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Trois figures de peintres persans : Behzâd, Sâdeqi et Rezâ 'Abbâssi

Anthologie poétique persane
Anthologie poétique persane

Bibliothèque nationale de France

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La peinture de manuscrits est l'un des rares domaines de l'art islamique où émergent des personnalités artistiques fortes, dont les noms sont parvenus jusqu'à nous. Behzâd, Sâdeqi, Rezâ 'Abbâssi : trois peintres, trois styles, trois rapport à l'art.

Le naturalisme expressif de Behzâd

Jeune femme et son enfant
Jeune femme et son enfant |

Bibliothèque nationale de France

Le peintre Kamâl al-D'in Behzâd (v. 1455-v. 1536) dirige l’école timouride de Hérât de 1486 à 1506, avant de s’installer à Tabriz, où il est nommé directeur de l’atelier royal safavide après 1522. Enormément d’œuvres lui sont attribuées, mais il semble que peu soient vraiment de sa main. Sa signature figure de façon incontestable sur un exemplaire du Verger, réalisé en 1488 pour Hoseyn Mirzâ. Au sein d’une peinture timouride ou turkmène au formalisme figé, Behzâd introduit un certain naturalisme expressif et une interprétation plus libre : les éléments décoratifs perdent la place qu’ils occupaient dans les peintures au profit de détails plus chargés d’émotion ; les personnages, très nombreux, sont parfaitement individualisés. Il n’hésite pas à représenter des scènes qui n’ont aucun rapport direct avec le texte ou font allusion à un autre texte sur le même thème. Sa maîtrise de la composition et son talent de coloriste font de Behzâd la figure emblématique d’un nouveau style.

Sâdeqi le théoricien

Le peintre Sâdeq Bêg Afchâr, ou Sâdeqi (dont on voit une œuvre à droite), est actif à la cour de Qazvin comme poète et peintre à partir de 1568. Peu après l’avènement de Châh ‘Abbâs, en 1587, il est nommé à la tête de l’atelier-bibliothèque. Son Qânoun al-sovar (Canon des images) se présente comme un recueil de « conseils à son fils » et comporte une suite de brefs chapitres sur la confection du pinceau, la façon de le tenir, le mélange des couleurs, le vernis, l’emploi de l’or et de l’argent, l’art du portrait, le dessin animalier, les couleurs à l’huile ou les laques, les couleurs en aplat, la laque sur fond d’argent, l’application des couleurs, les couleurs à la colle, la préparation de la céruse et du minium, la fabrication du vert-de-gris, celle du cinabre et celle du rouge rubis.

Jeune homme tenant une fleur (à droite). Touffe d'acanthe (à gauche)
Jeune homme tenant une fleur (à droite). Touffe d'acanthe (à gauche) |

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Rezâ le portraitiste

Rezâ ‘Abbâsi travaille à Ispahan au service de Châh ‘Abbâs, avec un intermède de dix ans (1605-1615) pendant lesquels il s’éloigne de la cour. Tout comme ses contemporains ou ses disciples, il est peu sollicité pour illustrer des manuscrits  : la mode est aux peintures et aux dessins isolés. Son influence se marque surtout dans la représentation des silhouettes et des visages. Jusqu’à sa mort, en 1635, Rezâ résistera à l’influence de l’art européen.

Portrait d'une jeune fille assise comptant sur ses doigts
Portrait d'une jeune fille assise comptant sur ses doigts |

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Hakîm Shifâ'î assis
Hakîm Shifâ'î assis |

Bibliothèque nationale de France

Provenance

Cet article provient du site Splendeurs persanes, 1999.­­

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