Découvrir, comprendre, créer, partager

Audio

Le Cheval tondu

Fable d'Henri Jousselin
Le Cheval tondu
Le format de l'image est incompatible

Alfred est depuis plus d’une heure
Bien tranquille. Pour qu’il demeure
Si calme, après s’être échappé,
Il faut qu’il soit bien occupé.
Bébé, que fais-tu ?
- Je travaille ;
Vous le voyez, maman ; je taille
La crinière de mon cheval.
Grâce à mes soins, cet animal
Aura bientôt, soyez en sûre,
Une très belle chevelure.
Vous semblez en douter ? Comment
Pourrait-il en être autrement ?
Demandez plutôt à mon père.
Nous avons ensemble naguère,
Sur la pelouse du jardin,
Vu qu’on coupait un gazon fin.
C’était, dit-on, dans l’espérance
D’en doubler ainsi la croissance.
Un peu plus loin, le jardinier
Taillait la vigne en espalier,
Puis allait vers les plates-bandes,
Couper les branches les plus grandes.
Mon père m’a dit : c’est afin
D’augmenter leur  vigueur. Enfin
Hier, malgré mes cris, ma peine,
Auprès de mon coiffeur on m’emmène.
Sous les ciseaux, dans ses salons,
J’ai vu tomber mes cheveux longs.
Pour empêcher ma résistance,
Vous m’avez donné l’assurance
Qu’en peu de temps je les verrais
Redevenir plus épais.
Eh bien, pour ce cheval que j’aime,
Moi, j’ai voulu faire de même,
Et m’assurer que ses cheveux,
En les coupant, pousseront mieux.

Bibliothèque nationale de France