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Deux esquisses de Vaisravana, le roi gardien du Nord

Deux esquisses de Vaisravana, le roi gardien du Nord
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Deux esquisses, l’une horizontale et l’autre verticale, sont raccordées d’origine. Elles représentent toutes deux un devaraja, roi céleste bouddhique, en l’occurrence le plus important d’entre eux, Vaisravana (ou Pishamen de son nom chinois), qui protège le royaume du Nord. Vénéré en tant que divinité guerrière, Vaisravana apporte la victoire à ceux qui savent implorer son secours comme cela fut le cas en l’an 742. Le moine Amoghavajra (705-774), connu pour ses talents magiques, l’invoqua à la demande de l’empereur, ce qui permit à la ville d’Anxi, d’être sauvée de l’attaque des Tibétains, des Arabes et des Sogdiens. Pour commémorer l’événement : « Un édit impérial ordonna à tous les fonctionnaires provinciaux de faire placer à l’angle nord-ouest des villes des images de Vaisravana et de ses assistants, et à tous les monastères bouddhiques de lui consacrer un édifice spécial ; [et depuis lors, ajoute ce texte qui date du 10e siècle] il est d’usage de faire des offrandes à Vaisravana, le premier jour de chaque lune, en exécutant des chants et des danses : c’est ce qu’on appelle “réjouir le Dieu-Roi”. »

La première esquisse montre une composition connue sous le nom de « Vaisravana franchissant l’océan ». L’air farouche, revêtu de son armure, Vaisravana s’avance, une hallebarde à la main, menant une troupe de personnages démoniaques qu’il domine de sa haute stature. Ce dessin minutieusement exécuté montre tous les détails de la cuirasse, notamment les médaillons et le ceinturon ainsi que la couronne. La hallebarde constitue un axe diagonal qui divise l’image en deux parties égales. En s’appuyant sur l’iconographie propre à ce personnage, on devine, malgré la lacune du papier, qu’il soutient de sa main gauche le stûpa, cette tour votive symbolisant le bouddhisme dont il est le défenseur. Vaisravana est suivi d’une cohorte d’acolytes, aux têtes humaines ou animales, dont le rendu est moins soigné ; on reconnaît, parmi eux, ses fils, un vieillard nommé Vasu et un yaksa à tête de sanglier.

Il semblerait que ce dessin n’ait pas servi à la préparation de bannières mais à celle d’un ornement d’angle de plafond (notamment à l’angle nord-ouest du plafond de la grotte n°46 où est figuré le roi gardien de l’Est).
Le confrontation de ces documents, à l’état d’esquisses ou d’ornement achevés, exécutés sur des supports très différents, apporte un éclairage exceptionnel sur la technique des peintre bouddhiques chinois du 10e siècle. Les peintures sur soie nous donnent une idée de la palette éclatante utilisée dans les œuvres abouties tandis que l’esquisse permet d’en étudier l’ossature sous-jacente et d’analyser le travail préparatoire. Il est ainsi possible de suivre les modifications apportées à un même thème iconographique en fonction des supports.

 

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Fin de la dynastie des Tang ou Cinq Dynasties, 9e-10e siècle
  • Lieu
    Chine
  • Description technique
    Une esquisse verticale sur papier collé sur une autre feuille horizontale, 75,3 x 28,5 cm
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, PELLIOT CHINOIS 5018 (1-2)

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmssck8fc355r