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Les Vœux du roi et de la reine à la Vierge

Les Vœux du roi et de la reine à la Vierge
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Après un vœu solennel, à la suite de la naissance tant désirée du futur Louis XIV survenue le 5 septembre 1638, après douze ans d’attente, Louis XIII et Anne d’Autriche consacrent le royaume de France à la Vierge. Portée par des angelots au milieu des nuées, celle-ci est assise sur un croissant de lune, symbole de l’Immaculée Conception, et revêtue d’une robe constellée d’étoiles, au-dessus d’un autel couvert d’un tapis où est brodée la couronne d’épines conservée en France depuis saint Louis, ce qui associe la Mère et le Fils dans cet hommage. La Vierge s’adresse au roi qui, en costume de sacre, lui offre à genoux sa couronne et son sceptre, tandis que la reine, la main de justice posée devant elle, lui présente le dauphin. Les rayons dont la Vierge est auréolée frappent la famille royale, autre preuve de sa protection. Derrière les souverains, gentilshommes et dames de la cour adorent l’apparition céleste. Sur les côtés, deux anges portent chacun une tablette où sont inscrites les paroles adressées par les monarques à la reine des cieux. Du côté du roi : Princesse des Jmmortels, / Que la splendeur enuironne ; / Je consacre à vos autels / Et mon Sceptre et ma Couronne. // Par vostre ayde la Victoire / M’est acquise contre tous, / Car je combats pour la gloire / De vostre Fils et de Vous. Et du côté de la reine : Vierge, voicy le cher gage, / Qu’il vous a pleu m’obtenir ; / Je vous en fais un hommage, / Vous l’offrant pour le benir. // Vous fustes à sa naissance / Vn Astre, pour l’esclairer ; / Et ce’st par vos influance, / Qu’il doit aussi prosperer.
Bien qu’aucun exemplaire entier n’en ait été retrouvé, cette composition a certainement été gravée pour la partie supérieure d’un almanach de l’année 1639. Les montants devaient être constitués par les quatre estampes répertoriées par G. Duplessis, qui en réalité ont été gravées sur seulement deux cuivres, comme en attestent les épreuves du musée des Beaux-Arts de Tours. Ces quatre cartouches autour desquels s’enroulent des dauphins célèbrent la naissance de Louis-Dieudonné et la joie de la France ; sur des tablettes et des linges, un texte en français les commente. Dans le premier, la sage-femme présente le nouveau-né au roi, dans le second, l’Allégresse de la France joue du violon tandis que des Amours dansent autour d’elle, dans le troisième, sur le montant de droite, Louis XIII passe les ordres de chevalerie autour du cou du dauphin emmailloté, debout sur les genoux de sa mère, et le quatrième montre le peuple en liesse qui boit du vin à la fontaine des dauphins, présage d’abondance.
Bosse a gravé une autre composition sur le même sujet où il s’adresse directement au monarque, le nouveau-né qui porte le même costume n’ayant pas encore reçu les ordres de chevalerie. La signature de Bosse se limite ici à son monogramme, qui n’indique pas la nature de son intervention. Cependant, il est sans nul doute le dessinateur et le graveur de cette composition. Le type des personnages est conforme à celui des Œuvres de Miséricorde, signées Abosse inv. et fe. Il appartient à ce qu’on pourrait appeler le groupe des personnages fluets : les femmes très minces ont un visage maigre et allongé et un profil aigu ; les hommes aux cheveux longs et bruns, coiffés en anglaises et tombant sur les épaules, ont un aspect fragile et un caractère mélancolique ou ingénu. On les retrouve dans L’Hopital de la Charité ou dans Le Maître et La Maîtresse d’école et Le Sculpteur dans son atelier. Bosse propose ailleurs un autre type de personnages, au contraire plus robustes, plus lourds, aux visages plus larges, aux expressions souvent narquoises, avec des femmes aux cheveux courts, blonds et frisés comme dans L ’Histoire de l’Enfant prodigue, Le Noble Peintre, Les Femmes à table en l’absence de leurs maris. Peut-être y a-t-il là un élément qui permettrait de dater ces compositions ?

En bas, sur la plinthe de l’estrade : LES VOVX DV ROY ET DE LA REYNE A LA VIERGE ; au bas de la tablette de gauche : AB ; au-dessus du titre : Auec Priuilege du Roy.

ibliothèque nationale de France 

  • Date
    1638
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Abraham Bosse (1604-1676), graveur
  • Description technique
    Eau-forte, 200 x 410 mm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, RESERVE QB-201 (31)-FOL

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmdrm8nj1nx4n