Le renouveau de la cartographie au 19^e siècle

Pour assurer la sécurité de la navigation, mais aussi la défense et l'aménagement des côtes françaises, Colbert avait pris l'initiative de la constitution d'un grand atlas des cartes marines. Savants de l'Académie des sciences et ingénieurs de la Marine y concoururent. Mais la triangulation du pays était encore balbutiante et l'entreprise ne put prendre appui sur un canevas géodésique d'ensemble, achevé seulement en 1744.

À partir de relèvements astronomiques et de mesures d’angles, les hydrographes, à la suite de Beautemps-Beaupré, parviennent à une exactitude inégalée des cartes marines. La méthode qui est mise au point à l’extrême fin du 18^e siècle est appliquée pour la cartographie des côtes annexées par Napoléon, avant de s’appliquer à celle des côtes françaises dans le Pilote français publié à partir de 1822.

Décidée par l’Assemblée Constituante en novembre 1789, la création des départements français à l’époque révolutionnaire devait fournir un cadre homogène tant pour la représentation nationale que pour l’administration du royaume. Elle balaya les anciennes divisions du pays et obligea les éditeurs de cartes à mettre à jour leurs anciens cuivres ou à publier de nouvelles cartes et de nouveaux atlas.

C’est en 1808, un an après avoir décidé du cadastre, que Napoléon admet le principe d’une carte de France entièrement nouvelle, dont il confie la réalisation aux ingénieurs géographes. Les relevés, achevés en 1866, se sont étalés sur près de 50 ans.
Le caractère militaire de la carte a fait préférer l’échelle 1/80 000 plutôt que 1/50 000. La densité des informations au 1/80 000 et la lenteur de son élaboration, posent vite des problèmes de mise à jour.

Le 19^e siècle, avec ses conflits continentaux, voit se développer la cartographie à grande échelle. Le Service géographique des Armées se consacre à des travaux de triangulation et des relevés de plus en plus précis.

Les travaux cartographiques ne concernent pas que la France métropolitaine ; ils s’étendent aux colonies. Nombre de marins s’illustrent dans des missions d’exploration. Le lieutenant de vaisseau Savorgnan de Brazza parcourt l’Afrique à partir des années 1880, fonde Franceville et ce qui deviendra Brazzaville, et remonte le fleuve Congo. Ses observations et relevés astronomiques serviront de base aux équipes détachées plus tard par le Service Géographique des Armées.

Au terme de cinquante ans passés en Indochine, Auguste Pavie coordonne la réalisation d’une carte destinée à délimiter les frontières entre Indochine française, Siam, Chine et Birmanie. Cette carte retrace plusieurs décennies d’expéditions françaises dans ces régions depuis la première remontée du Mékong en 1863 jusqu’aux travaux du nouveau Service géographique de l’Indochine, créé en 1899. La carte de la mission Pavie est offerte en 1922 au Prince Roland Bonaparte, président de la Société de géographie de Paris.

À partir de 1838, la lithographie constitue une première étape de l’apparition de la cartographie en couleur. On commence à développer, à côté des atlas universels, des outils plus spécialisés offrant des cartes thématiques qui permettent de présenter des informations toujours plus riches.

Ce n'est qu'à la fin du siècle qu'émergea l'école cartographique française avec la publication de l'Atlas général Vidal-Lablache. Dans le même temps, la République rend l'enseignement primaire obligatoire, faisant la part belle à la géographie dans les programmes scolaires. Les cartes font désormais partie de l'éducation pour tous.

La guerre de 1914 montre l’importance d’une cartographie à très grande échelle, mais seule la photographie aérienne en permettra la mise à jour.
Grâce à la photographie aérienne, la surface levée en France de 1922 à 1939 passe de 1 000 à 3 000 km². L’institut géographique national, créé en 1940 pour remplacer le service géographique de l’armée dissous après l’armistice, s’équipe pour appliquer les méthodes de la stéréophotogrammétrie aérienne.