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L’illustration dans les imprimés chinois

Bibliothèque nationale de France
Recueil de pains d’encre de la famille Cheng
Dans une civilisation où l’écriture et le trait ont tenu un rôle de premier plan, l’encre a acquis un statut inconnu dans d’autres cultures. C’est le plus éminent des « quatre trésors du lettré », les trois autres étant le papier, le pinceau et la pierre à encre ; produit à l’aide de suie fournie par la combustion du pin ou d’huiles végétales, il est manufacturé et conservé en Chine sous forme solide depuis près de deux millénaires. Le calligraphe délaye le pain ou le bâton au fur et à mesure de ses besoins dans un réceptacle de pierre contenant quelques gouttes d’eau. Outre qu’il est indélébile, le pigment noir est capable de produire une gamme étendue de dégradés qui font la richesse du lavis à l’encre.
À la fin du 16e siècle, les pains d’encre qui n’étaient jusque-là considérés que comme des outils devinrent aussi des objets décoratifs du studio du lettré. Ce changement est visible par le soin remarquable apporté à la publication de deux catalogues réalisés par de riches marchands de la région de Huizhou, connue pour la production des quatre trésors.
L’encre encore à l’état de pâte était solidifiée dans une forme avant d’être séchée. Les moules exploitent les formes du rond et du carré - s’arrondissant aux angles - ou prennent des formes lobées et créent tout un répertoire décoratif qui peut être associé à l’encre ou au monde des lettrés. Les illustrations des pièces décorées au recto et souvent au verso sont accompagnées de poésies, chansons ou récits littéraires talentueusement calligraphiés. Les ornements extrêmement raffinés des pains d’encre les transforment en véritables objets de collectionneurs renvoyant à des anecdotes ou à des thèmes du folklore traditionnel. Catalogue iconographique très riche, il servit à son tour de source d’inspiration pour d’autres arts décoratifs.
Bibliothèque nationale de France

Petite matrice xylographique
Ce petit cube de bois sur lequel est gravé en relief le boddhisattva Maitreya nimbé assis sur un lotus, sans encadrement, est très semblable par le dessin et par les dimensions aux impressions portées sur les rouleaux aux « mille bouddhas ». Il fut trouvé par Pelliot près de Koutcha dans les ruines d’un site qui daterait du 8e siècle. Il était appliqué à main levée ce qui explique que les impressions ne sont pas toujours parfaitement parallèles. Cette matrice qui par sa taille s’apparente très fortement à un sceau est un témoignage de l’évolution de la technique xylographique. Il ne porte aucun texte, mais garde la trace d’un encrage.
Bibliothèque nationale de France
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Parmi les imprimés retrouvés à Dunhuang, le fameux « Sûtra du Diamant » conservé au British Museum peut être considéré comme le premier livre illustré. Gravé en 868 de notre ère, il ouvre, avec son frontispice représentant le Bouddha en discussion avec son disciple Subhûti, une tradition qui se maintiendra jusqu’aux dernières gravures des écritures bouddhiques. Le frontispice deviendra même de plus en plus important, occupant jusqu’à sept panneaux d’accordéon.
Dès les Song (960-1279), tous les types d’illustrations sont attestés : cartes des provinces, plans des villes, illustrations pour les « Classiques », traités médicaux, pharmacopées, biographies, manuels de peinture, catalogues de collections archéologiques. Seuls quelques rares exemplaires originaux de ces éditions nous ont été conservés, mais la plupart nous sont connues par les fac-similés ou les copies successives – parfois réductrices – qui en ont été exécutées de siècle en siècle. La fin de la dynastie Ming, période faste pour l’imprimerie dont la production originale nous est mieux connue, verra foisonner les éditions illustrées. Tout est prétexte à représentation imagée, même un cortège funèbre, bien inhabituel. En cette période d’intérêt, nouveau, pour la technologie, il est tout naturel de trouver des illustrations représentant des outils agricoles ou les fabrications les plus variées.

Annuaire administratif
Basé sur le DaMing guanzhi en seize chapitres, publié en 1369 et revu en 1541, cet annuaire administratif, dont ne subsistent ici que les trois chapitres concernant les provinces du Shanxi, du Zhejiang et du Jiangxi, donne province par province la liste des préfectures, sous-préfectures et cantons en précisant les différents services administratifs qui en dépendent. En tête de chaque chapitre, figure une carte gravée à pleine page où fleuves et montagnes sont représentés sans être nommés alors que les villes le sont, le nom de la capitale provinciale étant gravé en réserve dans un plus gros cartouche. Les limites administratives sont précisées aux quatre points cardinaux, le Nord est situé en haut de la page.
La gravure, dont le style est caractéristique de l'ère Wanli (1573-1620) reprend d'assez près l'édition de 1478 d'un ouvrage similaire au titre un peu différent, le DaMing Zhusi yamen guanzhi daquan, dont un exemplaire est actuellement conservé à Dresde à la Sàchsische Landesbibliothek sous la cote Msc. Dresd. Eb. 432.
Alors qu'il appartenait à la fameuse bibliothèque Saint-Victor, ce petit ouvrage avait été présenté pour identification à Shen Fuzong, un jeune chinois qui avait accompagné en Europe le Père Philippe Couplet, S.J., revenu de Chine en 1684 pour demander l'envoi de missionnaires français.
Une mention manuscrite, portée à la page de garde en témoigne : « Dans ce volume est une description des provinces de la Chine... Expliqué par un Chinois qui est venu à la Bibliothèque du Roy au mois de juin 1686 ».
© Bibliothèque nationale de France
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Traité d’acupunture illustré
La tradition attribue l’invention de l’acupuncture à Huangdi, l’Empereur Jaune, un empereur légendaire, qui aurait vécu au cours du 3e millénaire av. J.-C. En fait, le premier texte médical le Huangdi neijing suwen dont la deuxième partie, le lingshu traite de l’acupuncture, ne fut rédigé que sous les Royaumes Combattants (475-221 av. J.-C.). Enseignée à l’Académie de Médecine à partir de 624 de notre ère, l’acupuncture restera jusqu’à son interdiction, en 1822, par un décret impérial, l’une des thérapeutiques majeures de la médecine chinoise.
Des controverses s’étant élevées sur la position des 365 points répartis, sur le corps et sur les membres, Wang Weiyi fit fabriquer en 1026 des « hommes de bronze », statues grandeur nature où étaient gravés les points avec leurs noms, et les lignes virtuelles qui les relient, les méridiens, au nombre de douze. Parallèlement il publia cet ouvrage qui, outre les planches donnant les tracés des méridiens, expose l’art des aiguilles, ces médiateurs entre le ciel et l’homme, capteurs cosmiques, capables de rétablir les dérèglements des flux d’énergie vitale, causes de nos maladies.
L’exemplaire ici exposé, une nouvelle gravure exécutée en 1443 d’après l’édition originale effectuée par l’Académie de Médecine au cours de l’ère Tiansheng de la dynastie Song (1024-1031) est, si l’on se fie à la page de titre qui nous fournit ces précisions, la plus ancienne édition connue de cet ouvrage. L’éditeur et le lieu de production ne sont pas indiqués, et il serait intéressant de la comparer avec la gravure du même ouvrage produite en 1602 par le Zongwentang de Xu Sanyou à Shulin, bourgade du district de Jianyang dans le Fujian.
Bibliohtèque nationale de France
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La floraison de la littérature de divertissement – roman, conte, théâtre – au cours du dernier siècle de la dynastie, alors qu’une intense activité commerciale dégage des richesses et que le pouvoir impérial faiblissant laisse davantage de liberté individuelle propice à la création, est un des aspects de l’édition chinoise de cette époque. Le texte de plusieurs grands romans se fixe, les éditions, nombreuses, souvent imitées, circulent. Beaucoup sont illustrées. Le théâtre, dont le développement doit beaucoup à l’émergence d’une bourgeoisie urbaine aisée, est lui aussi édité comme il ne l’avait jamais été jusque-là. Bien des éditions de pièces isolées ou d’anthologies sont illustrées.

Cent pièces d’opéra d’auteurs de la dynastie des Yuan
C’est au cours du 13e siècle que le théâtre lyrique chinois connut un essor tout particulier. La plupart des pièces d’opéra du zaju, formées de quatre actes ainsi que d’une courte scène nommée « cheville », sont fondées sur de nombreuses conventions musicales et dramatiques. S’y mêlent des récitatifs en langage ordinaire permettant aux spectateurs de se replacer dans l’histoire et des parties chantées dont l’écriture raffinée est proche de la poésie classique. Issues des traditions vernaculaires, ces pièces sont cependant d’une haute qualité littéraire car leurs auteurs étaient des lettrés formés dans la plus pure tradition mais exclus de la carrière officielle par l’arrêt du système de recrutement par examens mandarinaux. La poésie et la musique, plus que l’intrigue, furent les éléments déterminants du succès de ce genre.
Cette édition est la plus réputée parmi les recueils des opéras des Yuan pour la richesse de son corpus et l’influence qu’elle exerça.
© Bibliothèque nationale de France
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La xylographie procure une totale liberté dans la mise en page. Les caractères peuvent être organisés en diagrammes. Le texte et l’image, gravés sur une même planche peuvent se mêler pour donner, au plus près, les légendes des illustrations techniques. L’illustration peut s’insérer dans le texte, parfois dans des « casiers », ou être disposée en bandeau, au-dessus du texte, reprenant une mise en page utilisée dans certains manuscrits illustrés. Prenant de plus en plus d’importance, elle occupe alors une pleine page, voire deux pages consécutives. Parallèlement, à l’intérieur d’un même ouvrage, leur nombre augmente, atteignant, à titre exceptionnel, plusieurs centaines de pages. « La Grande Encyclopédie impériale illustrée », imprimée en 1726-1728 au Wuyingdian en comptera plusieurs milliers.

La Grande Encyclopédie impériale illustrée des temps passé et présent
Cet ouvrage est l’une des productions chinoises les plus impressionnantes : c’est la plus grande encyclopédie jamais parue. Bien que le mérite de cette somme revienne à Chen Menglei, ce protégé du huitième fils de l’empereur Kangxi, pris dans la tourmente des intrigues de succession de ce monarque, fut exilé et son nom effacé. L’œuvre, publiée deux décennies plus tard « pour cause de révision », au cours du règne de Yongzheng, autre fils rival devenu empereur, fut attribuée à Jiang Tingxi (1669-1732), un correcteur commis d’office.
Le texte fut imprimé en caractères mobiles spécialement fabriqués pour l’occasion, les illustrations gravées sur bois. Le nombre total de caractères imprimés avoisine les cent millions et les caractères d’imprimerie fabriqués pour l’occasion ont été estimés à environ 230 000 à 250 000. Ils existaient en deux corps de caractères : les grands d’un centimètre de côté et les petits de cinq millimètes de côté. Certains indices laissent supposer que les caractères furent individuellement gravés dans le bronze à la manière des caractères mobiles en bois et qu’ils ne furent pas fondus dans des moules comme il semblerait naturel.
À peine 65 exemplaires totalisant chacun 800 000 pages furent imprimés lors de ce tirage unique en caractères mobiles. Ceux-ci furent ensuite stockés dans les magasins attenant aux Presses impériales. Leur tracé est empreint d’une raideur inhabituelle dans la xylographie. Les caractères typographiques de métal se révèlent, curieusement, moins réguliers que ceux exécutés au pinceau par un calligraphe professionnel et reproduits xylographiquement. Ces disparités ne proviennent pas du fait que les caractères furent gravés au lieu d’être fondus. En effet, même les caractères mobiles coréens produits dans des moules présentent de notables différences entre eux.
Bibliothèque nationale de France
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Les illustrations des éditions à bon marché, gravées par des artisans, ont habituellement un style un peu naïf et gauche, marqué par des aplats noirs assez importants qui leur confèrent un aspect « archaïque ». Insérées dans le texte ou occupant toute une page, elles sont encadrées d’une épaisse ligne noire et des cartouches donnent leur titre en gros caractères.
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