Découvrir, comprendre, créer, partager

Image

Tableau des peuples tributaires de la grande dynastie impériale des Qing

Vol. 2. Les ecclésiastiques (homme et femme)
Tableau des peuples tributaires de la grande dynastie impériale des Qing
Le format de l'image est incompatible

La Chine est majoritairement peuplée par l’ethnie han, mais de nombreuses populations coexistent également sur ce vaste territoire. On ne sait si les Mandchous, eux-mêmes non han, étaient plus enclins à accepter cette diversité de peuples de l’Empire mais le recensement présenté dans ces albums officialise la représentation d’une société multiculturelle complexe, sans chercher ni à l’ignorer ni à l’éliminer. Par un décret daté de 1751, l’empereur Qianlong (r. 1736-1795) ordonna la réalisation d’une série d’illustrations représentant tous les peuples étrangers « sous le ciel » lui portant tribut, c’est-à-dire lui faisant allégeance. L’exploitation picturale de ce thème par les souverains dont la motivation est avant tout d’ordre politique était loin d’être nouvelle : Xiao Yi, le futur empereur Yuandi des Liang (505-557) avait déjà réalisé lui-même une excellente peinture de ces émissaires des pays voisins.

Cette recréation d’époque Qing réunit un ensemble aussi exhaustif que possible puisque l’édition complète compte environ 600 personnages de toutes les ethnies qui entretenaient des relations avec l’Empire. Dans les deux premiers chapitres figurent les représentants des pays d’Occident et ceux des régions récemment conquises de l’Ili, à l’ouest de la Chine ; les chapitres suivants sont consacrés aux populations périphériques qui, de nos jours, sont répertoriées comme des ethnies minoritaires.

L’Europe n’a pas le monopole des préoccupations ethnographiques. Cette encyclopédie d’époque Qing réunit un ensemble aussi exhaustif que possible puisque l’édition complète compte environ six cents personnages de toutes les ethnies qui entretenaient des relations avec l’Empire chinois. Le prétexte évident de cette œuvre d’art politique est la glorification de l’Empire, exercice d’autosatisfaction à usage intérieur destiné à montrer la supériorité écrasante de l’État central. Néanmoins, la démarche est également artistique et ethnographique. L’illustration, académique mais d’une grande précision, est accompagnée d’une légende qui comporte des informations géographiques, ethnographiques, vestimentaires, et mentionne la nature des liens avec la Chine ; les textes et les représentations des Européens (Hollandais, Anglais, Suisses, Russes, Polonais, Français et autres) peuvent sembler curieux mais ils apportent un témoignage sur l’état des connaissances chinoises au 18e siècle ; la notice sur les missionnaires se clôt par la mention de leur capacité à fabriquer des instruments astronomiques. La nature « encyclopédique » de l’œuvre, si caractéristique de cette époque, se constate dans la volonté d’inclure toutes les grandes catégories de la société : hommes et femmes, ainsi que notables et gens du commun, jeunes et vieux. Les illustrations exposées ici montrent un couple représentatif d’une population du Tibet oriental vivant dans une région nommée Bahukamu, actuellement englobée dans la province du Sichuan.

 

Blbliothèque nationale de France

  • Date
    Dynastie des Qing, fin 18e siècle, 1788 ou postérieur
  • Description technique
    Manuscrit à peintures sur soie en quatre volumes incomplets ; reliure en accordéon entre deux ais de bois précieux (39 x 34 cm)
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE PET FOL-B-7 (B, 1)

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm204200181m