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Canon taoïque de l’ère Zhengtong

Série de caractères talismaniques décomposés et leurs explications
Canon taoïque de l’ère Zhengtong
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Le corpus du Canon taoïque se rattache au genre chinois des congshu, ces anthologies raisonnées de grande envergure qui peuvent regrouper sous un même titre général des centaines d’ouvrages d’auteurs divers. Ces collections éditoriales dont il existe plusieurs milliers ont ainsi permis de préserver des œuvres éparses qui n’auraient pas survécu isolément.
Le Canon taoïque rassemble non seulement des textes saints mais aussi tout un ensemble d’écrits destinés à éclairer la doctrine, qui peuvent émaner d’autres écoles de pensée, ainsi que des encyclopédies comme le très ancien Wushang Biyao du 6e siècle.
Le Canon taoïque est divisé en sept parties, trois appelées les « cavernes » qui regroupent les traditions majeures et quatre suppléments, ce qui constitue, dans l’édition Ming, un total de 1 412 textes.
Les Trois cavernes, dont la plus éminente est celle de la vérité, Dongzhen, suivie par la Caverne du mystère, Dongxuan, enfin la Caverne des esprits divins, signifient que ces sections donnent accès aux profondeurs de la montagne du Dao par une succession d’initiations hiérarchisées. Dans la deuxième moitié du VIe siècle, en raison de l’accroissement du nombre des textes, quatre compléments furent rajoutés qui servaient respectivement à compléter chacune des Trois cavernes. Une dernière section porte sur l’ensemble. Chacune de ces sept sections est divisée en douze rubriques, commençant par les textes fondamentaux, suivis des formules et talismans sacrés, des exégèses, des cartes et diagrammes, des écrits généalogiques ou historiques, des injonctions et défenses, du rituel, des hagiographies, des liturgies, et enfin des rapports adressés au Souverain d’en haut.
L’édition la plus ancienne connue du canon taoïque est celle présentée ici. Cette nouvelle compilation fut commandée par l’empereur Chengzu (1403-1425), le premier des protecteurs Ming de la doctrine taoïque. Tous les canons taoïques du Nord de la Chine, des dynasties Song, Liao et Jin, bien qu’imprimés, continuaient à être montés en rouleaux selon l’usage traditionnel, ce qui montre que l’invention de l’imprimerie ne fut pas le seul facteur déterminant le changement du format du livre, passant du rouleau au codex, et que la transition s’opéra graduellement. En revanche, dans les éditions du Sud, les feuillets xylographiques collés bout à bout étaient pliés et non plus roulés. Cette luxueuse publication impériale est dispendieuse en papier puisqu’elle s’accommode de marges généreuses et se déploie sur 5 colonnes de 17 gros caractères par plis.
Bien que la majorité des fascicules ne soit pas illustrée, on compte cependant un nombre conséquent d’images, et parmi celles-ci de très saisissants caractères talismaniques. Le Canon est une somme scripturaire qui contient des textes saints en écriture régulière mais aussi des tracés magiques servant de talismans, des charmes ou des cartes ésotériques de toutes époques et pour tout usage. Le Canon est une mine exceptionnelle de ces graphies anciennes, le plus souvent éphémères, pratiquées peut-être depuis les hautes époques. Ces écrits éminemment périssables, puisque destinés à agir par transformation, n’étaient pas censés être tracés sur des supports durables, ni être diffusés entre des mains non autorisées, ni être conservés au-delà de l’usage pour lequel ils avaient été conçus. Ces reliquats d’une écriture fugitive, pouvant se noter ou s’imprimer sur des surfaces immatérielles, capables de communiquer avec les forces de l’au-delà et avec le monde invisible, font preuve d’une grande imagination graphique, tout en respectant, comme l’écriture ordinaire, un ordre de composition très strict. Elles servaient en mille occasions de la vie quotidienne, entre autres à titre protecteur, thérapeutique ou apotropaïque contre les esprits malfaisants ou démoniaques. Ce sont des exemples de l’art secret des taoïstes, la plus ésotérique des trois doctrines.
Le canon taoïque rassemble des textes saints en écriture régulière, mais aussi des tracés magiques servant de talismans. Le Canon est une mine exceptionnelle de ces graphies anciennes, le plus souvent éphémères qui n’étaient pas censés être tracés sur des supports durables, ni être diffusés entre des mains non autorisées, ni être conservés au-delà de l’usage pour lequel ils avaient été conçus. Elles servaient entre autres à titre thérapeutique ou protecteur contre les esprits malfaisants ou démoniaques.


© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Dynastie des Ming ; édition de 1444-1445
  • Lieu
    Chine
  • Description technique
    Édition xylographique illustrée ; livrets oblongs en accordéon ; couverture de soie or ; étuis en carton à 5 pans recouverts de soie or ; lien de fermeture de soie tissée multicolore
    35 x 12, 8 cm ; bois : 27, 6 cm ; 5 colonnes par panneau plié ; 25 colonnes par feuille ; 17 caractères par colonn
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits orientaux, Chinois 9546

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm8rfxwc5pb3b