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La Vierge indique les dimensions de l’église à construire ; la Vierge signale l’emplacement d’un trésor

Manière de la fondation et augmentation de l’église Notre-Dame de Boulogne
La Vierge indique les dimensions de l’église à construire ; la Vierge signale l’emplacement d’un trésor
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Ce manuscrit est un unicum car il est seul à conserver ce récit hagiographique, au demeurant fort concis, précédé d’une introduction où l’auteur ne divulgue pas son nom. Quelques allusions historiques aux négociations menées à Leulinghen, entre Français et Anglais, en 1384 et 1393, fixent le temps de la rédaction. Mais le présent manuscrit fut produit bien plus tard pour Jeanne de la Viéville, femme d’Antoine de Bourgogne, dont les armoiries sont peintes dans la bordure inférieure de la page frontispice (fol. 3). Elle-même y est figurée recevant le livre, alors qu’elle se rend à l’église Notre-Dame de Boulogne. Le manuscrit fut peut-être fait à l’occasion ou à la suite d’un pèlerinage sur cet important lieu de culte marial. Il aurait, en ce cas, valeur commémorative. L’ouvrage comporte aussi sur le dernier feuillet l’ex-libris de son époux, le Grand Bâtard de Bourgogne (Nul. ne. si. frote. ob. de. bourg[og]ne.). Leur mariage date de 1446, mais l’année exacte du décès de Jeanne reste méconnue. La datation du volume se fait sur l’attribution du manuscrit au Maître du Champion des dames, actif entre 1465 et 1475. C’est pendant cette période qu’Antoine de Bourgogne constitue aussi l’essentiel de sa bibliothèque.
L’histoire rapporte l’apparition miraculeuse de la Vierge à Boulogne-sur-Mer (7e siècle), portée par une embarcation sans voile ni marin. Elle y fit don de reliques et émit, pour ce motif, le souhait de voir édifier une nouvelle église à l’emplacement de la première. L’artiste créateur du cycle représente l’église dans chaque image, sous sa version primitive, couverte de son toit de chaume, ou sous son aspect monumental voulu par la Vierge. Au fol. 9v., celle-ci a tracé autour de l’ancienne chapelle le plan du nouvel édifice qu’elle désire voir construire. Des pieux sont fichés dans le sol et une cordelette est tendue de l’un à l’autre. Sur ses indications, des hommes creusent la terre pour y découvrir le trésor nécessaire à la construction. Ces deux sujets sont traités sur un mode courtois. La population exclusivement masculine est vêtue de pourpoints. Plutôt que de s’agenouiller, ils se découvrent devant la Vierge comme devant une dame, dont les cheveux sont longs, défaits et dorés. Leur gestuelle à tous, celle de la Vierge en particulier, renforce le caractère anecdotique et animé de la scène. Dans tous les cas, les visages sont de trois quarts ou en profil perdu, jamais de face. Comme souvent chez cet artiste, certaines silhouettes se répètent d’une image à l’autre avec d’infimes variantes, en des combinaisons diverses, dépassant plus ou moins du cadre, ou masquées par quelque autre silhouette, tel cet homme qui se découvre devant la Vierge (fol. 6 et fol. 9v.). Le phénomène s’observe aussi d’un manuscrit à l’autre. Si les miniatures sont en semi-grisaille, les encadrements ornés qui les accompagnent sont en revanche colorés. On les retrouve à l’identique dans le Romuléon produit pour Antoine de Bourgogne, illustré par le Maître aux grisailles fleurdelisées (Bruxelles, KBR, ms. 9055) ou dans la Vie de saint Pierre de Luxembourg (Paris, BnF, Ars., ms. 2066, fol. 1) commanditée par Jean de Wavrin.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Entre 1465 et 1475
  • Lieu
    Lille
  • Auteur(es)
    Le Maître du Champion des dames, enlumineur
  • Description technique
    Parchemin, 25 fol., environ 212 × 153 mm, 6 miniatures
    Provenance : Jeanne de la Viéville
  • Provenance

    Paris, Arsenal, ms. 5126, fol. 9v.

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm1242003801