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Jean Lepautre d’après Jean Berain, Boutique de galanterie, 1678

Jean Lepautre d’après Jean Berain, Boutique de galanterie, 1678
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Cette estampe illustrait un article sur la mode publié par Donneau de Vizé dans l’Extraordinaire du Mercure galant, un supplément de la revue mensuelle, dont le numéro de janvier était consacré aux femmes. Le directeur affirme audacieusement que sa publication n’est pas seulement un cadeau fait aux femmes mais que le contenu provient d’elles : « Aux Dames. Ce n’est point vous faire un présent, Mesdames, que de vous donner l’Extraordinaire, c’est vous rendre un ouvrage qui vient de vous. » La littérature amoureuse et la mode sont les deux principaux thèmes de cette livraison. Cinq figures, trois hommes et deux femmes, apparaissent dans des planches de petit format montrant la dernière mode d’hiver et de printemps. Le dessin préparatoire pour la grande estampe non signée qui représente une vue fascinante d’une boutique imaginaire avait été commandé par le directeur de la revue à Jean Berain, « designateur ordinaire du Cabinet du Roy », et gravé à l’eau-forte par Jean Lepautre. La planche entend montrer « tout ce qui se porte pour estre bien habillé » : tissus, dentelles, chapeaux, bas et rubans à la dernière mode, pour jeunes gens et femmes soucieux d’élégance. L’homme présente à la femme plusieurs nouveautés, tandis qu’elle pose la main sur son sac. Le texte d’accompagnement explique en détail les dernières toilettes pour les deux sexes et liste les articles visibles dans l’estampe, qui sont tous identifiés par un chiffre (17 pour les hommes et 13 pour les femmes). Les étoffes nouvelles sont énumérées et désignées par les lettres « A » sur à « M ». On apprend ce qui a changé « depuis quelques jours », comme pour le numéro 10, « Centurons, ou Portes d’épées », ou simplement ce qu’« on porte présentement », comme au numéro 14, « Perruques fort dégagées ». Le texte se présente comme un témoignage direct. L’auteur de l’article souligne le rôle de la cour et de la famille royale dans la naissance de nouvelles modes («  16. Le roi porte actuellement des bottes de cuir brun pour la chasse ») ; ces nouveaux styles se diffusaient ensuite rapidement à Paris. Pour que les lecteurs puissent eux-mêmes se vêtir selon cette mode, l’auteur fournit les noms des meilleurs fabricants de manteaux et de vêtements et des meilleures boutiques pour acheter tissus, rubans et perruques.
L’estampe dut être pliée plusieurs fois pour tenir dans l’in-octavo du Mercure galant. Pour autant qu’on le sache, la planche ne fut pas publiée à part à l’époque. Elle fait partie d’un grand ensemble de planches de cuivre qui entra en possession de Jean Berain, d’après ce qu’on peut déduire de son histoire ultérieure. Peu après la mort de Berain, son beau-fils, I’horloger royal Jacques Thuret, parvint à un accord avec les héritiers de l’artiste. Thuret republia toutes les planches encore existantes dans l’œuvre complet de l’artiste, en ajoutant son nom à toutes les planches de titre. Leur nombre était sans doute très élevé ; Jean Mariette s’en servit en effet pour remplir deux in-folios consacrés à Berain, en réponse à une commande de la cour portugaise. Dans une lettre de 1724, Mariette s’excusait de ne pas avoir pu obtenir d’épreuves de meilleure qualité, issues du premier tirage, tant elles étaient rares sur le marché. Cette remarque suggère que ceux qui possédaient de telles épreuves ne s’en défaisaient pas et que les compositions de Berain continuaient de susciter de l’intérêt.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Janvier 1678
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Gravure de Jean Lepautre (1618-1682) d’après un dessin deJean Berain (1640-1711)
  • Description technique
    Eau-forte,  22,8 x 31 cm, publiée dans l’Extraordinaire du Mercure galant, janvier 1678
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, FOL-OA-19 (9)

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm28gqcszzmgw