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Extrait

La première attestation du mot « sport » en français

Le Journal des Haras
C’est dans le Journal des haras du 1er avril 1828 qu’apparaît pour la première fois le mot « sport » dans la langue française. Pourtant, ce terme, emprunté à l’anglais, est français à l’origine : c’est un dérivé de desport qui signifie « divertissement » en ancien français et est issu du verbe (se) desporter « s’amuser, se divertir ».

Les sports sont un des objets sur lesquels les Anglais parient de prédilection. Par le mot de sports, dont l'équivalent n'existe pas dans notre langue, et dont la signification en anglais n'est pas bien précise, on désigne la chasse, les courses [de chevaux], les combats de boxeurs, etc., tous les exercices enfin qui mettent en jeu la force, l'adresse ou l'agilité, soit des hommes, soit des animaux. Ces exercices ont en eux-mêmes un charme particulier pour les Anglais ; quelquefois même ils leur inspirent une véritable passion. Le goût des paris et celui des sports se prêtent une mutuelle assistance ; fort souvent les sports semblent ne tirer d'intérêt que des chances de perte ou de gain qu'ils présentent. […]

Ces sports, tant ceux qui, comme la chasse, sont indépendants de toute considération de gain, que ceux qui, comme les courses, trouvent presque leur essence dans les paris, absorbent une portion assez notable du temps et des idées des Anglais, surtout des hommes de la haute classe, pour qu'on puisse les regarder comme un trait saillant du caractère national. Beaucoup de gentlemen n'ont pas d'autre occupation, et les gazettes, pour satisfaire au goût général, renferment presque tous les jours un article, qui, sous le titre de sporting intelligence, donne l'état des paris pour les principales courses de chevaux, et raconte en détail les coups de poing de boxeurs, le nombre de pièces tuées en un jour par tel chasseur renommé, les exploits des pédestrians, etc. […]

Il y aura peut-être de l'intérêt à parcourir le cercle des divers sports ; ces détails pourront jeter quelque lumière sur la physionomie nationale des Anglais. Commençons par la pêche à la ligne (angling), amusement si dédaigné en France et si recherché de l'autre côté du détroit. Beaucoup d'Anglais en ont la passion. Au printemps, on voit des amateurs de pêche accourir de toutes parts dans les vallées du pays de Galles; ils s'arrêtent des journées entières près des ruisseaux où la truite abonde.

« Mœurs anglaises. Les sports », Le Journal des Haras, Paris, 1er avril 1828, p. 84-86

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