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Vue générale d’un phalanstère, ou village sociétaire organisé d’après la théorie de Fourier

Vue générale d’un phalanstère, ou village sociétaire organisé d’après la théorie de Fourier
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La première moitié du 19e siècle est marquée par l’apparition de courants de pensées diffusés par les « socialistes utopiques ». Charles Fourier (1772-1837) en fait partie. En 1832, il lance un journal à vocation théorique – pour diffuser sa doctrine – et pratique  – pour créer une colonie : Le Phalanstère, journal pour la fondation d'une phalange agricole et manufacturière, associée en travaux et en ménage (1er juin 1832-30 août 1832). 

Avec le phalanstère, Fourier conçoit l'architecture et le fonctionnement de la communauté idéale de l’avenir. Un premier projet de colonie prend forme près de Rambouillet mais c’est un échec. 

Le phalanstère, luxueux palais social, combine le « travail attrayant » et les activités non productives, de loisir. À la fois lieu de vie, de travail et d’agrément, il se suffit à lui-même, tout en favorisant l’ouverture sur le dehors. Idéalement, le phalanstère réunit 1620 sociétaires, nombre correspondant exactement à la combinatoire des passions. À l'image des relations pacifiées entre individus, l'ordre qui se dégage de cette construction est sans heurts : les galeries de circulation, aérées et chauffées, y sont omniprésentes ; ateliers, appartements et lieux de divertissement y sont contigus et même imbriqués, seules les activités bruyantes ou insalubres étant excentrées. « Tour d’ordre » et bourse constituent le cœur de ce système, dont la richesse et l’abondance, sont l’un des résultats. Par là, cette architecture n’est autre que l’expression achevée d’une architectonique, cet urbanisme sans ville au sens habituel du terme est un moyen de développer l’urbanité de ses habitants.

Le système de Fourier ne connaît pas de rupture entre le monde naturel et le monde social, pas d’antagonisme entre l’individu et la société, pas de contradiction entre les intérêts des classes sociales. En un mot, c’est l’ « Harmonie », utopie aux yeux de ses détracteurs.

Fourier lui-même a décrit plusieurs versions du phalanstère. Toutefois, si ses écrits imprimés ou demeurés manuscrits sont détaillés, rares sont les représentations graphiques parues de son vivant. Ce sont surtout ses disciples de l’ « école sociétaire » ou « phalanstérienne » qui s’employèrent à concrétiser le projet : en premier lieu Victor Considérant (1808-1893), polytechnicien, dont l’activité éditoriale et journalistique infatigable sur un demi-siècle ne contribua pas peu à la notoriété de la doctrine. 

Le fouriérisme noue des liens étroits avec la franc-maçonnerie. L'exemple le plus patent en est la série de huit conférences données en 1839 dans les locaux de la loge brestoise Les Élus de Sully par le frère Édouard de Pompéry (1812-1895), nouvel initié. Son prosélytisme fouriériste fut si convaincant qu’il réussit à faire modifier par la loge sa dénomination en celle d’Élus de Sully et de Fourier. Mais l’obédience refusa cet ajout, arguant qu’ « il serait prématuré d’assigner [à cette théorie] une place qu’elle n’occupera peut-être jamais » et lui préféra la dénomination « Disciples de Sully ».

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1847
  • Auteur(es)
    Jules Arnout (1814-1868), lithographe ; Morize, dessinateur ; Lemercier, imprimeur
  • Description technique
    Lithographie, 43 × 59 cm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, DC-235 (A)-FOL., t. II

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm2182002010