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En Chine : une écriture en usage depuis 3500 ans
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La légende de l’origine de l’écriture en Chine
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L’origine de l’écriture en Chine d’après l’archéologie
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Prolifération et classification des caractères
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Le chinois : une écriture idéophonographique
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Belle et bonne écriture chinoise
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Le caractère Éternité
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L’écriture vietnamienne
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L’écriture dongba des Naxi
Belle et bonne écriture chinoise

Bibliothèque nationale de France
Dictionnaire des graphies sigillaires
Sans indication de source, les graphies sigillaires d’un même caractère sont données sous la forme « moderne » inscrite dans un carré. Pour des caractères usuels, les variantes citées sont nombreuses : à la page de gauche, sun, « le petit-fils », en compte vingt-huit.
Une dérive avait suivi la première normalisation de l’écriture, attribuée au ministre de l’empereur Zhou Xuansan (827-781 av. J.-C.), et le Premier Empereur des Qin en ordonna une nouvelle au début de son règne (221 av. J.-C.). Étape ultime de l’écriture antique, la forme des caractères définie alors par son ministre Li Si s’appelle zhuan (qui signifie tout simplement « écrire » ) ou xiaozhuan, « petite écriture ». L’appellation de dazhuan fut alors donnée à l’écriture du ministre Zhou.
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Collection de sceaux des dynasties Qin et Han
Gravés en creux ou en relief dans le métal ou la pierre dure, les sceaux antiques sont, avec les monnaies, des sources essentielles pour la connaissance de l’écriture chinoise telle que normalisée par Li Si à la fin du 3e siècle avant notre ère.
Ces graphies, encore très proches des formes archaïques rencontrées sur les bronzes, seront rapidement supplantées par l’écriture des scribes. Toutefois, elles resteront en usage jusqu’à l’époque contemporaine pour la gravure des sceaux. Riche de 1200 sceaux des dynasties Qin et Han (221 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.), cette collection était déjà dispersée lorsqu’en 1780 Wong Fanggang (1733-1818), lui-même calligraphe et graveur de sceaux de renom, examina et annota ce catalogue.
© Bibliothèque nationale de France
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L’usage du pinceau – et de supports tels que les planchettes de bambou ou la soie – est à l’origine de l’ « écriture des scribes », lishu. Les traits sont plus épais, des pleins et des déliés fortement contrastés la caractérisent. Le caractère n’occupe plus un rectangle dressé mais un carré légèrement écrasé. Le ductus du pinceau est « apparent ». Pour écrire correctement, il fallait conduire son pinceau selon des règles bien définies. Rapidement, cette écriture des scribes fut prépondérante et l’écriture « des sceaux » tomba en désuétude.
L’emploi de pinceaux plus souples entraîna l’évolution vers l’écriture dite « régulière », kaishu, où les caractères s’inscrivent harmonieusement à l’intérieur de carrés. Les traits sont tracés avec fermeté et précision, bien détachés, la lecture est aisée et sans ambiguïté. C’est l’écriture des documents officiels, des copies solennelles. Les caractères d’imprimerie s’en inspirent.

Corpus des graphies des scribes sous les Han
La tradition rapporte que l’écriture li, ou écriture des scribes, fut inventée par un certain Cheng Miao sous le règne du Premier Empereur des Qin, à la fin du 3e siècle avant notre ère. Il aurait mis au point cette écriture plus rapide à tracer pour répondre aux besoins de l’administration pénitentiaire débordée - lui-même, lettré, avait été condamné à la prison. L’empereur, convaincu de la qualité de son travail, l’aurait alors gracié.
Une rupture intervient entre l’écriture des sceaux et celle des scribes : c’est la forme première de l’écriture « moderne », écrite au pinceau, alors que l’écriture zhuan était tracée à l’aide d’un calame trempé dans du vernis. Constitué sous la dynastie des Song du Sud (1127-1279), d’après les estampages de 309 stèles du Ier au IIIe siècle de notre ère, ce corpus donne l’état d’une écriture bien unifiée, même si certaines graphies présentent quelques archaïsmes.
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Sûtra de la dharani qui libère de tous les ennemis
Rouleau manuscrit ouvert.
Le texte apocryphe du Sutra de la dharani qui libère de tous les ennemis, copié en Chine, ne compte que quelques dizaines de caractères, et une seule feuille de papier suffit à sa copie.
Le papier épais, vraisemblablement de fabrication locale, montre une pâte peu homogène et de larges vergeures. Il a été teint en jaune, puis réglé, avant de recevoir le texte calligraphié en écriture régulière (kaishu) selon les standards de dix-sept à dix-huit caractères par colonne. Coupée en biseau, l’extrémité de la feuille de papier est collée au bâton d’enroulage, d’un bois léger, teint en brun.
En tête du texte est montée par simple collage une feuille de couverture d’un papier similaire, mais plus épais, dont le bord extérieur, replié, est renforcé d’une mince lamelle de bambou ; c’est sur celle-ci que l’on peut fixer le ruban de soie qui maintiendra le rouleau fermé. Le titre de l’ouvrage est calligraphié en gros caractères le long du bord de la feuille de couverture.
Rouleau manuscrit fermé.
Le bâton d’enroulage, de bois simple ou précieux, finement incrusté, comme ici, d’un motif de fleur de lotus épanouie ou laqué de noir, constitue, avec la feuille de couverture, la " reliure " du rouleau, dont tous les éléments sont assemblés par simple collage.
Relativement court, le texte - un apocryphe bouddhique de la tradition du Grand Véhicule - tient sur un seul rouleau composé de vingt feuilles de papier. Dans le cas de textes plus longs, dont la copie courait sur plusieurs rouleaux, ceux-ci étaient regroupés dans des enveloppes d’étoffe, chanvre grossier ou brocart de soie.
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L’écriture cursive, ou rapide, xingshu, est l’écriture quotidienne, informelle, celle des notes personnelles et des lettres familières. La main court, et, si le ductus du pinceau suit l’ordre « canonique » des traits, les caractères sont tracés dans un seul et même geste, alors que dans l’écriture régulière le pinceau est « levé » entre les traits.
Plus rapide encore est l’écriture caoshu, « en herbes » ou « cursive brouillonne ». Les traits ne sont plus identifiables et souvent plusieurs caractères consécutifs sont liés. Le geste esthétique prend le pas sur la lisibilité ; celle-ci appartient au domaine de l’art.
Les historiens de l’écriture chinoise considèrent traditionnellement ces quatre styles comme des étapes successives de son évolution. Les fouilles conduites au cours des dernières décennies dans les tombes d’époque Han et Qin, voire des Royaumes combattants, ont mis au jour plusieurs dizaines de milliers de planchettes de bambou ou de bois et quelques manuscrits sur soie. Désormais, pour ces époques anciennes (4e siècle avant notre ère-5e siècle de notre ère), l’étude de l’écriture peut se faire d’après des sources directes – des manuscrits – et non pas sur les « transferts » que sont les inscriptions fondues dans le bronze ou gravées dans la pierre. En outre, pour une même époque, la diversification des sources permet de refonder l’analyse paléographique.
Un nouveau champ d’étude de l’écriture est né : celui des « écrits sur planchettes et sur soie ». Les premières trouvailles avaient rattaché ces manuscrits au style des scribes, l’analyse approfondie de la masse des documents fait apparaître une réalité plus complexe. Avant le 1er siècle de notre ère, l’écriture des scribes n’est pas encore bien fixée, mais on en trouve les prémices dans certaines graphies sigillaires de documents datés de 309 avant notre ère. Des formes cursives de l’écriture sigillaire et de l’écriture des scribes « archaïque » se rencontrent déjà, de même que certaines caractéristiques propres à l’écriture régulière apparaissent au début du 1er siècle de notre ère, alors que les styles régulier, cursif et « en herbes » se fixeront progressivement sous les Wei et les Jin (3e-5e siècle).

De l’écriture, citations d’hier et d’aujourd’hui
Innombrables sont les textes relatifs à l’écriture - son histoire, sa pédagogie - et à l’art d’écrire. Simples citations, préfaces ou colophons, traités à part entière, ils ont fait de tout temps l’objet d’anthologies, rééditées au cours des siècles. Celle-ci nous intéresse en ce que le compilateur a lui-même calligraphié le texte en écriture régulière (page de gauche) et l’a préfacée de sa main en cursive (page de droite). Ce manuscrit a fait partie de la collection d’un calligraphe, Wang Yirong (1845-1900), dont il porte le sceau.
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Autographes de la collection impériale
L’un des maîtres vénérés de la calligraphie, Wang Xizhe (321-379), est unanimement loué pour la perfection de sa cursive, interprétation sensible et libre des formes imposées par le strict ordonnancement des traits. Ses créations n’ont cessé d’être des modèles imités jusqu’à nos jours. Ce texte mêle écriture régulière, cursive et écriture brouillonne, trois styles qu’il pratiquait. Son fils Wang Xianzhe excellera dans la « cursive folle ».
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Les règles du bien écrire

L’usage du pinceau à touffe de poils d’animaux plus ou moins souples
Les huit traits fondamentaux

Les huit traits du caractère yong
(Recueil de calligraphies à travers les âges)
Au 3e siècle av. J.-C., à l’époque où l’écriture des scribes s’élaborait, apparaît l’analyse calligraphique (orthographique serait plus juste) des caractères chinois « en traits » qui caractérise l’écriture des scribes puis l’écriture régulière. Ces traits fondamentaux, déterminés par leur forme, mais aussi par leur direction, sont au nombre de huit.
Le caractère yong, « éternel », les renferme tous : le point, la ligne horizontale, le crochet, le trait oblique montant de gauche à droite, le trait allongé descendant de droite à gauche, le trait oblique descendant de droite à gauche, et le trait allongé descendant de gauche à droite. Bien évidemment ces huit traits se diversifient en fonction de leur contexte propre ; par exemple, un point, deux points ou trois points.
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Le caractère Éternité

Comment tracer les traits du caractère yong
(Recueil de calligraphies à travers les âges)
Au 3e siècle av. J.-C., à l’époque où l’écriture des scribes s’élaborait, apparaît l’analyse calligraphique (orthographique serait plus juste) des caractères chinois « en traits » qui caractérise l’écriture des scribes puis l’écriture régulière. Ces traits fondamentaux, déterminés par leur forme, mais aussi par leur direction, sont au nombre de huit.
Le caractère yong, « éternel », les renferme tous : le point, la ligne horizontale, le crochet, le trait oblique montant de gauche à droite, le trait allongé descendant de droite à gauche, le trait oblique descendant de droite à gauche, et le trait allongé descendant de gauche à droite. Bien évidemment ces huit traits se diversifient en fonction de leur contexte propre ; par exemple, un point, deux points ou trois points.
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L’ordre des traits est rigoureux : on procède de haut en bas et de gauche à droite et lorsque des traits se croisent, on termine par la verticale. L’organisation spatiale des traits répond à la logique des six modes de formation des caractères de Xu Shen : chaque sous-ensemble entrant dans la composition d’un caractère reste une entité graphique mais peut subir des modifications formelles liées à l’espace qui lui est imparti dans le nouveau caractère.
Par exemple, huo « le feu » prendra des formes différentes selon qu’il se trouve à gauche ou à la base d’un caractère. Ainsi nous avons zha « frire » et zhu « bouillir », mais aussi fen « brûler ». Le maniement du pinceau, qui doit être parfaitement vertical, la pointe perpendiculaire au papier, tenu entre le pouce, le majeur et l’index, la main arquée, le poignet cassé à angle droit par rapport à l’avant-bras maintenu horizontal, est un long et difficile apprentissage.

Huo « le feu »
La connaissance des caractères est indissociable de cet apprentissage puisque chaque caractère est un mot, riche d’un (ou de plusieurs) sens, d’une étymologie et d’une prononciation qui n’est en principe pas notée et qu’il faut aussi apprendre. La maîtrise de l’écriture chinoise requiert des qualités physiques (habileté manuelle), morales (assiduité, persévérance), intellectuelles (compréhension du sens des mots) et sensorielles (sens des proportions et de l’organisation de l’espace). Elle est un passage obligé vers la connaissance, qui donne accès au pouvoir par la voie des examens mandarinaux.
L’art de la calligraphie
De l’habilité parfaite du scribe, moine ou fonctionnaire, qui produit des copies sans reproche, à l’accomplissement esthétique de certains manuscrits, une démarche intellectuelle est à l’œuvre, une quête de la nature essentielle des choses qui s’apparente à celle des peintres lorsqu’ils font fi de la simple imitation des apparences pour atteindre la vérité profonde. L’écriture chinoise, pour être une figuration intellectualisée des éléments de l’univers et non un simple jeu de signes abstraits, propres à la notation phonétique d’une langue parlée, a suscité, de la part des lettrés qui la pratiquaient, une démarche esthétique originale dès la fin des Han (2e siècle). La calligraphie s’est alors érigée en art en transgressant les règles du bien écrire au bénéfice d’une recherche plastique : la tradition attribue à Zhang Zhi (vers 150) l’invention de l’art de la cursive, devenue forme pure, sans souci de lisibilité, interprétation esthétique des formes imposées de l’écriture des caractères.

Les Monts Jingting en automne
Descendant de la famille impériale déchue des Ming (1368-1644) et connu sous son nom de moine Daoji, ou son surnom officiel, Shitao (1642-1717), « Flots pétrifiés », est une figure exemplaire de la longue lignée des peintres-lettrés. Cultivant avec éclectisme un large registre de création, peintre, il fut aussi bien poète, calligraphe, architecte-paysagiste que théoricien et philosophe, auteur d’un magistral traité d’esthétique picturale.
Ce remarquable paysage, fidèle en sa composition d’étagement de plans successifs à la tradition chinoise du rendu de la perspective, se construit autant par cernes fermes que par une infinité de touches et de valeurs d’encre. La grande manière de l’artiste est cette cohérence révélée d’une complexité quasi organique des montagnes, rendue comme dans une poussée orogénique, qui rivalise avec les arbres, les plantes et les eaux... et que contemple l’homme assis devant le pavillon.
De la même veine, du même pinceau victorieux, est la calligraphie autographe - au tracé puissant et aux proportions d’une stèle - qui relate les circonstances de la création, l’épreuve surmontée : « Sans énergie et accablé de tourments, j’ai presque désiré jeter mon pinceau et brûler ma pierre à encre, mais je n’ai pu y parvenir... »
Photo (C) RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Daniel Arnaudet
Photo (C) RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Daniel Arnaudet

Autographes de la collection impériale
L’un des maîtres vénérés de la calligraphie, Wang Xizhe (321-379), est unanimement loué pour la perfection de sa cursive, interprétation sensible et libre des formes imposées par le strict ordonnancement des traits. Ses créations n’ont cessé d’être des modèles imités jusqu’à nos jours. Ce texte mêle écriture régulière, cursive et écriture brouillonne, trois styles qu’il pratiquait. Son fils Wang Xianzhe excellera dans la « cursive folle ».
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Une insensible, et comme naturelle, intrusion des lettrés dans le domaine de la peinture, jusque-là réservée aux artistes de métier, a contribué dès l’époque des Tang (618-907) à mettre en valeur la parenté entre les deux arts recourant à un commun médium : le pinceau et l’encre. Leur apport devient déterminant dans les théories d’esthétique picturale, dont le champ métaphorique comme la terminologie technique sont largement empruntés à l’expérience calligraphique.
Peinture, calligraphie et poésie
À partir des Yuan (1278-1368), ce courant intellectuel qui associe étroitement peinture, calligraphie et poésie devient prédominant dans la peinture chinoise. Traducteur d’une pensée déjà fort ancienne, le peintre Shitao, dans ses Propos sur la peinture (écrits entre 1710 et 1720) est très explicite : « Bien que la peinture et la calligraphie se présentent concrètement comme deux disciplines différentes, leur accomplissement n’en est pas moins de même essence » (chap. XVII, « En union avec la calligraphie » ) ; « La peinture constitue le sens même du poème, tandis que le poème est l’illumination qui gît au cœur de la peinture » (chap. XIV, « Les quatre saisons » ).

La Falaise rouge
Né dans une famille lettrée de Suzhou, poète, calligraphe et peintre, Shen Zhou (1427-1509) est considéré comme le maître influent de l’École de Wu au sein de laquelle se distingueront les peintres-lettrés les plus importants de la dynastie Ming (1368-1644). Lettré accompli, il se tint à l’écart des contraintes de la carrière mandarinale pour mener la vie d’un esthète.
L’œuvre - réalisée lors d’une réunion entre amis, au cours de laquelle il fut sollicité pour cet exercice de style, ainsi que le rapporte le long colophon autographe - s’inscrit dans la grande tradition calligraphique des Song du Nord (960-1127) que Shen Zhou s’était fixée comme référence quasi exclusive. Il admirait notamment Huang Tingjian (1045-1105), poète, calligraphe et critique d’art, qui avait été l’ami du grand poète, calligraphe et homme d’État Su Dongpo (1031-1101), et dont il possédait trois calligraphies originales.
Sa cursive monumentale, tout à la fois aristocratique et pleine de vie, parfaitement lisible, reste proche de l’écriture régulière, mais elle s’anime de « l’empreinte du cœur » (xinyin), cette marque d’une expression personnelle que recherchaient tout particulièrement les quatre grands maîtres des Song du Nord.
Photo (C) MNAAG, Paris, Dist. RMN-Grand Palais / image musée Guimet
Photo (C) MNAAG, Paris, Dist. RMN-Grand Palais / image musée Guimet
Née avec l’invention de la « cursive moderne » de Zhang Zhi, la calligraphie s’appliquera à tous les styles d’écriture, qu’il s’agisse de l’écriture régulière ou cursive, d’usage courant, des styles surannés comme l’écriture des scribes ou celle des sceaux, habituellement réservés à la calligraphie des titres des peintures ou des inscriptions lapidaires, mais aussi utilisés pour des textes entiers à des époques - Song (1127-1279) et Qing (1644-1911) - marquées par un fort goût pour l’Antiquité.
On a même vu apparaître, au 20e siècle, suite à la découverte des inscriptions oraculaires, des calligraphies interprétées dans ce style. Depuis toujours, il n’est de calligraphes de renom que ceux qui pratiquent plusieurs styles, sinon tous.

Inscription du stupa du Bouddha Prabhutaratna du temple du Qianfusi
Une puissante majesté, une force inébranlable s’expriment dans cette calligraphie de Yan Zhenqing (709-785) destinée à être gravée sur une stèle érigée en 752 dans un temple bouddhique de Chang’an. L’estampage du monument a été découpé en bandes pour être monté en album. On connaît aussi de Yan Zhenqing des calligraphies cursives mais son style régulier, à l’image de son caractère courageux et sans compromis, est considéré comme un des sommets de l’art calligraphique d’époque Tang.
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Inscription de la Source douce du palais Jiucheng
Majestueuse et austère, d’un équilibre parfait est la calligraphie « régulière » tracée par Ouyang Xun (557-641) d’après un texte poétique louant le site - et la « Source aux eaux douces comme le vin nouveau » - du palais d’été de l’empereur Tang Taizong (627-649). Un an avant sa mort, l’empereur rédigea et calligraphia lui-même un texte en hommage aux « Sources chaudes » qu’il prenait près de Chang’an, sa capitale. Un estampage levé au 7e siècle nous a gardé copie de sa cursive élégante et vigoureuse.
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Bien rares sont les calligraphies originales antérieures au 10e siècle, et l’art des grands maîtres des époques anciennes n’est souvent connu que par des copies ultérieures ou par des estampages levés sur des pierres gravées d’après des originaux. Montés en albums, ces estampages sont collectionnés pour eux-mêmes et utilisés comme modèles. Pour les époques anciennes - 11e-13e siècles -, à côté d’autographes authentiques, des copies à main levée exécutées à des dates variables donnent une idée plus vivante et plus exacte des œuvres que ne peuvent le faire les estampages.
Les calligraphies sont traditionnellement montées en rouleaux – horizontaux ou verticaux –, exactement comme les peintures. De la même façon, elles sont conservées roulées, rangées dans des coffrets de bois, et ne sont ouvertes que pour être présentées à des hôtes, à qui l’on fait parfois l’honneur de demander de noter de leur pinceau le souvenir – élogieux – de leur visite.

Sutra du Lotus de la Bonne Loi
Mutilé en son début, ce manuscrit ne compte plus que dix feuilles de papier sur les vingt que le monteur Xie Shanji avait soigneusement assemblées en rouleau, teintes et traitées à la cire avant que Yuan Yuanzhe, scribe de la chancellerie impériale, n’exécute sa copie, terminée le quinzième jour du dixième mois de l’année 675.
Près de cinquante rouleaux copiés entre 671 et 677 à Chang’an, l’actuelle Xi’an, alors siège de la cour des Tang, participant de la même commande impériale, ont été retrouvés dans la grotte murée de Dunhuang en Asie centrale.
Le papier employé pour cette édition impériale est certainement le plus beau qui soit produit alors dans l’empire : un papier de chanvre très élaboré, à fines vergeures régulières et à double ligne de chaînette, teint et traité à la cire.
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