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Le major Powell à la rencontre des Indiens Hopi

Le village de Wol-Pi
Le village de Wol-Pi

Bibliothèque nationale de France / Société de géographie

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À la fin des années 1860, le major Powell est un homme expérimenté qui a déjà participé à  plusieurs expéditions de collectes de fossiles dans l’ouest américain et servi  comme ingénieur topographe dans l’armée au cours de la guerre de Sécession. Une passion l’anime : celle de l’exploration, à la fois géologique et ethnographique. Afin de garder un témoignage objectif de ses travaux, il a appris la photographie. Cette technique lui permet de restituer une réalité déjà décrite par les peintres qui ont immortalisé la découverte du continent nord-américain.
 
John Wesley Powell
John Wesley Powell |

Bibliothèque nationale de France / Société de géographie

Après une première expédition de reconnaissance de la rivière Colorado menée en 1869, Powell fait appel à un jeune homme du nom de John K. Hillers comme conducteur de bateau lors de sa seconde expédition, en 1871. Hillers manifeste rapidement une telle curiosité et une telle intelligence qu’il est choisi comme assistant photographe. Après avoir appris à maîtriser l’usage délicat des traitements chimiques, il acquiert un véritable savoir-faire dans la prise de vue, lâchant immédiatement l’aviron pour remplacer Fennemore, le photographe officiel, quand celui-ci tombe malade, en 1872. Cette mission marque le début de l’étroite collaboration d’Hillers avec Powell, qu’il accompagne par la suite dans toutes ses expéditions.

Powell est déterminé à  comprendre les populations des villages fortifiés des Indiens Pueblo, dont font partie plusieurs tribus, telles que les Hopis. Il, demande à son nouveau collaborateur de participer avec lui à plusieurs missions. Tissant aisément des liens avec les Indiens, Hillers devient pour eux « l’attrapeur d’ombres » et ne rencontre aucune difficulté à les photographier. Les Paiute le surnomment d’ailleurs « moi-même dans l’eau » car leur image sur les clichés évoque leur reflet dans l’eau. Parce qu’il possède un vrai sens de la composition et qu’il exploite merveilleusement les jeux d’ombre et de lumière, Hillers apparaît comme le photographe idéal pour toute entreprise ethnographique.

Une rue du village de Wol-Pi
Une rue du village de Wol-Pi |

Bibliothèque nationale de France / Société de géographie

Maisons en terrasse dans le village de Wol-Pi
Maisons en terrasse dans le village de Wol-Pi |

Bibliothèque nationale de France / Société de géographie

Restant près d’un mois à leurs côtés, Powell réalise le premier travail sérieux sur les Indiens Hopi, s’intéressant avec respect à leur langue, à leurs productions artisanales et à leurs traditions.

Powell sut pacifier (les tribus Hopi et) se servir d’elles comme d’un point d’appui contre les Apaches. Il s’était imposé à elles par sa seule autorité, par sa connaissance de leur langue, et de leur mentalité, par la confiance qu’il inspirait. Il réussit là, en même temps, l’œuvre du géographe, celle du géologue, celle de l’archéologue et celle de l’ethnologue.

Marcel Mauss, « L’ethnographie en France et à l’étranger », Revue de Paris, 20, 1913

Profondément marqué par la richesse de leur culture et la qualité des relations qu’il a su établir avec eux, Powell s’oppose au Bureau des Affaires Indiennes, qui n’hésitait alors pas à déplacre des communautés entières, et réussit à convainc le Congrès de créer un « Bureau of American Ethnology », auprès de la Smithsonian Institution. Élu en tant que premier directeur, il cède à cet organisme ses collections inestimables d’objets et ses albums photographiques.

Cour d'un village d'Arizona
Cour d'un village d'Arizona |

Bibliothèque nationale de France / Société de géographie