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BnF Essentiels
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La France au 18e siècle

De Louis XIV à la Révolution

Siècle des Lumières, de l'encyclopédisme, de la raison, de la quête du bonheur et de la liberté : autant d'expressions qui caractérisent le 18e siècle en France. En quelques décennies les idées, la politique et l'économie sont bouleversées, marquant le passage d'un régime monarchique absolu à l'effondrement brutal de la monarchie. Période de ferment intellectuel intense, mais aussi d'innovations techniques et scientifiques, les Lumières façonnent un homme nouveau, résolument engagé dans son époque et porteur de valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et de tolérance.

La révocation de l’édit de Nantes (1685)

Dès le début de son règne, Louis XIV a souhaité unifier le royaume sur les plans administratif, politique et religieux. Le protestantisme est considéré comme une menace contre l’absolutisme royal. Après un temps de persécutions et de conversions forcées, Louis XIV promulgue l’édit de Fontainebleau, le 18 octobre 1685, qui révoque l’édit de Nantes (1598), qui reconnaissait la liberté de culte aux protestants. Le protestantisme est interdit, les temples détruits, de nombreux fidèles contraints à l’exil. 

Les conséquences seront désastreuses pour la France qui voit fuir non seulement les grandes fortunes protestantes, mais aussi toute une foule d’artisans, de marins, de soldats, de professeurs talentueux, au profit de l’Angleterre, des Pays-Bas, de la Prusse ou de l’Amérique.

Révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV
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Début de la guerre de succession d'Espagne (1701)

Le 1er novembre 1700, le roi d’Espagne Charles II, issu de la dynastie autrichienne des Habsbourg, meurt sans descendance. Il lègue sa couronne au duc d’Anjou, petit-fils du roi de France Louis XIV. Le jeune homme, âgé de dix-sept ans, est couronné à Madrid sous le nom de Philippe V. 

La succession est contestée : l’Autriche estime que le trône lui revient, tandis que la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies s’inquiètent d’une hégémonie de la France en Europe. Ces puissances se regroupent dans la Grande Alliance et déclarent la guerre à Louis XIV et à Philippe V le 13 mai 1702. C’est le début d’une longue guerre qui s’achève en 1713 après une campagne militaire en Allemagne victorieuse pour Louis XIV.

La prise de Béthune le 29 août 1710
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La destruction de Port-Royal (1711)

Fondée en 1204, l’abbaye de Port-Royal devient au 17e siècle un haut lieu de la réforme catholique et un symbole de la contestation politique et religieuse. Centre de la pensée janséniste en France, Port-Royal apparaît comme un foyer de résistance. Louis XIV, ne parvenant pas à réduire les religieuses à l’obéissance, les disperse en 1709 et fait raser l’abbaye deux ans plus tard.

Le réfectoire de Port-Royal des Champs
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La déroute des Jansénistes
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Expulsion des soeurs de Port-Royal des champs et démolition de l’abbaye
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La paix d'Utrecht (1713)

Le traité d’Utrecht met fin à la guerre de Succession d’Espagne et consacre le partage de l’empire espagnol : si Philippe V garde la couronne d’Espagne, Charles VI d’Autriche reçoit les territoires italiens et les Pays-Bas espagnols.

L’Autriche s’accroît donc considérablement tandis que l’Espagne se trouve reléguée au second rang. Malgré sa victoire, la France, affaiblie par cette guerre longue et coûteuse, fait des concessions coloniales à la Grande-Bretagne, qui s’affirme comme une grande puissance sur les mers.

Ne consacrant ni vainqueurs ni vaincus, la paix d’Utrecht marque le début de la diplomatie moderne. Le principe d’équilibre des puissances européennes, prôné par les Anglais, triomphe, marquant la fin de l’hégémonie française.

La paix d’Utrecht
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Une ambassade persane à Versailles (1715)

En 1715, l'empereur iranien Shah Soltan Hosein envoie une délégation auprès de Louis XIV, afin de signer un traité diplomatique et commercial entre la France et la Perse. Le 19 février, l’ambassadeur Muhammad Reza Beg se rend à Versailles avec faste pour l’audience royale. La réception est grandiose, même si l’on raconte que le Roi-Soleil est déçu par la simplicité des présents : perles, turquoises, boîtes d’or et baume de momie. 

Outre son importance diplomatique, cette ambassade témoigne de l'intérêt pour la découverte des peuples d’Orient. Elle a donné à Montesquieu l’idée des Lettres persanes (1721), correspondance fictive entre deux voyageurs persans et leurs amis, qui connaît un grand succès.

L’audience donnée par Louis XIV à l’ambassadeur de Perse à Versailles
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La Régence du duc d'Orléans (1715-1723)

À la fin du règne de Louis XIV, le royaume est épuisé par des années de guerre, auxquelles se sont ajoutées les famines et les épidémies. La mort du roi, en 1715, est ressentie à la fois comme une libération et comme le terme d’une longue période de privations. Âgé seulement de cinq ans, Louis XV est trop jeune pour gouverner. Le 1er janvier 1716, une séance solennelle du Parlement – le « lit de justice » – accorde les pleins pouvoirs à Philippe d’Orléans, en contrepartie d’une autorité restaurée pour le Parlement et la haute noblesse.

Le roi Louis XV tenant son lit de justice en son Parlement où il a déclaré Mr le duc d’Orléans régent du Royaume le 1er janvier 1716
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La banqueroute de Law (1720)

Le Régent instaure une politique pacifique, mais la dette de la France représente dix ans de recettes fiscales. Séduit par l’économiste écossais John Law, le régent l’autorise à créer en 1716 une banque qui émette du papier-monnaie. Elle s’engage dans des spéculations sur le commerce des colonies en Amérique qui deviennent vite incontrôlables. Le 17 juillet 1720, à suite d’une panique, la bousculade est si forte au siège de la banque que « quinze à seize personnes furent étouffées ». 

Malgré cette retentissante faillite, le royaume est apaisé et ses finances se sont améliorées lorsque le Régent rend le pouvoir à Louis XV en février 1723. Il meurt brusquement quelques mois plus tard.

La banqueroute de Law
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Louis XV roi de France

En 1723, à son accession au pouvoir, le jeune Louis XV bénéficie d’un soutien populaire qui lui vaut le surnom de « Bien-Aimé ». Mais au fil des années, sa faiblesse dans la prise de décisions, les intrigues impliquant sa maîtresse, la marquise de Pompadour, et la dépravation prétendue de sa vie privée lui valent l’effondrement de sa popularité. 

Si l’amélioration du niveau de vie est durable, de profondes transformations économiques et sociales finissent par déséquilibrer le régime malgré plusieurs tentatives de réforme. À partir des années 1750, la politique royale est attaquée par les philosophes et les parlementaires. Alors que l’utilité d’une réforme globale se fait sentir, le pouvoir se durcit.

Louis XV, en pied, de trois-quarts à gauche
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La guerre de succession d'Autriche (1740-1748)

En 1740, la mort de l’empereur Charles VI et l’avènement de sa fille Marie-Thérèse déclenchent la guerre de Succession d’Autriche. Des princes revendiquent tout ou partie de l’empire, contestant le droit de régner à une femme. En 1741, la France s'allie à la Prusse contre les Autrichiens, les Britanniques et les Hollandais. 

Le conflit va durer sept longues années jusqu'au traité d’Aix-la-Chapelle en 1748. À la surprise générale, Louis XV rend ses conquêtes à l’Autriche, déclarant avoir conclu la paix « en roi et non en marchand ». 

La Prusse est la grande gagnante du conflit. Elle agrandit son royaume aux dépens de l’Autriche, ce que Marie-Thérèse peine à accepter.

Siege de Berg-op-Zoom par les troupes de France commandées par Mr. le Maréchal de Lowandal
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L'attentat de Damiens (1757)

En 1757, Louis XV est victime d’un attentat à Versailles. Le coupable, Damiens, laquais à la cour, est arrêté et torturé. Il déclare avoir voulu seulement donner un avertissement au roi qui n’écoutait pas les appels du Parlement concernant la misère du peuple. 

Le Parlement, ne voulant pas être mis en cause, exige un procès. Louis XV, qui avait accordé son pardon au laquais, accepte finalement qu’il soit jugé. Damiens est condamné au châtiment des régicides : poing droit coupé, chairs tenaillées, écartèlement à quatre chevaux. Cette exécution atroce a lieu en place de Grève, le 28 mars 1757, devant une foule nombreuse qui gronde. 

Damiens, fervent croyant et homme du peuple, est un témoin de la séparation entre la cour et ses sujets.

Exécution de Damiens
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Exécution de Jean Calas (1762)

À Toulouse, en 1761, le protestant Jean Calas est accusé d'avoir assassiné son fils pour l’empêcher de se faire catholique. Il est condamné par le parlement de Toulouse et roué vif en mars 1762. 

Voltaire, convaincu de son innocence, porte l’affaire devant l’opinion pour obtenir la révision du procès. Calas est finalement réhabilité en mars 1765.

La Malheureuse Famille Calas
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Lettre de Diderot à propos de l’affaire Calas
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Traité sur la tolérance
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La guerre de Sept Ans (1756-1763)

La guerre de Sept Ans est la première guerre véritablement mondiale : on se bat sur plusieurs fronts, en Europe, en Amérique et en Inde. 

Par rapport à la guerre de Succession d'Autriche, les alliances sont renversées. La France, alliée à l’Autriche, s'oppose à la Prusse, alliée à l’Angleterre. Le Prussien Frédéric II est en infériorité numérique, mais son armée, très bien équipée, est la mieux entraînée. 

De cette longue lutte, la Prusse sort grandie et la France abaissée. Frédéric II doit la victoire à son génie militaire et à sa ténacité autant qu’aux erreurs de ses adversaires, qui n’ont pas su combiner leurs efforts et saisir les occasions décisives.

Vue perspective du siège de la Ville de Dresde
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Le traité de Paris (1763)

C’est dans un climat de fête qu’est signé, le 10 février 1763, le traité de Paris qui met fin à la guerre de Sept Ans. La France, l’Espagne et la Grande-Bretagne s’accordent sur une nouvelle répartition de leurs territoires. 

En réalité, le traité bénéfice à la Grande-Bretagne, qui y gagne un vaste empire, des Indes jusqu’à l’Amérique, au détriment de la France, qui perd notamment l’actuel Canada. La France n’est plus la nation européenne dominante en Europe. Pour Louis XV, qui a sacrifié 200 000 hommes en Allemagne pendant qu’il perdait ses colonies faute de troupes pour les défendre, le conflit a été un désastre. 

Le Royaume-Uni peut étendre son influence et sa culture sur l’ensemble du monde.

Festivités lors de la signature du traité de Paris
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L'expulsion des Jésuites (1764)

Les Jésuites représentent tout ce que les Lumières combattent : un ordre religieux, riche, au pouvoir incontrôlable car relevant directement du pape. Leur rôle dans l’enseignement, leur fonction de confesseurs des rois, leur insoumission à tout pouvoir politique ne pouvaient qu’aggraver la situation. 

Une vague d’attaques emporte la Compagnie de Jésus à partir de 1759, date de son expulsion du Portugal. En France, l’affaire démarre avec la faillite du père La Valette à la Martinique. Assigné par ses créanciers, le responsable des missions jésuites en appelle au parlement de Paris, mais les magistrats jansénistes saisissent l’occasion pour réclamer un examen des statuts de l’ordre. Les jésuites sont proscrits du royaume en 1764. L'ordre est finalement dissout par le pape en 1773.

Coutume des Jésuites
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Un bilan territorial mitigé

Louis XV meurt en 1774 des suites de la petite vérole. Sous son règne, la France a connu des succès militaires sur le continent européen et acquis notamment la Lorraine et la Corse. En revanche, elle a perdu le contrôle d’une grande partie de son empire colonial au profit de la Grande-Bretagne.

Intaille du triomphe de Fontenoy
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Louis XVI roi de France (1775)

Le 10 mai 1774, Louis XV meurt des suites de la petite vérole, accablé par la vindicte populaire. Louis XVI, son petit-fils, alors âgé de dix-neuf ans, lui succède sur le trône. Selon la tradition, il est sacré à Reims le 11 juin 1775 lors d’une cérémonie fastueuse.

L'Auguste Cérémonie du sacre de Louis XVI, roi de France et de Navarre, célébrée à Reims le 11 juin 1775
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Cérémonie du Couronnement de Louis XVI le 11 juin 1775
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Cérémonie du sacre de Louis XVI le 11 juin 1775
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Marie-Antoinette, reine de France

Fille de l’archiduchesse Marie-Thérèse d’Autriche, Marie-Antoinette est vouée à la réconciliation franco-autrichienne par son mariage avec le futur Louis XVI. Elle parle alors très mal le français et doit apprendre les codes de la cour de France. Dès son arrivée à Versailles, elle est surnommée « l’Autrichienne » et moquée par tous. 

Le 16 mai 1770, Marie-Antoinette épouse le dauphin à Versailles. Elle devient reine de France et de Navarre à dix-huit ans, lors de la cérémonie du sacre le 11 juin 1775. Elle affirme un goût pour les arts, mais son impopularité perdure et des scandales l’entourent. Une littérature diffamante sur le couple royal est largement diffusée.

Portrait de Marie-Antoinette
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L'affaire du collier (1784-1786)

En 1784, Marie-Antoinette est victime d'une affaire d'escroquerie autour d'un somptueux collier de diamant. Un scandale éclate l'année suivante, menant au procès du cardinal de Rohan. Malgré son innocence et l'arrestation de l'autrice du vol, Mme de la Motte, la reine est conspuée par l'opinion. Cette affaire entâche durablement sa popularité.

Le collier de la reine et l'affaire qui l'entoure ont inspiré nombre d'écrivains, créant un véritable mythe littéraire.

Convocation des États généraux (1789)

Le pouvoir sous Louis XVI ne parvient pas à réformer le système économique, social et politique de la France. En 1789, pour faire face aux difficultés financières du régime, le roi est contraint de convoquer les États généraux. C'est le premier des événements qui mènent à la Révolution française et à l'abolition de la monarchie.

La Constitution, votée en 1791, instaure un nouveau type de monarchie. Le pouvoir est partagé entre le roi et une Assemblée législative. Mais après plusieurs décisions malheureuses, dont une tentative de fuite, Louis XVI finit par être arrêté le 10 août 1792. Jugé coupable de trahison, il est condamné à mort et guillotiné le 21 janvier 1793. 

Ouverture des États généraux
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