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Extrait

Florus explique le premier triumvirat

Florus, Abrégé de l'Histoire romaine, IV, 2
Ce texte permet d’aborder l’origine et le fonctionnement du premier triumvirat, qui vit l’alliance de César, Pompée et Crassus pour diriger à eux-seuls l'État. Il explique aussi pour quelles raisons leurs rivalités y mirent fin.

Forte tunc Crassus genere, diuitiis, dignitate florebat; uellet tamen auctiores opes; Caius Caesar eloquentia et spiritu, ecce iam et consulatu alleuabatur: Pompeius tamen inter utrumque eminebat. Sic igitur Caesare dignitatem comparare, Crasso augere, Pompeio retinere cupientibus, omnibusque pariter potentia cupidis, de inuadenda re publica facile conuenit. Ergo quum mutuis uiribus in suum quisque decus niteretur, Gallicam Caesar inuadit, Crassus Asiam, Pompeius Hispaniam, tres maximos exercitus, et sic orbis imperium societate trium principum occupatur. Decem annos traxit ista dominatio, quia mutuo metu tenebantur. Crassi morte apud Parthos, et morte Iuliae, Caesaris filiae, quae nupta Pompeio, generi socerique concordiam matrimonii foedere tenebat, statim aemulatio erupit. Iam Pompeio suspectae Caesaris opes, et Caesari Pompeiana dignitas grauis. Nec hic ferebat parem, nec ille superiorem. Pro nefas! sic de principatu laborabant, tamquam duos tanti imperii Fortuna non caperet.

Crassus brillait alors par sa naissance, ses richesses et son crédit ; il voulait cependant devenir plus puissant encore. César s'élevait grâce à son éloquence, à son courage, et aussi grâce à son consulat. Pompée, toutefois, les dépassait tous les deux. César voulait donc fonder, Crassus accroître, Pompée conserver sa puissance. Tous les trois également avides du pouvoir, ils s'entendirent facilement pour s'emparer de la république. Ils se prêtèrent mutuellement l'appui de leurs forces dans l'intérêt de leur gloire particulière, et César s'empara de la Gaule, Crassus de l'Asie, Pompée de l'Espagne. Ils disposaient de trois puissantes armées, et trois chefs possédaient ainsi en commun l'empire du monde. Cette domination dura loyalement pendant dix ans, parce qu'une crainte mutuelle maintenait leur union. Mais la mort de Crassus chez les Parthes et celle de Julie, fille de César, qui par les liens de son mariage avec Pompée était un gage de concorde entre le gendre et le beau-père, firent éclater soudain leur jalousie. La puissance de César inquiétait déjà Pompée, et César ne pouvait supporter l'autorité de Pompée. L'un ne voulait pas d'égal, l'autre ne voulait pas de maître, et dans leur rivalité sacrilège, ils se disputaient le premier rang, comme si la fortune d'un si grand empire ne pouvait suffire à deux hommes.

Florus, Abrégé de l'Histoire romaine, IV, 2
Texte latin : Itinera Electronica, Université Catholique de Louvain : http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/florus_hist_rom_04/texte.htm
Texte français : Florus, F. Ragon (trad.), Abrégé de l'histoire romaine de L. Annaeus Florus, Paris : C. L. F. Pancoucke, 1826.
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