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Colophons des éditions typographique et xylographique du Jikji 2

Comparaison des deuxièmes pages des colophons
Comparaison des colophons des éditions typographique et xylographique du Jikji  2
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« Collecteurs exhortant au bien » 1
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« Collecteurs exhortant au bien » 2 : donatrice
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Poème Sŏn du Révérend Na’ong Hyegŭn (懶翁惠勤, 1320-1376)
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Mention des calligraphes, graveurs et collecteurs de fonds
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Mention des disciples religieuses ayant participé à l’édition du Jikji
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Mention des disciples laïques femmes ayant participé à l’édition du Jikji
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Mention du lettré fonctionnaire Kim Kyesaeng
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Lieu de conservation des planches xylographiques
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Suite de la comparaison des « colophons » (ou « mémoires de publication ») des éditions typographique de 1377 (à droite) et xylographique de 1378 (à gauche) du Jikji. Placés en fin d’ouvrage, ces kan’gi (刊記) nous renseignent sur le statut, la fonction et l’identité des contributeurs à la réalisation des deux ouvrages. Les deux colophons ont en commun de signaler le nom de la religieuse Myodŏk (妙德, ?-?) comme donatrice. Le « mémoire de publication » de 1378 est plus développé et détaillé que celui de 1377 : il mentionne plusieurs types d’opérations et d’acteurs (vraisemblablement religieux) : calligraphes (3), graveurs (3), collecteurs de fonds (4), donateurs (8). Les donateurs sont majoritairement des donatrices religieuses (4) et laïques (4). La dernière information précise le lieu de dépôt des planches xylographiques au monastère de Ch’wi’am à Ch’ŏllyŏng (actuel Yŏju, région du Kyŏnggi).

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Comparaison des colophons des éditions typographique et xylographique du Jikji  2

Mise en vis-à-vis des deuxièmes pages des kan’gis (colophons) des deux éditions anciennes du Jikji.

« Collecteurs exhortant au bien » 1

Édition typographique de 1377 (conservée à la BnF)

Mention des moines ayant collecté les fonds nécessaires à la réalisation matérielle de l’ouvrage.
Traduction : « Collecteurs exhortant au bien » – disciples – Sŏkch’an, Talcham »

Les collecteurs de fonds sont deux disciples religieux de Paegun. Sŏkch’an est mentionné dans la préface de l’édition de 1378 rédigée par le lettré fonctionnaire Sŏng Sadal.

« Collecteurs exhortant au bien » 2 : donatrice

Édition typographique de 1377

Mention d’une unique donatrice.
Traduction : « Collecteurs exhortant au bien – Donatrice – bhikṣuṇi (religieuse) Myodŏck »

L’édition typographique du Jikji a été matériellement soutenue par la religieuse Myodŏk, disciple de Paegun. Dans un autre document daté de 1378, le lettré fonctionnaire Yi Saek (1328-1396), fidèle bouddhiste préfacier de l’édition de 1378 du Jikji, identifie Myodŏk comme « Dame du Prince de Chŏnggan », membre du clan des Im, confirmant ainsi son origine aristocratique. Son statut social expliquerait sa capacité à être donatrice dans des œuvres (inscriptions, publications) visant à célébrer la mémoire de plusieurs religieux liés par des relations de maître à disciple : Zhikong, Paegun et Na’ong. De plus, un document rare de 1326 (« diplôme de préceptes ») signale Myodŏk comme fidèle bouddhiste laïque, disciple du maître Zhikong (?-1363) d’origine indienne, actif pendant plusieurs décennies dans la capitale des Yuan à Dadu (actuel Pékin). Il est probable que Myodŏk devint religieuse après son veuvage – pratique courante au Koryŏ – vers 1345. Elle est aussi citée comme disciple religieuse dans une inscription de 1379 relative aux reliques de Na’ong (1320-1379), disciple coréen de Zhikong. En revanche, une stèle dédiée à Zhikong et Na’ong datée de 1384 ne mentionne pas Myodŏk, ce qui laisse supposer qu’elle décéda entre 1379 et 1384.

Poème Sŏn du Révérend Na’ong Hyegŭn (懶翁惠勤, 1320-1376)

Édition typographique de 1377

Ajout manuscrit (anonyme) à l’encre brune d’un poème du maître de Sŏn Na’ong.
Traduction : « Mériter de trouver le trésor de la perle des souhaits dans sa maison,
De naissance en naissance, de génération en génération, son effet est sans limite.
Bien qu’elle fasse apparaître chaque chose en pleine clarté,
Si on la cherche, elle n’a originellement pas de traces.
Chacun possède cette grande perle spirituelle,
Que l’on se lève ou s’assoie, elle suit clairement en permanence.
Les incrédules veulent absolument la voir,
À présent, qui en parlera ? »

Ce poème est extrait d’un recueil de chants et d’hymnes du Révérend Na’ong, le Na’ong hwasang kasong, édité en 1363 et inséré dans une série intitulée « Mettre en garde le monde de ceux qui cherchent à l’extérieur ». La raison pour laquelle ce poème a été ajouté ici n’est pas claire, mais elle suggère une proximité de pensée perçue entre Paegun et Na’ong, sinon la dispense d’un enseignement (par les disciples de Paegun ?) où les deux étaient associés. Il est vraisemblable que les deux maîtres étaient proches dans la mesure où ils eurent un maître commun : Zhizong. Il semble qu’ils eurent l’occasion de se rencontrer, qu’ils correspondirent et qu’ils furent, à quelques années d’intervalle, supérieurs du même monastère, Sin’gwangsa à Haeju (actuelle prov. du Hwanghae). Par ailleurs tous deux entrèrent dans le nirvana dans la même localité de Yŏju, le premier au monastère de Ch’wi’am, le second, au monastère de Sillŭk.

Mention des calligraphes, graveurs et collecteurs de fonds

Édition xylographique de 1378 (conservée à la BNC)

Religieux chargés des tâches en vue de la réalisation matérielle de l’ouvrage.
Traduction : « Calligraphes : Iram, Sŏnhwa, Ch’ŏn’gŭng
Gravure des caractères : Chongt’ak, Ch’amyŏ, Sinmyŏng
Collecte des liens : Pŏmnin, Chamyŏng, Hyejŏn »

Les religieux mentionnés ici ne sont pas tous connus. Seuls les moines Ch’amyŏ, Sinmyŏng et Pŏmnin sont également mentionnés dans le colophon du Recueil de propos du Révérend Paegun de 1378, comme ayant participé à l’édition des autres écrits de Paegun.

Mention des disciples religieuses ayant participé à l’édition du Jikji

Édition xylographique de 1378

Disciples religieuses ayant soutenu l’impression du Jikji.
Traduction : « Disciples ayant participé
bhikṣuṇi Myodŏk, Myosŏng
Yŏngjo, Sŏnggong »

La mise en page indique que les religieuses piguni (比丘尼, sanscrit, bhikṣuṇi ; ayant adopté les préceptes monastiques complets) entrent dans la catégorie de celles et ceux qui « ont aidé aux liens » 助緣, c’est-à-dire qui ont soutenu matériellement la gravure et l’impression du Jikji. Selon la hiérarchie, les disciples religieux sont mentionnés avant les disciples laïcs. Les religieuses Myodŏk et Myosŏng ont en commun le premier caractère « myo » 妙 de leur nom, ce qui peut être interprété comme faisant partie d’une même lignée spirituelle (même maître) et d’une même génération de disciples. La stèle de la cloche de pierre à reliques du maître Poje du monastère de Sillŭk de 1379 mentionne les disciples de Na’ong Hyegŭn (1320-1376) dont Myobong (妙峯, ?-?), la supérieure du monastère de femmes de Chŏngŏp 淨業院 de la capitale. Son nom est suivi d’un ensemble de vingt-trois religieuses dont le premier caractère du nom est « myo », liste dans laquelle le nom de Myodŏk figure en seconde position. En 1379, Myodŏk était vraisemblablement religieuse au monastère de Chŏngŏp, comme nombre de veuves d’aristocrates de la capitale.

Mention des disciples laïques femmes ayant participé à l’édition du Jikji

Édition xylographique de 1378

Trois clans de disciples de Paegun, laïques et nobles, ayant soutenu l’édition du Jikji.
Traduction : « Dame Yun du district de première classe de Yŏngp’yŏng
Dame Wŏn du district de première classe de Pugwŏn
Dame Yi du district de première classe de Kusŏng »

Les trois clans d’origine des femmes mentionnées ont pour éléments d’état civil : 1) l’appartenance à un clan associé à une localité (district de première classe ; en l’occurrence, des districts de la province du Yanggwang 楊廣道) ; 2) le titre de pu’in 夫人, épouses de membres de la famille royale (sous la dynastie suivante). Les disciples des clans des Yun et des Wŏn sont toutes citées dans la liste des donatrices pour la fabrication de la cloche à reliques du maître Na’ong (stèle de 1379) avec plusieurs postnoms pour certains clans : pour le clan des Yun : Myoyŏng 妙英 et Myoran 妙蘭 ; pour le clan des Wŏn : Myosu 妙守. De plus, les donatrices des clans des Wŏn et des Yi sont également nommées dans le colophon du Recueil de propos du Révérend Paegun. En définitive, les donatrices formaient à l’époque un réseau soutenant la mémoire de Paegun et de son enseignement, tout en appartenant au réseau des fidèles de Na’ong, suggérant l’étroitesse des liens entre les deux maîtres de la fin du Koryŏ.

Mention du lettré fonctionnaire Kim Kyesaeng

Édition xylographique de 1378

Lettré fonctionnaire cité à la fin du colophon.
Traduction : « Sieur de la Juste Obéissance, président du Bureau des Cérémonies, Kim Kyesaeng »

Le lettré fonctionnaire de 3e échelon supérieur, Kim Kyesaeng (金繼生, ?-1392) n’est pas cité sur le même niveau de la page que les autres participants à l’édition du Jikji. Néanmoins, il est vraisemblable que sa présence soit justifiée par son appartenance aux disciples de Paegun. Sa biographie est peu documentée. Il est mentionné par ailleurs dans le colophon du Recueil de propos du Révérend Paegun ainsi que dans la liste des disciples de Na’ong (stèle de la cloche à reliques de 1379).

Lieu de conservation des planches xylographiques

Édition xylographique de 1378

Dernière information apportée par le colophon.
Traduction : « Planches conservées au monastère de Ch’wi’am de Toryŏng (Chŏllyŏng) »

La dernière information fournie par le colophon est le lieu de conservation des planches xylographiques du Jikji. Il ne précise pas le lieu de gravure et d’impression de l’édition de 1378. Par défaut, les spécialistes considèrent que le monastère de Ch’wi’am, lieu de décès de Paegun, fut le lieu d’édition de l’ouvrage. On note que le caractère to 刀 est une variante graphique (ou une erreur) pour ch’ŏn川 de Ch’ŏllyŏng 川寧, ce dernier étant étant le toponyme du Koryŏ correspondant à l’actuel dans la région du Kyŏnggi en Corée du Sud.