Le major Powell à la rencontre des Indiens Hopi

Bibliothèque nationale de France / Société de géographie
Le village de Wol-Pi
À la différence des trois autres grandes missions menées dans l’Ouest américain (King, Wheeler et Hayden), le Powell Survey (1869-1879) n’avait pas de vocation encyclopédique. Au cours des expéditions, la dimension ethnographique prit une importance croissante et Powell fut nommé en 1873 commissaire spécial aux affaires indiennes. John Hillers, photographe officiel de la mission depuis 1872, fut envoyé en 1875 en Arizona, dans la province de Tusayan, pour visiter trois villages hopi, Walpi, Sichumovi et Hano, perchés sur une butte aux flancs escarpés.
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John Wesley Powell
John Wesley Powell (1834-1902) conduisit l’une des quatre missions menées dans l’Ouest américain (big four surveys) avant de devenir en 1879 le second directeur du Geological Survey, l’organisme fédéral chargé de recenser les richesses minières du continent. Dès 1877, il adresse régulièrement à la Société de géographie les rapports de ses missions et devient membre correspondant en 1888.
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Après une première expédition de reconnaissance de la rivière Colorado menée en 1869, Powell fait appel à un jeune homme du nom de John K. Hillers comme conducteur de bateau lors de sa seconde expédition, en 1871. Hillers manifeste rapidement une telle curiosité et une telle intelligence qu’il est choisi comme assistant photographe. Après avoir appris à maîtriser l’usage délicat des traitements chimiques, il acquiert un véritable savoir-faire dans la prise de vue, lâchant immédiatement l’aviron pour remplacer Fennemore, le photographe officiel, quand celui-ci tombe malade, en 1872. Cette mission marque le début de l’étroite collaboration d’Hillers avec Powell, qu’il accompagne par la suite dans toutes ses expéditions.
Powell est déterminé à comprendre les populations des villages fortifiés des Indiens Pueblo, dont font partie plusieurs tribus, telles que les Hopis. Il, demande à son nouveau collaborateur de participer avec lui à plusieurs missions. Tissant aisément des liens avec les Indiens, Hillers devient pour eux « l’attrapeur d’ombres » et ne rencontre aucune difficulté à les photographier. Les Paiute le surnomment d’ailleurs « moi-même dans l’eau » car leur image sur les clichés évoque leur reflet dans l’eau. Parce qu’il possède un vrai sens de la composition et qu’il exploite merveilleusement les jeux d’ombre et de lumière, Hillers apparaît comme le photographe idéal pour toute entreprise ethnographique.

Une rue du village de Wol-Pi
Les membres de la mission accèdent aux villages hopi par une succession de marches et de niches taillées dans le roc. À leur arrivée, les Indiens les aident à transporter leur matériel et leurs provisions. Les cours des maisons du village sont profondément creusées dans la roche pour constituer des kiva, auxquelles on accède par une échelle. La kiva est à la fois un lieu de culte où sont organisées des cérémonies et un lieu de réunion où l’on exécute les travaux courants.
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Maisons en terrasse dans le village de Wol-Pi
Les attitudes statiques des Indiens trahissent une volonté de mise en scène que l’on retrouve souvent chez Hillers : il s’agit ici de faire poser des figures afin de rendre « habités » les différents niveaux architecturaux des maisons du village. Ces épreuves de grand format ont été réalisées en vue de l’exposition du centenaire des États-Unis en 1876 à Philadelphie.
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Restant près d’un mois à leurs côtés, Powell réalise le premier travail sérieux sur les Indiens Hopi, s’intéressant avec respect à leur langue, à leurs productions artisanales et à leurs traditions.
Powell sut pacifier (les tribus Hopi et) se servir d’elles comme d’un point d’appui contre les Apaches. Il s’était imposé à elles par sa seule autorité, par sa connaissance de leur langue, et de leur mentalité, par la confiance qu’il inspirait. Il réussit là, en même temps, l’œuvre du géographe, celle du géologue, celle de l’archéologue et celle de l’ethnologue.
Profondément marqué par la richesse de leur culture et la qualité des relations qu’il a su établir avec eux, Powell s’oppose au Bureau des Affaires Indiennes, qui n’hésitait alors pas à déplacre des communautés entières, et réussit à convainc le Congrès de créer un « Bureau of American Ethnology », auprès de la Smithsonian Institution. Élu en tant que premier directeur, il cède à cet organisme ses collections inestimables d’objets et ses albums photographiques.

Cour d'un village d'Arizona
De 1872 à 1876, Hillers réalise plusieurs centaines de clichés ethnographiques sur les tribus indiennes de l’Utah, de l’Oklahoma, du Colorado et de l’Arizona, dont beaucoup sont utilisées lors des conférences du major Powell. C’est Powell lui-même qui adresse en 1877 à la Société de géographie l’ensemble de neuf grandes épreuves photographiques, épreuves remarquées parmi d’autres dons par le secrétaire général Charles Maunoir et exposées dans la salle où se réunit la commission centrale.
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