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Les principaux centres de peinture en Iran
 

Sur le plateau iranien, l'art du livre est lié au mécénat princier ; c'est donc dans les grandes capitales, de Hérât à Tabriz, de Chirâz à Ispahan, que fleurit l'art du livre persan.

L'art du livre qui a fleuri sur le plateau iranien a exercé une profonde influence sur les régions voisines, Asie Mineure, Asie centrale ou Inde musulmane. Il est lié au mécénat princier et se développe sous sa protection ; on peut citer les « ateliers-bibliothèques » du vizir Rachid al-Din à Tabriz au 14e siècle, des sultans Bâysonqor et Hoseyn Mirzâ Bayqarâ à Hérât au 15e siècle — le siècle du célèbre peintre Behzâd —, ou encore ceux des châhs Esmâ’il et Tahmâsb Ier à Tabriz au siècle suivant. Chaque prince rivalise, dans ce domaine, avec ses prédécesseurs ou ses concurrents ; les luttes fratricides ne les empêchent pas cependant de se référer tous à un même modèle, celui du prince mécène et amateur de livres rares.

Chiraz : un centre très ancien de production du livre   

Recueil de poèmes de Khosrow, Hasan Dehlavi et Nâser Bokhâri
Recueil de poèmes de Khosrow, Hasan Dehlavi et Nâser Bokhâri |

© Bibliothèque nationale de France

Choisie comme capitale par les Saffarides au 9e siècle, embellie par les Bouyides (10e-11e s.), la ville de Chirâz échappe aux dévastations mongoles. Elle est la capitale de princes locaux, notamment des Mozaffarides au 14e siècle. L’activité des artisans du livre consiste alors principalement à réaliser des copies du Coran et de textes classiques de la poésie persane ; à côté des manuscrits de grand luxe, les exemplaires semblent produits en série, accompagnés des mêmes décors et illustrés des mêmes scènes, mais toujours de grande qualité. Petit-fils de Tamerlan, Eskandar Soltân poursuit au début du XVe siècle la tradition mozaffaride de mécénat et rassemble dans son ketâbkhâneh de nombreux calligraphes, peintres et relieurs : la synthèse entre le style de l’école du Fârs mozaffaride et celui des artistes ayant travaillé à Bagdad donne naissance à la peinture persane classique timouride. À la fin du règne d’Eskandar, en 1414, la plupart des artistes partent pour Hérât.

Entre 1545 et 1620, les ateliers de Chirâz connaissent une remarquable activité, produisant des livres pour les princes mais aussi pour un public d’amateurs fortunés, souvent au-delà des frontières de la Perse safavide. Bien des artistes, copistes, peintres, enlumineurs et relieurs viennent y apprendre leur métier, et les ateliers de villes comme Bagdad prennent volontiers pour modèles les manuscrits qu’on y réalise. Le « style de Chirâz » se caractérise notamment par le format des manuscrits, la profusion du décor et l’abondance des illustrations. Vers 1570, on note de grandes ressemblances avec l’art de Qazvin, où travaille le peintre Sâdeqi. Après la mort du gouverneur du Fârs, Emâm Qoli Khân, en 1632, on assiste au déclin des ateliers de Chirâz, qui perd son statut de pôle artistique au profit d’Ispahan.

Hérât : la splendeur du manuscrit timouride (15e siècle)

Le nasta’liq
 
Le nasta’liq
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© Bibliothèque nationale de France

Jusqu’à la mort de son gouverneur Bâysonqor, en 1434, la cour de Hérât devient le centre d’une véritable « académie », où travaillent les meilleurs artistes. L’atelier connaît un nouveau souffle à partir de 1460, avec le sultan Hoseyn Mirzâ Bayqarâ, grand amateur de poésie, qui aime à s’entourer d’écrivains, de savants et d’artistes.

Tabriz : les ateliers royaux au tournant du 16e siècle

 

Jeune homme rendant visite à l’ermite
 
Jeune homme rendant visite à l’ermite
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© Bibliothèque nationale de France

Sans avoir acquis le prestige de Hérât, Tabriz bénéficie, sous le règne du sultan turkmène Ya’qoub, d’une stabilité favorable aux activités artistiques. Dès 1480 s’opèrent de nombreux échanges culturels entre les deux villes. En 1501, les Safavides font de Tabriz leur capitale. Châh Esmâ’il reprend à son service les artistes de l’atelier aq-qoyounlou et son successeur Châh Tahmâsb encourage la réalisation de manuscrits enluminés et illustrés. Après 1522, le célèbre peintre Behzâd est nommé à la tête du ketâbkhâneh de Tabriz, qui subit ainsi l’influence de l’art de Hérât

Ispahan : un carrefour d'influences (17e siècle)

Femme jouant avec un chat ; Echanson assis par un artiste de l'école d'Ispahan
Femme jouant avec un chat ; Echanson assis par un artiste de l'école d'Ispahan |

Bibliothèque nationale de France

 

Choisie comme capitale par Châh ‘Abbâs le Grand en 1598, Ispahan devient au 17e siècle l’une des plus grandes villes du monde. Les poètes y sont nombreux, la bibliothèque royale est riche en manuscrits, mais le châh commande peu de nouveaux ouvrages illustrés. Il protège toutefois certains calligraphes et certains peintres qui, comme Rezâ, excellent dans la réalisation de peintures isolées. De multiples échanges ont lieu avec l’Inde moghole, le Deccan, mais aussi l’Europe : l’adoption de la perspective et le renouvellement des décors transforment radicalement l’esthétique persane traditionnelle.

Provenance

Cet article provient du site Splendeurs persanes, 1999.­­

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