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Extrait

La « correction » de la femme par son mari selon l'Encyclopédie

Antoine-Gaspard Boucher d'Argis, « Correction », Encyclopédie, t. 4, 1751-1765.
Avocat parisien, Boucher d'Argis a fourni de très nombreux articles de droits pour l'Encyclopédie. Dans celui qui explique le droit de correction, que le père de famille détient sur ses enfants, sa femme et ses domestiques, il témoigne d'une évolution limitée de l'acception des violences conjugales au 18e siècle : si le mari doit traiter sa femme avec douceur et amitié, il reste naturel de la frapper pour la « corriger », mais avec modération...

Les maris ont aussi droit de correction sur leurs femmes. Par l’ancien droit Romain, si le mari battait la femme à coups de fouet, ce qui était une injure pour une femme ingénue, c’était une cause de divorce : mais par le dernier droit, il est seulement dit que le mari qui le ferait sans cause, serait obligé de donner dès-lors à sa femme une somme égale au tiers de la donation à cause des noces. [...]

Cette loi n’est point suivie parmi nous ; on en a sans doute senti l’inconvénient : bien des femmes se feraient battre pour augmenter leur douaire ou augment de dot. Le mari doit traiter sa femme avec douceur et avec amitié ; cependant, si elle s’oublie, il doit la corriger modérément ; il peut même, s’il ne trouve point d’autre remède, la faire enfermer dans un couvent ; et si elle a eu une mauvaise conduite, la faire mettre dans une maison de correction.

Mais s’il la maltraite à tort, soit de coups, soit de paroles, ce qui est plus ou moins grave selon la qualité des personnes, ces mauvais traitements sont une cause de séparation.

Antoine-Gaspard Boucher d'Argis, « Correction », Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, t. 4, Paris : Briasson, David, Le Breton, Durand, 1751-1765, p. 273.
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