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L’imprimerie en taille-douce

L’imprimerie en taille-douce
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L’image montre les opérations essentielles de l’impression en taille-douce. Au fond à gauche, un artisan est en train, avec un tampon, d’encrer une plaque de cuivre gravée, qu’il retient de la main gauche avec un chiffon. Au premier plan à gauche, un autre artisan termine à la main, probablement enduite de blanc de Meudon, l’essuyage d’une autre plaque ; un réchaud est posé sur la table entre les deux : il permet de réchauffer légèrement la plaque, de façon que l’encre, fluidifiée par la chaleur, pénètre mieux dans les tailles. Le troisième artisan, le pied sur la croisée de la presse à taille-douce, l’actionne afin de faire passer la plaque d’un côté à l’autre du cylindre presseur. Bosse, pédagogue toujours attentif, a pris soin de froisser les langes (qui normalement doivent être parfaitement à plat) pour que le spectateur les remarque bien, étant entendu que leur rôle dans l’impression (leur élasticité pousse le papier à aller chercher l’encre dans les creux) est capital.

Au fond de l’atelier, sur des cordes tendues, sèchent les épreuves fraîchement imprimées ; leur apparence montre bien que le papier en est encore très humide ; elles seront remises à plat lorsque le papier et l’encre seront secs. Les sujets que l’on voit sur ces estampes n’appartiennent pas à l’œuvre de Bosse ; on reconnaît trois épreuves d’un Crucifix, à gauche, et une épreuve d’une Sainte Famille qui pourrait être la Sainte Famille Gonzague de Raphaël gravée par François de Poilly.

La légende explicative donnée par Bosse est ici modernisée : « Cette figure vous montre comment on imprime les planches de taille-douce. L’encre en est faite d’huile de noix brûlée et de noir de lie de vin, dont le meilleur vient d’Allemagne. L’imprimeur prend de cette encre avec un tampon de linge, en encre sa planche un peu chaude [au fond vers la gauche], l’essuie après légèrement avec d’autre(s) linge(s), et achève de la nettoyer avec la paume de sa main [à gauche]. Cela fait, il met cette planche à l’envers sur la table de sa presse, applique dessus une feuille de papier trempé et reposé, et couvre cela d’une feuille d’autre papier et d’un ou deux langes, puis, en tirant les bras de sa presse, il fait passer sa table avec sa planche entre deux rouleaux. »

(Version originale : « Cette figure vous montre Comme on Jmprime les planches de taille douce, / Lancre en est faite dhuille de noix, brusleé et de noir de lie de vin, dont le meilleur vient Dallemagne, Ljmprimeur prend de Cete ancre auec vn tampon de linge, en ancre sa planche vn peu / chaude, lessuye apres legeremt auec dautre linge, et acheue de la nettoyer auec la paume desa main, Cela fait il met cette planche a lenuers sur la table de sa presse, aplique dessus une foeuille de papier / trempé et reposé, et Couure cela d’une foeuille dautre papier et d’un ou deux Langes, puis en tirant les bras de sa presse il fait passer sa table auec sa planche entre deux rouleaux / faict a leau forte par ABosse a Paris en LisIle du palais lan 1642, auec priuilege. »

On remarque, dans cette estampe comme dans la précédente, l’influence de Matthieu Mérian l’Ancien qui, l’année précédente, publiait deux planches représentant la gravure au burin et l’impression en taille-douce dans la réédition qu’il faisait en 1641, à Francfort, de l’encyclopédie de Tomaso Garzoni, Piazza universale, das ist allgemeiner Schawplatz, Marckt und Zusammenkunfft aller Professionen.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1642
  • Lieu
    France
  • Auteur(es)
    Abraham Bosse (1602-1676), graveur
  • Description technique
    Eau-forte, 25,7 x 32,4 cm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, ED-30 (A,4)-FOL

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm121200139k