Découvrir, comprendre, créer, partager

Image

Tarot dit de Charles VI : les planètes

L’étoile (manquante), La Lune, Le Soleil, Le Monde
Tarot dit de Charles VI : les planètes
Le format de l'image est incompatible

La Lune

La Lune n'est pas figurée sur son char, un croissant dans la main, à l'image de Diane parcourant le zodiaque, iconographie habituelle à la Renaissance. C'est d'une manière plus scientifique, en faisant allusion aux recherches astronomiques et non aux divinités antiques, que l'artiste a imaginé cet atout. Deux astronomes, l'un revêtu d'un habit de moine, l'autre coiffé d'un turban d'oriental, relèvent à l'aide de compas les mesures fournies par l'observation d'un croissant de lune. Tandis que l'un d'eux regarde l'astre et écarte les branches de son instrument pointées vers le ciel, l'autre trace des figures sur les pages d'un livre. Il peut s'agir aussi d'astrologues ; au Moyen Âge et au début de la Renaissance, l'astrologie et l'astronomie confondues constituaient l'un des sept arts libéraux. Les humanistes s'appuyaient sur le savoir antique pour valoriser l'astrologie et pensaient que toute existence dépendait du cosmos. Il se peut que cette interprétation se soit prolongée dans certains domaines culturels.



Le Soleil

Une jeune fille file la laine de sa quenouille d'une main et retient le fil du fuseau de l'autre, sous un soleil mouvementé, aux rayons ondulés, à visage humain. La fileuse évoque les Parques, divinités qui présidaient à la naissance et à la mort des humains en coupant le fil des jours des mortels. Leur attribut étaient le fuseau, bobine galbée pour filer à la quenouille. Lorsque celle-ci était vide, l'existence humaine s'était écoulée.


Le Monde
Une femme, la tête auréolée ou agrémentée d'une coiffe, tient d'une main un sceptre et de l'autre un globe ; elle est debout sur une sphère, qui figure sans doute l'univers et qui évolue sur des nuages ou de l'eau. Le globe, symbole du monde, et le sceptre, celui du pouvoir, sont également les attributs de L'Empereur (cat. 36). L'auréole ou la coiffe festonnée est portée aussi par les atouts figurant les vertus, La Force, La Justice, et La Tempérance (cat. 40, 41 et 39). Elle est à rapprocher d'une figure de la Justice figurant sur une gravure florentine, Le Triomphe de la Renommée, datant des années 1460 (Hind, A I, 21, 1).
L'iconographie du Monde est difficile à interpréter. Au centre de la sphère représentant sans doute la Terre, aux sommets de monts se dressent des architectures de villes fortifiées. Un large cercle, peut-être le monde céleste, composé de neuf cieux superposés, selon le système de Ptolémée connu à l'époque, l'environne.
Ce système faisait de la Terre le centre de l'univers. Tout autour, le monde céleste correspondait aux sept planètes (la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne), à la sphère des étoiles fixes, à celle du Premier Mobile ou Cristallin en contact direct avec la dernière sphère, appelée Première Cause, c'est-à-dire Dieu. Celle-ci transmettait le mouvement au Premier Mobile, moteur qui animait les autres sphères et se trouvait à l'origine de tous les mouvements de l'univers. Le système de Copernic (1473-1543) était encore très peu répandu au début du XVIe siècle.
Le Monde du jeu de tarots pourrait être une représentation allusive de l'univers de Ptolémée.
La figure s'apparente également par sa position debout sur une sphère, et par le sceptre qu'elle tient, à l'allégorie de la Fortune. Cependant de nombreux détails iconographiques l'en éloignent. La déesse de la Fortune est nue et porte un bandeau sur les yeux.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Fin du 15siècle
  • Lieu
    Italie du Nord
  • Description technique
    Peinture a tempera à l'œuf, sur un dessin préparatoire à l'encre noire de type sépia ; décor de rinceaux estampés, après fixation de feuille d'or et d'argent sur une couche d'assiette, déposée sur un support de papier ; dos blancs unis. Papier en plusieurs couches avec rabats à l'italienne dont certains sont rognés. La partie du dessin dissimulée par les rabats réalisés après, a été redessinée.
    Dix-sept cartes : 180/185 x 90/95 mm.
  • Provenance

    Paris, BNF, Estampes, Rés. Kh 24

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmff5rsd0b67w