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Estampages représentant des bambous

Estampages représentant des bambous
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L’approche calligraphique de la peinture est particulièrement évidente dans le traitement monochrome du bambou, du pin, du prunier, de l’orchidée ou des rochers au point qu’il faut parler de peinture calligraphique. La représentation de bambous est devenue un genre pictural cher aux lettrés distingués, et l’on ne compte plus ceux qui se sont essayés à mettre en valeur leur caractère graphique. Non seulement, selon la tradition chinoise, la calligraphie pénètre la peinture par l’adjonction sur l’œuvre même de textes divers en prose et en vers et de colophons, mais elle la « contamine » par l’usage quasi exclusif de l’encre noire permettant de réaliser des lavis en dégradés qui justifient l’expression de peinture à l’encre. En retour, la peinture pénètre et influence la calligraphie. Les bambous sont presque traités comme des caractères ; le peintre emploie des crochets, des pleins et des déliés et autres traits issus de la calligraphie. Dans les manuels, on explique que les nœuds du bambou s’exécutent en deux coups de pinceau comme le caractère huit. Le peintre Wang Shizhen (1526-1590) résumait très joliment la représentation de ces plantes comme une synthèse des styles calligraphiques. Il disait que le tronc se trace en style sigillaire, les branches en style cursif, les feuilles en style régulier, et les nœuds en style des scribes. Enfin, si certains sujets peuvent se préparer à l’aide de croquis, il en va tout autrement pour le tracé du bambou ou de la calligraphie qui jaillissent d’un coup et sans repentir.

L’idéal poursuivi par la peinture chinoise ne vise pas à la ressemblance mais à la restitution des qualités spirituelles. Le bambou est à ce titre exemplaire, plante simple, droite et toujours verte, il symbolise le lettré lui-même et incarne ses valeurs de rectitude, de simplicité, de modestie et de constance dans l’adversité.
Cette composition consiste en deux panneaux qui se font écho, selon un genre propre à l’esthétique chinoise ; telle une nouvelle tige de bambou surgie de terre, la colonne de droite porte la signature de l’artiste. La calligraphie fusionne avec la représentation picturale, les caractères en sont une extension naturelle. On peut y lire le nom du peintre, Banqiao, qui se déclare ici. Le dessin du bambou se prête particulièrement à la reproduction en estampage qui en conserve l’austérité et met en valeur ses lignes de force.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    19e siècle 
  • Lieu
    Chine
  • Auteur(es)
    Zheng Xie (1693-1765), peintre
  • Description technique
    Paire d’estampages à suspendre, 2 panneaux de 110 x 30,5 cm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE DF-9-FT 6

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmng92v86s5v0