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Les déboires de Bertrand Mahé de la Bourdonnais

Carte des Indes tracée sur un mouchoir
Carte des Indes tracée sur un mouchoir

© Bibliothèque nationale de France

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Quel objet pourrait mieux faire revivre pour nous la présence illustre de la France dans les mers des Indes, mais aussi son échec, que la carte mouchoir de Bertrand Mahé de La Bourdonnais ?

Emprisonné pendant trois années à la Bastille et accusé par Dupleix de trahison et de profits malhonnêtes, l’ancien gouverneur de l’île de France retraça de mémoire sur un mouchoir de toile fine, et peut-être avec son propre sang, les contours de l’océan Indien, théâtre de ses activités aux Indes et aux Mascareignes.

Ancien capitaine de la Compagnie des Indes, également marchand aventurier à ses heures, il était devenu en 1735 le gouverneur général des îles de France et de Bourbon avec mission d’en faire un point d’approvisionnement et de rafraîchissement pour les navires de la Compagnie. Au-delà de ce projet, il rêva d’en faire le point clé de la présence française dans l’océan Indien. Il fit alors entrer ces îles dans l’histoire en les utilisant comme base d’opérations contre les Anglais en Inde.

En 1746, il parvint ainsi à enlever Madras aux Anglais pour quelques années, mais entra en conflit avec Dupleix qui exerçait le gouvernement général. Finalement acquitté, La Bourdonnais mourut prématurément en 1753. Les Mauriciens lui vouent encore une sorte de culte. D’un camp éphémère entre les marécages et la rade, il avait fait le Port-Louis. Il avait acclimaté des cultures, réintroduit la canne à sucre dans l’île et même créé une sucrerie, malgré le naufrage du Saint-Géran qui devait lui apporter l’équipement nécessaire. Ce navire se brisa en effet dramatiquement sur un récif de coraux alors qu’il approchait de la côte, épisode qui inspira, vingt-quatre ans plus tard, Bernardin de Saint-Pierre pour la fin de Paul et Virginie.