indignes de vivere suivent lurs interrogasions. 

Du jeudi 22e novembre [1703], à neuf heures du matin. M. Aumont le Jeune est venu, ayant apporté l’ordre du roi expédié par Monsieur le comte de Pontchartrain pour lui remettre dans le moment deux hommes et cinq femmes qu’il doit transférer, qui sont : Mathurin Picault, de Gournay en Picardie, et Rouillon prêtre vicaire, pour les mener au château de Bicêtre. Et les cinq femmes, les nommées Marie Anne de La Ville, Jeanne Lefebvre, famme de Claude Mariette, Marguerite Angélique Mabille de Saint-Amant, Marie Guerreau d’Amour et Elizabeth du Castel. Ces cinq femmes menées, par ordre du roi, à l'hôpital général de la Salpêtrière, pour y être détenues, renfermées jusques à nouvel ordre du roi. Et de même pour les deux hommes qu'on a menés à Bicêtre, étant tous de personnes abominables par toute leur conduite passée, indignes de vivre suivant leurs interrogations.

Fol. 81 : Une affaire de sorcellerie
 
Fol. 92v

Fol. 92v

Fol. 92v
Fol. 93 : Fausse dénonciation
 

Fol. 93 : Fausse dénonciation
 

Plus de détails sur la page

Dans les premières années du 18e siècle, les empoisonneurs et sorciers continuent d’occuper une place importante et font l’objet de nombreuses dénonciations et l’on voit le lieutenant de police d’Argenson suivre de près ces fauteurs de troubles. Jean Delacroix, accusé d’empoisonner des bestiaux à Montrouge, est libéré mais amené chez le lieutenant pour expliquer l’affaire.

 

Premier de decembre, du lundy premier du mois decembre a trois hures dela presmidy mr aumont lene est ueneu aiant porte lhordre du roy en voie par Monsieur le comte de pontchartrain pour mettre le sieur cassin degeneue dans une entiere liberte estent fils dun mettre horologeur fripon et espion mais quon hapeu prouuer aiant fait bruler tous ces papies lequel on renuoit ches luy ageneue auec hordre de sortir dans deux jours deparis dont il afait sa somision par escrit et il est sorty. Du judy 18me decembre a neuf hures du matin mr peletier lieutenant est ueneu aient aporte lhordre du roy enuoie par monsieur le comte de pontchartrain pour mettre en liberte le nome jean delacrois un de berges de moutons de monrouge acuse de(n)poisonneur et sorsier se qui set trouue faux laiant mis de hors mr peletier lamene auec que luy pour parler a monsieur dargenson. 

 

Premier de décembre, du lundi premier du mois de décembre, à trois heures de l’après-midi. M. Aumont l’Aîné est venu ayant porté l’ordre du roi envoyé par Monsieur le comte de Pontchartrain pour mettre le sieur Cassin, de Genève, dans une entière liberté, étant fils d’un maître horlogeur fripon et espion, mais qu’on a pu prouver, ayant fait brûler tous ses papiers. Lequel on renvoie chez lui à Genève, avec ordre de sortir dans deux jours de Paris ; dont il a fait sa soumission par écrit, et il est sorti. Du jeudi 18e décembre, à neuf heures du matin. M. Pelletier, lieutenant, est venu ayant apporté l’ordre du roi envoyé par Monsieur le comte de Pontchartrain, pour mettre en liberté le nommé Jean Delacroix, un des bergers de moutons de Montrouge, accusé d'empoisonneur et sorcier, ce qui s'est trouvé faux. L'ayant mis dehors, M. Pelletier l'a mené avec lui pour parler à M. d'Argenson.

Fol. 93 : Fausse dénonciation
 
Fol. 92v

Fol. 92v

Fol. 92v
Fol. 93 : Fausse dénonciation
 

Fol. 93 : Fausse dénonciation
 

Plus de détails sur la page

Dans les premières années du 18e siècle, les empoisonneurs et sorciers continuent d’occuper une place importante et font l’objet de nombreuses dénonciations et l’on voit le lieutenant de police d’Argenson suivre de près ces fauteurs de troubles. Jean Delacroix, accusé d’empoisonner des bestiaux à Montrouge, est libéré mais amené chez le lieutenant pour expliquer l’affaire.

 

Premier de decembre, du lundy premier du mois decembre a trois hures dela presmidy mr aumont lene est ueneu aiant porte lhordre du roy en voie par Monsieur le comte de pontchartrain pour mettre le sieur cassin degeneue dans une entiere liberte estent fils dun mettre horologeur fripon et espion mais quon hapeu prouuer aiant fait bruler tous ces papies lequel on renuoit ches luy ageneue auec hordre de sortir dans deux jours deparis dont il afait sa somision par escrit et il est sorty. Du judy 18me decembre a neuf hures du matin mr peletier lieutenant est ueneu aient aporte lhordre du roy enuoie par monsieur le comte de pontchartrain pour mettre en liberte le nome jean delacrois un de berges de moutons de monrouge acuse de(n)poisonneur et sorsier se qui set trouue faux laiant mis de hors mr peletier lamene auec que luy pour parler a monsieur dargenson. 

 

Premier de décembre, du lundi premier du mois de décembre, à trois heures de l’après-midi. M. Aumont l’Aîné est venu ayant porté l’ordre du roi envoyé par Monsieur le comte de Pontchartrain pour mettre le sieur Cassin, de Genève, dans une entière liberté, étant fils d’un maître horlogeur fripon et espion, mais qu’on a pu prouver, ayant fait brûler tous ses papiers. Lequel on renvoie chez lui à Genève, avec ordre de sortir dans deux jours de Paris ; dont il a fait sa soumission par écrit, et il est sorti. Du jeudi 18e décembre, à neuf heures du matin. M. Pelletier, lieutenant, est venu ayant apporté l’ordre du roi envoyé par Monsieur le comte de Pontchartrain, pour mettre en liberté le nommé Jean Delacroix, un des bergers de moutons de Montrouge, accusé d'empoisonneur et sorcier, ce qui s'est trouvé faux. L'ayant mis dehors, M. Pelletier l'a mené avec lui pour parler à M. d'Argenson.

Fol. 93 : Fausse dénonciation
 
Fol. 97v

Fol. 97v

Fol. 97v
Fol. 98 : Exil d’un alchimiste
 

Fol. 98 : Exil d’un alchimiste
 

Plus de détails sur la page

Les derniers feuillets du registre de Du Junca, qui meurt vers septembre 1705, donnent l’écho des dernières préoccupations de la fin du règne de Louis XIV et d’un certain changement dans la politique royale. Les protestants, comme Bonneaut, entré le 22 mai 1700 , « proposant » de la Religion Prétendue Réformée et fils d’un pasteur d’Aubusson, commencent à se raréfier à la Bastille. Et l’on attache moins d’importance et de crédit aux affaires de sorcellerie. Pierre Seigneurie, commis à l’extraordinaire des guerres, entré le 9 janvier 1705 pour alchimie et sorcellerie est juste renvoyé dans sa Bretagne natale.

Du mardy 5 me may a dix hures du matin mr Aumont le june a porté l’hordre du roy envoié par monsieur le comte de pontchartrain pour li remettre le nomé bonneaut, homme fort vieux fils d’un ministre d’Aubuson estent deveneu presque en anfance pour le transférer à Chalanton dans la charité des bons pères qui y sont establis. Du vendredy 8-me de may sur le midy Mr Loir exampt de la prevausté de l’hautel a porté l’hordre du roy envoié par monsieur le comte de Pontchartrain pour mettre dans le moment le sieur de Seigneurye dans unne entiere liberté en fesent sa somision par escrit de sortir insesament de Paris pour aller en Bretagnne qui est peis natal avec defance de revenir desavec dans Paris sans unne permision du ministre et Mr Loir l’a mené avec luy.

 

Du mardi 5 me mai [1705] à dix heures du matin. Mr Aumont le jeune a porté l’ordre du roi envoyé par monsieur le comte de Pontchartrain pour lui remettre le nommé Bonneaut, homme fort vieux, fils d’un ministre d’Aubusson, étant devenu presque en enfance, pour le transférer à Charenton dans la charité des bons pères qui y sont établis Du vendredi 8-me de mai sur le midi. Mr Loir, exempt de la prévôté de l’hôtel a porté l’ordre du roi envoyé par monsieur le comte de Pontchartrain pour mettre dans le moment le sieur de Seigneurye dans une entière liberté, en faisant sa soumission par écrit de sortir incessamment de Paris pour aller en Bretagne qui est pays natal avec défense de revenir désormais dans Paris sans une permission du ministre et Mr Loir l’a mené avec lui.

Fol. 98 : Exil d’un alchimiste
 
Fol. 97v

Fol. 97v

Fol. 97v
Fol. 98 : Exil d’un alchimiste
 

Fol. 98 : Exil d’un alchimiste
 

Plus de détails sur la page

Les derniers feuillets du registre de Du Junca, qui meurt vers septembre 1705, donnent l’écho des dernières préoccupations de la fin du règne de Louis XIV et d’un certain changement dans la politique royale. Les protestants, comme Bonneaut, entré le 22 mai 1700 , « proposant » de la Religion Prétendue Réformée et fils d’un pasteur d’Aubusson, commencent à se raréfier à la Bastille. Et l’on attache moins d’importance et de crédit aux affaires de sorcellerie. Pierre Seigneurie, commis à l’extraordinaire des guerres, entré le 9 janvier 1705 pour alchimie et sorcellerie est juste renvoyé dans sa Bretagne natale.

Du mardy 5 me may a dix hures du matin mr Aumont le june a porté l’hordre du roy envoié par monsieur le comte de pontchartrain pour li remettre le nomé bonneaut, homme fort vieux fils d’un ministre d’Aubuson estent deveneu presque en anfance pour le transférer à Chalanton dans la charité des bons pères qui y sont establis. Du vendredy 8-me de may sur le midy Mr Loir exampt de la prevausté de l’hautel a porté l’hordre du roy envoié par monsieur le comte de Pontchartrain pour mettre dans le moment le sieur de Seigneurye dans unne entiere liberté en fesent sa somision par escrit de sortir insesament de Paris pour aller en Bretagnne qui est peis natal avec defance de revenir desavec dans Paris sans unne permision du ministre et Mr Loir l’a mené avec luy.

 

Du mardi 5 me mai [1705] à dix heures du matin. Mr Aumont le jeune a porté l’ordre du roi envoyé par monsieur le comte de Pontchartrain pour lui remettre le nommé Bonneaut, homme fort vieux, fils d’un ministre d’Aubusson, étant devenu presque en enfance, pour le transférer à Charenton dans la charité des bons pères qui y sont établis Du vendredi 8-me de mai sur le midi. Mr Loir, exempt de la prévôté de l’hôtel a porté l’ordre du roi envoyé par monsieur le comte de Pontchartrain pour mettre dans le moment le sieur de Seigneurye dans une entière liberté, en faisant sa soumission par écrit de sortir incessamment de Paris pour aller en Bretagne qui est pays natal avec défense de revenir désormais dans Paris sans une permission du ministre et Mr Loir l’a mené avec lui.

Fol. 98 : Exil d’un alchimiste
 
Registre du lieutenant de roi Du Junca couv verso
Le format de l'image est incompatible
-

Le lieutenant de roi de la Bastille, Du Junca, tint de 1690 à 1705 deux registres sur son activité de geôlier, notant dans l’un les entrées de prisonniers et dans l’autre présenté ici, les sorties. En cette période importante du règne de Louis XIV, marquée par la Révocation de l’édit de Nantes en 1685, les suites de l’affaire des Poisons et les deux dernières grandes guerres  - la guerre de la ligue d’Augsbourg et la guerre de Succession d’Espagne- ce registre est l’écho de la politique royale à travers la répression.