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Madame d’Aulnoy, la « fée des contes »

Portrait gravé de Mme d’Aulnoy
Portrait gravé de Mme d’Aulnoy

Bibliothèque nationale de France

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Contrainte de fuir la France après avoir tenté de faire exécuter son mari, exilée et voyageant dans les cours européennes, Madame d'Aulnoy connait une vie pleine de rebondissements et d’aventures. Mondaine influente des salons littéraires, elle est reconnue pour la publication de L'Île de la Félicité, premier conte de fées publié en France.
 

Une vie rocambolesque

Issue de la petite noblesse normande, Marie-Catherine Le Jumel de Barneville, baronne d’Aulnoy, est poursuivie à dix-neuf ans pour avoir voulu se débarrasser de son mari, son aîné de trente ans, en l’accusant d’avoir tenu des propos outrageants contre le roi. Le baron s’étant disculpé, Mme d’Aulnoy sillonne l’Europe, des Flandres à l’Espagne en passant par l’Angleterre pendant une vingtaine d’années, avant un retour à Paris en 1690.

Martine Reid parle de la baronne d'Aulnoy
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Madame d'Aulnoy, une vie de roman
Par Martine Reid

Elle tient bientôt, rue Saint-Benoît, un salon littéraire fréquenté par Mme de Murat, Mlle L’Héritier, Saint-Evremond et le prince de Conti. Elle publie quelques romans et mémoires sur les cours d’Europe qu’elle a fréquentées avant de faire paraître coup sur coup, en 1697 et 1698, deux recueils de contes qui confirment sa notoriété. C’est pour ces derniers que cette contemporaine de Charles Perrault passe à la postérité et devient un modèle pour d’autres conteuses. À une belle imagination, Mme d’Aulnoy allie un grand sens de l’observation, une réelle finesse dans l’analyse des sentiments, ainsi qu’une remarquable capacité à raconter des histoires.

À l’origine des contes de fées

Femme lisant des contes de fées à deux jeunes filles
Femme lisant des contes de fées à deux jeunes filles |

© Bibliothèque nationale de France

C’est à la fin du 17e siècle que la Cour, et avec elle les hommes et femmes de lettres fréquentant les salons, prend goût pour des histoires brèves à l’intrigue bien menée, mêlant détails réalistes et merveilleux. Paru en 1690, le roman de Mme d’Aulnoy, Histoire d’Hippolyte, comte de Douglas, contient un récit, L’île de la félicité, considéré comme le premier conte de fées rédigé en français. Trois volumes de ses Contes des fées paraissent en 1697, quelques mois seulement après ceux de Charles Perrault, suivi en 1698, d’un quatrième volume publié sous le titre Contes nouveaux ou les Fées à la mode.

Dans l'heureux temps où les fées vivaient, régnait un roi qui avait trois filles; elles étaient belles et jeunes; elles avaient du mérite : mais la cadette était la plus aimable et la mieux aimée; on la nommait Merveilleuse.

Marie-Catherine d'Aulnoy, Contes des fées, Le Rameau d'or, 1697

Alors que Perrault n’a publié que huit contes, Mme d’Aulnoy en a imaginé vingt-cinq, parmi lesquels L'Oiseau bleu, Le Nain Jaune, La Chatte Blanche ou Gracieuse et Percinet.

Martine Reid évoque les Contes des fées de la baronne d'Aulnoy
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Les Contes des fées de la baronne d'Aulnoy
Par Martine Reid

D’une grande inventivité, ces contes connaîtront une diffusion considérable au 18e siècle et au siècle suivant. Ils seront l’objet d’illustrations que l’on retrouvera jusque sur les assiettes et le mobilier ; ils seront à l’origine d’un goût pour le conte de fées que l’on retrouvera chez nombre d’auteurs, Mlle de Lubert et Catherine Bernard aussi bien que chez le chevalier de Boufflers et Jean-Jacques Rousseau.

Provenance

Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2015).

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