-
Vidéo
L'Asie orientale, foyer de l'imprimerie
-
Article
Le livre en Chine, du rouleau au cahier
-
Article
Éloge de l’encre
-
Article
Techniques de l’impression en Chine
-
Article
À Dunhuang, les premières impressions chinoises
-
Article
Le développement de l’édition
-
Article
L’illustration dans les imprimés chinois
-
Article
Les impressions polychromes
-
Article
Précieux albums des 17e et 18e siècles en Chine
-
Article
Les Presses impériales
-
Article
Jikji : le plus ancien livre typographique connu
-
Vidéo
Le Jikji
-
Vidéo
Jikji, un voyage dans le temps de l’écrit
-
Article
Paegun et son siècle
-
Article
L’imprimerie en Corée
-
Album
Tableaux du labourage et du tissage
Le livre en Chine, du rouleau au cahier

Bibliothèque nationale de France
Lokaupapatti sûtra
Ce sûtra fut traduit par deux moines actifs à Luoyang entre les années 290 et 306. Ce rouleau, à l’excellente calligraphie, est pourvu d’un colophon signalant qu’il fut exécuté sur l’ordre de l’impératrice, la très pieuse épouse de Wang Jian, l’empereur Wendi de la dynastie des Sui, à la capitale Chang’an. Au cours de sa vie, cette femme dévote aurait offert un total de 46 collections complètes du Canon bouddhique, ce qui impliquerait la copie de plus de 100 000 rouleaux. On peut imaginer la taille des ateliers papetiers et le nombre de copistes nécessaires à l’achèvement de ces commandes impériales.
Le document a conservé son bâton d’origine dont on voit, malgré les extrémités mutilées, qu’il était laqué en noir. Ce rouleau de beau papier fin teinté en ocre foncé était protégé par une feuille de renfort plus épaisse servant de couverture. La première feuille du texte était collée à cette couverture qui assurait sa protection une fois roulée. Tous les rouleaux étaient en principe pourvus d’un bâton d’enroulement fixé à la feuille finale coupée en biseau et étaient protégés par une première feuille plus épaisse collée avant le texte. Une fine lamelle de bambou glissée sous deux épaisseurs de papier au tout début en assurait la rigidité et permettait d’y attacher un long et mince ruban qui enserrait le tout. L’existence de ces rouleaux éclaire un aspect de cette dynastie, courte mais brillante, au cours de laquelle le bouddhisme connut un grand développement. Fervent croyant, l’empereur se servit de cette religion pour unifier le vaste territoire qu’il contrôlait désormais, après des siècles de désunion.
Bibliothèque nationale de France
Des rouleaux manuscrits en bois, en soie ou en papier
Les premiers livres chinois étaient constitués de lattes de bambou ou de fiches de bois de longueurs diverses dont l’étroitesse n’autorisait qu’une seule colonne de texte. Chaque latte inscrite verticalement était reliée aux autres par des cordelettes. L’ensemble était roulé sur lui-même pour le stockage. Ces documents lourds et encombrants devaient être transportés sur des charrettes.
Le livre de soie est également d’origine très ancienne. Le tissu offrait l’avantage d’un format moins contraignant pour le tracé d’illustrations, notamment de cartes géographiques. L’étoffe tissée sur une grande longueur permettait de copier des textes longs, les rouleaux demeurant légers et aisément transportables. Quelques rarissimes manuscrits sur soie ont été exhumés. Le plus ancien connu appartient à la culture Chu du Sud de la Chine et date de l’époque des Royaumes Combattants (403-221). Un autre manuscrit, découvert à Mawangdui, date des années 200 avant notre ère. Matériau noble, léger et durable, la soie utilisée probablement depuis la haute antiquité continua à servir de support pour les copies de luxe. La Bibliothèque Nationale conserve plusieurs rouleaux de soie du 5e siècle de notre ère qui constituent les plus anciens manuscrits ramenés de Dunhuang par Paul Pelliot.

Sûtra de la dharani qui libère de tous les ennemis
Rouleau manuscrit ouvert :
Le texte apocryphe du Sutra de la dharani qui libère de tous les ennemis, copié en Chine, ne compte que quelques dizaines de caractères, et une seule feuille de papier suffit à sa copie. Le papier épais, vraisemblablement de fabrication locale, montre une pâte peu homogène et de larges vergeures. Il a été teint en jaune, puis réglé, avant de recevoir le texte calligraphié en écriture régulière (kaishu) selon les standards de dix-sept à dix-huit caractères par colonne. Coupée en biseau, l’extrémité de la feuille de papier est collée au bâton d’enroulage, d’un bois léger, teint en brun. En tête du texte est montée par simple collage une feuille de couverture d’un papier similaire, mais plus épais, dont le bord extérieur, replié, est renforcé d’une mince lamelle de bambou ; c’est sur celle-ci que l’on peut fixer le ruban de soie qui maintiendra le rouleau fermé. Le titre de l’ouvrage est calligraphié en gros caractères le long du bord de la feuille de couverture.
Rouleau manuscrit fermé :
Le bâton d’enroulage, de bois simple ou précieux, finement incrusté, comme ici, d’un motif de fleur de lotus épanouie ou laqué de noir, constitue, avec la feuille de couverture, la « reliure » du rouleau, dont tous les éléments sont assemblés par simple collage. Relativement court, le texte - un apocryphe bouddhique de la tradition du Grand Véhicule - tient sur un seul rouleau composé de vingt feuilles de papier. Dans le cas de textes plus longs, dont la copie courait sur plusieurs rouleaux, ceux-ci étaient regroupés dans des enveloppes d’étoffe, chanvre grossier ou brocart de soie.
© Bibliothèque nationale de France
© Bibliothèque nationale de France
L’obstacle majeur à l’emploi généralisé du rouleau de soie était son coût élevé. Le papier, moins onéreux, répondait aux mêmes critères de légèreté et de souplesse et fut rapidement adopté. La forme du livre resta le rouleau, même si en raison de sa technique de fabrication le papier se présentait en feuillets de dimensions restreintes. Dès le 3e siècle, on fabriqua des rouleaux de papier en fixant les lés avec de la colle si bien que les rouleaux pouvaient être très longs. La colle à papier dont la fabrication fut tenue secrète constitua le seul véritable élément de fixation ou si l’on veut de « reliure » jusqu’au 16e siècle. À l’extrémité d’un assemblage de feuilles collées bout à bout était fixé un bâton d’entoilage. Une feuille plus épaisse destinée à protéger le rouleau et à inscrire le titre était ajoutée au début. L’extrémité de cette partie extérieure se trouvait renforcée par une lamelle de bambou à laquelle était fixé un lien qui retenait l’ensemble. Un petit nombre de rouleaux acquis à Dunhuang ont conservé leur bâton et leur lien d’origine.
Certains principes fondamentaux du livre chinois étaient présents dès cette époque : le texte ne couvrait qu’une seule face du papier et la reliure, faite de colle, était réduite au minimum. Le terme juan qui signifie « enrouler » désigne également le rouleau comme objet et par extension de sens une unité textuelle. Tout au long du millénaire qui suivit l’abandon de la forme en rouleau, le terme continua à désigner une partie ou un chapitre.
Les rouleaux étaient conservés dans de grandes enveloppes en papier, en tissu ou en treillis de bambou. Selon leur épaisseur, cette enveloppe souple en contenait entre cinq et douze, mais plus généralement dix. Quelques rarissimes spécimens ont été rapportés de Dunhuang. Les enveloppes ordinaires étaient en chanvre grossièrement ourlé. De plus luxueuses pièces étaient fabriquées en soie. D’autres encore étaient en fines lamelles de bambou retenues par un tissage de fils de soie avec une étiquette tissée dans la masse.
Le rouleau de soie semble avoir été abandonné vers le 6e siècle, alors que le rouleau de papier fut en usage constant jusqu’au 8e siècle. Le rouleau de soie s’est maintenu au cours des siècles pour un usage très spécialisé. Il reste une forme privilégiée pour le montage des peintures sur soie ou sur papier.
Une nouvelle forme pour de nouveaux besoin : le livre en feuilles
De nouvelles formes d’assemblage des feuilles furent inventées pour répondre à de nouveaux besoins. Le livre de consultation, dictionnaire ou encyclopédie, commença à se répandre notamment avec le développement des examens impériaux. Les candidats devaient pouvoir accéder rapidement aux connaissances et la forme du rouleau qui doit être patiemment déroulé et enroulé ne convenait plus.
L’apparition d’une forme intermédiaire entre le rouleau et le livre en feuille fut de courte durée. Un ensemble de feuilles de dimensions décroissantes était fixé sur un même bâton d’enroulement qui servait de structure autour de laquelle le cahier ainsi formé venait s’enrouler pour sa conservation. Aucun spécimen ne nous est parvenu sous cette forme, mais il est possible que les feuillets de dictionnaire imprimés rapportés de Dunhuang aient été originellement reliés ainsi. Cette reliure est dite « en tourbillon » xuanfengzhuang.
Les moines, par fidélité formelle aux textes bouddhiques sanscrits copiés sur des feuilles de format oblong qu’ils traduisaient en chinois, en adoptèrent la forme. Puis, très rapidement, ils élaborèrent un nouveau format destiné à recevoir les textes sacrés qui porte le nom de « reliure en sûtra » jingzhezhuang ou fanjiazhuang. Issue de la reliure en sûtra, la reliure en accordéon se généralisa dans les milieux bouddhistes. Elle se compose, comme le rouleau, de feuilles collées bout à bout pour former un support continu. Au lieu d’être roulées, les feuilles sont pliées sur l’arête d’une table. Ce type de reliure est réservé encore aujourd’hui à l’impression d’ouvrages bouddhiques.

Édition impériale de l’Éloge de la ville de Moukden
Cette composition a l’ambition de faire à la fois œuvre poétique, politique et de piété envers les ancêtres fondateurs. Bien que traduite sous le titre d’Éloge de la ville de Moukden, elle se rattache au genre chinois du fu, les rhapsodies, tout particulièrement à celles portant sur les capitales de l’Est et de l’Ouest composées aux 2e et 3e siècles, rapportées dans l’anthologie Wenxuan. Pour constituer cette ode célébrant l’établissement de la dynastie, Qianlong s’appropria le modèle de fondation instauré par la dynastie des Zhou quelque vingt-cinq siècles plus tôt, vers le 12e siècle avant notre ère. Les concepts fondamentaux de l’idéologie politique transmis par le plus ancien recueil poétique chinois, le Livre des Odes furent véhiculés, du premier millénaire avant notre ère à la fin de l’Empire, par l’intermédiaire du corpus classique, qui s’est imposé à toutes les dynasties jusqu’aux Qing, soit durant trois millénaires. Les principes reposaient sur la mobilité du mandat céleste, que le Ciel attribue à un peuple et ses chefs selon le mérite et les vertus accumulés, l’obtention du pouvoir suprême s’effectuant sans effusion de sang. Qianlong retrace ici l’élévation d’une petite peuplade jusqu’au faîte du pouvoir. Cette appropriation du mythe chinois montre que les Mandchous n’avaient pas encore opéré de relecture historique et que le modèle civilisateur chinois était tout puissant. Comme pour toutes les dynasties antérieures, l’insertion des Qing dans la théorie du mandat céleste permettait de convaincre la population chinoise de la légitimité de leur occupation du trône. Cette réécriture des événements montre son caractère artificiel moulé dans l’idéologie confucéenne du bon gouvernement. Qianlong s’attarde longuement sur les fondements qui ont permis à un petit peuple de nomades de prospérer au point de devenir la plus grande puissance sous le ciel, en évoquant la géomancie du lieu, sa disposition par rapport à la carte céleste, ses richesses et sa fertilité, présentant cette steppe aride comme un pays de cocagne qui n’engendra que des hommes d’exception. Rédigée à l’occasion d’un pèlerinage aux tombeaux de ses ancêtres, cette ode rappelle les valeurs de frugalité et d’austérité des premiers temps.
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale de France
La généralisation du procédé d’imprimerie par xylographie à partir des Tang entraîna sous les Song de nouvelles mutations dans l’aspect du livre. Les feuillets, imprimés sur une seule face, étaient pliés sur eux-mêmes en leur milieu, empilés puis encollés par le dos. Deux pages imprimées sont ainsi suivies de deux pages blanches dans cette reliure dite « en papillon » hudiezhuang. La collation est portée dans l’espace médian plié. À chaque page, le livre s’ouvre sur une feuille entière, ce qui est particulièrement agréable pour les illustrations à double page. Pour éviter d’avoir deux pages blanches à la suite, les faces vierges sont parfois collées. Une marge généreuse entoure le texte protégé au centre du livre. Lorsque la bordure est abîmée, le papier est rogné sur la marge sans endommager le texte. Ces livres ont généralement des couvertures en papier épais qui les protègent bien. Rangé, le livre repose sur sa tranche principale, le dos relativement fragile n’est soumis à aucune tension. Le titre porté sur la couverture rigide est inscrit verticalement le long d’une des tranches visibles. Abandonnée pour les textes, cette reliure a été conservée pour les livres d’art et les albums de peinture publiés au 18e siècle.
Protéger les livres
Certaines reliures d’albums offrent une synthèse des formes en sûtra et en papillon, comme c’est le cas pour les illustrations des « Travaux de labourage et de tissage ». Pour assurer la protection de ces ouvrages d’art, des ais de bois précieux sont collés à la première et à la dernière page. Ce type de reliure où le dos n’est pas collé semble uniquement réservé aux albums. Le bois lourd et rigide, collé contre le cartonnage, rend le maniement extrêmement délicat en raison des risques de déchirure. Les ouvrages ainsi reliés n’étaient certainement consultés qu’en de très rares occasions. On n’en possède pas d’exemple antérieur au 16e siècle. Une amélioration notable survint avec un nouveau mode de pliage du feuillet. Celui-ci, plié en son milieu, enfermait la face vierge. Chaque côté formait respectivement le recto et le verso. Le pli, portant le titre courant, le numéro du chapitre et la foliotation, constituait la tranche du livre et le brochage s’effectuait sur les bords externes du feuillet. Dès le 14e siècle et jusqu’à l’ère Jiaqing (1522-1566), la couverture, de la dimension d’un feuillet, fut collée, la reliure s’appelant « dos par enveloppement » guobeizhuang.
Comme la tranche est la partie la plus vulnérable de cette nouvelle disposition, le livre reposait désormais sur son plat inférieur. La couverture rigide perdit sa raison d’être. Elle fut remplacée par une feuille légèrement plus épaisse ou une étoffe de soie. Le dos tenait encore par collage, la couverture bien que légère appartenant encore au type dit « par enveloppement ». Les feuillets étaient maintenus solidaires grâce à des tourillons de papier appelés zhinian. Les feuillets empilés en fascicules pas trop épais étaient préalablement perforés pour permettre aux tourillons de traverser toute l’épaisseur et de les maintenir en place.
La reliure brochée à fil apparent, xianzhuang, est le développement ultime de la reliure traditionnelle chinoise. C’est aussi la présentation qui nous est la plus familière puisqu’elle a été utilisée jusqu’au début du 20e siècle et encore de nos jours pour certains fac-similés d’éditions anciennes. Des éditions Song et Yuan originales ont souvent été restaurées avec ce type de reliure. Le brochage s’est imposé assez tardivement, au cours de l’ère Wanli (1573-1619). Toutefois, les cahiers de Dunhuang du 10e siècle témoignent de l’ancienneté du procédé. Les tourillons de papier, invisibles, assurent la stabilité du fascicule tandis que le fil passé en divers points n’est là que pour apporter une relative rigidité au dos.
La généralisation de la reliure à fil entraîne l’abandon de la colle qui depuis le 3e siècle jouait un rôle essentiel se substituant à la reliure. La colle ne sera plus utilisée que dans la fabrication des étuis. Le fascicule broché est indépendant de sa protection rigide ce qui permet un maniement d’un confort exceptionnel. Chaque fascicule est aisément consultable parce que léger et d’une ouverture facile. Les fascicules des éditions de luxe sont habillés par des couvertures de soie, tandis qu’un papier brun est généralement réservé aux éditions ordinaires. Les étiquettes imprimées en gros caractères sur un papier spécial sont positionnées en haut et à gauche sur la couverture.
La reliure occidentale fait du livre un objet lourd et massif. Elle nécessite une grande technicité par l’ajustement compliqué de matériaux divers. L’une des originalités du livre chinois est son étui de protection, sorte d’emboîtage indépendant dont on se débarrasse lors de la consultation et qui assure une protection maximale. À mesure que la couverture s’assouplit, l’étui tend à se rigidifier. Les boîtes de protection se présentent sous diverses formes. Ce sont des enveloppes rigides d’au moins cinq pans qui laissent apparentes les tranches supérieures et inférieures. Certains étuis particulièrement couvrants peuvent avoir jusqu’à neuf pans. En bois ou en carton, ils sont toujours recouverts de tissu, de riche brocart ou de simple cotonnade bleu indigo. La fermeture est assurée par des fermoirs en os ou en ivoire glissés dans des brides de même tissu. Dans le Sud de la Chine, les fascicules sont protégés entre deux planchettes de bois retenues entre elles par un lien de chanvre ou de coton. C’est ce type de protection qui fut adopté pour la publication originale de Stèles de Segalen. Les fascicules particulièrement précieux peuvent aussi être enfermés dans des boîtes en bois munies de poignées.

Étui à livres broché
Cet étui a été confectionné avec du carton recouvert d'un coton bleu indigo. Il représente la forme de protection la plus ordinaire des livres brochés jusqu'au début de notre siècle. On s'en sert encore aujourd'hui pour envelopper les fac-similés d'éditions anciennes. La fermeture est assurée par deux plaquettes d'os ou d'ivoire retenues par des attaches et glissées dans des encoches de même tissu. Cette protection a évolué à partir de l'enveloppe à rouleaux en étoffe de soie ou de chanvre, parfois rigidifiée par un treillis de bambou. La structure faite de cartonnage parfaitement adaptée aux dimensions des fascicules, sur laquelle a été collée une étoffe, en est le développement ultime. Elle contient généralement dix fascicules, tout comme les enveloppes contenaient une dizaine de rouleaux.
L'étui, traditionnellement rangé à plat sur les rayonnages d'une bibliothèque, laisse les tranches inférieures visibles. Le titre de l'ouvrage et la numérotation des fascicules sont souvent inscrits verticalement sur ces tranches apparentes.
© Bibliothèque nationale de France
© Bibliothèque nationale de France

Atlas complet de la province du Zhejiang
Cet Atlas complet de la province du Zhejiang, relié en deux volumes et protégé par des ais de bois de palissandre, contient 88 cartes finement peintes sur soie grège, pliées en leur milieu pour former deux pages en vis-à-vis. Selon l’orientation traditionnelle dans la cartographie chinoise, le sud est en haut. Dépourvues de textes d’accompagnement, les cartes mêlent aux figurations symboliques de brèves indications textuelles, notant, par exemple, pour chaque direction, la distance de la ville la plus proche en très petits caractères.
© Bibliothèque nationale de France
© Bibliothèque nationale de France
Le papier chinois de bonne qualité doit être léger, souple et fin. Certains papiers, notamment ceux destinés aux éditions impériales, sont d’une qualité et d’une blancheur remarquables.
Le colophon, carte d'identité du livre
Les feuillets imprimés comportent généralement une réglure comme il en existait déjà dans les manuscrits de Dunhuang. Une page contient entre cinq et dix colonnes de dix à trente caractères par colonne. Le banxin, le « cœur » du feuillet, est un espace qui sépare celui-ci en deux parties égales. Orné d’un motif appelé en « queue de poisson », yuwei, qui sert de repère de pliage, il porte le titre, la numérotation du chapitre et la foliotation. Parfois, au bas de cette même colonne médiane, figurent en petits caractères des informations techniques telles que le nom du studio d’impression, le nom du graveur, et aussi le nombre de caractères gravés.
La page de titre des éditions commerciales porte les informations destinées à attirer le client, à la manière d’un prospectus publicitaire. Outre le nom de la maison d’édition, le lieu de publication, la date, sont indiqués aussi parfois la mention d’une édition antérieure sur laquelle est fondée la présente réédition ou regravure, ou le nom prestigieux d’un commentateur. Certaines pages de titre se veulent attrayantes et incluent une illustration. Des éditeurs peu scrupuleux n’hésitaient pas à recourir à des pratiques frauduleuses en portant sur cette page de titre des informations trompeuses. Au contraire, la page de titre des éditions impériales est d’une grande sobriété et n’est jamais illustrée. Le titre y est précédé de la mention du patronage impérial. Les éditions de tête sont ornées de sceaux impériaux apposés en fin d’une préface qui reproduit souvent en fac-similé la calligraphie de l’empereur.

De l’écriture, citations d’hier et d’aujourd’hui
Innombrables sont les textes relatifs à l’écriture - son histoire, sa pédagogie - et à l’art d’écrire. Simples citations, préfaces ou colophons, traités à part entière, ils ont fait de tout temps l’objet d’anthologies, rééditées au cours des siècles. Celle-ci nous intéresse en ce que le compilateur a lui-même calligraphié le texte en écriture régulière (page de gauche) et l’a préfacée de sa main en cursive (page de droite). Ce manuscrit a fait partie de la collection d’un calligraphe, Wang Yirong (1845-1900), dont il porte le sceau.
© Bibliothèque nationale de France
© Bibliothèque nationale de France
L’habitude de porter un colophon en fin de texte est très ancienne comme en témoignent nombre de manuscrits de Dunhuang. Le colophon est une source d’information essentielle sur l’édition, sa date, son lieu de publication, ainsi que sur d’éventuels souscripteurs. Il est généralement encadré dans un cartouche. Le colophon d’une édition de 1599 repose sur un lotus, à la manière des cartouches portés sur les illustrations bouddhiques de Dunhuang. L’usage du colophon disparaissant, les informations qu’il contenait se trouveront reportées à la page de titre.
Lien permanent
ark:/12148/mmdpgkrvnd4xq