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Focus

Les jeux héraldiques



Le Jeu du blason
Le Jeu du blason

Bibliothèque nationale de France

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La création de jeux pédagogiques au 17e siècle ne pouvait laisser de côté un des domaines les plus considérables de la représentation et de la sociabilité de l’Ancien Régime, l’héraldique.

L’étude des jeux de cartes et des jeux de l’oie héraldiques montre une forte concentration dans leurs dates d’apparition. En effet, cette mode de l’héraldique, qui trouve dans celle des jeux un terrain d’expression particulièrement adapté, semble se circonscrire autour du règne de Louis XIV, tous les jeux originaux paraissant entre 1659 et 1718. C’est dans ce contexte fortement armorié que naissent les jeux de cartes et les jeux de l’oie héraldiques, qui s’inscrivent doublement dans la vie scolaire, en instruisant les élèves et en leur permettant d’appréhender leur futur rôle dans la société par l’intermédiaire de l’héraldique.

Le jeu de Claude-Oronce Finé de Brianville apparaît dans un cadre pédagogique précis, celui des collèges jésuites, dont est issu l’auteur. Alliant connaissances des armoiries mais aussi de l’histoire et de la géographie, cette pédagogie prend la forme originale d’un jeu de cartes : elle fait appel à la mémoire visuelle par l’usage des cartes à jouer et de la carte de géographie, tandis que le livret des connaissances se rattache à une forme plus traditionnelle de l’apprentissage intellectuel. À l’originalité du support pédagogique, le jeu de Finé de Brianville joint celui d’une conception européenne. Le succès de son jeu puise ses origines dans une forte demande héraldique, perceptible à travers l’abondante actualité éditoriale sur le sujet dans les premières années du règne personnel de Louis XIV. La clarté synthétique des connaissances contribue aussi à sa large diffusion.

Sur ce modèle, de nombreux auteurs réalisèrent des jeux de cartes ou des jeux de l’oie dont la valeur pédagogique et éducative décrût peu à peu. Le plus célèbre de ces suiveurs fut le père jésuite Claude-François Ménestrier, brillant historien et héraldiste qui n’inventa pas moins de trois jeux d’une complexité inouïe. De purement éducatifs, les jeux ne devinrent plus que ludiques en passant du support des cartes à jouer à celui des jeux de l’oie.