Pastiches de presse : l'exposition en affiches

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  La presse pastichée, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre

La création d’un pastiche de presse est très souvent provoquée par une actualité précise. Sa bonne compréhension nécessite souvent quelques recherches, encore plus si l’époque est éloignée. Il faut comprendre les intentions des pasticheurs parce que le message n’est pas clairement exprimé. Le pastiche ne dit pas ce qu’il faut penser, il se repère et s’interprète.

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  Deux grandes catégories de pastiches de presse

Le pastiche de presse détourne à la fois la présentation matérielle du journal, son iconographie et ses textes. Il existe deux catégories de pastiche de presse. Cela peut être le détournement d’un titre original ou la création d’un titre imaginaire caractéristique d’un type de presse.

Le pastiche de presse est très souvent inséré dans un journal comique ou satirique (nos légendes indiquent alors le titre dans lequel il a été publié), ce qui renseigne sur l’identité des créateurs. Lorsqu’il est publié seul, notamment sur les réseaux sociaux, la signature de l’auteur est importante pour ne pas risquer l’accusation de plagiat ou de contrefaçon.

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  Détourner un objet du quotidien : pour un faux

Il faut tout d’abord apprendre à repérer ces « faux journaux pour de rire » pour ne pas les confondre avec un faux destiné à tromper (fausse nouvelle, canular, propagande, contrefaçon, plagiat). La volonté comique est essentielle, car le pastiche de presse pousse la caricature à son maximum. Les pratiques anciennes du jeu avec le faux dans la presse (« Alphabet des petits Nenfants ») et du pastiche littéraire ne sont pas très éloignées (Le crado pince fort et Les invraisemblables
aventures d’Istérix).

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  La presse en trompe l'œil : les ressorts du comique

Le premier effet comique est visuel. Le pastiche conserve suffisamment de références à la maquette d’origine pour qu’elle soit reconnaissable et le décalage identifié après un effet de surprise. 

Les thématiques outrancières (dérision du sacré, grivois, scatologique ou pornographique) installent un deuxième niveau comique.

Les textes eux-mêmes cumulent des procédés variés : changement de registre et de niveaux de langue, des jeux sur les mots (à-peu-près ou calembour) et des altérations du mot (ajout ou substitution de lettres).

Dès le bandeau, ces indices signalent le détournement : blagues sur le titre, la périodicité, le prix, le nom du directeur ou l’adresse de la rédaction. Il n’y a pas de doute possible.

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  La contamination : de la maquette aux rubriques

Le pastiche de presse est composé d’une seule page (« Le Filou »), de plusieurs pages (« Le Livaro ») ou constitue un numéro entier (Icônne). Il se construit autour des caractéristiques identifiables de sa maquette. Le pasticheur laisse place à sa créativité tout en gardant des références à l’original : la typographie, la mise en page, les rubriques.

La ligne éditoriale, deuxième signe distinctif d’un journal, est caricaturée. Le même traitement est réservé aux illustrations. Les signatures, souvent travesties, restent reconnaissables. C’est au niveau du texte que l’on retrouve les caractéristiques du pastiche littéraire. Le style du modèle est mimé en apportant une dimension absurde ou aberrante aux propos.

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  Jouer avec le journal

Fabriquer un pastiche de journal est avant tout un simple jeu. L’exercice scolaire utilisant le support de la presse et l’écriture « à la manière de » est un héritage de l’imitation des modèles longtemps pratiquée dans l’enseignement avant d’être remplacé par la dissertation. Les pastiches de presse qui servent de support de communication utilisent la technique de marketing qui vise à « sortir du cadre » pour se démarquer, surprendre, faire rire. La presse elle-même annonce ses pastiches comme des surprises, publiés souvent à l’occasion de dates clés comme le 1er avril ou le jour de l’an et en attend un effet commercial.

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  Le pastiche parodique ou l'art de provoquer une réaction

Le pastiche parodique, le plus représenté, se rapproche de la caricature dans le rire moqueur ou la satire. Cette distanciation poussant la logique jusqu’à l’absurde pour la dénoncer. C’est une provocation qui fait réfléchir, qui donne un avis sans argumenter, pouvant aller jusqu’au pamphlet militant.

En effet, la parodie de l’information modifie le réel en créant un monde inversé naïvement optimiste ou désespérément négatif. Ce jeu de miroir déforme l’actualité tout en révélant son caractère absurde et tragique et laisse au lecteur le soin de formuler son jugement.

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  De la Gazette au Gorafi, critiquer le pouvoir et les puissants

Depuis La Gazette de Théophraste Renaudot, journalistes, imprimeurs et typographes utilisent ces détournements pour montrer leur désaccord avec le pouvoir et contourner la censure.

La production augmente considérablement à partir de la seconde moitié du 19^e siècle et aujourd’hui, cette pratique s’est déplacée sur le web et les réseaux sociaux. Chacun peut créer et diffuser un contenu. Des sites spécialisés dans les fausses actualités parodiques, comme Le Gorafi, se multiplient. 

Ces contenus sont ensuite partagés et cette viralité numérique les sort de leur contexte initial de publication. Relayés sans référence, ils risquent de devenir une fausse information, d’où l’importance de vérifier les sources.

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  Le Journal des Merdeux

Le pastiche part toujours de la réalité et d’une actualité retentissante tout en renvoyant de façon plus subtile au milieu du journalisme.

Le Journal des merdeux ressemble à une provocation d’enfant insolent. L’auteur, Jules Jouy, chansonnier célèbre, est un proche d’Émile Zola qu’il met en scène dans la chronique des Tribunaux. Le ressort comique du scatologique pourrait nous faire passer à côté d’un fait divers qui fut le déclencheur de ce pastiche. En mars 1882, un ancien typographe se venge de l’un des gérants du Figaro en le coiffant, en pleine rue, d’un pot de chambre rempli.

Un travail de recherche dans la presse ancienne est souvent nécessaire pour repérer les différents niveaux d’interprétation.

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  Coup de projecteur sur une tendance, un mouvement, une mode

Tous les temps forts médiatiques sont une source d’inspiration pour les pasticheurs : une élection, un conflit armé, un sujet de société ou une situation exceptionnelle comme la pandémie de Covid-19. Fabriquer et regarder un pastiche offre une respiration, une prise de recul face à une réalité tragique ou grotesque et l’emballement qu’elle suscite.

Son auteur exprime un point de vue, collectif ou personnel, avec humour et provocation, sans véritable volonté d’agression puisqu’il s’agit d’une fiction. Il y a une grande variété d’intentions, mais cela vise toujours une tendance, un mouvement, une mode, ainsi que le traitement de l’actualité par la presse, surtout lorsqu’il est partial.

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  Une cible, plusieurs intentions : la presse féminine

La presse féminine est parfois choisie simplement pour le jeu de mots possible avec le titre afin de pointer une mode (Elfe) ou une actualité (Flemme Actuelle). 

Lorsque la presse féminine est la cible principale, ce sont ses codes et stéréotypes qui sont amplifiés. Ce décalage aide à comprendre comment se fabrique un journal et à prendre une distance critique. Celle-ci peut être simplement blagueuse (Icônne), à visée pédagogique (Nunuche Gurlz) ou militante, qui propose de réfléchir à la création d’une nouvelle presse véritablement féminine et moins commerciale (ÔFémininPointConne).

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  Une autre façon de dénoncer la guerre

Dès avant les deux guerres mondiales, le pastiche prend position contre la guerre, ou au contraire contre l'inacion des pouvoirs face aux situations de conflit. La guerre russo-urkrainienne, à partir de 2022, a réactivé ces dénonciations.