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Le livre à l’époque moderne

Introduction
Incipit de la Génèse
Incipit de la Génèse

Bibliothèque nationale de France

Le format de l'image est incompatible
Si la découverte de l’imprimerie est révolutionnaire, la forme des premiers livres imprimés au 15e siècle (incunables) ne diffère pas de celle des manuscrits. Ce n’est qu’à partir du milieu du 16e siècle que les formes du livre commencent à évoluer, accentuant la hiérarchie et la lisibilité des informations. 
 

Les innovations de la Renaissance

Au milieu du 16e siècle, de nouvelles formes surgissent qui transforment le livre dans un souci de perfection typographique et de lisibilité. Les pages s’aèrent, intégrant une hiérarchie des textes, des variations typographiques, une ponctuation, ainsi que de nouveaux caractères comme les cédilles, les apostrophes ou les trémas. Peu à peu apparaissent des pages de titre, souvent richement ornées, et les pages liminaires. Le livre imprimé va progressivement faire évoluer la typographie dans un souci économique de réduction des caractères et une volonté de lisibilité.

Malgré le secret dont se sont entourés les pionniers, l’imprimerie est vite devenue une aventure européenne. Dès la fin du 15e siècle la majorité des villes universitaires possèdent des presses mais la clientèle universitaire ne procure pas des débouchés suffisants. Ce sont les grandes places commerciales qui deviennent les principaux centres de production et diffusion du livre. S’y expriment les besoins nouveaux d’une population bourgeoise intéressée par la jurisprudence, les almanachs ou les romans en langue française. Dans ces carrefours commerciaux l’édition trouve les capitaux importants nécessaires à son développement et les circuits de diffusions permettant d’écouler des tirages en nombre.

Portrait de Tory en artiste
Portrait de Tory en artiste |

Bibliothèque nationale de France

Au 16e siècle, les imprimeurs sont non seulement d’excellents typographes mais également des humanistes et de grands savants. Ils vont mettre la typographie au service de leurs projets intellectuels et esthétiques. Les nouvelles possibilités de diffusion du livre imprimé vont contribuer à la propagation d’un renouvellement de la pensée. À partir de 1530, dans le contexte de la Réforme, les imprimeurs français sont systématiquement surveillés.

Le livre au cours du « Grand Siècle »

Portrait gravé de Louis XIV, roi de France de 1643 à 1715
Portrait gravé de Louis XIV, roi de France de 1643 à 1715 |

© Bibliothèque nationale de France

L’expression « Grand Siècle », pour parler du 17e siècle au sens large (jusqu'en 1715), renvoie d’une part aux fastes de Versailles et du classicisme français, et d’autre part au règne de Louis XIV – Louis le Grand – et, à travers lui, à l’apogée de la monarchie absolue. Sur le plan de l’histoire du livre, c’est pourtant un clin d’œil ironique. D’une façon générale, en effet, le livre du 17e siècle ne se caractérise guère par son aspect spectaculaire ou fastueux. Le 17e siècle est un siècle d’austérité qui représente même, selon l’historien Henri-Jean Martin, « le point zéro de l’art du livre ».

Le panorama n’est pourtant pas entièrement noir. Le développement du lectorat entraîne une diversification de l’offre. Les premiers périodiques côtoient pièces de théâtre, ouvrages de spiritualité et même petits livres de la « Bibliothèque Bleue » destinés à un public populaire, rural comme urbain. L’absolutisme du Grand Siècle entraîne à la fois stimulation et contrôle des productions livresques. Alors que tous les souverains européens, suivant l’image de Louis XIV, agissent comme des mécènes, des institutions et une législation répressives voient le jour. Cette censure ne va pas sans contestation ; la fraude se développe, aux Pays Bas comme dans le provinces françaises.

Le livre des Lumières

Le prochain siècle sera de jour en jour plus éclairé : en comparaison, tous les siècles précédents ne seront que ténèbres.

Bayle, 1697
Emmanuel Kant
Emmanuel Kant |

© Bibliothèque nationale de France

Selon les philosophes Moses Mendelssohn et Emmanuel Kant, les Lumières reposent sur la liberté pour chacun de faire usage de la Raison, ce qui suppose des moyens d’information, autrement dit des livres et des journaux. Sans surprise, le livre constitue donc un objet privilégié au 18e siècle. À l’austérité des années précédentes succède un moment d’opulence et de raffinement, sensible notamment dans les reliures et l’usage des illustrations.

Si les techniques de fabrication évoluent peu, genres et formats continuent de se diversifier pour répondre à une demande accrue par la progression de l’alphabétisation. Dictionnaires, littérature d’évasion, journaux connaissent une certaine popularité au 18e siècle. C’est aussi dans ces années que se structurent les métiers liés au livre : l’écrivain vit de plus en plus de sa plume, tandis qu’éditeurs, imprimeurs et libraires se différencient.

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