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La prise de la Bastille

La prise de la Bastille
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« Le 14 juillet, prise de la Bastille. J’assistai, comme spectateur, à cet assaut contre quelques invalides et un timide gouverneur : si l’on eût tenu les portes fermées, jamais le peuple ne fût entré dans la forteresse. Je vis tirer deux ou trois coups de canon, non par les invalides, mais par des gardes-françaises, déjà montés sur les tours. De Launay, arraché de sa cachette, après avoir subi mille outrages, est assommé sur les marches de l’Hôtel de Ville ; le prévôt des marchands, Flesselles, a la tête cassée d’un coup de pistolet ; c’est ce spectacle que des béats sans cœur trouvaient si beau. Au milieu de ces meurtres, on se livrait à des orgies, comme dans les troubles de Rome, sous Othon et Vitellius. On promenait dans des fiacres les vainqueurs de la Bastille, ivrognes heureux, déclarés conquérants au cabaret ; des prostituées et des sans-culottes commençaient à régner, et leur faisaient escorte. Les passants se découvraient avec le respect de la peur, devant ces héros, dont quelques-uns moururent de fatigue au milieu de leur triomphe. Les clefs de la Bastille se multiplièrent ; on en envoya à tous les niais d’importance dans les quatre parties du monde. Que de fois j’ai manqué ma fortune ! Si moi, spectateur, je me fusse inscrit sur le registre des vainqueurs, j’aurais une pension aujourd’hui. » (Mémoires d’outre-tombe)

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, est un épisode central de la Révolution française. Dès le 4 mai 1789, avec la convocation des États généraux, le tiers état revendique une Constitution qui limiterait les pouvoirs du roi, préciserait les droits du peuple et viserait à l’abolition des privilèges du clergé et de la noblesse. Les cahiers de doléances sont étudiés, mais, en juin, le mouvement s’intensifie avec la proclamation d’une Assemblée nationale et le serment du Jeu de paume. La révolte gronde chaque jour davantage, tant l’inégalité se creuse entre la France misérable et les puissants. La prise de la Bastille est un symbole du basculement : cette forteresse royale, prison et arsenal, est gardée par une centaine d’hommes. Que les émeutiers parviennent à sa reddition témoigne de l’effondrement du roi. La prison est, depuis 1770, régulièrement associée à l’arbitraire du royaume. L’information de la prise de la Bastille se répand en France et en Europe. La nuit du 4 août 1789 marquera l’abolition des privilèges et le 26 août sera édictée la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, texte fondateur d’une société nouvelle.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1789
  • Auteur(es)
    Jean-Pierre-Louis-Laurent Houel (1735-1813), peintre
  • Description technique
    Aquarelle
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE VE-53 (C)-FOL

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm132201729p