Découvrir, comprendre, créer, partager

Image

Place Saint-Marc à Venise

Place Saint-Marc à Venise
Le format de l'image est incompatible

Le palais des Doges, reconstruit à partir de 1340, est l’œuvre des meilleurs maçons, venus spécialement de Lombardie, région réputée pour ses techniques de construction. Ce bâtiment est représentatif du style gothique qui s’épanouit à Venise du deuxième quart du 14e au milieu du 15e siècle. On le reconnaît à ses nombreuses fenêtres élancées aux arcs en ogive, surmontées d’ouvertures rondes et décorées de trèfles à quatre feuilles (oculus quadrilobé). Mais le palais des Doges se démarque par l’inversion de ses volumes, contraire aux règles vénitiennes d’allégement des parties supérieures. Ici, il y a peu d’ouvertures dans les étages supérieurs, tandis que le rez-de-chaussée et le premier étage, lieux de circulation, sont aérés par des fenêtres, loggias et galeries.

Giovanni Antonio Canal (1697-1768), plus connu sous le nom de Canaletto, est célèbre pour ses panoramas de Venise.

« Le soir, je sortais seul, au milieu de la ville enchantée où je me trouvais au milieu de quartiers nouveaux comme un personnage des Mille et une Nuits. Il était bien rare que je ne découvrisse pas au hasard de mes promenades quelque place inconnue et spacieuse dont aucun guide, aucun voyageur ne m’avait parlé.
Je m’étais engagé dans un réseau de petites ruelles, de calli divisant en tous sens, de leurs rainures, le morceau de Venise découpé entre un canal et la lagune, comme s’il avait cristallisé suivant ces formes innombrables, ténues et minutieuses. Tout à coup, au bout d’une de ces petites rues, il semblait que dans la matière cristallisée se fût produite une distension. Un vaste et somptueux campo à qui je n’eusse assurément pas, dans ce réseau de petites rues, pu deviner cette importance, ni même trouver une place, s’étendait devant moi entouré de charmants palais pâles de clair de lune. C’était un de ces ensembles architecturaux vers lesquels, dans une autre ville, les rues se dirigent, vous conduisent et le désignent. Ici, il semblait exprès caché dans un entrecroisement de ruelles, comme ces palais des contes orientaux où on mène la nuit un personnage qui, ramené chez lui avant le jour, ne doit pas pouvoir retrouver la demeure magique où il finit par croire qu’il n’est allé qu’en rêve. »

Marcel Proust, À la Recherche du temps perdu, Albertine disparue, chap. III, 1925
> Texte intégral dans Gallica : Paris, Gallimard, 1925

© National Gallery of Art, Domaine public

  • Date
    1742-1744
  • Auteur(es)
    Canaletto (1697-1768), peintre
  • Description technique
    Huile sur toile, 114,6 x 153 cm
  • Provenance

    Washington, National Gallery of Art, 1945.15.3

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm1322019129