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Vers le chanier de Lorette

Vers le chanier de Lorette
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Le photographe Jean-Pierre Bonfort revient sur les traces du tonnelier Louis Barthas qui a laissé 10 carnets de notes prises au fil de ses quatre ans de guerre.

Ce que fut ce mois de Janvier, ce que nous souffrîmes, je ne tenterai pas de le décrire, je n’aurais jamais supposé que le corps humain pût résister à de telles épreuves. Presque chaque matin gelée blanche ou gelée sèche qui faisaient pendre des stalactites de glace à nos barbes et à nos moustaches et frigorifiaient nos pieds, puis dans la journée ou dans la nuit la température s’adoucissait et la pluie tombait, parfois en trombe, emplissant d’eau et de boue nos tranchées transformées en torrents, en canaux d’arrosage. […] Pour lutter contre le sommeil, la fatigue, le froid, la soif, la faim, les hommes se mirent à boire du poison, l’alcool néfaste que les ravitailleurs apportaient d’Annequin où des mercantis le vendaient vingt-cinq sous le litre […] certains en étaient venus à en absorber un litre par jour, les plus sobres se contentaient d’un quart à un demi-litre : si les autorités militaires n’y avaient pas mis le holà, les trois quarts allaient devenir fous ou idiots.

© Jean-Pierre Bonfort

  • Date
    15 décembre – 4 mai 1915
  • Lieu
    Entre Annequin et Vermelles. Pas-de-Calais
  • Auteur(es)
    Jean-Pierre Bonfort
  • Description technique
    Photographie couleur, 61 x 70 cm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, EP-1147-Boîte Fol, 4e cahier, page 86

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm2152006201