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Livre à feuilleter

L'apogée de l'art du livre carolingien
 

Le sacramentaire de Charles le Chauve
 
Le format de l'image est incompatible
Contre-plat supérieur avec la cote du manuscrit
 

Contre-plat supérieur avec la cote du manuscrit
 

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La cote du manuscrit

La contre-garde porte en son centre une étiquette ronde bordée d’un liseré bleu, sur laquelle un bibliothécaire a tracé à la plume la cote du manuscrit lors de l’opération dite de rondage : "Lat. 1141. 1514, III". Ces indications renvoient au classement des manuscrits dans les magasins de la Bibliothèque. Regroupés par langues depuis le milieu du 17e siècle, ceux-ci sont ensuite classés par fonds, selon leur provenance et leur date d’entrée à la bibliothèque (Bibliothèque royale, saisies révolutionnaires, etc.), puis, à l’intérieur de chaque fonds, en fonction de leurs dimensions et des domaines de la pensée qu’ils couvrent (Bible, patristique, droit canon et civil, histoire, etc.).
Ici, la cote fournit des informations sur la langue employée dans le manuscrit, le latin, et sur son numéro d’ordre dans les rayonnages. Les chiffres ajoutés en dessous, 1514-III, indiquent, quant à eux, que le manuscrit fait partie de la Grande Réserve qui utilise une cotation spécifique.
Une autre étiquette portant la cote est également apposée sur le dos du manuscrit, de manière à ce que celle-ci soit bien visible lors du rangement du volume debout sur les rayonnages. Au Moyen Âge, on inscrivait le titre et, le cas échéant, la cote de l’ouvrage sur une pièce de parchemin clouée ou collée sur l’un des plats de reliure du manuscrit, car les manuscrits étaient alors rangés couchés dans les bibliothèques.

Contre-plat supérieur avec la cote du manuscrit
 
page de garde

page de garde

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Le papier marbré

Collée contre le plat intérieur de la reliure, cette contre-garde supérieure est faite de papier marbré, c’est-à-dire d’un papier étendu sur la surface d’une eau gommée sur laquelle flottent des couleurs formant des dessins. D’origine orientale, la technique de marbrure fut très employée en France à partir des années 1640 pour la reliure des livres.

page de garde
Contre-plat supérieur avec la cote du manuscrit
 

Contre-plat supérieur avec la cote du manuscrit
 

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La cote du manuscrit

La contre-garde porte en son centre une étiquette ronde bordée d’un liseré bleu, sur laquelle un bibliothécaire a tracé à la plume la cote du manuscrit lors de l’opération dite de rondage : "Lat. 1141. 1514, III". Ces indications renvoient au classement des manuscrits dans les magasins de la Bibliothèque. Regroupés par langues depuis le milieu du 17e siècle, ceux-ci sont ensuite classés par fonds, selon leur provenance et leur date d’entrée à la bibliothèque (Bibliothèque royale, saisies révolutionnaires, etc.), puis, à l’intérieur de chaque fonds, en fonction de leurs dimensions et des domaines de la pensée qu’ils couvrent (Bible, patristique, droit canon et civil, histoire, etc.).
Ici, la cote fournit des informations sur la langue employée dans le manuscrit, le latin, et sur son numéro d’ordre dans les rayonnages. Les chiffres ajoutés en dessous, 1514-III, indiquent, quant à eux, que le manuscrit fait partie de la Grande Réserve qui utilise une cotation spécifique.
Une autre étiquette portant la cote est également apposée sur le dos du manuscrit, de manière à ce que celle-ci soit bien visible lors du rangement du volume debout sur les rayonnages. Au Moyen Âge, on inscrivait le titre et, le cas échéant, la cote de l’ouvrage sur une pièce de parchemin clouée ou collée sur l’un des plats de reliure du manuscrit, car les manuscrits étaient alors rangés couchés dans les bibliothèques.

Contre-plat supérieur avec la cote du manuscrit
 
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Le papier marbré

Collée contre le plat intérieur de la reliure, cette contre-garde supérieure est faite de papier marbré, c’est-à-dire d’un papier étendu sur la surface d’une eau gommée sur laquelle flottent des couleurs formant des dessins. D’origine orientale, la technique de marbrure fut très employée en France à partir des années 1640 pour la reliure des livres.

page de garde
Page de garde en parchemin verso

Le parchemin : un nouveau support

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Au Moyen Âge, les manuscrits sont pour la plupart copiés sur du parchemin. Utilisé d’abord pour des petits documents, lettres ou quittances, le parchemin remplace le papyrus dès le 4e siècle. C'est une peau animale, le plus souvent de mouton, soigneusement préparée pour recevoir l'écriture. Le vélin, le plus réputé des parchemins, provient de la peau d’un veau mort-né. Matière solide, facile à plier, inscriptible des deux côtés, le parchemin transforme la forme du livre : les peaux, réunies en cahiers, permettent de feuilleter le manuscrit. Le codex ainsi formé contient beaucoup plus de textes que le rouleau, l'antique volumen, peu à peu abandonné. Le livre présente désormais une page avec des marges bien délimitées, permettant la mise en page du texte et de l'image, voire des commentaires. Cette mutation, qui prend plusieurs siècles, bouleverse les habitudes d’écriture et de lecture. Le parchemin devient le support essentiel du livre durant tout le Moyen Âge en Occident. Mais il reste un produit de grand luxe : près de 300 peaux de moutons sont nécessaires pour un manuscrit, parfois bien davantage. Le papier ne se répandra en Europe qu'à la fin du 13e siècle. Préparation des peaux
La peau est d'abord écorchée puis lavée pour enlever ses impuretés et nettoyer le pelage. Une fois égouttée et empilée, de la chaux est appliquée sur le côté chair de la peau. Pliée chair contre chair, elle repose ensuite quinze jours environ. Après quoi la peau est lavée et dépouillée de la laine. Elle est ensuite trempée dans des bains de chaux, sauf pour le vélin, de nouveau lavée et tendue sur des cadres appelés herses puis écharnée. Pour éviter que le parchemin ne boive l'encre, la peau est saupoudrée de craie. Enfin, elle est polie à la pierre ponce ; une peau d'agneau lainée fait disparaître les dernières irrégularités. Le parchemin peut alors être découpé en doubles feuilles pliées selon le format désiré.

Le parchemin : un nouveau support
Page de garde en parchemin
 

Page de garde en parchemin
 

Page de garde en parchemin
 
Page de garde en parchemin verso

Le parchemin : un nouveau support

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Au Moyen Âge, les manuscrits sont pour la plupart copiés sur du parchemin. Utilisé d’abord pour des petits documents, lettres ou quittances, le parchemin remplace le papyrus dès le 4e siècle. C'est une peau animale, le plus souvent de mouton, soigneusement préparée pour recevoir l'écriture. Le vélin, le plus réputé des parchemins, provient de la peau d’un veau mort-né. Matière solide, facile à plier, inscriptible des deux côtés, le parchemin transforme la forme du livre : les peaux, réunies en cahiers, permettent de feuilleter le manuscrit. Le codex ainsi formé contient beaucoup plus de textes que le rouleau, l'antique volumen, peu à peu abandonné. Le livre présente désormais une page avec des marges bien délimitées, permettant la mise en page du texte et de l'image, voire des commentaires. Cette mutation, qui prend plusieurs siècles, bouleverse les habitudes d’écriture et de lecture. Le parchemin devient le support essentiel du livre durant tout le Moyen Âge en Occident. Mais il reste un produit de grand luxe : près de 300 peaux de moutons sont nécessaires pour un manuscrit, parfois bien davantage. Le papier ne se répandra en Europe qu'à la fin du 13e siècle. Préparation des peaux
La peau est d'abord écorchée puis lavée pour enlever ses impuretés et nettoyer le pelage. Une fois égouttée et empilée, de la chaux est appliquée sur le côté chair de la peau. Pliée chair contre chair, elle repose ensuite quinze jours environ. Après quoi la peau est lavée et dépouillée de la laine. Elle est ensuite trempée dans des bains de chaux, sauf pour le vélin, de nouveau lavée et tendue sur des cadres appelés herses puis écharnée. Pour éviter que le parchemin ne boive l'encre, la peau est saupoudrée de craie. Enfin, elle est polie à la pierre ponce ; une peau d'agneau lainée fait disparaître les dernières irrégularités. Le parchemin peut alors être découpé en doubles feuilles pliées selon le format désiré.

Le parchemin : un nouveau support
Page de garde en parchemin
 

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Fol. 1 : page de titre avec lettre ornée
 

Fol. 1 : page de titre avec lettre ornée
 

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La page de titre
Appelée incipit d'après le premier mot du titre des formules latines, la page de titre renferme l’intitulé de l’ouvrage, Incipit liber sacramentorum de circulo anni a sancto Gregorio papa romano editus, et le début de l’Ordo missae, sorte de guide abrégé pour la célébration de l’avant-messe suivant le rit romain. Selon le titre, ce sacramentaire aurait été rédigé ("editus") par le pape Grégoire le Grand (590-604). Cette attribution posthume n'est attestée qu'à la fin du 8e siècle et due à l'action de Charlemagne. Soucieux d'unifier ses territoires par des pratiques religieuses communes, le roi des Francs souhaite réformer la liturgie sur le modèle romain et mettre à disposition de son clergé les livres nécessaires au culte. Il demande au pape Hadrien Ier (772-795) de lui envoyer, parmi d’autres livres liturgiques, un sacramentaire strictement romain. Dans la réponse qu’il envoie à Charlemagne entre 784 et 791, le pape indique que l’exemplaire qu’il lui a fait parvenir par l’intermédiaire de l’abbé Jean de Ravenne est un "sacramentaire arrangé (disposito) par Grégoire". Cependant, si ce dernier a joué un rôle certain dans la composition du livre, l’exemplaire envoyé à Charlemagne renferme des additions postérieures à la mort de Grégoire, correspondant aux usages liturgiques en cours à Rome à la fin du VIIIe siècle. Ce sont ainsi les copistes carolingiens qui ont interprété les propos d’Hadrien, en attribuant à Grégoire la pleine paternité de l’ouvrage. La mention "papa romano" et l’indication "qualiter missa romana celebratur" montrent bien qu’en faisant adopter le sacramentaire de type romain dans les églises franques, Charlemagne se réclamait ainsi de modèles prestigieux et prêtait une allégeance spirituelle à la papauté. Lettre ornée et titre en capitales
Transcrit en lettres capitales alternativement dorées, vertes et rouges, émaillées de nombreuses abréviations, le titre est introduit par une lettre ornée d’entrelacs franco-saxons et pourvue d’une terminaison végétale. Les motifs tressés qui garnissent le corps de la lettre sont également d’inspiration franco-saxonne. D’origine insulaire, ces motifs étaient très répandus dans les scriptoria carolingiens, ces ateliers de copie où circulaient de nombreux manuscrits importés de Grande-Bretagne. Les cotes de l'ouvrage
En haut de la page ont été reportées les anciennes côtes du manuscrit : le chiffre "1844" correspond à la cote de la bibliothèque de Colbert, qui l’a acheté en 1675 avec les livres faisant partie de la succession d’un académicien et collectionneur parisien, Jean Ballesdens, tandis que "Regius 4210 2.2" est l’ancienne cote de la Bibliothèque du Roi, qui s’est enrichie en 1732 des 8000 volumes ayant appartenu à Colbert. Enfin, le chiffre "1141" correspond au numéro de rangement actuel du volume dans le fonds latin.
Comme le veut l’usage, l’estampille de la Bibliothèque royale a été apposée sur cette première page, lors de l’entrée du manuscrit dans les collections.

Transcription
In nomine D[e]i incip[it] lib[er] sacram[en]toru[m] de circulo anni, a s[an]c[t]o Gregorio papa romano edit[us], qualit[er] missa romana celebrat[ur]. Hoc est in primis introit[us], qualis fuerit statutis te[m]porib[us] sive dieb[us] festis …

Traduction
Au nom de Dieu commence le livre des sacrements pour le courant de l’année, composé par saint Grégoire, le pape romain, à la manière duquel la messe romaine est célébrée. Voici d’abord l’Introït, tel qu’il se présente lors des jours fixes ou des jours de fête …

Fol. 1 : page de titre avec lettre ornée
 
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Fol. 1 : page de titre avec lettre ornée
 

Fol. 1 : page de titre avec lettre ornée
 

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La page de titre
Appelée incipit d'après le premier mot du titre des formules latines, la page de titre renferme l’intitulé de l’ouvrage, Incipit liber sacramentorum de circulo anni a sancto Gregorio papa romano editus, et le début de l’Ordo missae, sorte de guide abrégé pour la célébration de l’avant-messe suivant le rit romain. Selon le titre, ce sacramentaire aurait été rédigé ("editus") par le pape Grégoire le Grand (590-604). Cette attribution posthume n'est attestée qu'à la fin du 8e siècle et due à l'action de Charlemagne. Soucieux d'unifier ses territoires par des pratiques religieuses communes, le roi des Francs souhaite réformer la liturgie sur le modèle romain et mettre à disposition de son clergé les livres nécessaires au culte. Il demande au pape Hadrien Ier (772-795) de lui envoyer, parmi d’autres livres liturgiques, un sacramentaire strictement romain. Dans la réponse qu’il envoie à Charlemagne entre 784 et 791, le pape indique que l’exemplaire qu’il lui a fait parvenir par l’intermédiaire de l’abbé Jean de Ravenne est un "sacramentaire arrangé (disposito) par Grégoire". Cependant, si ce dernier a joué un rôle certain dans la composition du livre, l’exemplaire envoyé à Charlemagne renferme des additions postérieures à la mort de Grégoire, correspondant aux usages liturgiques en cours à Rome à la fin du VIIIe siècle. Ce sont ainsi les copistes carolingiens qui ont interprété les propos d’Hadrien, en attribuant à Grégoire la pleine paternité de l’ouvrage. La mention "papa romano" et l’indication "qualiter missa romana celebratur" montrent bien qu’en faisant adopter le sacramentaire de type romain dans les églises franques, Charlemagne se réclamait ainsi de modèles prestigieux et prêtait une allégeance spirituelle à la papauté. Lettre ornée et titre en capitales
Transcrit en lettres capitales alternativement dorées, vertes et rouges, émaillées de nombreuses abréviations, le titre est introduit par une lettre ornée d’entrelacs franco-saxons et pourvue d’une terminaison végétale. Les motifs tressés qui garnissent le corps de la lettre sont également d’inspiration franco-saxonne. D’origine insulaire, ces motifs étaient très répandus dans les scriptoria carolingiens, ces ateliers de copie où circulaient de nombreux manuscrits importés de Grande-Bretagne. Les cotes de l'ouvrage
En haut de la page ont été reportées les anciennes côtes du manuscrit : le chiffre "1844" correspond à la cote de la bibliothèque de Colbert, qui l’a acheté en 1675 avec les livres faisant partie de la succession d’un académicien et collectionneur parisien, Jean Ballesdens, tandis que "Regius 4210 2.2" est l’ancienne cote de la Bibliothèque du Roi, qui s’est enrichie en 1732 des 8000 volumes ayant appartenu à Colbert. Enfin, le chiffre "1141" correspond au numéro de rangement actuel du volume dans le fonds latin.
Comme le veut l’usage, l’estampille de la Bibliothèque royale a été apposée sur cette première page, lors de l’entrée du manuscrit dans les collections.

Transcription
In nomine D[e]i incip[it] lib[er] sacram[en]toru[m] de circulo anni, a s[an]c[t]o Gregorio papa romano edit[us], qualit[er] missa romana celebrat[ur]. Hoc est in primis introit[us], qualis fuerit statutis te[m]porib[us] sive dieb[us] festis …

Traduction
Au nom de Dieu commence le livre des sacrements pour le courant de l’année, composé par saint Grégoire, le pape romain, à la manière duquel la messe romaine est célébrée. Voici d’abord l’Introït, tel qu’il se présente lors des jours fixes ou des jours de fête …

Fol. 1 : page de titre avec lettre ornée
 
Fol. 1v : Ordo abrégé de la messe en lettres capitales
 

Fol. 1v : Ordo abrégé de la messe en lettres capitales
 

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L'Ordo missae
Sur ce feuillet et le suivant, se trouve précisé en lettres capitales l'ordre dans lequel les prières doivent être prononcées avant le canon. De telles indications étaient nécessaires pour que les clercs respectent bien le rite usité par l’Église romaine, rite que Charlemagne a fait introduire en pays franc et germanique. Une fois le célébrant et les clercs entrés en procession dans l’église, la messe commence par l’Introït, suivi du Kyrie eleison, puis du Gloria. Se succèdent ensuite la collecte ou oraison sur l’assemblée qui rassemble les demandes formulées par les fidèles, puis les lectures, la première d’une Épître de saint Paul, la seconde d’un Évangile, entrecoupées du Graduel et de l’Alleluia. Enfin viennent l’offertoire et l’oraison sur les offrandes destinées à préparer le sacrifice eucharistique.

Transcription
… seu cotidianis dieb[us], deinde KYPPYE HΛHYCΩN [Kyrrye eleyson]. Ite[m] dicit[ur] gloria in excelsis D[e]o, si ep[isco]p[u]s fuerit tantu[m] modo dominico die sive dieb[us] festis, a pr[e]sb[iteris] aut[em] minime dicit[ur] nisi solo in die Pascha. Quando vero laetania agit[ur] neq[ue] … 

Traduction
… ou tous les jours, ensuite le Kyrie eleison. Puis on prononce le Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, si l’évêque est là seulement le dimanche et les jours de fête ; sinon, il est au moins prononcé par les prêtres à Pâques. Lorsque ce sont les litanies, ni …

Fol. 1v : Ordo abrégé de la messe en lettres capitales
 
Fol. 2 : Ordo abrégé de la messe en lettres capitales

Fol. 2 : Ordo abrégé de la messe en lettres capitales

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Des encres de couleurs
Si le rouge et le vert sont d’un emploi courant dans les manuscrits de l’époque carolingienne, l’or, en revanche, était réservé aux manuscrits liturgiques de grand luxe, tel ce sacramentaire royal, car, investi d’une forte charge symbolique, ce matériau précieux avait pour fonction de glorifier le texte sacré, tout comme la pourpre ou l’argent.

Des abréviations
Pour gagner de la place, le copiste a abrégé de nombreux mots à l’aide de tildes, petits points et autres symboles et enclavé certaines lettres les unes dans les autres. L’ensemble offre un bel exemple de cet art de la calligraphie dans lequel excellaient particulièrement les copistes de cette époque.

 

Transcription
… glori[a] in exc[elsis] D[e]o neq[ue] all[eluia] canit[ur]. Post modum dicit[ur] or[atio], deinde sequit[ur] ap[osto]l[u]m. Ite[m] gradalis seu all[eluia]. Post modu[m] legit[ur] ev[an]g[elium], deinde off[ertorium], et dicit[ur] or[atio] super ob[latam]. Qua completa dicit sacerdos excelsa voce
: …

 

Traduction
…  la Gloire à Dieu au plus haut des Cieux ni l’Alléluia ne sont chantés. Après on prononce l’oraison, ensuite vient l’Épître des apôtres, puis le Graduel ou l’Alléluia. Après on lit l’Évangile, puis l’offertoire, et on prononce l’oraison sur les offrandes que le prêtre achève en prononçant à haute voix : …

Fol. 2 : Ordo abrégé de la messe en lettres capitales
Fol. 1v : Ordo abrégé de la messe en lettres capitales
 

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L'Ordo missae
Sur ce feuillet et le suivant, se trouve précisé en lettres capitales l'ordre dans lequel les prières doivent être prononcées avant le canon. De telles indications étaient nécessaires pour que les clercs respectent bien le rite usité par l’Église romaine, rite que Charlemagne a fait introduire en pays franc et germanique. Une fois le célébrant et les clercs entrés en procession dans l’église, la messe commence par l’Introït, suivi du Kyrie eleison, puis du Gloria. Se succèdent ensuite la collecte ou oraison sur l’assemblée qui rassemble les demandes formulées par les fidèles, puis les lectures, la première d’une Épître de saint Paul, la seconde d’un Évangile, entrecoupées du Graduel et de l’Alleluia. Enfin viennent l’offertoire et l’oraison sur les offrandes destinées à préparer le sacrifice eucharistique.

Transcription
… seu cotidianis dieb[us], deinde KYPPYE HΛHYCΩN [Kyrrye eleyson]. Ite[m] dicit[ur] gloria in excelsis D[e]o, si ep[isco]p[u]s fuerit tantu[m] modo dominico die sive dieb[us] festis, a pr[e]sb[iteris] aut[em] minime dicit[ur] nisi solo in die Pascha. Quando vero laetania agit[ur] neq[ue] … 

Traduction
… ou tous les jours, ensuite le Kyrie eleison. Puis on prononce le Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, si l’évêque est là seulement le dimanche et les jours de fête ; sinon, il est au moins prononcé par les prêtres à Pâques. Lorsque ce sont les litanies, ni …

Fol. 1v : Ordo abrégé de la messe en lettres capitales
 
Fol. 2 : Ordo abrégé de la messe en lettres capitales

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Des encres de couleurs
Si le rouge et le vert sont d’un emploi courant dans les manuscrits de l’époque carolingienne, l’or, en revanche, était réservé aux manuscrits liturgiques de grand luxe, tel ce sacramentaire royal, car, investi d’une forte charge symbolique, ce matériau précieux avait pour fonction de glorifier le texte sacré, tout comme la pourpre ou l’argent.

Des abréviations
Pour gagner de la place, le copiste a abrégé de nombreux mots à l’aide de tildes, petits points et autres symboles et enclavé certaines lettres les unes dans les autres. L’ensemble offre un bel exemple de cet art de la calligraphie dans lequel excellaient particulièrement les copistes de cette époque.

 

Transcription
… glori[a] in exc[elsis] D[e]o neq[ue] all[eluia] canit[ur]. Post modum dicit[ur] or[atio], deinde sequit[ur] ap[osto]l[u]m. Ite[m] gradalis seu all[eluia]. Post modu[m] legit[ur] ev[an]g[elium], deinde off[ertorium], et dicit[ur] or[atio] super ob[latam]. Qua completa dicit sacerdos excelsa voce
: …

 

Traduction
…  la Gloire à Dieu au plus haut des Cieux ni l’Alléluia ne sont chantés. Après on prononce l’oraison, ensuite vient l’Épître des apôtres, puis le Graduel ou l’Alléluia. Après on lit l’Évangile, puis l’offertoire, et on prononce l’oraison sur les offrandes que le prêtre achève en prononçant à haute voix : …

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Fol. 2v : allégorie de la royauté de droit divin

Fol. 2v : allégorie de la royauté de droit divin

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En l’absence d’une légende, qui vraisemblablement devait s’insérer dans le cartouche de pourpre prévu à cet effet, l’identification des personnages demeure incertaine. Différentes hypothèses ont été avancées. Suivant l’une d’entre elles, il convient d’interpréter cette image par rapport à celle de saint Grégoire placée en regard. Les trois personnages nimbés seraient ainsi, au centre, Charlemagne, le promoteur du sacramentaire grégorien dans le royaume franc, à gauche, saint Grégoire tenant son ouvrage ouvert, et, à droite, le pape Gélase (492-496), l’auteur d’un autre sacramentaire plus ancien répandu dans le royaume franc avant l’adoption de la liturgie romaine et dont le livre fermé suggère l’abandon de cette version au profit de celle de saint Grégoire.
Toutefois, il est communément admis aujourd’hui que le souverain nimbé serait plutôt le petit-fils de Charlemagne, son plus prestigieux héritier, Charles le Chauve, sacré roi de Lotharingie à Metz le 9 septembre 869, et commanditaire probable de ce sacramentaire pour l'occasion. Le nimbe qui l’entoure revêt ici une connotation hiérarchique, comme c’est parfois le cas dans l’art paléochrétien. Les deux dignitaires ecclésiastiques, quant à eux, pourraient être Hincmar, archevêque de Reims, et Adventius, évêque de Metz, lesquels octroyèrent l’onction royale à Charles le Chauve dans la cathédrale de Metz.

Fol. 2v : allégorie de la royauté de droit divin
Fol. 3

Fol. 3

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Fol. 3 : saint Grégoire inspiré par le Saint Esprit dictant le sacramentaire à ses scribes

Souvent représentée dans les portraits d’évangélistes ornant les livres d’Évangiles, l’activité de copie se déroulait essentiellement dans les scriptoria des monastères ou des églises cathédrales durant le haut Moyen Âge. Du verbe latin scribere, "écrire", le scriptorium désigne l'atelier dans lequel les religieux réalisaient des copies manuscrites. Ils travaillaient en équipe, encadrés par des chefs d'atelier qui distribuaient puis contrôlaient et corrigeaient leur travail afin que les textes édités soient les meilleurs possibles. Des échanges, des prêts entre établissements religieux ou des achats de manuscrits fournissaient alors les modèles indispensables.
Le style pictural de la scène, le modelé souple et ondoyant des drapés et la carnation blanche des visages évoquent l’art des scriptoria rémois, dont l’influence s’est propagée bien au-delà de la région champenoise grâce à la circulation des artistes d’un centre à l’autre. La peinture est enchâssée dans un riche cadre d’acanthes et devait recevoir une légende dans le cartouche de pourpre.

 

Fol. 3
Fol. 2v : allégorie de la royauté de droit divin

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En l’absence d’une légende, qui vraisemblablement devait s’insérer dans le cartouche de pourpre prévu à cet effet, l’identification des personnages demeure incertaine. Différentes hypothèses ont été avancées. Suivant l’une d’entre elles, il convient d’interpréter cette image par rapport à celle de saint Grégoire placée en regard. Les trois personnages nimbés seraient ainsi, au centre, Charlemagne, le promoteur du sacramentaire grégorien dans le royaume franc, à gauche, saint Grégoire tenant son ouvrage ouvert, et, à droite, le pape Gélase (492-496), l’auteur d’un autre sacramentaire plus ancien répandu dans le royaume franc avant l’adoption de la liturgie romaine et dont le livre fermé suggère l’abandon de cette version au profit de celle de saint Grégoire.
Toutefois, il est communément admis aujourd’hui que le souverain nimbé serait plutôt le petit-fils de Charlemagne, son plus prestigieux héritier, Charles le Chauve, sacré roi de Lotharingie à Metz le 9 septembre 869, et commanditaire probable de ce sacramentaire pour l'occasion. Le nimbe qui l’entoure revêt ici une connotation hiérarchique, comme c’est parfois le cas dans l’art paléochrétien. Les deux dignitaires ecclésiastiques, quant à eux, pourraient être Hincmar, archevêque de Reims, et Adventius, évêque de Metz, lesquels octroyèrent l’onction royale à Charles le Chauve dans la cathédrale de Metz.

Fol. 2v : allégorie de la royauté de droit divin
Fol. 3

Fol. 3

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Fol. 3 : saint Grégoire inspiré par le Saint Esprit dictant le sacramentaire à ses scribes

Souvent représentée dans les portraits d’évangélistes ornant les livres d’Évangiles, l’activité de copie se déroulait essentiellement dans les scriptoria des monastères ou des églises cathédrales durant le haut Moyen Âge. Du verbe latin scribere, "écrire", le scriptorium désigne l'atelier dans lequel les religieux réalisaient des copies manuscrites. Ils travaillaient en équipe, encadrés par des chefs d'atelier qui distribuaient puis contrôlaient et corrigeaient leur travail afin que les textes édités soient les meilleurs possibles. Des échanges, des prêts entre établissements religieux ou des achats de manuscrits fournissaient alors les modèles indispensables.
Le style pictural de la scène, le modelé souple et ondoyant des drapés et la carnation blanche des visages évoquent l’art des scriptoria rémois, dont l’influence s’est propagée bien au-delà de la région champenoise grâce à la circulation des artistes d’un centre à l’autre. La peinture est enchâssée dans un riche cadre d’acanthes et devait recevoir une légende dans le cartouche de pourpre.

 

Fol. 3
Fol. 3v : Préface du canon, prière Per omnia saecula saeculorum
 

Fol. 3v : Préface du canon, prière Per omnia saecula saeculorum
 

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Le Per omnia saecula saeculorum marque la fin de l’oraison sur les offrandes, appelée aussi Secrètes, et le début de la Préface du canon de la messe. L’importance de cette formule-clé dans la liturgie eucharistique est ici soulignée par sa présentation particulièrement luxueuse : transcrite en lettres capitales d’or sur des bandes pourprées séparées les unes des autres par des bandes de couleur alternativement bleues et vertes, elle est en outre enchâssée dans un riche cadre dont la bordure extérieure semée de ronds bleus et de rectangles verts imite les reliures d’orfèvrerie carolingiennes incrustées de chatons garnis de saphirs ou d’émeraudes. Ces emprunts à l’art de l’orfèvrerie, que l’on retrouve dans la plupart des feuillets suivants, témoignent des liens qui unissent les différents arts et suggèrent que les artistes de cette époque pouvaient être polyvalents et maîtriser ainsi plusieurs techniques artistiques comme l’orfèvrerie, la sculpture sur ivoire ou l’enluminure.

Transcription
… per omnia secula s[e]cu[l]oru[m]. R. Amen.
D[omi]n[u]s vobiscum.
Et cu[m] spiritu tuo.
Sursum corda.
Habemus ad D[omi]n[u]m.
Gratias agamus D[omi]no D[e]o n[ost]ro.

Dignu[m] et iustu[m] e[st].

Traduction
… dans tous les siècles des siècles. Amen.
Le Seigneur soit avec vous.
Et avec votre esprit.
Haut les cœurs !
Nous les avons près du Seigneur.
Rendons grâces au Seigneur notre Dieu.
C’est juste et nécessaire.

Fol. 3v : Préface du canon, prière Per omnia saecula saeculorum
 
Fol. 4 : Préface du canon, monogramme VD du Vere Dignum
 

Fol. 4 : Préface du canon, monogramme VD du Vere Dignum
 

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D’une profusion ornementale extraordinaire, cette page renferme le monogramme VD du Vere Dignum, la première prière de la Préface du canon. Très tôt, ces deux initiales ont reçu dans les sacramentaires une décoration ornementale recherchée, en raison du caractère particulièrement solennel de ce moment de la liturgie eucharistique. Dans les manuscrits carolingiens, elles sont prétextes à toutes sortes de combinaisons aussi savantes qu’insolites. Ici, les initiales dorées du Vere Dignum s’ornent à leurs extrémités d’entrelacs d’où s’échappent de luxuriants rinceaux ornés de feuilles d’acanthes semblables à celles que l’on trouve dans les manuscrits réalisés à Metz sous l’épiscopat de Drogon. L’ensemble se détache sur un fond multicolore semé de pointillés blancs dont certains, mêlés à de fins motifs dorés, imitent le porphyre des colonnes antiques. Le cartouche pourpré en dessous renferme les paroles qui suivent le Vere dignum.

Transcription
V[ere] d[ignum et justum est], aequu[m] et s[a]l[u]ut[a]re … 

Traduction
Il est vraiment juste et nécessaire, c’est notre devoir et c'est notre salut …

Fol. 4 : Préface du canon, monogramme VD du Vere Dignum
 
Fol. 3v : Préface du canon, prière Per omnia saecula saeculorum
 

Fol. 3v : Préface du canon, prière Per omnia saecula saeculorum
 

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Le Per omnia saecula saeculorum marque la fin de l’oraison sur les offrandes, appelée aussi Secrètes, et le début de la Préface du canon de la messe. L’importance de cette formule-clé dans la liturgie eucharistique est ici soulignée par sa présentation particulièrement luxueuse : transcrite en lettres capitales d’or sur des bandes pourprées séparées les unes des autres par des bandes de couleur alternativement bleues et vertes, elle est en outre enchâssée dans un riche cadre dont la bordure extérieure semée de ronds bleus et de rectangles verts imite les reliures d’orfèvrerie carolingiennes incrustées de chatons garnis de saphirs ou d’émeraudes. Ces emprunts à l’art de l’orfèvrerie, que l’on retrouve dans la plupart des feuillets suivants, témoignent des liens qui unissent les différents arts et suggèrent que les artistes de cette époque pouvaient être polyvalents et maîtriser ainsi plusieurs techniques artistiques comme l’orfèvrerie, la sculpture sur ivoire ou l’enluminure.

Transcription
… per omnia secula s[e]cu[l]oru[m]. R. Amen.
D[omi]n[u]s vobiscum.
Et cu[m] spiritu tuo.
Sursum corda.
Habemus ad D[omi]n[u]m.
Gratias agamus D[omi]no D[e]o n[ost]ro.

Dignu[m] et iustu[m] e[st].

Traduction
… dans tous les siècles des siècles. Amen.
Le Seigneur soit avec vous.
Et avec votre esprit.
Haut les cœurs !
Nous les avons près du Seigneur.
Rendons grâces au Seigneur notre Dieu.
C’est juste et nécessaire.

Fol. 3v : Préface du canon, prière Per omnia saecula saeculorum
 
Fol. 4 : Préface du canon, monogramme VD du Vere Dignum
 

Fol. 4 : Préface du canon, monogramme VD du Vere Dignum
 

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D’une profusion ornementale extraordinaire, cette page renferme le monogramme VD du Vere Dignum, la première prière de la Préface du canon. Très tôt, ces deux initiales ont reçu dans les sacramentaires une décoration ornementale recherchée, en raison du caractère particulièrement solennel de ce moment de la liturgie eucharistique. Dans les manuscrits carolingiens, elles sont prétextes à toutes sortes de combinaisons aussi savantes qu’insolites. Ici, les initiales dorées du Vere Dignum s’ornent à leurs extrémités d’entrelacs d’où s’échappent de luxuriants rinceaux ornés de feuilles d’acanthes semblables à celles que l’on trouve dans les manuscrits réalisés à Metz sous l’épiscopat de Drogon. L’ensemble se détache sur un fond multicolore semé de pointillés blancs dont certains, mêlés à de fins motifs dorés, imitent le porphyre des colonnes antiques. Le cartouche pourpré en dessous renferme les paroles qui suivent le Vere dignum.

Transcription
V[ere] d[ignum et justum est], aequu[m] et s[a]l[u]ut[a]re … 

Traduction
Il est vraiment juste et nécessaire, c’est notre devoir et c'est notre salut …

Fol. 4 : Préface du canon, monogramme VD du Vere Dignum
 
Fol. 4v : Préface du canon, prière Nos tibi semper et ubique gratias agere
 

Fol. 4v : Préface du canon, prière Nos tibi semper et ubique gratias agere
 

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La suite de la prière Vere dignum est transcrite sur cette page en lettres onciales d’or, l’écriture calligraphique élaborée dans l’Antiquité à partir de la capitale et de la cursive romaines. Utilisée couramment pour la copie des textes sacrés dès le IVe siècle, elle était considérée comme une écriture de luxe par les Carolingiens qui en réservaient l’usage aux titres des manuscrits liturgiques.
Le texte est enchâssé dans un luxuriant cadre orné de feuillages stylisés et, au centre, de segments semés de pointillés blancs, rouges et dorés qui imitent les colonnes antiques de porphyre. L’ensemble est rehaussé d’une bordure extérieure dorée et sertie de pierres précieuses, à la manière des reliures d’orfèvrerie de cette époque. Une telle richesse ornementale rappelle les grandes créations de l’école du palais de Charlemagne.

Transcription
… nos tibi semper et ubiq[ue] gratias agere,
D[omi]ne, s[an]c[t]e Pater, omnipotens aeterne D[eu]s, per Christum D[omi]n[u]m nostrum.
Per quem maiestatem tuam laudant angeli, adorant dominationes, tremunt potestates, caeli caelorumq[ue] virtutes ac beata seraphyn socia exultatione concelebrant.
Cum quibus et nostras voces, ut admitti iubeas deprecamur, supplici confessione dicentes : …

Traduction
… de vous rendre grâces toujours et partout,
Seigneur, Père saint, Dieu tout puissant éternel, par le Christ, notre Seigneur.
Par lui, les Anges célèbrent votre divine majesté, les Dominations l’adorent, les Puissances la respectent, les Cieux, les Vertus célestes et les bienheureux Séraphins l’honorent dans une liesse unanime.
À leurs chants nous vous prions de laisser se joindre nos voix, pour proclamer dans une humble louange : …

Fol. 4v : Préface du canon, prière Nos tibi semper et ubique gratias agere
 
Fol. 5 : Christ en majesté
 

Fol. 5 : Christ en majesté
 

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Le Christ en majesté est entouré par les quatre Vivants évoqués dans l’Apocalypse, assimilés aux quatre évangélistes : l’ange pour saint Matthieu, le taureau pour saint Luc, le lion pour saint Marc, l’aigle pour saint Jean. Jeune et imberbe, le Christ trône sur un globe. D'une main, il présente l'hostie, son Incarnation, qui permet aux hommes de communier avec lui. À moins qu'il s'agisse d'un globe d'or, symbole de Sa toute puissance ? De l'autre main, il présente la Bible où sa Parole est révélée.
Tout autour, étagés sur trois niveaux, le chœur des anges dirigé par un séraphin chante, conformément au texte de la prière, les louanges de la Majesté divine, visages tournés vers celle-ci et mains écartées en signe d’adoration. Les diverses catégories de la hiérarchie céleste énumérées dans le texte (dominations, puissances, vertus, etc.) sont ici suggérées à travers les différents niveaux de l’image.
L’influence de l’école de Tours est perceptible à travers la représentation du Christ au ventre en amande et de la mandorle aux cercles concentriques de couleur, tandis que le traitement pictural des figures et les plis scintillants des drapés évoquent l’art de Reims.

Fol. 5 : Christ en majesté
 
Fol. 4v : Préface du canon, prière Nos tibi semper et ubique gratias agere
 

Fol. 4v : Préface du canon, prière Nos tibi semper et ubique gratias agere
 

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La suite de la prière Vere dignum est transcrite sur cette page en lettres onciales d’or, l’écriture calligraphique élaborée dans l’Antiquité à partir de la capitale et de la cursive romaines. Utilisée couramment pour la copie des textes sacrés dès le IVe siècle, elle était considérée comme une écriture de luxe par les Carolingiens qui en réservaient l’usage aux titres des manuscrits liturgiques.
Le texte est enchâssé dans un luxuriant cadre orné de feuillages stylisés et, au centre, de segments semés de pointillés blancs, rouges et dorés qui imitent les colonnes antiques de porphyre. L’ensemble est rehaussé d’une bordure extérieure dorée et sertie de pierres précieuses, à la manière des reliures d’orfèvrerie de cette époque. Une telle richesse ornementale rappelle les grandes créations de l’école du palais de Charlemagne.

Transcription
… nos tibi semper et ubiq[ue] gratias agere,
D[omi]ne, s[an]c[t]e Pater, omnipotens aeterne D[eu]s, per Christum D[omi]n[u]m nostrum.
Per quem maiestatem tuam laudant angeli, adorant dominationes, tremunt potestates, caeli caelorumq[ue] virtutes ac beata seraphyn socia exultatione concelebrant.
Cum quibus et nostras voces, ut admitti iubeas deprecamur, supplici confessione dicentes : …

Traduction
… de vous rendre grâces toujours et partout,
Seigneur, Père saint, Dieu tout puissant éternel, par le Christ, notre Seigneur.
Par lui, les Anges célèbrent votre divine majesté, les Dominations l’adorent, les Puissances la respectent, les Cieux, les Vertus célestes et les bienheureux Séraphins l’honorent dans une liesse unanime.
À leurs chants nous vous prions de laisser se joindre nos voix, pour proclamer dans une humble louange : …

Fol. 4v : Préface du canon, prière Nos tibi semper et ubique gratias agere
 
Fol. 5 : Christ en majesté
 

Fol. 5 : Christ en majesté
 

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Le Christ en majesté est entouré par les quatre Vivants évoqués dans l’Apocalypse, assimilés aux quatre évangélistes : l’ange pour saint Matthieu, le taureau pour saint Luc, le lion pour saint Marc, l’aigle pour saint Jean. Jeune et imberbe, le Christ trône sur un globe. D'une main, il présente l'hostie, son Incarnation, qui permet aux hommes de communier avec lui. À moins qu'il s'agisse d'un globe d'or, symbole de Sa toute puissance ? De l'autre main, il présente la Bible où sa Parole est révélée.
Tout autour, étagés sur trois niveaux, le chœur des anges dirigé par un séraphin chante, conformément au texte de la prière, les louanges de la Majesté divine, visages tournés vers celle-ci et mains écartées en signe d’adoration. Les diverses catégories de la hiérarchie céleste énumérées dans le texte (dominations, puissances, vertus, etc.) sont ici suggérées à travers les différents niveaux de l’image.
L’influence de l’école de Tours est perceptible à travers la représentation du Christ au ventre en amande et de la mandorle aux cercles concentriques de couleur, tandis que le traitement pictural des figures et les plis scintillants des drapés évoquent l’art de Reims.

Fol. 5 : Christ en majesté
 
Fol. 5v : cour céleste
 

Fol. 5v : cour céleste
 

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La cour céleste s'étage en cinq degrés hiérarchiques, anges, apôtres, martyrs, confesseurs et docteurs, vierges. Chaque catégorie est représentée avec ses attributs traditionnels respectifs : les anges et les vierges tiennent une couronne, les martyrs une palme, les apôtres, confesseurs et docteurs un livre ou un rouleau. Parmi les apôtres, saint Pierre et saint Paul sont reconnaissables, le premier aux clefs avec le monogramme FR qu’il tient en main, le second à son apparence physique (calvitie et barbe brune) et à sa position proche de celle de Pierre. Quant à la Vierge Marie, elle conduit le chœur des vierges, les mains écartées en signe d'adoration. Tous sont réunis dans la contemplation du Christ en majesté placé en regard, auquel ils rendent grâce, le buste penché vers Lui. L’ensemble forme un tableau très vivant, l’artiste s’étant efforcé de caractériser les personnages à travers leur apparence physique, leurs costumes ou les attitudes variées de leurs visages, et de représenter l’élan qui les entraîne vers la divinité.

Fol. 5v : cour céleste
 
Fol. 6 : Christ en majesté
 

Fol. 6 : Christ en majesté
 

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Adoré par la cour céleste, le Christ en majesté apparaît ici entouré de deux séraphins et des allégories de l’Océan (en bas à gauche) et de la Terre nourricière (en bas à droite). Comme dans l’image précédente du folio 5, le Christ trône sur un globe, avec une hostie (ou un globe d'or ?) et la Bible dans les mains ; l’ensemble s’inscrit dans une mandorle aux bandes de couleur concentriques. Le Christ est ici barbu, comme dans certaines Majestés tourangelles. En dessous, la prière du Sanctus, auquel s’associait la communauté des fidèles, s'inscrit en lettres onciales d'or dans un cartouche au fond pourpré.
Dérivées de représentations antiques, l’Océan et la Terre sont personnifiés sous une forme que l'on retrouve dans d'autres œuvres carolingiennes : l'Océan en homme demi-nu tenant un poisson et une jarre en main, juché sur un monstre marin ; la Terre en mère nourricière allaitant deux enfants, la tête appuyée sur son bras gauche. Tous deux contemplent le Christ qui les domine haut dans les cieux.

Transcription
S[an]c[tu]s, S[an]c[tu]s, S[an]c[tu]s [Domi]n[u]s D[eu]s Sabaoth. Pleni sunt et caeli et t[er]ra gl[ori]a. Hosanna in excelsis. Benedict[us] qui venit in n[o]m[ine] D[omini].
Osanna in excelsis.

Traduction
Saint, Saint, Saint est le Seigneur, Dieu des puissances. Les cieux et la terre sont remplis de votre gloire. Hosanna au plus haut des cieux. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
Hosanna au plus haut des cieux.

Fol. 6 : Christ en majesté
 
Fol. 5v : cour céleste
 

Fol. 5v : cour céleste
 

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La cour céleste s'étage en cinq degrés hiérarchiques, anges, apôtres, martyrs, confesseurs et docteurs, vierges. Chaque catégorie est représentée avec ses attributs traditionnels respectifs : les anges et les vierges tiennent une couronne, les martyrs une palme, les apôtres, confesseurs et docteurs un livre ou un rouleau. Parmi les apôtres, saint Pierre et saint Paul sont reconnaissables, le premier aux clefs avec le monogramme FR qu’il tient en main, le second à son apparence physique (calvitie et barbe brune) et à sa position proche de celle de Pierre. Quant à la Vierge Marie, elle conduit le chœur des vierges, les mains écartées en signe d'adoration. Tous sont réunis dans la contemplation du Christ en majesté placé en regard, auquel ils rendent grâce, le buste penché vers Lui. L’ensemble forme un tableau très vivant, l’artiste s’étant efforcé de caractériser les personnages à travers leur apparence physique, leurs costumes ou les attitudes variées de leurs visages, et de représenter l’élan qui les entraîne vers la divinité.

Fol. 5v : cour céleste
 
Fol. 6 : Christ en majesté
 

Fol. 6 : Christ en majesté
 

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Adoré par la cour céleste, le Christ en majesté apparaît ici entouré de deux séraphins et des allégories de l’Océan (en bas à gauche) et de la Terre nourricière (en bas à droite). Comme dans l’image précédente du folio 5, le Christ trône sur un globe, avec une hostie (ou un globe d'or ?) et la Bible dans les mains ; l’ensemble s’inscrit dans une mandorle aux bandes de couleur concentriques. Le Christ est ici barbu, comme dans certaines Majestés tourangelles. En dessous, la prière du Sanctus, auquel s’associait la communauté des fidèles, s'inscrit en lettres onciales d'or dans un cartouche au fond pourpré.
Dérivées de représentations antiques, l’Océan et la Terre sont personnifiés sous une forme que l'on retrouve dans d'autres œuvres carolingiennes : l'Océan en homme demi-nu tenant un poisson et une jarre en main, juché sur un monstre marin ; la Terre en mère nourricière allaitant deux enfants, la tête appuyée sur son bras gauche. Tous deux contemplent le Christ qui les domine haut dans les cieux.

Transcription
S[an]c[tu]s, S[an]c[tu]s, S[an]c[tu]s [Domi]n[u]s D[eu]s Sabaoth. Pleni sunt et caeli et t[er]ra gl[ori]a. Hosanna in excelsis. Benedict[us] qui venit in n[o]m[ine] D[omini].
Osanna in excelsis.

Traduction
Saint, Saint, Saint est le Seigneur, Dieu des puissances. Les cieux et la terre sont remplis de votre gloire. Hosanna au plus haut des cieux. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
Hosanna au plus haut des cieux.

Fol. 6 : Christ en majesté
 
Fol. 6v : Christ en Croix figurant la lettre T du Te Igitur
 

Fol. 6v : Christ en Croix figurant la lettre T du Te Igitur
 

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Les nombreux débats théologiques autour de la Passion du Christ et les prises de position des Carolingiens en faveur d’une dimension pédagogique et affective des images ont favorisé l’essor de l’iconographie de la Crucifixion dès la fin du 8e siècle. Celle-ci est abondamment représentée dans les œuvres de l’époque carolingienne. Dans les sacramentaires, on la trouve en tête de la prière Te Igitur qui ouvre le canon de la messe et constitue ainsi, comme le Vere dignum, l’un des temps forts de la décoration de ces manuscrits liturgiques.
Symbole de la croix, l’initiale T revêt ici l’aspect d’un véritable tableau de la Crucifixion. Auréolé d’un nimbe crucifère, le Christ en croix apparaît les yeux ouverts et les traits sereins, à la fois vainqueur et vaincu, mort et toujours vivant. Il est entouré des personnifications du soleil et de la lune dans des disques qui symbolisent la dimension cosmique du Salut. À ses pieds, le serpent évoque son triomphe sur la mort et sur le mal. Cette image invite ainsi le lecteur à contempler l’immortalité et l’éternelle majesté du Christ.
Le champ bleu de la croix est orné aux extrémités d’entrelacs dorés d’où s’échappent de luxuriants rinceaux. Cette exubérance végétale rappelle les compositions de l’enlumineur du sacramentaire de Drogon, et ses initiales ornées de rinceaux antiques qui s’enroulent librement sur les montants. À droite, le cartouche de pourpre renferme, inscrites en capitales dorées, les lettres suivantes de la prière : [T…] E IGITUR (Vous donc).
Inséré dans un cadre particulièrement somptueux délicatement bordé de porphyre, de feuillages stylisés et de pierres précieuses, ce tableau est l’une des œuvres les plus abouties du sacramentaire, tant sur le plan spirituel qu'artistique.

 

Fol. 6v : Christ en Croix figurant la lettre T du Te Igitur
 
Fol. 7 : début du canon de la messe
 

Fol. 7 : début du canon de la messe
 

Plus de détails sur la page

Après le Sanctus se déroule le canon de la messe, nommé ainsi car il correspond au moment où les sacrements du Seigneur sont accomplis suivant un rite bien précis et codifié. Très proche du canon de la messe latine moderne, il s’ouvre avec la demande de consécration des offrandes (Te igitur clementissime Pater), la prière pour l’Église universelle (In primis quae tibi offerimus pro Ecclesia tua...) et la prière pour les vivants (Memento, Domine, famulorum famularumque tuarum...). Son importance dans le manuscrit est mise en valeur à travers la transcription des trois prières à l’aide d’une écriture calligraphique de luxe d’origine antique, l’onciale, et l’emploi d’une encre d’or. Le texte est enchâssé dans une triple bordure de porphyre, végétaux stylisés et pierres précieuses, identique à celle du feuillet précédent.

 

Transcription
clementissime Pater, per Ih[esu]m [Christu]m filium tuum, D[omi]n[u]m n[ost]r[u]m, supplices rogamus et petim[us] uti accepta habeas, et bene dicas + haec dona + haec munera + haec s[an]c[t]a sacrificia inlibata. In primis quae tibi offerimus pro ecclesia tua s[an]c[t]a catholica, quam pacificare, custodire, adunare et regere digneris toto orbe terraru[m], una cum famulo tuo papa n[ost]ro illo et antiste nostro et rege n[ost]ro et omnibus orthodoxis atq[ue] catholicae et apostolicae fidei cultorib[us].
Memento, D[omi]ne, famulorum famularumq[ue] tuarum


… Traduction
Père très bon, par Jésus Christ, votre Fils, notre Seigneur, nous vous supplions d’accepter et de bénir ces dons, ces présents, ces offrandes saintes et toutes pures. Tout d’abord, nous vous les offrons pour votre sainte église catholique, daignez lui donner la paix, la protéger, la rassembler et la gouverner à travers le monde entier, et aussi pour votre serviteur, notre Pape, et pour notre évêque et pour notre roi et pour tous les orthodoxes et serviteurs de la foi catholique et apostolique.
Souvenez-vous, Seigneur, de vos serviteurs et de vos servantes …

Fol. 7 : début du canon de la messe
 
Fol. 6v : Christ en Croix figurant la lettre T du Te Igitur
 

Fol. 6v : Christ en Croix figurant la lettre T du Te Igitur
 

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Les nombreux débats théologiques autour de la Passion du Christ et les prises de position des Carolingiens en faveur d’une dimension pédagogique et affective des images ont favorisé l’essor de l’iconographie de la Crucifixion dès la fin du 8e siècle. Celle-ci est abondamment représentée dans les œuvres de l’époque carolingienne. Dans les sacramentaires, on la trouve en tête de la prière Te Igitur qui ouvre le canon de la messe et constitue ainsi, comme le Vere dignum, l’un des temps forts de la décoration de ces manuscrits liturgiques.
Symbole de la croix, l’initiale T revêt ici l’aspect d’un véritable tableau de la Crucifixion. Auréolé d’un nimbe crucifère, le Christ en croix apparaît les yeux ouverts et les traits sereins, à la fois vainqueur et vaincu, mort et toujours vivant. Il est entouré des personnifications du soleil et de la lune dans des disques qui symbolisent la dimension cosmique du Salut. À ses pieds, le serpent évoque son triomphe sur la mort et sur le mal. Cette image invite ainsi le lecteur à contempler l’immortalité et l’éternelle majesté du Christ.
Le champ bleu de la croix est orné aux extrémités d’entrelacs dorés d’où s’échappent de luxuriants rinceaux. Cette exubérance végétale rappelle les compositions de l’enlumineur du sacramentaire de Drogon, et ses initiales ornées de rinceaux antiques qui s’enroulent librement sur les montants. À droite, le cartouche de pourpre renferme, inscrites en capitales dorées, les lettres suivantes de la prière : [T…] E IGITUR (Vous donc).
Inséré dans un cadre particulièrement somptueux délicatement bordé de porphyre, de feuillages stylisés et de pierres précieuses, ce tableau est l’une des œuvres les plus abouties du sacramentaire, tant sur le plan spirituel qu'artistique.

 

Fol. 6v : Christ en Croix figurant la lettre T du Te Igitur
 
Fol. 7 : début du canon de la messe
 

Fol. 7 : début du canon de la messe
 

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Après le Sanctus se déroule le canon de la messe, nommé ainsi car il correspond au moment où les sacrements du Seigneur sont accomplis suivant un rite bien précis et codifié. Très proche du canon de la messe latine moderne, il s’ouvre avec la demande de consécration des offrandes (Te igitur clementissime Pater), la prière pour l’Église universelle (In primis quae tibi offerimus pro Ecclesia tua...) et la prière pour les vivants (Memento, Domine, famulorum famularumque tuarum...). Son importance dans le manuscrit est mise en valeur à travers la transcription des trois prières à l’aide d’une écriture calligraphique de luxe d’origine antique, l’onciale, et l’emploi d’une encre d’or. Le texte est enchâssé dans une triple bordure de porphyre, végétaux stylisés et pierres précieuses, identique à celle du feuillet précédent.

 

Transcription
clementissime Pater, per Ih[esu]m [Christu]m filium tuum, D[omi]n[u]m n[ost]r[u]m, supplices rogamus et petim[us] uti accepta habeas, et bene dicas + haec dona + haec munera + haec s[an]c[t]a sacrificia inlibata. In primis quae tibi offerimus pro ecclesia tua s[an]c[t]a catholica, quam pacificare, custodire, adunare et regere digneris toto orbe terraru[m], una cum famulo tuo papa n[ost]ro illo et antiste nostro et rege n[ost]ro et omnibus orthodoxis atq[ue] catholicae et apostolicae fidei cultorib[us].
Memento, D[omi]ne, famulorum famularumq[ue] tuarum


… Traduction
Père très bon, par Jésus Christ, votre Fils, notre Seigneur, nous vous supplions d’accepter et de bénir ces dons, ces présents, ces offrandes saintes et toutes pures. Tout d’abord, nous vous les offrons pour votre sainte église catholique, daignez lui donner la paix, la protéger, la rassembler et la gouverner à travers le monde entier, et aussi pour votre serviteur, notre Pape, et pour notre évêque et pour notre roi et pour tous les orthodoxes et serviteurs de la foi catholique et apostolique.
Souvenez-vous, Seigneur, de vos serviteurs et de vos servantes …

Fol. 7 : début du canon de la messe
 
Fol. 7v : canon de la messe en écriture caroline

Fol. 7v : canon de la messe en écriture caroline

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Après l'usage de lettres capitales et onciales, le texte se poursuit en minuscule caroline. Parfaitement lisible, cette écriture ronde et régulière, aux lettres et mots bien détachés les uns des autres, s’est imposée très rapidement dans l’Empire carolingien, aussi bien pour les textes sacrés que pour les textes profanes. Son caractère fonctionnel et ses formes parfaites lui valurent d’être reprise par les imprimeurs de la Renaissance pour servir de modèle aux caractères d’imprimerie.
Les passages et les mots importants (ici le début du Communicantes et les initiales des noms des apôtres, papes et martyrs) sont mis en valeur par une lettre d’or sur fond pourpré.  La pourpre, couleur impériale et christique
Couleur mythique par excellence, la pourpre revêtait une double connotation impériale et chrétienne, dans la mesure où elle permettait aux souverains de se poser en héritiers des empereurs romains tout en évoquant la Passion du Christ. C’est pourquoi elle fut fréquemment employée dans les manuscrits issus de l’entourage impérial, et en premier lieu dans l’évangéliaire de Charlemagne.
Associée à Rome à l’exercice du pouvoir impérial depuis la décision de Néron d’en faire la couleur officielle exclusivement réservée aux empereurs sous peine de mort, la pourpre était obtenue dans l’Antiquité à partir de mollusques, dont le plus connu est le murex. Cette couleur était particulièrement onéreuse, puisqu’il fallait environ 10 000 coquillages pour obtenir 1 gramme de pigment pur. Devenue introuvable au Moyen Âge, elle fut remplacée par différents substituts, les plus courants étant l’orseille, un extrait tinctorial obtenu à partir de différents lichens, et le folium ou tournesol, dont les différentes parties étaient mises à macérer jusqu’à obtention d’un rose violacé.

Transcription
… et omnium circum adstantium quorum tibi fides cognita est et nota devotio, pro quibus tibi offerimus vel qui tibi offerunt hoc sacrificium laudis, pro se suisque omnibus, pro redemptione animarum suarum, pro spe salutis et incolomitatis suae, tibi reddunt vota sua, aeterno D[e]o, vivo et vero.
Communicantes et memoriam venerantes. In primis gloriosae semper virginis Mariae, genitricis D[e]i et D[omi]ni nostri Ih[es]u [Christ]i, sed et beatorum apostolorum ac martyrum tuorum :
Petri, Pauli, Andreae, Iacobi, Iohannis, Thomae, Iacobi, Philippi,
Bartholomei, Matthei, Simonis et Thaddei, Lini, Cleti, Clementis, Xysti,
Cornelii, Cypriani, Laurentii, Chrysogoni, Iohannis et Pauli, Cosmae et Damiani …

Traduction
… ainsi que de tous ceux qui sont rassemblés ici et dont vous connaissez la foi et la dévotion, pour eux, nous vous offrons ce sacrifice de louange, et ils vous l’offrent aussi, pour eux et pour tous les leurs, pour la rédemption de leurs âmes, l’espoir de leur salut et de leur bonheur, et ils accomplissent envers vous leurs devoirs, Dieu éternel, vivant et vrai.
Unis dans une même communion, nous vénérons d’abord la mémoire de la glorieuse Marie, toujours Vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ, ensuite des saints apôtres et martyrs :
Pierre, Paul, André, Jacques, Jean, Thomas, Jacques, Philippe,
Barthélémy, Matthieu, Simon et Thaddée, Lin, Clet, Clément, Xyste,
Corneille, Cyprien, Laurent, Chrysogone, Jean et Paul, Côme et Damien …

Fol. 7v : canon de la messe en écriture caroline
Fol. 8 : canon de la messe
 

Fol. 8 : canon de la messe
 

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Cette page renferme la suite du canon de la messe, à savoir la présentation des offrandes (Hanc igitur oblationem...), avec l’addition de Grégoire le Grand Diesque nostros in tua pace disponas, leur demande de consécration (Quam oblationem tu...) et la consécration du pain (Qui pridie quam pateretur...).

Transcription
… et omnium sanctorum tuorum, quorum meritis praecibusque concedas, ut in omnibus protectionis tuae muniamur auxilio. Per eundem.
Hanc igitur oblationem servitutis nostrae, sed et cunctae familiae tuae q[uaesumu]s, D[omi]ne, ut placatus accipias, diesque n[ost]ros in tua pace disponas, atque ab aeterna dampnatione nos eripi, et in electorum tuorum iubeas grege numerari. Per [Christu]m.
Quam oblationem tu D[eu]s in omnibus q[uaesumu]s benedictam, adscriptam, ratam, rationabilem acceptabilemque facere digneris, ut nobis corpus et sanguis fiat dilectissimi filii tui nostri Ih[es]u [Christ]i. Qui pridie quam pateretur accepit panem in s[an]c[t]as ac venerabiles manus suas, elevatis oculis in caelum ad te D[eu]m, Patrem suum omnipotentem, tibi gratia agens, benedixit, fregit, dedit discipulis suis dicens, accipite et manducate : ex hoc omnes hoc est corpus meum. Simili modo postea …

Traduction
… ainsi que de tous vos saints, par leurs mérites et leurs prières, accordez-nous en toutes choses  le secours de votre protection. Par le même.
Voici donc l’offrande de nos ministres et de toute votre famille, daignez, Seigneur,  l’accepter avec bienveillance, installer nos jours dans votre paix, nous arracher à la damnation éternelle et nous compter dans le troupeau de vos électeurs. Par le Christ.
Cette offrande, vous, Dieu, daignez en toutes choses la bénir, l’agréer, la faire vôtre, la rendre parfaite et digne de vous plaire, afin qu’elle devienne pour nous le corps et le sang de votre Fils bien-aimé, notre Jésus Christ. La veille de sa Passion, il prit du pain dans ses mains saintes et vénérables et, les yeux levés en direction du Ciel, vers vous Dieu, Père tout-puissant, en vous rendant grâces, il bénit, rompit le pain et le donna à ses disciples en disant : "Prenez et mangez-en tous, car ceci est mon corps". De même, après …

Fol. 8 : canon de la messe
 
Fol. 7v : canon de la messe en écriture caroline

Fol. 7v : canon de la messe en écriture caroline

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Après l'usage de lettres capitales et onciales, le texte se poursuit en minuscule caroline. Parfaitement lisible, cette écriture ronde et régulière, aux lettres et mots bien détachés les uns des autres, s’est imposée très rapidement dans l’Empire carolingien, aussi bien pour les textes sacrés que pour les textes profanes. Son caractère fonctionnel et ses formes parfaites lui valurent d’être reprise par les imprimeurs de la Renaissance pour servir de modèle aux caractères d’imprimerie.
Les passages et les mots importants (ici le début du Communicantes et les initiales des noms des apôtres, papes et martyrs) sont mis en valeur par une lettre d’or sur fond pourpré.  La pourpre, couleur impériale et christique
Couleur mythique par excellence, la pourpre revêtait une double connotation impériale et chrétienne, dans la mesure où elle permettait aux souverains de se poser en héritiers des empereurs romains tout en évoquant la Passion du Christ. C’est pourquoi elle fut fréquemment employée dans les manuscrits issus de l’entourage impérial, et en premier lieu dans l’évangéliaire de Charlemagne.
Associée à Rome à l’exercice du pouvoir impérial depuis la décision de Néron d’en faire la couleur officielle exclusivement réservée aux empereurs sous peine de mort, la pourpre était obtenue dans l’Antiquité à partir de mollusques, dont le plus connu est le murex. Cette couleur était particulièrement onéreuse, puisqu’il fallait environ 10 000 coquillages pour obtenir 1 gramme de pigment pur. Devenue introuvable au Moyen Âge, elle fut remplacée par différents substituts, les plus courants étant l’orseille, un extrait tinctorial obtenu à partir de différents lichens, et le folium ou tournesol, dont les différentes parties étaient mises à macérer jusqu’à obtention d’un rose violacé.

Transcription
… et omnium circum adstantium quorum tibi fides cognita est et nota devotio, pro quibus tibi offerimus vel qui tibi offerunt hoc sacrificium laudis, pro se suisque omnibus, pro redemptione animarum suarum, pro spe salutis et incolomitatis suae, tibi reddunt vota sua, aeterno D[e]o, vivo et vero.
Communicantes et memoriam venerantes. In primis gloriosae semper virginis Mariae, genitricis D[e]i et D[omi]ni nostri Ih[es]u [Christ]i, sed et beatorum apostolorum ac martyrum tuorum :
Petri, Pauli, Andreae, Iacobi, Iohannis, Thomae, Iacobi, Philippi,
Bartholomei, Matthei, Simonis et Thaddei, Lini, Cleti, Clementis, Xysti,
Cornelii, Cypriani, Laurentii, Chrysogoni, Iohannis et Pauli, Cosmae et Damiani …

Traduction
… ainsi que de tous ceux qui sont rassemblés ici et dont vous connaissez la foi et la dévotion, pour eux, nous vous offrons ce sacrifice de louange, et ils vous l’offrent aussi, pour eux et pour tous les leurs, pour la rédemption de leurs âmes, l’espoir de leur salut et de leur bonheur, et ils accomplissent envers vous leurs devoirs, Dieu éternel, vivant et vrai.
Unis dans une même communion, nous vénérons d’abord la mémoire de la glorieuse Marie, toujours Vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ, ensuite des saints apôtres et martyrs :
Pierre, Paul, André, Jacques, Jean, Thomas, Jacques, Philippe,
Barthélémy, Matthieu, Simon et Thaddée, Lin, Clet, Clément, Xyste,
Corneille, Cyprien, Laurent, Chrysogone, Jean et Paul, Côme et Damien …

Fol. 7v : canon de la messe en écriture caroline
Fol. 8 : canon de la messe
 

Fol. 8 : canon de la messe
 

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Cette page renferme la suite du canon de la messe, à savoir la présentation des offrandes (Hanc igitur oblationem...), avec l’addition de Grégoire le Grand Diesque nostros in tua pace disponas, leur demande de consécration (Quam oblationem tu...) et la consécration du pain (Qui pridie quam pateretur...).

Transcription
… et omnium sanctorum tuorum, quorum meritis praecibusque concedas, ut in omnibus protectionis tuae muniamur auxilio. Per eundem.
Hanc igitur oblationem servitutis nostrae, sed et cunctae familiae tuae q[uaesumu]s, D[omi]ne, ut placatus accipias, diesque n[ost]ros in tua pace disponas, atque ab aeterna dampnatione nos eripi, et in electorum tuorum iubeas grege numerari. Per [Christu]m.
Quam oblationem tu D[eu]s in omnibus q[uaesumu]s benedictam, adscriptam, ratam, rationabilem acceptabilemque facere digneris, ut nobis corpus et sanguis fiat dilectissimi filii tui nostri Ih[es]u [Christ]i. Qui pridie quam pateretur accepit panem in s[an]c[t]as ac venerabiles manus suas, elevatis oculis in caelum ad te D[eu]m, Patrem suum omnipotentem, tibi gratia agens, benedixit, fregit, dedit discipulis suis dicens, accipite et manducate : ex hoc omnes hoc est corpus meum. Simili modo postea …

Traduction
… ainsi que de tous vos saints, par leurs mérites et leurs prières, accordez-nous en toutes choses  le secours de votre protection. Par le même.
Voici donc l’offrande de nos ministres et de toute votre famille, daignez, Seigneur,  l’accepter avec bienveillance, installer nos jours dans votre paix, nous arracher à la damnation éternelle et nous compter dans le troupeau de vos électeurs. Par le Christ.
Cette offrande, vous, Dieu, daignez en toutes choses la bénir, l’agréer, la faire vôtre, la rendre parfaite et digne de vous plaire, afin qu’elle devienne pour nous le corps et le sang de votre Fils bien-aimé, notre Jésus Christ. La veille de sa Passion, il prit du pain dans ses mains saintes et vénérables et, les yeux levés en direction du Ciel, vers vous Dieu, Père tout-puissant, en vous rendant grâces, il bénit, rompit le pain et le donna à ses disciples en disant : "Prenez et mangez-en tous, car ceci est mon corps". De même, après …

Fol. 8 : canon de la messe
 
Fol. 8v : canon de la messe
 

Fol. 8v : canon de la messe
 

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Transcription
… quam cenatum est, accipiens et hunc preclarum calicem in s[an]c[t]as ac venerabiles manus suas, item tibi gratias agens, benedixit, dedit discipulis suis, dicens, accipite et bibite ex eo omnes : hic enim calix sanguinis mei, novi eta eterni testamenti, mysterium fidei, qui pro vobis et pro multis effundetur in remissionem peccatorum. Haec quotienscumque feceritis in mei memoriam facietis. Unde et memores sumus, D[omi]ne, nos tui servi, sed et plebs tua s[an]c[t]a, [Christ]i, Filii tui, D[omi]ni D[e]i n[ost]ri, tam beatae passionis, nec non et ab inferis resurrectionis, sed et in caelos gloriosae ascensionis offerimus praeclare maiestati tuae de tuis donis ac datis, hostiam puram, hostiam s[an]c[t]am, hostiam immaculatam, panem s[an]c[tu]m vitae aeterne et calicem salutis perpetuae. Supra quae propitius ac sereno vultu respicere digneris, et accepta habere, sicuti accepta habere dignatus et munera pueri tui iusti Abel, et sacrificium patriarche nostri Abrahae …

Traduction
… le repas, prenant ce glorieux calice dans ses mains saintes et vénérables et, en vous rendant grâces, il le bénit et le donna à ses disciples en disant : "Prenez et buvez-en tous, car ceci est le calice de mon sang, le sang de la nouvelle et éternelle alliance, le mystère de la foi, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Chaque fois que vous ferez ceci, vous le ferez en mémoire de moi". C’est pourquoi, Seigneur, nous, vos ministres et tout votre saint peuple, faisant mémoire de la bienfaisante Passion de Christ, votre Fils, notre Seigneur Dieu, et de sa résurrection d’entre les morts et de son ascension dans la gloire des Cieux, nous présentons à votre majesté une offrande tirée de vos dons, la victime pure, la victime sainte, la victime immaculée, le Pain sacré de la vie éternelle et le calice du salut perpétuel. Sur ces offrandes, daignez poser un regard favorable et bienveillant et les accepter, comme vous avez accepté les présents de votre serviteur Abel le juste et le sacrifice de notre patriarche Abraham …

Fol. 8v : canon de la messe
 
Fol. 9 : canon de la messe
 

Fol. 9 : canon de la messe
 

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Après la consécration des offrandes (Quam oblationem tu...) commencée page précédente et poursuivie en regard, vient ici la commémoration de la Passion : ainsi se succèdent l’union au sacrifice éternel du Christ (Supplices te rogamus...), la prière pour les morts (Memento Domine famulorum...) et celle de l’union aux saints (Nobis quoque peccatoribus...). Le Memento des morts a été introduit dans la liturgie au 9e siècle, sous l’influence d’Alcuin, le plus proche conseiller de Charlemagne, qui l’a sans doute emprunté aux Irlandais.

Transcription
… et quod tibi obtulit summus sacerdo[s] tuus Melchisedech, s[an]c{tu]m sacrificium inmaculatam hostiam.
Supplices te rogamus om[ni]p[oten]s D[eu]s, iube haec perferri per manus s[an]c[t]i angeli tui in sublime altare tuum, in conspectum divinae maiestatis tuae, ut quotquot ex hac altaris participatione sacro[an]c[tu]m Filii tui corpus et sanguinem sumpserimus omni benedictione caelesti et gratia repleamur. Per eundem.
Memento, D[omi]ne, famulorum famularumque tuarum ill[i] et ill[ae] qui nos praecesserunt cum signo fidei et dormiunt in somno pacis. Ipsis et omnibus in [Christ]o quiescentibus locum refrigerii, lucis et pacis ut indulgeas deprecamur. Per [Christu]m D[omi]n[u]m.
Nobis quoque peccatoribus, famulis tuis, de multitudine miserationum tuarum sperantibus, partem aliquam et societatem donare digneris, cum tuis s[an]c[t]is apostolis et martyribus … 

Traduction
… et ce que vous a offert votre souverain prêtre Melchisédech, un sacrifice saint, une hostie immaculée.
Prosternés devant vous, Dieu tout puissant, nous vous supplions de faire porter ces offrandes par les mains de votre saint ange sur votre autel céleste, sous le regard de votre majesté, pour que nous tous, en prenant part au sacrifice de l’autel, nous recevions le corps et le sang du Christ, votre Fils, et soyons comblés de la bénédiction et de la grâce céleste. Par le même.
Souvenez-vous, Seigneur, de vos serviteurs et de vos servantes, ceux et celles qui sont partis avant nous avec le signe de la foi et dorment du sommeil de la paix. Ceux-là et tous ceux qui reposent dans le Christ, nous te supplions de les admettre dans votre séjour de bonheur éternel, de lumière et de paix. Par le Christ, notre Seigneur.
 À nous aussi, pécheurs, vos serviteurs qui espérons en votre infinie miséricorde, daignez accorder une place dans la communauté de vos saints apôtres et martyrs …

Fol. 9 : canon de la messe
 
Fol. 8v : canon de la messe
 

Fol. 8v : canon de la messe
 

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Transcription
… quam cenatum est, accipiens et hunc preclarum calicem in s[an]c[t]as ac venerabiles manus suas, item tibi gratias agens, benedixit, dedit discipulis suis, dicens, accipite et bibite ex eo omnes : hic enim calix sanguinis mei, novi eta eterni testamenti, mysterium fidei, qui pro vobis et pro multis effundetur in remissionem peccatorum. Haec quotienscumque feceritis in mei memoriam facietis. Unde et memores sumus, D[omi]ne, nos tui servi, sed et plebs tua s[an]c[t]a, [Christ]i, Filii tui, D[omi]ni D[e]i n[ost]ri, tam beatae passionis, nec non et ab inferis resurrectionis, sed et in caelos gloriosae ascensionis offerimus praeclare maiestati tuae de tuis donis ac datis, hostiam puram, hostiam s[an]c[t]am, hostiam immaculatam, panem s[an]c[tu]m vitae aeterne et calicem salutis perpetuae. Supra quae propitius ac sereno vultu respicere digneris, et accepta habere, sicuti accepta habere dignatus et munera pueri tui iusti Abel, et sacrificium patriarche nostri Abrahae …

Traduction
… le repas, prenant ce glorieux calice dans ses mains saintes et vénérables et, en vous rendant grâces, il le bénit et le donna à ses disciples en disant : "Prenez et buvez-en tous, car ceci est le calice de mon sang, le sang de la nouvelle et éternelle alliance, le mystère de la foi, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Chaque fois que vous ferez ceci, vous le ferez en mémoire de moi". C’est pourquoi, Seigneur, nous, vos ministres et tout votre saint peuple, faisant mémoire de la bienfaisante Passion de Christ, votre Fils, notre Seigneur Dieu, et de sa résurrection d’entre les morts et de son ascension dans la gloire des Cieux, nous présentons à votre majesté une offrande tirée de vos dons, la victime pure, la victime sainte, la victime immaculée, le Pain sacré de la vie éternelle et le calice du salut perpétuel. Sur ces offrandes, daignez poser un regard favorable et bienveillant et les accepter, comme vous avez accepté les présents de votre serviteur Abel le juste et le sacrifice de notre patriarche Abraham …

Fol. 8v : canon de la messe
 
Fol. 9 : canon de la messe
 

Fol. 9 : canon de la messe
 

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Après la consécration des offrandes (Quam oblationem tu...) commencée page précédente et poursuivie en regard, vient ici la commémoration de la Passion : ainsi se succèdent l’union au sacrifice éternel du Christ (Supplices te rogamus...), la prière pour les morts (Memento Domine famulorum...) et celle de l’union aux saints (Nobis quoque peccatoribus...). Le Memento des morts a été introduit dans la liturgie au 9e siècle, sous l’influence d’Alcuin, le plus proche conseiller de Charlemagne, qui l’a sans doute emprunté aux Irlandais.

Transcription
… et quod tibi obtulit summus sacerdo[s] tuus Melchisedech, s[an]c{tu]m sacrificium inmaculatam hostiam.
Supplices te rogamus om[ni]p[oten]s D[eu]s, iube haec perferri per manus s[an]c[t]i angeli tui in sublime altare tuum, in conspectum divinae maiestatis tuae, ut quotquot ex hac altaris participatione sacro[an]c[tu]m Filii tui corpus et sanguinem sumpserimus omni benedictione caelesti et gratia repleamur. Per eundem.
Memento, D[omi]ne, famulorum famularumque tuarum ill[i] et ill[ae] qui nos praecesserunt cum signo fidei et dormiunt in somno pacis. Ipsis et omnibus in [Christ]o quiescentibus locum refrigerii, lucis et pacis ut indulgeas deprecamur. Per [Christu]m D[omi]n[u]m.
Nobis quoque peccatoribus, famulis tuis, de multitudine miserationum tuarum sperantibus, partem aliquam et societatem donare digneris, cum tuis s[an]c[t]is apostolis et martyribus … 

Traduction
… et ce que vous a offert votre souverain prêtre Melchisédech, un sacrifice saint, une hostie immaculée.
Prosternés devant vous, Dieu tout puissant, nous vous supplions de faire porter ces offrandes par les mains de votre saint ange sur votre autel céleste, sous le regard de votre majesté, pour que nous tous, en prenant part au sacrifice de l’autel, nous recevions le corps et le sang du Christ, votre Fils, et soyons comblés de la bénédiction et de la grâce céleste. Par le même.
Souvenez-vous, Seigneur, de vos serviteurs et de vos servantes, ceux et celles qui sont partis avant nous avec le signe de la foi et dorment du sommeil de la paix. Ceux-là et tous ceux qui reposent dans le Christ, nous te supplions de les admettre dans votre séjour de bonheur éternel, de lumière et de paix. Par le Christ, notre Seigneur.
 À nous aussi, pécheurs, vos serviteurs qui espérons en votre infinie miséricorde, daignez accorder une place dans la communauté de vos saints apôtres et martyrs …

Fol. 9 : canon de la messe
 
Fol. 9v : canon de la messe
 

Fol. 9v : canon de la messe
 

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Après l'énumération des apôtres et martyrs évoqués dans la prière de l’union aux saints, viennent la conclusion du canon, avec l’offrande solennelle (Per quem haec omnia...), puis le début de la communion, avec la prière Notre Père (Pater noster...) qui inaugure le cycle des prières et des gestes préparatoires à la communion. Des cartouches pourprés renfermant les initiales dorées et des rinceaux blancs soulignent l’importance de cette dernière, dont les deux premiers vers sont transcrits, l’un en onciales, le second en capitales rustiques. Ces deux écritures calligraphiques d’origine antique étaient réservées à l’époque carolingienne à la transcription des textes sacrés, et en particulier des passages les plus importants comme les titres. L’empreinte de l’Antiquité est également sensible dans les guirlandes de vigne blanches sur fond sombre, un procédé remis à l’honneur dès la fin du 8e siècle à la cour de Charlemagne, qu’il s’agisse de l’Évangéliaire de Charlemagne ou de la dalle funéraire d’Hadrien Ier (mort en 795) dans la basilique Saint-Pierre de Rome.

Transcription
… cum Iohanne, Stephano, Matthia, Barnaba, Ignation, Alexandro, Marcellino, Petro, Felicitate, Perpetua, Agathe, Lucia, Agne, Caecilia, Anastasia, et omnibus s[an]c[t]is tuis.
Intra quorum nos consortium non aestimor meriti, sed venie q[uaesumu]s largitor admitte. Per [Christu]m D[omi]n[u]m n[ost]r[u]m.
Per quem haec omnia, D[omi]ne, semper bona creas, s[an]c[t]ificas, vivificas, benedicis et prestas nobis. Per ipsum et cum ipso et in ipso est tibi, D[e]o patri omnipotenti, in unitate spiritus s[an]c[t]i, omnis honor et gloria per omnia saecula saeculorum. Amen.
Oremus.
Praeceptis salutaribus moniti, et divina institutione formati, audemus dicere :
Pater noster
Qui es in caelis


… Traduction
 … aux côtés de Jean, Étienne, Matthias, Barnabé, Ignace, Alexandre, Marcellin, Pierre, Félicité, Perpétue, Agathe, Lucie, Agnès, Cécile, Anastase, et tous les saints. Admettez-nous, nous vous en supplions, dans leur communauté, non pas en évaluant notre mérite, mais en accordant votre pardon. Par le Christ, notre Seigneur.
Par lui, Seigneur, vous créez sans cesse tous ces biens, vous les sanctifiez, les vivifiez, les bénissez et nous les donnez. Par lui, avec lui et en lui, vous recevez, Dieu, Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire dans tous les siècles des siècles. Amen.
Prions.
Instruits des préceptes du salut et formés par l’enseignement divin, nous osons dire :
Notre Père
Qui êtes aux Cieux

Fol. 9v : canon de la messe
 
Fol. 10 : canon de la messe
 

Fol. 10 : canon de la messe
 

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Chacun des vers du Notre Père est rehaussé d’une initiale dorée disposée sur un cartouche de pourpre. Cette prière se poursuit avec le Libera Nos, au cours duquel le prêtre demande au Seigneur de délivrer son peuple des maux dont il est accablé, avant de rompre les pains. L’ensemble s’inscrit dans un élégant cadre multicolore de végétaux stylisés rehaussés de pointillés blancs.

Le manuscrit s’interrompt ici, sans que soit transcrit l’Agnus Dei que chantaient les fidèles pendant que le prêtre rompait les pains avant le baiser de paix et la communion.

Transcription

S[an]c[t]ificetur nomen tuum
Adveniat regnum tuum
Fiat voluntas tua sicut in caelo et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie
Et dimitte nobis debita nostra sicut et nos dimittimus debitoribus n[ost]ris
Et ne nos inducas in temptationem
Sed libera nos malo
Libera nos q[uaesumu]s, D[omi]ne, ab omnibus malis praeteritis, praesentibus et futuris, intercedente beata et gloriosa semperque Virgine D[e]i genitrice Maria, et beatis apostolis tuis, Petro et Paulo atque Andrea et omnibus s[an]c[t]is, da propitius pacem in diebus nostris, ut ope misericordiae tuae adiuti et a peccato simus semper liberi et ab omni perturbatione securi.
Per D[omi]n[u]m n[ost]r[u]m Ih[esu]m [Christu]m, Filium tuum.

 Traduction

Que votre nom soit sanctifié
Que votre règne vienne
Que votre volonté soit faite, sur la terre comme au ciel
Donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Et pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
Et ne nous soumettez pas à la tentation
Mais délivrez-nous du mal.
Délivrez-nous, Seigneur, nous vous en supplions, de tous les maux passés, présents et futurs ; grâce à l’intercession de la bienheureuse et glorieuse Marie, toujours Vierge, Mère de Dieu, à celle de vos saints apôtres Pierre, Paul et André et de tous les saints, donnez-nous la paix pour nos jours, afin que nous soyons soutenus par votre bienveillance, libérés du péché pour toujours et protégés de tout désordre.
Par Jésus-Christ, notre Seigneur, votre Fils.

Fol. 10 : canon de la messe
 
Fol. 9v : canon de la messe
 

Fol. 9v : canon de la messe
 

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Après l'énumération des apôtres et martyrs évoqués dans la prière de l’union aux saints, viennent la conclusion du canon, avec l’offrande solennelle (Per quem haec omnia...), puis le début de la communion, avec la prière Notre Père (Pater noster...) qui inaugure le cycle des prières et des gestes préparatoires à la communion. Des cartouches pourprés renfermant les initiales dorées et des rinceaux blancs soulignent l’importance de cette dernière, dont les deux premiers vers sont transcrits, l’un en onciales, le second en capitales rustiques. Ces deux écritures calligraphiques d’origine antique étaient réservées à l’époque carolingienne à la transcription des textes sacrés, et en particulier des passages les plus importants comme les titres. L’empreinte de l’Antiquité est également sensible dans les guirlandes de vigne blanches sur fond sombre, un procédé remis à l’honneur dès la fin du 8e siècle à la cour de Charlemagne, qu’il s’agisse de l’Évangéliaire de Charlemagne ou de la dalle funéraire d’Hadrien Ier (mort en 795) dans la basilique Saint-Pierre de Rome.

Transcription
… cum Iohanne, Stephano, Matthia, Barnaba, Ignation, Alexandro, Marcellino, Petro, Felicitate, Perpetua, Agathe, Lucia, Agne, Caecilia, Anastasia, et omnibus s[an]c[t]is tuis.
Intra quorum nos consortium non aestimor meriti, sed venie q[uaesumu]s largitor admitte. Per [Christu]m D[omi]n[u]m n[ost]r[u]m.
Per quem haec omnia, D[omi]ne, semper bona creas, s[an]c[t]ificas, vivificas, benedicis et prestas nobis. Per ipsum et cum ipso et in ipso est tibi, D[e]o patri omnipotenti, in unitate spiritus s[an]c[t]i, omnis honor et gloria per omnia saecula saeculorum. Amen.
Oremus.
Praeceptis salutaribus moniti, et divina institutione formati, audemus dicere :
Pater noster
Qui es in caelis


… Traduction
 … aux côtés de Jean, Étienne, Matthias, Barnabé, Ignace, Alexandre, Marcellin, Pierre, Félicité, Perpétue, Agathe, Lucie, Agnès, Cécile, Anastase, et tous les saints. Admettez-nous, nous vous en supplions, dans leur communauté, non pas en évaluant notre mérite, mais en accordant votre pardon. Par le Christ, notre Seigneur.
Par lui, Seigneur, vous créez sans cesse tous ces biens, vous les sanctifiez, les vivifiez, les bénissez et nous les donnez. Par lui, avec lui et en lui, vous recevez, Dieu, Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire dans tous les siècles des siècles. Amen.
Prions.
Instruits des préceptes du salut et formés par l’enseignement divin, nous osons dire :
Notre Père
Qui êtes aux Cieux

Fol. 9v : canon de la messe
 
Fol. 10 : canon de la messe
 

Fol. 10 : canon de la messe
 

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Chacun des vers du Notre Père est rehaussé d’une initiale dorée disposée sur un cartouche de pourpre. Cette prière se poursuit avec le Libera Nos, au cours duquel le prêtre demande au Seigneur de délivrer son peuple des maux dont il est accablé, avant de rompre les pains. L’ensemble s’inscrit dans un élégant cadre multicolore de végétaux stylisés rehaussés de pointillés blancs.

Le manuscrit s’interrompt ici, sans que soit transcrit l’Agnus Dei que chantaient les fidèles pendant que le prêtre rompait les pains avant le baiser de paix et la communion.

Transcription

S[an]c[t]ificetur nomen tuum
Adveniat regnum tuum
Fiat voluntas tua sicut in caelo et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie
Et dimitte nobis debita nostra sicut et nos dimittimus debitoribus n[ost]ris
Et ne nos inducas in temptationem
Sed libera nos malo
Libera nos q[uaesumu]s, D[omi]ne, ab omnibus malis praeteritis, praesentibus et futuris, intercedente beata et gloriosa semperque Virgine D[e]i genitrice Maria, et beatis apostolis tuis, Petro et Paulo atque Andrea et omnibus s[an]c[t]is, da propitius pacem in diebus nostris, ut ope misericordiae tuae adiuti et a peccato simus semper liberi et ab omni perturbatione securi.
Per D[omi]n[u]m n[ost]r[u]m Ih[esu]m [Christu]m, Filium tuum.

 Traduction

Que votre nom soit sanctifié
Que votre règne vienne
Que votre volonté soit faite, sur la terre comme au ciel
Donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Et pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
Et ne nous soumettez pas à la tentation
Mais délivrez-nous du mal.
Délivrez-nous, Seigneur, nous vous en supplions, de tous les maux passés, présents et futurs ; grâce à l’intercession de la bienheureuse et glorieuse Marie, toujours Vierge, Mère de Dieu, à celle de vos saints apôtres Pierre, Paul et André et de tous les saints, donnez-nous la paix pour nos jours, afin que nous soyons soutenus par votre bienveillance, libérés du péché pour toujours et protégés de tout désordre.
Par Jésus-Christ, notre Seigneur, votre Fils.

Fol. 10 : canon de la messe
 
Fol. 10v : page vierge du texte inachevé
 

Fol. 10v : page vierge du texte inachevé
 

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L'estampille de la Bibliothèque royale
Conformément à une coutume établie depuis le XVIIe siècle, une estampille rouge a été apposée lors de l’entrée du volume dans les collections royales, afin d’indiquer son appartenance à la bibliothèque. Usitée jusqu’en 1735, cette estampille de grand module est ornée des emblèmes de la monarchie, les trois lis de France, surmontés de la couronne royale et entourés des colliers de l’ordre de Saint-Michel et de l’ordre du Saint-Esprit. Dans le pourtour figure la mention "Bibliothecae regiae" (Bibliothèque du roi).

Fol. 10v : page vierge du texte inachevé
 
Page de garde en parchemin

Page de garde en parchemin

Page de garde en parchemin
Fol. 10v : page vierge du texte inachevé
 

Fol. 10v : page vierge du texte inachevé
 

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L'estampille de la Bibliothèque royale
Conformément à une coutume établie depuis le XVIIe siècle, une estampille rouge a été apposée lors de l’entrée du volume dans les collections royales, afin d’indiquer son appartenance à la bibliothèque. Usitée jusqu’en 1735, cette estampille de grand module est ornée des emblèmes de la monarchie, les trois lis de France, surmontés de la couronne royale et entourés des colliers de l’ordre de Saint-Michel et de l’ordre du Saint-Esprit. Dans le pourtour figure la mention "Bibliothecae regiae" (Bibliothèque du roi).

Fol. 10v : page vierge du texte inachevé
 
Page de garde en parchemin

Page de garde en parchemin

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Garde en papier marbré
 

Garde en papier marbré
 

Garde en papier marbré
 
Contre-plat inférieur en papier marbré
 

Contre-plat inférieur en papier marbré
 

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Reliure de maroquin rouge aux armes de Colbert

La reliure est faite d'un cuir particulièrement luxueux et délicat, le maroquin rouge, fabriqué à partir de peaux importées du Proche-Orient. Les plats sont gravés d’un triple filet doré et ornés au centre des armes de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), auquel ce sacramentaire a appartenu.
Bibliophile passionné, le ministre de Louis XIV possédait une bibliothèque personnelle considérable comprenant près de 20 000 volumes imprimés et 6000 manuscrits. Il a acquis ce volume en 1675 avec les 949 livres de Jean Ballesdens, un académicien et collectionneur parisien. Dans le "catalogue des manuscrits que M. Ballesdens nous a fait voir", rédigé par le bibliothécaire de Colbert, Étienne Baluze, figure en effet un "Canon de la messe de saint Grégoire" qui correspond très certainement au sacramentaire reproduit ici.
Comme la plupart des autres manuscrits ayant appartenu à Colbert, ce sacramentaire est relié à ses armes, "d’or à la couleuvre ondoyante en pal d’azur", surmontées d’une couronne de marquis et entourées des colliers des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. Ces armes parlantes évoquent directement le nom de Colbert, "coluber" en latin signifiant "couleuvre".
En septembre 1732, la Bibliothèque se porte acquéreur des volumes rassemblés par Colbert. Ceux-ci lui sont vendus par l’un de ses descendants, Charles-Eléonor Colbert, comte de Seignelay, moyennant la somme de 300 000 livres. Ce sont ainsi 8000 volumes qui viennent enrichir les collections de la Bibliothèque Royale, dont près de 6000 manuscrits médiévaux, et, parmi eux, ce fragment de sacramentaire. Colbert, une figure fondatrice de la Bibliothèque
Tout en constituant l’une des bibliothèques privées les plus considérables d’Europe, Colbert a favorisé le développement de la Bibliothèque royale, que Louis XIV lui a confiée dès 1661, aussitôt après la mort de Mazarin. Désireux d'en faire un instrument au service de la propagande et de la gloire du Roi-Soleil, Colbert installe la Bibliothèque du Roi dans les deux maisons qu'il possédait rue Vivienne et qui forment encore aujourd’hui une partie de la Bibliothèque nationale, le quadrilatère du site Richelieu. Il mène une politique très active d’accroissement des collections, par des achats, des dons, des échanges, des collectes à l’étranger. En quelques décennies, la Bibliothèque du Roi acquiert ainsi une place considérable en Europe et dans le monde savant.

Contre-plat inférieur en papier marbré
 
Garde en papier marbré
 

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Contre-plat inférieur en papier marbré
 

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Reliure de maroquin rouge aux armes de Colbert

La reliure est faite d'un cuir particulièrement luxueux et délicat, le maroquin rouge, fabriqué à partir de peaux importées du Proche-Orient. Les plats sont gravés d’un triple filet doré et ornés au centre des armes de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), auquel ce sacramentaire a appartenu.
Bibliophile passionné, le ministre de Louis XIV possédait une bibliothèque personnelle considérable comprenant près de 20 000 volumes imprimés et 6000 manuscrits. Il a acquis ce volume en 1675 avec les 949 livres de Jean Ballesdens, un académicien et collectionneur parisien. Dans le "catalogue des manuscrits que M. Ballesdens nous a fait voir", rédigé par le bibliothécaire de Colbert, Étienne Baluze, figure en effet un "Canon de la messe de saint Grégoire" qui correspond très certainement au sacramentaire reproduit ici.
Comme la plupart des autres manuscrits ayant appartenu à Colbert, ce sacramentaire est relié à ses armes, "d’or à la couleuvre ondoyante en pal d’azur", surmontées d’une couronne de marquis et entourées des colliers des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. Ces armes parlantes évoquent directement le nom de Colbert, "coluber" en latin signifiant "couleuvre".
En septembre 1732, la Bibliothèque se porte acquéreur des volumes rassemblés par Colbert. Ceux-ci lui sont vendus par l’un de ses descendants, Charles-Eléonor Colbert, comte de Seignelay, moyennant la somme de 300 000 livres. Ce sont ainsi 8000 volumes qui viennent enrichir les collections de la Bibliothèque Royale, dont près de 6000 manuscrits médiévaux, et, parmi eux, ce fragment de sacramentaire. Colbert, une figure fondatrice de la Bibliothèque
Tout en constituant l’une des bibliothèques privées les plus considérables d’Europe, Colbert a favorisé le développement de la Bibliothèque royale, que Louis XIV lui a confiée dès 1661, aussitôt après la mort de Mazarin. Désireux d'en faire un instrument au service de la propagande et de la gloire du Roi-Soleil, Colbert installe la Bibliothèque du Roi dans les deux maisons qu'il possédait rue Vivienne et qui forment encore aujourd’hui une partie de la Bibliothèque nationale, le quadrilatère du site Richelieu. Il mène une politique très active d’accroissement des collections, par des achats, des dons, des échanges, des collectes à l’étranger. En quelques décennies, la Bibliothèque du Roi acquiert ainsi une place considérable en Europe et dans le monde savant.

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Le sacramentaire de Charles le Chauve verso
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Le sacramentaire est un livre liturgique qui rassemble les prières, formules et rites célébrés par l'officiant au cours de la messe. Il s’ouvre avec la préface commune et le canon, les deux seuls passages copiés dans ce petit cahier de dix feuillets, vraisemblablement exécuté pour Charles le Chauve à l’occasion de son couronnement comme roi de Lotharingie à Metz le 9 septembre 869. La perte de ce territoire un an plus tard pourrait expliquer pourquoi le manuscrit est demeuré inachevé. Son grand-père Charlemagne avait fait adopter ce sacramentaire, dit "grégorien" car attribué au pape Grégoire le Grand, pour unifier la liturgie franque sur le modèle romain.

Par sa décoration luxueuse inspirée des motifs de l'Antiquité et des reliures d’orfèvrerie contemporaines, par son écriture à l'encre d'or, en lettres capitales, onciales et minuscules, ses initiales dorées se détachant sur des fonds pourprés, par ses peintures pleines pages qui combinent diverses influences stylistiques et forment des diptyques, ce fragment de sacramentaire constitue l'un des fleurons de l'art carolingien.