Nos enfants, scènes de la ville et des champs

Sur des textes empreints de poésie d’Anatole France (1844-1924), qui s’apparentent à des nouvelles en raison de leur brièveté (deux à trois pages), Boutet de Monvel dessine avec une égale tendresse les petits citadins et les petits campagnards, croqués dans leur univers quotidien, en train de travailler ou de jouer. On reconnaît le style de l’artiste à l’élégance de son trait et la sobriété de sa mise en page. Dans Les Petits Loups de mer, le texte commence ainsi : « Ce sont des petits matelots, de vrais petits loups de mer. Voyez-les : ils tiennent leurs bérets enfoncés jusqu’au cou, pour que le vent plein d’embruns, qui souffle de la mer, ne déchire pas leurs oreilles de ses gémissements terribles ». Que font-ils, immobiles, « penchés sur le parapet de l’estacade » ? Ils regardent le large et « c’est une idée d’amour » qu’ils contemplent. Ils attendent en effet le retour des hommes, père, frère aîné, oncle, partis à la pêche. Tout enfants qu’ils sont, ils savent déjà que « l’Océan est un vieillard changeant, qui prend toutes les formes et chante sur tous les tons ». Le lecteur est placé à quelques pas derrière les enfants, comme guettant lui aussi l’horizon. Ce temps de l’attente est renforcé par la composition de la page : strict cadrage du texte et de l’image, importance des marges extérieures, couleurs estompées, tout concourt à la lisibilité de la scène évoquée. (C. G.-B.)
Mots-clés
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Date
1887
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Lieu
Paris, Hachette
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Auteur(es)
Texte d’Anatole France, illustré par Louis-Maurice Boutet de Monvel
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Provenance
Bibliothèque de l’Heure joyeuse, G R FRA
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Lien permanent
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