La cérémonie d’anniversaire de l’empereur Kangxi

Comme souvent dans l’illustration chinoise, le dessin est présenté selon une perspective semi-aérienne qui place le spectateur sur une hauteur lui permettant de dominer la scène et multiplie les points de vue. Les 148 feuillets de cet ouvrage se regardent de droite à gauche.

À la manière d’un documentaire cinématographique, le déroulement de la scène invite le spectateur à pénétrer, au fur et à mesure de sa progression, dans cet univers foisonnant en découvrant des anecdotes et des scènes de rues toujours changeantes. Ces détails assurent toute la saveur de l’ouvrage et en rendent la lecture captivante.

L’ouvrage montre la progression du cortège depuis les faubourgs paisibles jusqu’au cœur des quartiers en proie à l’agitation urbaine. Pour rompre la monotonie, le spectateur est convié jusque dans les boutiques et les arrières cours à découvrir l’envers du décor qui tranche avec la solennité du moment.

À la manière d’un documentaire cinématographique, le déroulement de la scène invite le spectateur à pénétrer, au fur et à mesure de sa progression, dans cet univers foisonnant en découvrant des anecdotes et des scènes de rues toujours changeantes. Ces détails assurent toute la saveur de l’ouvrage et en rendent la lecture captivante.

Dès que l’on est engagé sur la voie, il n’est plus possible de rebrousser chemin, à moins de rompre abruptement le charme de cet univers dans lequel on déambule comme par magie.

Les dons ont afflué de toutes les provinces de l’Empire, chaque groupe érigeant, qui des autels, qui des théâtres de rues, qui des écrans portant des formules de souhaits d’anniversaire, ou envoyant des offrandes pour payer la récitation de sûtras – dont celui de la longévité récité par les bouddhistes – ou des cérémonies rituelles taoïques. Pas moins de trente-six temples situés le long de la route participent à ces célébrations. L’illustration consigne les noms des groupes de donateurs qui contribuèrent à la magnificence de la fête.

Toutes les réjouissances y compris les pièces de théâtre ont pour thème et finalité unique de souhaiter longue vie au monarque. Des auvents forment des écrans décoratifs devant lesquels s’élèvent des autels où ont été disposés des vases fleuris et divers autres objets dont l’association peut être lue comme des rébus de formules de vœu.

Des lanternes, banderoles, panneaux, bannières ou broderies sont suspendues. Des pavillons décorés et des arches temporaires ont été dressés et l’on a sorti pour l’occasion les éléphants impériaux richement harnachés.

L’illustration décline à satiété les formules de souhait. Joints aux emblèmes impériaux du dragon et du phénix, des motifs fastes apparaissent sous diverses formes comme des pêches d’immortalité ou des grues.

Le caractère longévité, shou, apparaît de manière récurrente, et figure en cent styles différents sur un large mur.

De façon exceptionnelle, le palanquin impérial, entouré par toute la descendance masculine du souverain, n’est pas fermé ce jour-là afin de permettre aux citadins d’apercevoir le visage de l’empereur, ce que bien peu eurent l’audace de tenter si l’on examine l’illustration.

L’empereur Kangxi, né en 1654, fêta en grande pompe son soixantième anniversaire par une entrée triomphale dans Pékin qui eut lieu le 11 avril 1713. En célébrant la remarquable longévité de l’empereur Kangxi, signe céleste d’une vie réussie, on faisait en même temps l’éloge de son règne. Tous les hauts dignitaires ainsi que des milliers de nobles vieillards venus de tout l’Empire furent conviés à partager avec l’empereur la félicité du grand âge.

Les cérémonies d’une longévité de dix mille années, comme l’indique littéralement le titre chinois, est un imposant ouvrage commémoratif en 120 chapitres entrepris à la suite de cette célébration du soixantième anniversaire de l’empereur – et non celle des soixante ans du règne de Kangxi, comme il a été parfois écrit – pour conserver tous les hommages qui lui furent adressés. L’édition xylographique est constituée par les feuillets tirés de 148 bois gravés, mis bout à bout, sans aucune rupture de l’illustration sur environ 50 mètres, mais pliés.